Islam et Islamophobie

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tayeb
Amid (عميد)
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Re: Islam et Islamophobie

Message par tayeb »

Mezri Haddad répond à Bernard-Henri Lévy : «Vous ne connaissez rien à la pensée islamique !»
L’ignorant Bernard-Henri Lévy vient de se faire remonter les bretelles par le philosophe tunisien Mezri Haddad qui a décidé de croiser le fer avec lui sur le terrain académique à propos d’un thème, l’islamisme, pour lequel il lui reproche «ses égarements, ses errements et, plus grave encore, son ignorance de la pensée philosophique et théologique islamique». Mezri Haddad a choisi le même support médiatique, Le Figaro, pour mettre en pièces les idées fausses et trompeuses exprimées dans ce quotidien par Bernard-Henri Lévy. Ce dernier part «d'une connaissance imparfaite de l'islam et du monde musulman», fait remarquer Mezri Haddad qui estime que là se trouve l’explication au fait que Bernard-Henri Lévy en est arrivé «à épouser l'islamisme "modéré" et à soutenir les hordes fanatisées du "printemps" dit arabe». C’est cette ignorance crasse de Bernard-Henri Lévy qui lui fait dire n’importe quoi, notamment à propos du djihadisme. Il ne peut pas savoir, comme le lui rappelle Mezri Haddad, ancien ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Unesco, bien placé pour en parler en sa qualité d’auteur d'essais sur la réforme de l'islam, que «c'est l'islamisme des Frères musulmans (1928) qui est la cellule mère du djihadisme, du khomeynisme, du talibanisme, d'Al-Qaïda, du Hamas, de Boko haram, d'Ansar Al-charia, de l'AKP, d'Ennahda, du FIS…». En partant de ses observations sur le terrain concret de la lutte antiterroriste dont il était un acteur direct, en sa qualité de chef d’état-major, le regretté général de corps d'armée Mohamed Lamari avait eu à faire remarquer la différence entre le terrorisme, vaincu, et l’islamisme, qui peut lui survivre, réalimentant à nouveau la menace. Au passage, Mezri administre un véritable cours de stratégie à Bernard-Henri Lévy qui s’est laissé aller irrémédiablement vers la malhonnêteté intellectuelle par soutien aveugle au sionisme. «La différence entre un Erdogan ou un Ghannouchi et un Ben Laden ou Abou Bakr Al-Baghdadi, calife autoproclamé de l'EI, poursuit Mezri Haddad, n'est donc pas une différence de nature, mais de stratégie ou plus exactement de tactique. En cela, la perspective machiavélienne centrée sur le réajustement des moyens par rapport aux fins devrait davantage nous éclairer : dans la doctrine islamiste, l'islam est un moyen religieux au service d'une fin politique, le pouvoir, tout le pouvoir, rien que le pouvoir.» En fait, plutôt que se mêler les pinceaux entre djihadisme et islamisme, une question qui le dépasse, Bernard-Henri Lévy devrait regarder du côté du sionisme dont la débâcle a été annoncée par l’échec de l’agression lancée par ses amis, Netanyahu et consorts, contre Ghaza et le reste de la Palestine occupée. Les œillères qu’il porte comme des lunettes lui évitent de percevoir cette issue fatale tout en lui permettant de chercher dans les pays musulmans des motifs pour étaler son ignorance, et des faits à instrumentaliser pour les besoins de sa propagande mensongère.
http://fb.me/4e9GuL31i

granit
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Re: Islam et Islamophobie

Message par granit »

Michel Houellebecq , nous pond un ouvrage hilarant.
La prochaine fois il devrait intégrer la construction d'une étoile noir islamique qui veut dominer la galaxie...etc

Michel Houellebecq nie toute tentative de provocation dans "Soumission"

Son nouvel ouvrage n'est pas encore sorti en librairies que déjà, il fait parler de lui. Mercredi, Michel Houellebecq dévoilera Soumission, roman dans lequel il invente un nouveau destin à la France. A la fin du second mandat de François Hollande en 2022, les partis politiques s'opposent au FN et à Marine Le Pen en s'alliant avec la "Fraternité Musulmane", dirigée par Mohamed Ben Abbes :king: . Au pouvoir, ce dernier nomme François Bayrou premier ministre. Tenant un discours modéré, il islamise pourtant le savoir et rigidifie les libertés (propagande favorisant le retour de la femme au foyer et l'abolition de l'égalité homme/femme, légitimation de la polygamie, port du voile autorisé et généralisé...).



Soumission laisse songeur
Satire de toutes sortes de clichés disent certains, pure provocation pour les autres ou encore suspicion d'islamophobie pour celui en 2001 avait déclaré : "la religion la plus con, c'est quand même l'islam". Toujours est-il que nombreux sont ceux qui tirent sur l'écrivain français.

"Une fois retombé le brouillage médiatique, il restera comme une date dans l'histoire des idées, qui marquera l'irruption - ou le retour - des thèses de l'extrême droite dans la haute littérature" écrivait samedi Laurent Joffrin, directeur du journal Libération. S'il reconnait que "le récit est fort, tissé d'une ironie perverse qui rend indécidable l'intention de l'auteur, dont on ne sait s'il approuve ou s'il redoute ce qu'il décrit", le journaliste se rendait pourtant à l'évidence. "Quelles que soient les contorsions intellectuelles qu'on utilisera pour la défendre, la fable de Houellebecq jouera un rôle dans le cité : elle adoube les idées du FN, ou bien celles d'Eric Zemmour, au cœur de l'élite intellectuelle [...] En un mot, elle permet de chauffer la place de Marine Le Pen au café de Flore" précisait-il alors.

Pour le philosophe Alain Finkielkraut au contraire, Michel Houellebecq "a les yeux ouverts et ne se laisse pas intimider par le politiquement correct". Il décrit "un avenir qui n'est pas certain mais qui est plausible". :clown:

L'écrivain fait-il avancer le débat?
Dans une interview accordée au journaliste Sylvain Bourmeau pour FranceCulture, Michel Houellebecq s'est exprimé sur le sujet. A la question "Ce n'est pas une provocation ce livre ?", il répond : " Je procède à une accélération de l'histoire mais non je ne peux pas dire que c'est une provocation dans la mesure où je ne dis pas de choses que je pense foncièrement fausses, juste pour énerver. Je condense une évolution à mon avis vraisemblable".

S'il avoue qu'il y a une part de satire dans son ouvrage, il réfute l'idée d'avoir voulu provoquer sciemment : "C'est une satire des journalistes politiques tout au plus, un petit peu des hommes politiques aussi à vrai dire. Mais les personnages principaux, non". Michel Houellebecq a également tenu à justifier ses écrits : "J'ai essayé de me mettre à la place d'un musulman, et je me suis rendu compte qu'ils étaient en réalité́ dans une situation totalement schizophrénique. [...] De toute évidence, ils sont très éloignés de la gauche [...], il suffit de songer au mariage homosexuel pour comprendre [...]. Et on ne voit vraiment pas pourquoi ils voteraient pour la droite et encore moins pour l'extrême-droite qui les rejette de toute ses forces. Que peut bien faire un musulman qui veut voter ? Il est dans une situation impossible en fait. Il n'est pas représenté́ du tout.

Selon l'auteur, il ne faudrait donc voir aucune tentative de propagande dans ses écrits : "Je ne prends pas parti, je ne défends aucun régime. Je dénie toute responsabilité, je revendique l'irresponsabilité même, carrément". Et de conclure par une pirouette : "En fait, on ne sait pas bien de quoi on a peur, si c'est des identitaires ou des musulmans. Tout reste dans l'ombre [...]. Ça fait partie de mon travail de parler de ce dont les gens parlent, objectivement. Je suis inscrit dans mon temps".

Par la suite, cette interview a été publiée en anglais dans la revue littéraire américaine Paris Review, en allemand dans le journal Die Welt et relayée sur le blog de Sylvain Bourmeau, hébergé par Mediapart. Rappelons que Michel Houellebecq est l'un des auteurs français contemporains les plus connus et lus à l'étranger.
http://lci.tf1.fr/culture/livres/michel ... 41764.html

....il invente un nouveau destin à la France.....dirigée par Mohamed Ben Abbes :lol:

draganov
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Re: Islam et Islamophobie

Message par draganov »

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Palmier Dattier
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Re: Islam et Islamophobie

Message par Palmier Dattier »

Un article à lire et à méditer à la laumière des malheureux évènements qui secouent la France...

ARTICLE11



« Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites…


Il y a travaillé de 1992 à 2001, avant de claquer la porte, échaudé par « la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel » d’un certain Philippe Val. Depuis, Olivier Cyran observe de loin, hors les murs, l’évolution de Charlie Hebdo et sa grandissante obsession pour l’islam. Il revient sur cette longue dérive à l’occasion d’une tribune récemment publiée dans Le Monde, signée Charb et Fabrice Nicolino.


Cher Charb, cher Fabrice Nicolino,

« Et que ceux qui prétendent et prétendront demain que “Charlie” est raciste aient au moins le courage de le dire à voix haute, et sous leur nom. Nous saurons quoi leur répondre. » En lisant cette rodomontade à la fin de votre tribune dans Le Monde1, façon « viens nous le dire en face si t’es un homme », j’ai senti monter comme une envie de rejoindre mon poste de combat dans la cour de récré. La sommation ne m’était pourtant pas destinée. Quelles bonnes âmes vous espérez convaincre, d’ailleurs, mystère. Cela fait belle lurette que quantité de gens disent à « voix haute » et « sous leur nom » ce qu’ils pensent de votre journal et du fonds de sauce qui s’en écoule, sans que personne chez vous ne se soit soucié de leur répondre ou d’agiter ses petits poings.

Ainsi donc Le Monde vous a charitablement ouvert son rayon blanchisserie, pour un repassage express de votre honneur tout chiffonné. À vous entendre, il y avait urgence : même plus moyen de sortir dans Paris sans qu’un chauffeur de taxi vous traite de racistes et vous abandonne les bras ballants sur le bord du trottoir. On comprend la vexation, mais pourquoi ce besoin d’aller vous refaire une beauté dans un autre journal que le vôtre ? Charlie Hebdo, son site internet et sa maison d’édition ne vous offrent donc pas un espace d’expression à la hauteur ? Vous invoquez le glorieux héritage du « Charlie » des années 1960 et 70, quand c’était la censure du pouvoir politique et non la hantise du discrédit qui donnait du fil à retordre au journal. Mais je doute qu’à l’époque un Cavanna ou un Choron eussent quémandé l’aide de la presse en redingote pour se façonner une respectabilité.

S’il m’est arrivé à moi aussi, par le passé, de griffonner quelques lignes fumasses en réaction à tel ou tel de vos exploits, je ne me suis jamais appesanti sur le sujet. Sans doute n’avais-je ni la patience ni le cœur assez bien accroché pour suivre semaine après semaine la navrante mutation qui s’est opérée dans votre équipe après le tournant du 11 septembre 2001. Je ne faisais déjà plus partie de Charlie Hebdo quand les avions suicide ont percuté votre ligne éditoriale, mais la névrose islamophobe qui s’est peu à peu emparée de vos pages à compter de ce jour-là m’affectait personnellement, car elle salopait le souvenir des bons moments que j’avais passés dans ce journal au cours des années 1990. Le rire dévastateur du « Charlie » que j’avais aimé sonnait désormais à mes oreilles comme le rire de l’imbécile heureux qui se déboutonne au comptoir du commerce, ou du cochon qui se roule dans sa merde. Pour autant je n’ai jamais qualifié votre journal de raciste. Mais puisque aujourd’hui vous proclamez haut et fort votre antiracisme inoxydable et sans reproches, le moment est peut-être venu de considérer sérieusement la question.

Raciste, Charlie Hebdo ne l’était assurément pas du temps où j’y ai travaillé. En tout cas, l’idée qu’un jour le canard s’exposerait à pareil soupçon ne m’a jamais effleuré. Il y a avait bien quelques franchouillardises et les éditos de Philippe Val, sujets à une fixette inquiétante et s’aggravant au fil des ans sur le « monde arabo-musulman », considéré comme un océan de barbarie menaçant de submerger à tout instant cet îlot de haute culture et de raffinement démocratique qu’était pour lui Israël. Mais les délires du taulier restaient confinés à sa page 3 et ne débordaient que rarement sur le cœur du journal qui, dans ces années-là, me semblait-il, battait d’un sang plutôt bien oxygéné.

À peine avais-je pris mes cliques et mes claques, lassé par la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel du patron, que les tours jumelles s’effondrèrent et que Caroline Fourest débarqua dans votre rédaction. Cette double catastrophe mit en branle un processus de reformatage idéologique qui allait faire fuir vos anciens lecteurs et vous en attirer d’autres, plus propres sur eux, et plus sensibles à la « war on terror » version Rires & Chansons qu’à l’anarchie douce d’un Gébé. Petit à petit, la dénonciation en vrac des « barbus », des femmes voilées et de leurs complices imaginaires s’imposa comme un axe central de votre production journalistique et satirique. Des « enquêtes » se mirent à fleurir qui accréditaient les rumeurs les plus extravagantes, comme la prétendue infiltration de la Ligue des droits de l’homme (LDH) ou du Forum social européen (FSE) par une horde de salafistes assoiffés de sang2. Le nouveau tropisme en vigueur imposa d’abjurer le tempérament indocile qui structurait le journal jusqu’alors et de nouer des alliances avec les figures les plus corrompues de la jet-set intellectuelle, telles que Bernard-Henri Lévy ou Antoine Sfeir, cosignataires dans Charlie Hebdo d’un guignolesque « Manifeste des douze contre le nouveau totalitarisme islamique3 ». Quiconque ne se reconnaissait pas dans une lecture du monde opposant les civilisés (européens) aux obscurantistes (musulmans) se voyait illico presto renvoyé dans les cordes des « idiots utiles » ou des « islamo-gauchistes ».
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À Charlie Hebdo, il a toujours été de bon ton de railler les « gros cons » qui aiment le foot et regardent TF1. Pente glissante. La conviction d’être d’une essence supérieure, habilitée à regarder de très haut le commun des mortels, constitue le plus sûr moyen de saboter ses propres défenses intellectuelles et de les laisser bailler au moindre courant d’air. Les vôtres, pourtant arrimées à une bonne éducation, à des revenus confortables et à l’entre-soi gratifiant de la « bande à Charlie », ont dégringolé à une vitesse ahurissante. Je me souviens de cette pleine page de Caroline Fourest parue le 11 juin 2008. Elle y racontait son amicale rencontre avec le dessinateur néerlandais Gregorius Nekschot, qui s’était attiré quelques ennuis pour avoir représenté ses concitoyens musulmans sous un jour particulièrement drolatique. Qu’on en juge : un imam habillé en Père Noël en train d’enculer une chèvre, avec pour légende : « Il faut savoir partager les traditions ». Ou un Arabe affalé sur un pouf et perdu dans ses pensées : « Le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chômage et d’allocs ». Ou encore ce « monument à l’esclavage du contribuable autochtone blanc » : un Néerlandais, chaînes au pied, portant sur son dos un Noir, bras croisés et tétine à la bouche. Racisme fétide ? Allons donc, liberté d’expression ! Certes, concède Fourest, l’humour un peu corsé de son ami « ne voyage pas toujours bien », mais il doit être compris « dans un contexte néerlandais ultratolérant, voire angélique, envers l’intégrisme ». La faute à qui si les musulmans prêtent le flanc à des gags difficilement exportables ? Aux musulmans eux-mêmes et à leurs alliés trop angéliques, ça va de soi. Comme l’enseigne Nekschot aux lecteurs de Charlie Hebdo, « les musulmans doivent comprendre que l’humour fait partie de nos traditions depuis des siècles ».

Personne chez vous n’a claqué sa démission après cette page insuffisamment remarquée, qui après tout ne faisait que consacrer le processus entamé six ou sept ans plus tôt. Vos sortes de tolérances vous regardent. Mais quand je lis dans votre tribune du Monde : « Nous avons presque honte de rappeler que l’antiracisme et la passion de l’égalité entre tous les humains sont et resteront le pacte fondateur de Charlie Hebdo », la seule information que je retiens, c’est que votre équipe ne serait donc pas totalement inaccessible à la honte. Vraiment ?

Après le départ en 2009 de Val et de Fourest, appelés à de plus hautes destinées, l’un à la tête d’une radio publique, l’autre sur les podiums de l’antiracisme gouvernemental, on se demandait si vous continueriez à faire du Val sans lui et de la Fourest sans elle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes restés fidèles à la ligne. Imprégnés jusqu’au trognon, faut croire.

Aujourd’hui, les mouches qu’un Tignous n’omet jamais de faire tourner autour de la tête de ses « barbus » se collent plus que jamais à votre imaginaire dès que vous « riez » des musulmans. Dans une vidéo postée fin 2011 sur le site de Charlie Hebdo, on te voyait, Charb, imiter l’appel du muezzin sous les hoquets hilares de tes petits camarades. Tordant, le numéro de la psalmodie coranique à l’heure du bouclage, Michel Leeb n’aurait pas fait mieux. Dans quelle marinade collective faut-il macérer pour en arriver là ? Dans quelles crevasses psychologiques puisez-vous matière à « rire » d’un dessin représentant des femmes voilées qui exhibent leurs fesses pendant qu’elles font leur prière à la « mère Mecquerelle » ? Minable vanne même pas honteuse, embarrassante d’imbécilité avant même que d’être révélatrice d’un état d’esprit, d’une vision du monde.
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C’est ce dessin de Catherine qui me vient à l’esprit, mais je pourrais en citer tant d’autres parmi les épanchements de gaudriole islamophobe que vous autres, fabricants d’humour gonflé aux vents du temps, dégazez à longueur de semaines. Ce dessin-là accompagnait une pseudo-enquête sur les « djihadistes du sexe » en Syrie4. Un « scoop » dont on apprenait peu de temps après – il est vrai qu’on s’en doutait un peu à la lecture – que c’était un tissu d’âneries bidonné à des fins de propagande5. À noter que vous n’avez même pas retiré cette daube de votre site web : apparemment, certains sujets se prêtent mieux que d’autres au relâchement. Quand on rigole avec la femme voilée, on peut bien se laisser aller, s’autoriser un peu de confusion entre info croustillante en papier mâché et poilade de salle de garde.

Mais je ne vous écris pas pour vous parler de bon goût, plutôt de ce pays que vous avez contribué à rendre plus insalubre. Un pays qui désormais interdit à une femme de travailler dans une crèche au motif que le bout de tissu qu’elle porte sur la tête traumatiserait les bambins. Où une élève de troisième coiffée d’un bandana jugé trop large se fait exclure de son collège avec la bénédiction d’un maire UMP, du ministre socialiste de l’Éducation nationale et de la presse écumante6. Où l’on peine à trouver un comptoir de bistrot ou une table de fins lettrés sans qu’à un moment ne se déverse le genre de blagues qui, à « Charlie », vous font péter les boyaux le jour du bouclage. Où l’on considère comme une avant-garde de la cinquième colonne toute femme qui se couvre les cheveux, au point qu’on lui interdit de participer à une sortie scolaire ou de faire du bénévolat aux Restos du cœur7.

Je sais qu’à vos yeux ces vigoureuses dispositions sont cruciales pour la survie de la république et de la laïcité. Récemment, vous avez jugé utile de publier une interview de votre avocat, Richard Malka, le valeureux défenseur de Clearstream, de DSK et de l’esprit des Lumières. « Le voile, c’est l’anéantissement, l’ensevelissement du triptyque républicain “Liberté, Égalité, Fraternité”8 », pérorait votre bavard comme à un concours d’éloquence pour vendeurs d’aspirateurs9. Faudrait déjà qu’il nous explique en quoi ce fameux triptyque a une existence concrète et au bénéfice de qui, mais passons. Ce qu’il enfonce dans la tête de vos lecteurs, pourtant déjà abondamment instruits en la matière, c’est que quelques centimètres carrés de coton éventuellement mêlé de polyester menacent de répandre la peste sur notre beau pays. Que ce voile est si dangereusement infecté qu’il ne serait pas sage de prêter attention à l’individu qui le porte.

Je dois préciser à ce stade que, personnellement, je n’ai aucun « problème » avec le bonnet de ma tante ou les dreadlocks de mon cousin, et que je n’en ai pas davantage avec le voile de ma voisine. Si cette dernière me confiait qu’elle le porte contre son gré, j’aurais certainement le réflexe de l’encourager à trouver les moyens de vivre comme elle l’entend. Je réagirais de même si on l’obligeait à porter des bas résille ou le kilt écossais. En dehors d’un tel scénario, qu’une femme décide ou non de porter telle ou telle liquette ne me regarde pas. Que ce soit pour des motifs personnels, religieux, esthétiques ou autres, c’est son affaire. Étonnante, cette manie qu’ont les gens dans ce pays de projeter leurs fantasmes sur un carré d’étoffe, qui l’aliénation de la femme, qui la peur de l’invasion islamique, qui la défense du droit masculin à la drague capillaire, etc. Peu m’importent le voile, les talons hauts ou même le t-shirt Camaïeu made in Bangladesh, du moment que la personne dessous, dessus ou dedans mérite le respect. Où en sommes-nous rendus pour qu’il faille réhabiliter un principe aussi évident ? Essayez-le, vous verrez : c’est le meilleur préventif contre l’ulcère à l’estomac et la sauce blanche dans la tête.
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Le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel votre hebdomadaire se livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le « vivre ensemble ». Et même, ne soyons pas pingres sur les alibis, par le droit des femmes – étant largement admis aujourd’hui que l’exclusion d’une gamine voilée relève non d’une discrimination stupide, mais d’un féminisme de bon aloi consistant à s’acharner sur celle que l’on prétend libérer. Drapés dans ces nobles intentions qui flattent leur ignorance et les exonèrent de tout scrupule, voilà que des gens qui nous étaient proches et que l’on croyait sains d’esprit se mettent brusquement à débonder des crétineries racistes. À chacun sa référence : La journée de la jupe, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Caroline Fourest, Pascal Bruckner, Manuel Valls, Marine Le Pen ou combien d’autres, il y en a pour tous les goûts et toutes les « sensibilités ». Mais il est rare que Charlie Hebdo ne soit pas cité à l’appui de la règle d’or qui autorise à dégueuler sur les musulmans. Et comme vos disciples ont bien retenu la leçon, ils ne manquent jamais de se récrier quand on les chope en flag’ : mais enfin, on a bien le droit de se moquer des religions ! Pas d’amalgame entre la critique légitime de l’islam et le racisme anti-arabe !

C’est évidemment ce même sillon que vous labourez dans votre tribune du Monde. « Passe encore, vous lamentez-vous, que Charlie consacre tant de ses dessins de couverture aux papistes. Mais la religion musulmane, drapeau imposé à d’innombrables peuples de la planète, jusqu’en Indonésie, devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ? »

Je veux bien tâcher d’éclairer vos lanternes sur ce point, mais permettez-moi d’abord d’apprécier la vicieuse petite incise dans laquelle vous resservez en loucedé le vieux plat sur l’islam-religion-conquérante qui fait rien qu’à croquer la planète. L’islamisation de l’archipel indonésien a commencé au XIIIe siècle, quand des princes de Sumatra se sont convertis à la religion des marchands perses et indiens qui faisaient bombance dans leurs ports – non sous la contrainte, mais par désir d’intégrer un réseau commercial prospère. Plus tard, au XVIIIe siècle, ce sont les colons hollandais, chrétiens irréprochables, qui se sont arrangés pour imposer l’islam à Java, en vue de soustraire sa population à l’influence séditieuse des Balinais hindouistes. On est loin de l’imagerie du farouche bédouin réduisant à sa merci des peuples exotiques, à laquelle se résume apparemment votre connaissance du monde musulman.

Mais revenons à la question du « rapport » entre Arabes et musulmans, racisme et islamophobie. La démarcation que vous tracez avec une belle assurance entre les deux catégories est-elle vraiment si claire dans vos esprits ? À lire le début de votre tribune, il est permis d’en douter. L’édifiante anecdote du « chauffeur de taxi arabe », qui refuse de conduire à bon port un collaborateur du journal « au motif de dessins moquant la religion musulmane », révèle à cet égard une certaine confusion. En quoi la qualité d’« arabe » prêtée au chauffeur – qui d’après vous ne saurait donc être simplement français – nous renseigne-t-elle sur l’affront subi par votre infortuné collègue ? Croyez-vous qu’il faille être « arabe » pour froncer le nez devant vos beaufitudes de fin de banquet ? Moi qui ne suis ni arabe ni chauffeur de taxi, pas sûr que je dépannerais votre collaborateur d’un ticket de métro. J’espère néanmoins qu’il aura surmonté son choc des civilisations en se dégotant un chauffeur blanc qui l’accepte sur sa banquette arrière.

Vous avez raison, arabe et musulman, ce n’est pas la même chose. Mais vous savez quoi ? Musulman et musulman, ce n’est pas pareil non plus. Sachez qu’il y en a de toutes sortes, riches ou pauvres, petits ou grands, sympathiques ou revêches, généreux ou rapiats, désireux d’un monde meilleur, réactionnaires ou même, oui, intégristes. Or, dans Charlie Hebdo, rien ne ressemble davantage à un musulman qu’un autre musulman. Toujours représenté sous les traits d’un faible d’esprit, d’un fanatique, d’un terroriste, d’un assisté. La musulmane ? Toujours une pauvre cloche réductible à son foulard, et qui n’a d’autre fonction sociale que d’émoustiller la libido de vos humoristes.

Parlant de cela, il y aurait beaucoup à dire sur la composante graveleuse de votre inspiration. L’euphorie avec laquelle Charlie Hebdo a acclamé les militantes topless des Femen suggère que le graillon islamophobe s’agrège parfaitement aux éclaboussures de testostérone. L’ode de Bernard Maris à Amina Sboui, une Femen tunisienne qui avait posé torse nu sur Internet, offre un bon échantillon de la mayonnaise hormonale qui colle à vos pages : « Montre tes seins, Amina, montre ton sexe à tous les crétins barbus habitués des sites pornos, à tous les cochons du désert qui prêchent la morale à domicile et se payent des escorts dans les palaces étrangers, et rêvent de te voir lapidée après t’avoir outragée... Ton corps nu est d’une pureté absolue en face des djellabas et des niqabs répugnants10. » Allo, docteur ?
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Vous avez le toupet d’accuser vos détracteurs d’« essentialisme », et sans doute les bulbes congestionnés qui vous vénèrent applaudiront-ils l’acrobatie. Mais on n’est pas au cirque. L’essentialisme, vous vous y vautrez chaque semaine ou presque en racialisant le musulman sous les traits d’une créature constamment grotesque ou hideuse. Ce qui définit la vision dominante du « racialisé », « c’est qu’il est tout entier contenu dans ce qui le racialise ; sa culture, sa religion, sa couleur de peau. Il serait comme incapable de s’en sortir, incapable de voir plus loin que son taux de mélanine ou le tissu qu’il porte sur la tête, observe sur son blog Valérie CG, une féministe pas très intéressante puisqu’elle ne vous a pas montré ses seins. Musulman devient une sorte de nouvelle couleur de peau dont il est impossible de se détacher11. »

Cette remarque judicieuse se rapportait aux élucubrations de la « pédopsychiatre » Caroline Eliacheff, qui, dans le magazine Elle, venait de justifier ainsi le licenciement d’une puéricultrice voilée par la crèche Baby-Loup : « On peut s’interroger sur les conséquences pour un nourrisson de ne voir que le visage de face, une tête amputée des oreilles, des cheveux et du cou12. » Le voile est une arme de destruction massive, il ensevelit la république aussi sûrement qu’il ampute des organes vitaux. Inutile de préciser que Caroline Eliacheff, tout comme vous, « lutte contre le racisme », c’est en tout cas ce qu’elle déclare dans son interview. Pour professer des inepties, et justifier le renvoi brutal d’une employée reconnue comme compétente et que personne n’a vu appeler les petits chéris au djihad, on n’est jamais aussi confortablement juché qu’au plus haut sommet des vertus civilisées.

Mais votre trône surplombe un marécage. Toi, Charb, pour lequel j’ai jadis éprouvé de l’estime, et toi, Fabrice, dont j’appréciais la rigueur intellectuelle13, je vous tiens, vous et vos collègues, pour coresponsables du pourrissement ambiant. Après le 11-Septembre, Charlie Hebdo a été parmi les premiers, dans la presse dite de gauche, à enfourcher le cheval du péril islamique. Ne vous privez donc pas de ramasser votre part du crottin au moment où le nombre d’actes islamophobes bat des records : + 11,3 % sur les neuf premiers mois de 2013 par rapport à la même période de 2012, selon l’Observatoire national de l’islamophobie. Lequel s’inquiète d’un « nouveau phénomène » de violence, marqué par au moins quatorze agressions de femmes voilées depuis le début de l’année.
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Rassurez-vous, je ne dis pas que la lecture de Charlie Hebdo déclenche mécaniquement l’envie de badigeonner une mosquée avec du sang de porc ou d’arracher son voile à une cliente de supermarché, comme cela se produit ici et là. Vous avez désigné les cibles, mais vous ne voulez pas qu’un pauvre type s’attaque à elles pour de vrai, car vous êtes contre la violence et contre le racisme. Vos lecteurs aussi, très certainement. Ils n’ont aucun préjugé contre les musulmans, c’est juste qu’ils s’esclaffent de bon cœur sur ce dessin de Charb où l’on voit un Arabe à grosse moustache en arrêt devant une prostituée, tandis qu’un prédicateur à barbe le sermonne : « Mon frère ! Tu vas pas payer 40 euros une passe alors que pour le même prix tu peux acheter une épouse ! » Dans les années trente, le même gag avec des juifs à la place des musulmans aurait fait un tabac, sauf qu’à l’époque son auteur n’aurait sans doute pas eu l’idée de venir brandir un brevet d’antiracisme. Le dessin en question illustrait un article démasquant les sombres desseins d’un petit groupe de salafistes à Bruxelles. Le sous-titre résumait bien l’idée : « Les frites seront-elles bientôt toutes halal en Belgique ? Quelques barbus s’y activent, et combattent la démocratie qui leur permet d’exister14. » Quoi ? Islamisation des frites, démocratie en danger ? Dans sa tête, le lecteur commence déjà à graisser son fusil de chasse. Dans sa tête seulement, car c’est un antiraciste. À moins qu’il n’aille se déverser au bas de quelque site internet évoquant vos faits d’armes, à la manière de « lulupipistrelle », auteur de ce commentaire sur Agoravox : « Les caricatures de leur prophète ulcèrent les musulmans ? Et alors, moi j’ai envie de baffer toutes les bonnes femmes voilées que je croise, et je ne parlent [sic] pas des barbus... mais je me domine...15 »

Bien sûr que Charlie Hebdo ne se limite pas à cela, qu’on y écrit et dessine sur bien d’autres sujets. On veut bien croire que nombre de lecteurs vous achètent par attachement à la cause des animaux, ou pour Cavanna, ou pour Nicolino, ou pour les dessins drôles, ou pour congratuler Bernard Maris après sa nomination au conseil général de la Banque de France, autre repaire de joyeux drilles. Mais je doute qu’il y en ait beaucoup qui ne trouvent leur petit plaisir sale dans le ressassement de vos obsessions islamophobes – sans quoi le journal leur tomberait des mains. Il en est même, vous ne pouvez l’ignorer, qui l’achètent principalement pour ça : pour voir ce que « Charlie » va encore leur mettre dans les dents cette semaine. Faut avouer, c’est une bonne affaire. Depuis l’épisode des caricatures danoises et votre héroïque montée des marches en costumes de pingouins au festival de Cannes, bras dessus bras dessous avec Philippe Val, Daniel Leconte et BHL (mais hélas sans Carla Bruni, pourtant annoncée), le « muslim bashing » ripoliné en « défense intransigeante de la liberté d’expression » est devenu votre tête de gondole, que vous prenez soin de réapprovisionner régulièrement. Vous pouvez toujours certifier que les sans-papiers sont vos amis ou critiquer Manuel Valls pour ses rafles de Roms, c’est l’islamophobie votre marronnier, votre ligne de front.

Vous me direz que vous n’êtes pas les seuls. Votre positionnement sur ce terrain est en effet assez largement partagé par vos confrères de la presse écrite, de L’Express à Valeurs Actuelles en passant par Le Point, Marianne, Le Nouvel Observateur ou Le Figaro, pour s’en tenir aux plus enthousiastes. Et je ne parle même pas des télés et des radios. Le marché médiatique de l’islam « sans-gêne », « qui fait peur » et « qui dérange » rapporte gros, même s’il est quelque peu saturé. Toutefois, au sein de cette saine et fraternelle concurrence, votre canard parvient à se distinguer par des produits qui n’ont leur équivalent nulle part ailleurs, et qui vous permettent d’occuper un segment non négligeable de l’opinion islamophobe décomplexée de gauche.

Vous connaissant, je m’interroge cependant : c’est quoi, au juste, votre problème avec les musulmans de ce pays ? Dans votre texte du Monde, vous invoquez la salutaire remise en cause des « si grands pouvoirs des principaux clergés », mais sans préciser en quoi l’islam – qui n’a pas de clergé, mais on ne peut pas tout savoir, hein – exerce en France un « si grand pouvoir ». Hors de la version hardcore qu’en donnent quelques furieux, la religion musulmane ne me paraît pas revêtir chez nous des formes extraordinairement intrusives ou belliqueuses. Sur le plan politique, son influence est nulle : six millions de musulmans dans le pays, zéro représentant à l’Assemblée nationale. Pour un parlementaire, il est plus prudent de plaider la cause des avocats d’affaires et de voter des lois d’invisibilité pour les femmes voilées que de s’inquiéter de l’explosion des violences islamophobes. Pas un seul musulman non plus chez les propriétaires de médias, les directeurs d’information, les poids lourds du patronat, les grands banquiers, les gros éditeurs, les chefferies syndicales. Dans les partis politiques, de gauche comme de droite, seuls les musulmans qui savent réciter par cœur les œuvres complètes de Caroline Fourest ont une petite chance d’accéder à un strapontin.
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Je n’ignore pas, Charb, que tu as reçu des menaces de mort et qu’il y a peut-être des dingues quelque part qui en veulent à ta peau. Cela me désole. Malgré tout ce que je vous reproche, à toi et aux autres, je ne me réjouis pas de t’imaginer avec deux flics collés en permanence à tes semelles et qui coûtent un bras à votre république chérie. Je crains aussi que tes molosses ne déteignent sur toi comme Val a déteint sur toute l’équipe. Mais si vraiment vous tremblez à l’idée que les musulmans de France se métamorphosent en serial killers de la guerre sainte, peut-être trouverez-vous un brin d’apaisement en voyant la manière placide dont les intéressés réagissent aux attaques réelles ou symboliques qui sont leur lot quotidien. Quand une mosquée est recouverte de tags racistes, croyez-vous que ses responsables ou les fidèles du coin se répandent en cris de vengeance ou en promesses de mettre l’Élysée à feu et à sang ? Non, à chaque fois ils déclarent s’en remettre tout simplement à la « justice de leur pays ». Parmi ceux que je connais, l’écume médiatique de vos prouesses ne fait qu’ajouter une petite couche supplémentaire à leur lassitude. Pas sûr que j’aurais la même patience.

Bunkérisés derrière vos zygomatiques, vous revendiquez le droit sacré de « rire » pareillement des imams, des curés et des rabbins. Pourquoi pas, si encore vous appliquiez vraiment ce principe. On oublie l’épisode Siné ou il faut vous faire un dessin ? Un constat avéré d’islamophobie, et c’est l’éclat de rire. Une mensongère accusation d’antisémitisme, et c’est la porte. Cette affaire remonte aux années Val, mais la pleutre approbation que votre patron d’alors a recueilli auprès de « toute la bande », et plus particulièrement auprès de toi, Charb, démontre que le deux poids deux mesures en vigueur à cette époque n’était pas le fait d’un seul homme. La même règle a perduré. À ce jour, me dit-on, le numéro spécial « Charia Hebdo » ne s’est toujours pas dédoublé en un « Talmud Hebdo ». Croyez bien que je ne le regrette pas.

Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure, longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute espèce d’influence sur les sphères de pouvoir. Elle consiste à détourner l’attention des intérêts bien nourris qui gouvernent ce pays pour exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête, si l’on veut bien prendre la peine de considérer que, pour la plupart d’entre eux, colonisation, immigration et discrimination ne leur ont pas assigné la place la plus reluisante dans la société française. Est-ce trop demander à une équipe qui, selon vos termes, « se partage entre tenants de la gauche, de l’extrême gauche, de l’anarchie et de l’écologie », que de prendre un tantinet en compte l’histoire du pays et sa réalité sociale ?

J’aime bien les bouffeurs de curés, j’ai grandi avec et ils m’ont inculqué quelques solides défenses contre les contes de fées et les abus de pouvoir. C’est en partie cet héritage-là qui me fait dresser les poils devant l’arrogante paresse intellectuelle du bouffeur de musulmans. La posture antireligieuse lui offre un moyen commode de se prélasser dans son ignorance, de faire passer pour insolents ses petits réflexes de contraction mentale. Elle donne du lustre à un manque béant d’imagination et à un conformisme corrodé par les yeux doux de l’extrême droite16.

« Encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable », c’est ainsi que Thomas Deltombe définit la fonction de l’islamophobie, décrite aussi comme une « machine à raffiner le racisme brut »17. Les deux formules vous vont comme un gant. Ne montez donc pas sur vos grands chevaux quand vos détracteurs usent de mots durs contre vous. Ces derniers jours, vous avez hurlé au scandale parce qu’un rappeur pas très futé réclamait un « autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo » au détour d’un titre collectif inséré dans la BO du film La Marche. Comme si votre journal n’était qu’amour et poésie, vous avez fait savoir à la terre entière que vous étiez « effarés » par tant de « violence ». Pourtant, vous ne vous êtes pas offusqués lorsque le rappeur tunisien Weld El 15 a assimilé les policiers de son pays à des « chiens bons à égorger comme des moutons ». Au contraire, vous l’avez interviewé avec tous les égards dus à un « combattant de la liberté d’expression18 ». Les violences verbales de Weld El 15 trouvent grâce à vos yeux parce qu’elles visent un régime à dominante islamiste qui veut le renvoyer en prison. Mais quand la métaphore canine se retourne contre vous, ce n’est plus du tout la même chanson. Envolée, la liberté d’expression : ralliement à la rengaine néoconservatrice sur le rap comme « appel à la haine » et « chant religieux communautariste »19.

La machine à raffiner le racisme brut n’est pas seulement lucrative, elle est aussi extrêmement susceptible.

Bien à vous,
Olivier Cyran
http://www.article11.info/?Charlie-Hebd ... te-Si-vous

Ramon
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Re: Islam et Islamophobie

Message par Ramon »

un belle exemple d’intelligence et d'honnêteté de la part du peuple canadien,qui contraste avec le racisme et la mauvaise fois de la vielle Europe agonisante.
http://youtu.be/hhNXHalWpNk

tayeb
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Re: Islam et Islamophobie

Message par tayeb »

Nadine Morano et l'islamophobie aie aie aie...
http://www.lefigaro.fr/politique/le-sca ... france.php

draganov
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Re: Islam et Islamophobie

Message par draganov »

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[ PROFANATION : CROIX GAMMÉE ET FENÊTRE CASSÉE A LA MOSQUÉE DE LOUVIERS ]
La mosquée de Louviers a été profanée cette nuit. L'association a porté plainte et le maire s'est déplacé.
Les amalgames continuent de causer du tort à la Communauté. On ne pourra pas dire qu'elle n'a pas fait le nécessaire pourtant pour s'expliquer.
[ DÉNONÇONS LA HAINE ET L'ISLAMOPHOBIE |
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draganov
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Re: Islam et Islamophobie

Message par draganov »

ya pas que du negatif voila un geste tre beau
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numidia
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Re: Islam et Islamophobie

Message par numidia »

:super:
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tayeb
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Re: Islam et Islamophobie

Message par tayeb »

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Deux prêtres devant la mosquée des Sablons en signe de soutien et de fraternité ”

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Re: Islam et Islamophobie

Message par numidia »

des gens qui par leur acte témoignent de leur foi en Dieu et de valeurs humaines indéniables
très beau geste
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samir_reghaia
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Re: Islam et Islamophobie

Message par samir_reghaia »

tayeb a écrit :Image
Deux prêtres devant la mosquée des Sablons en signe de soutien et de fraternité ”

Magnifique... :super: un peu de lumière dans un monde de brutes... :avo:
Les grands changements ne viennent que d'en bas.
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scorpion-rouge35
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Re: Islam et Islamophobie

Message par scorpion-rouge35 »

tres beau geste
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sadral
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Re: Islam et Islamophobie

Message par sadral »

Bonne initiative
Quatre intellectuels musulmans appellent à la réflexion sur l’ijtihad en islam

Dans un appel aux «musulmans démocrates de tous les pays», quatre intellectuels invitent les leaders d'opinion, engagés pour la démocratie, à s’impliquer dans la relance de l'ijtihad dans l’interprétation de l’islam. L’appel, destiné aux représentants d’autorités politiques et/ou religieuses, aux intellectuels et aux théologiens, fait référence aux «interprétations sclérosées», fermement ancrées chez les tenants d’une vision réductrice et arabo-centrée.
La tribune est signée par Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, Anwar Ibrahim, ancien vice-Premier ministre de la Malaisie, leader de l'opposition et président du Forum mondial pour les démocrates musulmans , Felix Marquardt, fondateur de la fondation Abd al-Rahman al-Kawakibi et du mouvement «Khlass (ça suffit) le silence !», et enfin Tariq Ramadan, professeur d'études islamiques à l'université d'Oxford. «En s'inspirant des travaux de certains intellectuels comme Malek Bennabi, nous devons commencer à remettre en question la doxa historique, romancée et nostalgique, qui prévaut dans les sociétés à majorité musulmane. Il est devenu impératif que nous examinions rigoureusement les échecs de notre civilisation, depuis la période précoloniale jusqu'à celle de la mondialisation, et les raisons pour lesquelles les fréquents appels à initier une véritable renaissance islamique par le passé sont restés lettre morte», indiquent les auteurs de l’appel publié par El Pais, le Huffington Post USA, The Telegraph, le Jakarta Globe, le Malaysian Insider, et le quotidien panarabe Asharq al Awsat.
Les quatre intellectuels font, par ailleurs, référence aux réformateurs qui ont laissé pour la postérité de précieux travaux sur l’ijtihad : Muhammad Abduh, Abd al-Raḥman al-Kawakibi et Muhammad Iqbal au début du XXe siècle. Ces érudits, relève l’appel, «entendaient mener une analyse critique sans compromis de nos sources scripturaires». L’appel signale aussi le fait qu’il faut cesser de projeter le chauvinisme culturel de nos sociétés sur le dogme religieux : «Les musulmans du monde entier doivent être en mesure de faire la part des choses entre ce qui relève de l'islam et ce qui tient de la pratique culturelle indigène.»
Dans un entretien accordé récemment à Algeriepatriotique, Ghaleb Benchaikh avait indiqué que les responsables musulmans de France ne jouissent d’aucune liberté d'expression. «Mais je sais qu'ils sont soumis à l'administration française. Il y a toujours un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur qui cornaque les membres du bureau du Conseil français du culte musulman, chose totalement inimaginable pour le Consistoire juif de France ou pour la Conférence des évêques de France. La genèse même dudit CFCM est une honte», a dit en substance l’islamologue franco-algérien.
http://www.algeriepatriotique.com/artic ... d-en-islam
« Une page est tournée ; l'Algérie est d'abord fille de son histoire, qu'elle ait surmonté l'épreuve coloniale et même défié l'éclipse, atteste, s'il en était besoin, de cette volonté inextinguible de vivre sans laquelle les peuples sont menacés parfois de disparition.
L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.
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sadral
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Re: Islam et Islamophobie

Message par sadral »

Recrudescence de l'islamophobie : lettre d'un médecin algérien indigné aux Français


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Le professeur Azzouzi Abdel-Rahmène, chef de service d’urologie au CHU d’Angers, et conseiller municipal de la ville d’Angers, a décidé de mettre fin au mandat qu'il occupait depuis 2008 pour protester contre l’islamophobie qui prend de plus en plus d’ampleur. Dans une lettre ouverte publiée dans «le Monde des Religions», adressée à ses collègues et amis élus de la ville, il explique sa décision : celle d'un élu de confession musulmane qui ne se reconnaît plus dans la lecture des valeurs républicaines que font nos dirigeants successifs.
Il écrit notamment : «Il faudrait peut-être que je continue à faire semblant de partager un chemin commun avec vous dans une France qui chaque jour renie un peu plus ses valeurs républicaines. Je ne le ferai pas, car beaucoup trop nous sépare. Devrais-je faire semblant d’accepter votre absence de réaction, alors que toute une partie de nos concitoyens vit déjà dans une situation d’exception et que des lois visant implicitement les Français musulmans se succèdent ? Devrais-je faire semblant d’accepter votre adhésion religieuse à une laïcité qui est devenue en réalité l’arme ultime et exclusive contre les musulmans de France ? Devrais-je faire semblant d’accepter votre mutisme lorsque l’école de la République s’attaque avec violence à des enfants de 8 et 10 ans parce que musulmans » Le Pr Azzouzi Abdel-Rahmène s’indigne de constater que «la police française, institution républicaine où le racisme est endémique, tout comme dans l’armée française, interroge des enfants, comme on interroge des criminels, sous la bienveillance de la ministre de l’Education ?» Il se demande s’il doit «faire semblant d’ignorer cette lecture de la laïcité à géométrie variable par le gouvernement français qui demande aux musulmans d’être invisibles dans l’espace sociétal français, mais qui termine ce merveilleux élan républicain du 11 janvier dans la synagogue de la Victoire, en présence des Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du gouvernement israélien sous les cris de «Bibi» et de nombreux drapeaux israéliens agités dans un lieu de culte par des citoyens français de confession juive».

Le professeur écrit encore qu’«après toutes ces années de luttes et d’avertissements sans succès, je m’en retourne à mon épouse, à mes enfants et à mes deux ânes» pour ne pas continuer de feindre l’approbation lorsqu’à longueur de temps, et malgré le tsunami qui vient de s’abattre sur la France, les médias continuent, comme si de rien n’était, à inviter les mêmes Zemmour, Finkelkrault, Fourest et autre Pelloux pour nous prodiguer les règles d’un vivre-ensemble dont ils n’auront jamais le secret.
Devrais-je faire semblant d’accepter l’ostracisation permanente de Tariq Ramadan, intellectuel contemporain hors norme, pendant que Zemmour sature les plateaux des médias, mais aussi les salles municipales de France et de Navarre ? Devrais-je faire semblant d’ignorer l’apartheid médiatique et politique dans lequel sont tenus des milliers d’intellectuels et d’experts français de confession musulmane qui pourraient apporter la contradiction, voire la construction, dans les innombrables débats et questions qui les concernent directement et dont les Français sont abreuvés jusqu’à plus soif ? Devrais-je faire semblant d’ignorer que la discrimination à l’emploi et aux logements dont sont victimes les Français de confession musulmane est la règle plutôt que l’exception ? Devrais-je faire semblant de soutenir aux prochaines élections cantonales la nuée de candidats et candidates locaux tous plus blancs les uns que les autres, comme pour mieux signifier, génération après génération, que les minorités n’auront jamais vocation à représenter l’ensemble de leurs concitoyens, ce qui me donnent la nausée ?» Pour le professeur, «insidieusement, la France est probablement devenue la nation démocratique la plus islamophobe du monde».
http://www.algeriepatriotique.com/artic ... x-francais
« Une page est tournée ; l'Algérie est d'abord fille de son histoire, qu'elle ait surmonté l'épreuve coloniale et même défié l'éclipse, atteste, s'il en était besoin, de cette volonté inextinguible de vivre sans laquelle les peuples sont menacés parfois de disparition.
L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.
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