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La fameuse démocratie occidentale n’a rien apporté aux peuples arabes si ce n’est crise et destruction.
La Tunisie doit (une fois la crise passée) continuer son processus à son rythme, sans ceder au chantage des occidentaux.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/ ... _3212.htmlLe président tunisien soigne ses militaires
Kaïs Saïed essaie de s’appuyer sur l’armée qui entretient des relations distantes avec le pouvoir depuis 1956
Par Lilia Blaise(Tunis, correspondance)
05/08/2021
La séquence est emblématique de la crise politique qui secoue la Tunisie depuis le 25 juillet. Quelques heures après la décision du président de la République, Kaïs Saïed, de limoger le chef du gouvernement et de suspendre les travaux de l’Assemblée nationale, un char et des militaires sont déployés derrière les grilles du Parlement. Des caméras captent un échange tendu entre un soldat et la vice-présidente de l’Assemblée, qui cherche à entrer dans le bâtiment : « Nous sommes des élus officiels et nous avons prêté serment sur la Constitution », lui lance-telle. « Nous avons reçu des consignes et nous avons juré de défendre le pays. Le Parlement est fermé », objecte le militaire. Un face-à-face inédit.
De nombreux analystes ont interprété la scène comme le signe avant-coureur d’un coup d’Etat. Des parallèles ont été tracés avec le renversement par les forces armées du président égyptien Mohamed Morsi, issu des rangs islamistes, en juin 2013. Mais dans quelle mesure Kaïs Saïed peut il s’appuyer sur les militaires pour renforcer son autorité ? A quel point ces derniers le soutiendraient ils s’il décidait de proroger la suspension du Parlement au-delà des trente jours prévus par la Constitution? Depuis sa création en 1956, l’armée tunisienne entretient des relations distantes avec le pouvoir. Tenue à l’écart pendant la mandature de Habib Bourguiba, elle a connu des purges sous le règne de Zine ElAbidine Ben Ali, qui a eu une formation militaire. En 1991, 244 officiers et hommes de troupe, accusés de « fomenter un coup d’Etat », sont arrêtés. Confronté à un soulèvement dans le bassin minier, le président s’appuie pourtant sur l’armée en 2008 pour contenir le mouvement social.
Mais tout bascule trois ans plus tard. A l’époque, alors que les forces de police répriment à tout-va, les militaires se rangent du côté des révolutionnaires. soutien qui leur vaut encore de jouir d’une grande popularité. Soucieux d’entretenir l’institution, les gouvernements qui se sont succédé depuis la fin de la dictature ont régulièrement augmenté le budget alloué à la défense, dans le cadre du renforcement de la lutte antiterroriste. Les 36 000 soldats que compte désormais l’armée tunisienne sont également mieux équipés, grâce à la coopération nouée avec les Etats-Unis en matière de défense.
Des prérogatives qui gonflent
Elu à la présidence en 2019 et, à ce titre, chef des armées, Kaïs Saïed a, lui aussi, pris soin de courtiser les hommes en uniforme, s’affichant volontiers aux côtés des troupes. En mai, pendant le ramadan, il s’est rendu de manière inopinée dans une caserne du Mont Chaambi, à Kasserine, théâtre d’opérations antiterroristes depuis 2013, pour participer à la rupture du jeûne. « En Tunisie, l’armée tire sa légitimité du pouvoir en place, souligne le colonel major à la retraite Mezoughi Mahmoud.
C’est très différent de l’Egypte, où ce sont les militaires qui ont porté le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi à la tête de l’Etat. »
Eléments stabilisateurs dans une démocratie fébrile, les gradés ont d’ailleurs vu leurs prérogatives gonfler ces derniers mois. Le 28 juillet, la présidence a, en effet, confié à l’armée la tâche de coordonner la cellule de crise mise en place pour lutter contre la crise sanitaire qui ravage de nouveau le pays. Avant cela, les militaires avaient déjà été déployés pour soutenir le système hospitalier et la campagne de vaccination.
Le coup de force du président « a été accueilli avec un certain soulagement » au sein des troupes, admet un cadre militaire à la retraite
Au sein de troupes, comme dans une bonne partie de la population, le coup de force du président « a été accueilli avec un certain soulagement », admet un cadre militaire à la retraite, sous couvert d’anonymat. Pour autant, ajoute il, « l’inquiétude s’installe chez certains, à cause de la concentration des pouvoirs ». Un doute alimenté par le limogeage du ministre de la défense, Ibrahim Bartagi, et le remplacement du procureur général de la justice militaire.
Que se passerait il si les rares opposants déclarés au chef de l’Etat parvenaient à mobiliser davantage ? Si, à la liesse des premières semaines succédaient la colère et la désillusion ? Sharan Grewal, spécialiste des relations entre civils et militaires dans les processus de démocratisation dans le monde arabe, balaie pour le moment l’éventualité d’une réponse violente des militaires. « Mais tout dépend de la nature des manifestations.
Si elles sont menées par une frange violente et radicale de la population, opposée à Kaïs Saïed, difficile de savoir quelle sera la riposte », commente t-il.
Car Kaïs Saïed n’a pas seulement consolidé son autorité sur les forces armées, il a aussi renforcé la mainmise de la présidence sur la police. Dès avril 2021, à l’occasion du 65e anniversaire des forces de sécurité intérieure, il a assuré que, « selon la Constitution, le président de la République est le chef des forces armées militaires et civiles, sans distinction aucune ». Une déclaration remettant en cause le lien pourtant organique entre police et ministère l’intérieur.
Griefs contre la police
Après le limogeage du chef du gouvernement Hichem Mechichi, le président a chargé Ridha Gharsallaoui, son ancien conseiller à la sécurité, de prendre les rênes de l’intérieur, en attendant la nomination d’un nouveau ministre. Selon Habib M. Sayah, consultant indépendant, l’absence de remontrances ou de critiques à la suite de ces changements tendent à montrer que Kaïs Saïed semble avoir une forme d’autorité sur cet « Etat dans l’Etat qui a toujours été difficile à gouverner depuis la révolution, avec la présence de syndicats très fragmentés ». Ce soutien pourrait cependant se retourner contre lui sur le long terme, « car beaucoup de ses sympathisants veulent la fin de l’impunité policière, qui est l’un des griefs principaux de la population depuis la révolution ».
Les soldats, eux, restent populaires. Mais le rôle de l’armée dans les arrestations récentes de certains parlementaires, ordonnées par la justice militaire après la levée de l’immunité par la présidence, inquiète.
Arrêté et emprisonné le 30 juillet pour une condamnation liée à une atteinte au moral de l’armée en 2018, Yassine Ayari, député du parti Espoir et travail, a été le premier à en faire les frais. Deux autres parlementaires issus de la coalition ultraconservatrice Al Karama ont été arrêtés puis relâchés, en attendant leur audience pour une affaire touchant à l’aéroport de Tunis Carthage.
De nombreuses associations ont dénoncé l’usage du code de justice militaire dans ces affaires, antérieures au coup de force du 25 juillet.
Lilia blaise
ben bien sûr, sur qui peut-on compter dans un pays où les institutions n'ont pas stabilité, ni de poids ?Le président tunisien soigne ses militaires
Par Lilia Blaise(Tunis, correspondance le Monde)
......................... Des prérogatives qui gonflent
Elu à la présidence en 2019 et, à ce titre, chef des armées, Kaïs Saïed a, lui aussi, pris soin de courtiser les hommes en uniforme, s’affichant volontiers aux côtés des troupes. En mai, pendant le ramadan, il s’est rendu de manière inopinée dans une caserne du Mont Chaambi, à Kasserine, théâtre d’opérations antiterroristes depuis 2013, pour participer à la rupture du jeûne. « En Tunisie, l’armée tire sa légitimité du pouvoir en place, souligne le colonel major à la retraite Mezoughi Mahmoud.....................................
« Nous avons reçu des consignes et nous avons juré de défendre le pays. Le Parlement est fermé », objecte le militaire.
https://www.middleeasteye.net/opinion/t ... e-numberedLe coup de Saeid
L'approche de l'Algérie, selon David Hearst
L'Algérie a commencé par adopter une approche douce. Le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, s'est rendu à Tunis pour délivrer un "message verbal du président algérien Abdelmadjid Tebboune", mais son contenu n'a pas été rendu public. Il s'est également rendu au Caire pour rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, à la suite de quoi la présidence égyptienne a publié la déclaration suivante : "Un consensus a été atteint (...) en faveur d'un soutien total au président tunisien Kais Saied et de tout ce qui pourrait maintenir la stabilité en Tunisie et mettre en œuvre la volonté et les choix du peuple tunisien frère, afin de préserver ses capacités et la sécurité de son pays."
La partie algérienne n'a pas fait de déclaration similaire.
Lorsqu'il est apparu clairement que leur message n'était pas pris en compte, le prochain responsable algérien à prendre la parole a été le chef d'état-major de l'armée, le général de corps d'armée Said Chengriha. Il a déclaré que "les conspirations et les complots ourdis contre l'Algérie et son peuple ne sont pas le fruit de l'imagination, comme le prétendent certains de ceux qui sèment le doute, mais qu'il s'agit d'une vérité réelle que tout le monde peut voir".
Quelques jours auparavant, l'Algérie avait retiré l'accréditation de la chaîne saoudienne Al Arabiya TV, l'accusant de "propager la désinformation". Le général a adressé un avertissement clair à l'Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à l'Égypte pour qu'ils fassent marche arrière.
Implications internationales
L'Algérie considère Tunis comme son arrière-cour et comme la porte d'entrée de Tripoli. Elle a donc un intérêt régional évident dans les événements en Tunisie et en Libye. L'Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie ont tenté d'imposer le général de l'ère Kadhafi, Khalifa Haftar, en Libye. Les forces d'Haftar se sont approchées à quelques kilomètres du centre-ville de Tripoli avant d'être repoussées par des drones turcs. Haftar a échoué et, en conséquence, une administration intérimaire soutenue à la fois par l'Est et l'Ouest a été mise en place.
Après avoir échoué en Libye, les Emiratis tentent maintenant de parvenir aux mêmes fins en Tunisie - ou du moins c'est ainsi que les Algériens voient les choses. Et ils pourraient avoir raison.
Une source algérienne de haut rang a déclaré à MEE : " Ce coup d'État n'a aucun espoir de réussir. Nous avons exigé que Kais Saied négocie avec [Rached] Ghannouchi, et nous savons exactement comment les Egyptiens et les Emiratis ont imposé ce coup. Nous ne voulons pas voir un autre Haftar à Tunis. Nous ne voulons pas voir un gouvernement à Tunis qui soit soumis à ces forces". C'est assez clair et assez brutal.