Crises Maliennes

Venez débattre et discuter de l'actualité géopolitique et militaire
Répondre

malikos
Mulazim Awal (ملازم أول)
Mulazim Awal (ملازم أول)
Messages : 1488
Inscription : 01 avril 2012, 13:54

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

Mali: sept soldats tués dans une embuscade imputée aux jihadistes (armée)
27 septembre 2019Samuel Benshimon

Sept soldats maliens ont été tués jeudi dans une embuscade imputée aux jihadistes dans le centre du pays, ont annoncé les forces armées.

Une mission des Forces armées maliennes (Fama), qui escortait un transport d’engrais entre les localités de Douentza et Sévaré, a sauté sur un engin explosif artisanal avant d’être attaquée aux armes à feu, ont dit les Fama, imputant cette attaque « complexe » aux « terroristes », terme par lequel elles désignent les jihadistes.

« Sept personnels (de l’armée) ont trouvé la mort », selon les Fama, dans cette attaque qui n’avait pas été revendiquée jeudi soir.

Lors d’une réunion de haut niveau consacrée au Mali et au Sahel mercredi en marge de l’assemblée générale des Nations unies, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’était alarmé de « l’escalade continue de la violence au Sahel et son expansion vers les pays du golfe de Guinée ».

Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Dans les pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), « le nombre de morts civiles entre 2012 et 2018 a été multiplié par quatre », a dit M. Guterres mercredi. « Plus de 5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, plus de 4 millions ont été déplacées, 3 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et près de 2 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire »

http://sahel-intelligence.com/16796-mal ... armee.html.

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par numidia »

depuis des mois les choses n'ont fait que de se dégrader
on atteint actuellement (depuis cet été) un point de non retour pour le Mali face aux forces étrangères
la population (quasi toute ethnie confondue désormais) n'en veut plus, il ne s'agit pas uniquement de mouvements ou de manifestations ou d'attaques montées et lancées par des terroristes ou leurs "partenaires"
certains parlent ce langage d'autruche qui ne ménera à rien pour les Maliens et les Sahéliens
la réalité est là et bien là
échecs total des forces étrangères !


SÉVARÉ | Manifestation pour le départ de la MiNUSMA l'office riz vandalisé
Sortie le 12 oct. 2019
SÉVARÉ: des manifestants demandent le départ des forces étrangères du Mali
Au cours des quinze derniers jours, les événements dramatiques se sont succédé à une vitesse effrénée dans la Bande sahélo-saharienne (BSS). Paradoxalement, les communications officielles des gouvernements malien, burkinabè sont déconcertantes d’optimisme. Quant à celle du Conseil de sécurité, le 12 octobre, elle ne pourrait être plus lénifiante. Les populations, elles, ne sont pas dupes, l’inquiétude se lit sur les visages. Elles ont compris que la crise s’inscrivait dans un temps long. Elles ne comptent plus que sur leur propre force pour survivre et sécuriser leur famille, leur village, leur zone. Les échecs militaires assortis d’une absence de réponse politique les poussent à s’interroger sur les raisons de leurs malheurs et sur les agendas des acteurs nationaux et internationaux. Cette situation provoque également la colère des habitants de la BSS. La manifestation qui a tourné à l’émeute le 12 octobre à Sévaré contre la MINUSMA, co-accusée avec l’opération française Barkhane « d’inertie face à la situation sécuritaire dans le centre du pays », est un signal fort, exprimant le niveau d’exaspération et d’élévation de la température. Le même jour, à Ouagadougou était organisé, par plusieurs associations, une journée anti-impérialiste pour demander le départ des forces étrangères. La gronde pourrait se propager [...]

Montée en puissance des forces djihadistes
D’après une source sécuritaire, lors de l’attaque de la base du G5 Sahel à Boulkessi et d’un camp des forces armées maliennes à Mondoro dans la nuit du 29 octobre, les soldats ont essuyé une pluie d’obus venant de tous les côtés puis les terroristes se sont rendus maîtres des lieux avant de s’enfuir. Cela prouve d’une part, le bon niveau de préparation militaire et la maîtrise du terrain ; d’autre part, cela confirme que les djihadistes maliens comptent désormais dans leurs rangs des éléments aguerris, parmi lesquels des étrangers ayant fait leurs armes au Moyen-Orient, comme l’IVERIS le notait dans un précédent article et comme le groupe des experts de l’ONU sur le Mali l’a écrit également dans son dernier rapport.

Cette attaque a été revendiquée par le JNIM, de lyad AG Ghali. qui a déclaré que son organisation avait tué 85 soldats, fait deux prisonniers et saisi des pickup, des munitions et des matériels lourds.

Toujours au Mali, une semaine plus tard, les terroristes maliens ont signé une énième attaque contre les forces armées présentes sur le territoire, en tuant un casque bleu par l’explosion d’un engin lors du passage du véhicule de la MINUSMA dans la région d’Aguelhok.

Au Burkina Faso voisin, les quinze derniers jours ont été tout aussi violents, illustrant ainsi la désespérante dégradation sécuritaire. Les mêmes djihadistes qui opèrent au Sahel de part et d’autre de la frontière, adoptent une stratégie différente en poursuivant des objectifs distincts selon les pays. Dans cet Etat, ce sont les populations civiles qui sont les premières ciblées lors d’attaques non revendiquées par des hommes armés non identifiés. Ainsi, en moins de quinze jours, cinq attaques, dont celle d’un site d’orpaillage, ont fait au moins 48 victimes. Le mode opératoire est toujours le même les assaillants arrivent en moto, tuent, pillent, volent le bétail et incendient maisons et bâtiments publics, forçant ainsi les habitants à quitter leurs villages et à venir grossir le rang des déplacés à Ouagadougou. [ :arrow: ...]
https://www.mondialisation.ca/sahel-une ... re/5637935
La crise de confiance touche aussi Barkhane. Pas un jour ne se passe sans que les médias maliens et burkinabè ne se fassent l’écho du mécontentement et des interrogations, avec parfois des arguments logiques « Pourquoi la France n’a-t-elle pas vu les colonnes de pick-up se dirigeant vers Boulkessi et Mondoro ? » et d’autres ahurissants : « Aussi longtemps que durera la crise, les forces françaises, onusiennes et le G5 Sahel se ravitailleront dans les stations Total ce qui est une aubaine pour le trésor français ! »

Si la France est soupçonnée d’avoir un agenda caché ce n’est pas seulement parce que la force Barkhane n’arrive pas à contenir les groupes terroristes, c’est aussi et surtout à cause de sa politique illisible qui laisse la place à tous les fantasmes. Après avoir beaucoup communiqué, fait preuve de volontarisme, affiché un optimisme béat en annonçant d’un air martial des victoires du G5 Sahel pour… 2018, Emmanuel Macron semble aujourd’hui tétanisé. Le Quai d’Orsay se tait. Lors de l’attaque des camps militaires, Jean-Yves le Drian a fait le service minimum en publiant un communiqué succinct. Les ministères de la Défense et des Affaires étrangères auraient commandé des rapports à des instituts privés pour trouver des pistes de sorties, preuve de leur désarroi. En soutenant des chefs d’Etats qui ont perdu la confiance de leurs peuples, en fermant les yeux sur leurs pratiques exécrables, comme la création de milices et les trafics en tous genres, les dirigeants français ont placé l’armée française dans une impasse. L’Opération Barkhane est désormais perçue par les opinions publiques comme une assurance tous risques pour des dirigeants corrompus et peu soucieux de leurs peuples. Comment gagner une guerre lorsque l’on n’ouvre aucune perspective pour la paix ?

Un intellectuel malien décrypte : « La France, comme le G5 Sahel et la Minusma sont partis d’un postulat faux, ils n’ont pas fait une analyse fine de ce type de conflits qui est une superposition de crises qui ont conduit au délitement des Etats. Aujourd’hui la France ne connaît plus l’Afrique, ces élites s’abreuvent des livres d’histoire avec des clichés totalement dépassés. Du coup, le jeu est totalement faussé, tant qu’on ne fera pas la bonne analyse, on ne fera la paix ni au Sahel ni ailleurs. »

Persaverare diabolicum

Le pire serait que la France persiste dans ses erreurs en soutenant, quoiqu’elle en dise, la seule option militaire ; qu’elle ne prenne pas acte de l’échec du G5 Sahel et qu’avec l’Allemagne, elle pousse à son élargissement à certains pays de la CEDEAO, sous quelques formes que ce soien
https://www.mondialisation.ca/sahel-une ... re/5637935
Camp militaire de Sevaré : Des épouses des militaires qui s'opposent au départ de leurs époux sur Boulkessi. Depuis 7 heures elles bloquent l’entrée principale du camp.
autre exemple de l'opposition malienne à l a présence internationale:
Un contingent de la minusma en patrouille dans Bandiagara a été bloquée par des chasseurs dozos de la milice dogons.

Ce jour 18 octobre 19, aux environs de 09h 00 une patrouille de la force Sénégalaise déployée a sevare dans le cadre de la minusma a été bloquée a l'entrée de bandiagara par une quarantaine de chasseurs dozos de la milice Dana ambassagou. Armés de fusils de type AK 47 et de fusils de chasse, ces chasseurs ont menacé de tirer sur la patrouille si elle forçait le passage. Après de longues heures de négociations, une patrouille fama aurait intervenue pour faciliter le passage au convoi. Il faut noter qu'il faut traverser 04 check points dozos sur le tronçon Sevare- Bandiagara et 03 autres sur le tronçon Bandiagara - Bankass
https://www.facebook.com/ABBnewsofficiel
Image

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par numidia »

depuis des mois les choses n'ont fait que de se dégrader
on atteint actuellement (depuis cet été) un point de non retour pour le Mali face aux forces étrangères
la population (quasi toute ethnie confondue désormais) n'en veut plus, il ne s'agit pas uniquement de mouvements ou de manifestations ou d'attaques montées et lancées par des terroristes ou leurs "partenaires"
certains parlent ce langage d'autruche qui ne ménera à rien pour les Maliens et les Sahéliens
la réalité est là et bien là
échecs total des forces étrangères !


SÉVARÉ | Manifestation pour le départ de la MiNUSMA l'office riz vandalisé
Sortie le 12 oct. 2019
SÉVARÉ: des manifestants demandent le départ des forces étrangères du Mali
Au cours des quinze derniers jours, les événements dramatiques se sont succédé à une vitesse effrénée dans la Bande sahélo-saharienne (BSS). Paradoxalement, les communications officielles des gouvernements malien, burkinabè sont déconcertantes d’optimisme. Quant à celle du Conseil de sécurité, le 12 octobre, elle ne pourrait être plus lénifiante. Les populations, elles, ne sont pas dupes, l’inquiétude se lit sur les visages. Elles ont compris que la crise s’inscrivait dans un temps long. Elles ne comptent plus que sur leur propre force pour survivre et sécuriser leur famille, leur village, leur zone. Les échecs militaires assortis d’une absence de réponse politique les poussent à s’interroger sur les raisons de leurs malheurs et sur les agendas des acteurs nationaux et internationaux. Cette situation provoque également la colère des habitants de la BSS. La manifestation qui a tourné à l’émeute le 12 octobre à Sévaré contre la MINUSMA, co-accusée avec l’opération française Barkhane « d’inertie face à la situation sécuritaire dans le centre du pays », est un signal fort, exprimant le niveau d’exaspération et d’élévation de la température. Le même jour, à Ouagadougou était organisé, par plusieurs associations, une journée anti-impérialiste pour demander le départ des forces étrangères. La gronde pourrait se propager [...]

Montée en puissance des forces djihadistes
D’après une source sécuritaire, lors de l’attaque de la base du G5 Sahel à Boulkessi et d’un camp des forces armées maliennes à Mondoro dans la nuit du 29 octobre, les soldats ont essuyé une pluie d’obus venant de tous les côtés puis les terroristes se sont rendus maîtres des lieux avant de s’enfuir. Cela prouve d’une part, le bon niveau de préparation militaire et la maîtrise du terrain ; d’autre part, cela confirme que les djihadistes maliens comptent désormais dans leurs rangs des éléments aguerris, parmi lesquels des étrangers ayant fait leurs armes au Moyen-Orient, comme l’IVERIS le notait dans un précédent article et comme le groupe des experts de l’ONU sur le Mali l’a écrit également dans son dernier rapport.

Cette attaque a été revendiquée par le JNIM, de lyad AG Ghali. qui a déclaré que son organisation avait tué 85 soldats, fait deux prisonniers et saisi des pickup, des munitions et des matériels lourds.

Toujours au Mali, une semaine plus tard, les terroristes maliens ont signé une énième attaque contre les forces armées présentes sur le territoire, en tuant un casque bleu par l’explosion d’un engin lors du passage du véhicule de la MINUSMA dans la région d’Aguelhok.

Au Burkina Faso voisin, les quinze derniers jours ont été tout aussi violents, illustrant ainsi la désespérante dégradation sécuritaire. Les mêmes djihadistes qui opèrent au Sahel de part et d’autre de la frontière, adoptent une stratégie différente en poursuivant des objectifs distincts selon les pays. Dans cet Etat, ce sont les populations civiles qui sont les premières ciblées lors d’attaques non revendiquées par des hommes armés non identifiés. Ainsi, en moins de quinze jours, cinq attaques, dont celle d’un site d’orpaillage, ont fait au moins 48 victimes. Le mode opératoire est toujours le même les assaillants arrivent en moto, tuent, pillent, volent le bétail et incendient maisons et bâtiments publics, forçant ainsi les habitants à quitter leurs villages et à venir grossir le rang des déplacés à Ouagadougou. [ :arrow: ...]
https://www.mondialisation.ca/sahel-une ... re/5637935
Camp militaire de Sevaré : Des épouses des militaires qui s'opposent au départ de leurs époux sur Boulkessi. Depuis 7 heures elles bloquent l’entrée principale du camp.
autre exemple de l'opposition malienne à l a présence internationale:
Un contingent de la minusma en patrouille dans Bandiagara a été bloquée par des chasseurs dozos de la milice dogons.

Ce jour 18 octobre 19, aux environs de 09h 00 une patrouille de la force Sénégalaise déployée a sevare dans le cadre de la minusma a été bloquée a l'entrée de bandiagara par une quarantaine de chasseurs dozos de la milice Dana ambassagou. Armés de fusils de type AK 47 et de fusils de chasse, ces chasseurs ont menacé de tirer sur la patrouille si elle forçait le passage. Après de longues heures de négociations, une patrouille fama aurait intervenue pour faciliter le passage au convoi. Il faut noter qu'il faut traverser 04 check points dozos sur le tronçon Sevare- Bandiagara et 03 autres sur le tronçon Bandiagara - Bankass
https://www.facebook.com/ABBnewsofficiel
Image

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par numidia »

voir aussi :arrow:








et la remarque d'un internaute:
Beyla tv il y a 2 semaines
La France 24 parle toujours de sous équipements et de faible formation des militaires Maliens mais ne parle jamais du double jeux de la France et ses alliés stationner dans le sahel avec tout les moyens nécessaires a leurs disposition mais ne font rien en matière de renseignement ni de communication eux qui se disent fort équipée et bien formés avec des avions de reconnaissances,des chasseurs F35,des Rafales,des missiles de tout genre ect.
Image

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par numidia »

C’est un véritable carnage et le bilan n’est pour l’instant que provisoire. L’armée malienne a essuyé vendredi une de ses plus grosses pertes depuis plusieurs années avec la mort de 53 soldats et d’un civil dans une « attaque terroriste » contre un camp militaire à Indelimane, près de la frontière avec le Niger. Le ministre malien de la Communication, Yaya Sangaré, a également fait état de « dix rescapés » et de « dégâts matériels importants ».

http://bamada.net/mali-une-attaque-terr ... t-54-morts
tirée d'une source française https://www.20minutes.fr/dossier/mali
Image

malikos
Mulazim Awal (ملازم أول)
Mulazim Awal (ملازم أول)
Messages : 1488
Inscription : 01 avril 2012, 13:54

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

numidia a écrit :
02 novembre 2019, 10:27
C’est un véritable carnage et le bilan n’est pour l’instant que provisoire. L’armée malienne a essuyé vendredi une de ses plus grosses pertes depuis plusieurs années avec la mort de 53 soldats et d’un civil dans une « attaque terroriste » contre un camp militaire à Indelimane, près de la frontière avec le Niger. Le ministre malien de la Communication, Yaya Sangaré, a également fait état de « dix rescapés » et de « dégâts matériels importants ».

http://bamada.net/mali-une-attaque-terr ... t-54-morts
tirée d'une source française https://www.20minutes.fr/dossier/mali


wow 53 c est enorme...


et un francais....
Le véhicule du Français « a été frappé par un engin explosif », alors qu’il faisait partie d’un détachement « engagé dans une escorte de convoi » à 20 km d’Indelimane, dans la région de Ménaka, près de la frontière avec le Niger, ont précisé le ministère français des Armées et l’état-major. La victime, le brigadier Ronan Pointeau, 24 ans, qui faisait partie du premier régiment de Spahis de Valence, est mort après « le déclenchement d’un engin explosif improvisé au passage de son véhicule blindé », avait auparavant annoncé la présidence française dans un communiqué.

« Pleine solidarité »

https://www.jeuneafrique.com/851118/pol ... de-menaka/

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par numidia »

oui Malikos, très grosse attaque contre l'armée en effet, et sur leur terrain
ça sent pas bon du tout !

oui c'est vraiment beaucoup, 53 morts, toutes mes condoléances aux familles des soldats tués.

il faut cependant voir les choses comme elles sont, la France est là depuis presque 7 ans.
après autant de tapage sur les moyens ultra technologiques, le renseignement et la présence de forces étrangères comme grand garant d la protection des Maliens, on voit qu'aujourd'hui plus un mot sur la faillite d'un système de sécurité néo-coloniale qui se montre incapable d'apporter aux pays africains où il est la moindre modernité, le moindre développement.
c'est extrêmement grave pour les populations africaines soumises à ce système
c'est tragique et terrible, on ne peut que le voir ça ressemble vraiment à un schéma: "on gère tout et vous vous êtes la chair à canon"

il n'y a que les Maliens qui trouveront une solution pour eux-mêmes, avec ce que cela signifie bien sûr
cela n'empêche pas de la coopération, en effet, ne pas mélanger d'un côté ce qui relève de la "coopération + entraide" et d'un autre côté ce qui est "la soumission à une force étrangère atlantiste" (qui a d'autres intérêts que les locaux)
Image
Avatar de l’utilisateur

FULCRUM
Fariq (فريق)
Fariq (فريق)
Messages : 8855
Inscription : 27 mars 2012, 22:46
Been thanked : 13 times

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par FULCRUM »

Comme çà les autres vont bien planter leurs racines sur place!

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par numidia »

les autres ? les terroristes ? est-ce que c'est ce que tu veux dire ?

en réalité les Maliens ne choisissent pas de favoriser les terroristes par conviction,
par peur ok mais il y a aussi le profit du trafic qu'ils génèrent (on le voit bien depuis des décennies le Sahel est devenu une plaque tournante de tous els trafics, surtout après l'explosion de la Libye donc des armes + l'arrivée massive de la cocaine + la traite humaine)
malheureusement, ça créé ces liens contre nature
les Maliens finissent par travailler avec le venin qui les empoisonne car de l'autre côté pas d'alternative politico-militaire

en fait dans les pays où la France est présente ce phénomène n'a fait que s'accroitre considérablement
en parallèle les armées locales n'ont pas pu se développer, au Mali 7 ans, ailleurs c'est 50 - 60 ans (comme le Centre Afrique par exemple)
la France a géré ça en jouant sur le clanisme, elle l'a utilisé
on voit bien au Mali comment ça évolue depuis 7 ans, s'appuyer sur certaines ethnies contre d'autres, monter les unes contre les autres
objectif: elles doivent se neutraliser (en effet, au lieu de négocier et de trouver des solutions communes qui fassent avancer les choses, elles vont apprendre à se détester)

mais en réalité certaines personnes de clans (pour des raisons de rente personnelle) ont fait alliance avec les terroristes et donc ça retombe sur toute l'ethnie
c'est toujours les m^mes qui payent le prix
cette politique d'une ethnie qui en neutralise une autre on sait où ça mène
il suffit de voir ce que fait l'OTAN dans les pays où ils s'installent, instabilité donc on renforce l'OTAN donc l'instabilité décuplée donc ça empire

et ne me dites pas que l'Afrique ne connait rien d'autre, c'est la différence entre d'un côté vivre ensemble et lutter ensemble (avec toutes les composantes ethniques) et d'autre part s'affronter (semer la discorde, diviser pour régner)
les gens s'accrochent à leur clan quoiqu'il arrive et finissent par hair leurs compatriotes
actuellement au Mali les querelles entre ethnies sont le principal frein à tout, on voit que le pays peut s'entredéchirer facilement désormais, il y a une régression par rapport à avant
ce n'est pas juste un problème nord-sud, touaregs ou non-touaregs c'est dépassé désormais (eux ont toujours été le prétexte ou le bouc-émissaire du pouvoir de Bamako),
quasiment toutes les ethnies sont désormais en rébellion contre l'autorité centrale
c'est dramatique

pour terminer je demande: y a-t-il un pays de l'OTAN qui a réglé le problème du terrorisme dans un seul pays où il s'est installé ?
quelles sont les résultats de sa présence ? quelles retombées pour les habitants ? pour les institutions locales ?
Image

tayeb
Amid (عميد)
Amid (عميد)
Messages : 10216
Inscription : 17 janvier 2013, 17:26

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par tayeb »

Si le Mali en est là c’est du fait des Maliens tout simplement. Ils ne veulent pas se battre pour leur pays, c’est aussi simple que ça . Il n’y aucune unité nationale dans ce pays , aucun patriotisme dans l’âme. Sans les troupes Française et étrangères, ce pays serait déjà aux mains d’AQMI.

numidia
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 4805
Inscription : 21 mars 2012, 20:17
Has thanked : 8 times
Been thanked : 11 times

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par numidia »

le terrorisme est un prétexte pour la France, elle n'en a pas l'envie politique et ne se donne pas les moyens d'une vraie lutte en Afrique ou ailleurs dans le monde
n'est-ce pas le système politique français qui a aidé les terroristes dans le monde ? du dire même de politiciens français, contre la guerre contre les pays arabes, Libye, Syrie notamment (les plus proches conflits qui ont montré de façon évidente le jeu des uns et des autres)
et même et à commencer chez nous en Algérie même s'il existe des relations de renseignement et de partenariat en matière d'enquête, rapidement exemple de divergences: les terroristes recherchés par l'Algérie, condamné par contumace par la justice algérienne et protégés, aidés par la France, ex: Mourad Dhina, et bien d'autres
n'a-t-elle pas financer les terroristes au Mali ? en payant des rançons et en faisant libérer des terroristes notoires des prisons maliennes ex: sous Sarkozy
aide militaire, financière, médiatique, diplomatique ( qui a soutenu le Fis et couvert le Gia chez nous ? janvier 92, Mitterrand déclaration tv en direct sur le processus électoral, ainsi demandant aux Algériens de lacher l'armée et de soutenir Belhadj et Madani, le qui tu qui véritable arme de propagande qui a empoisonné les cervelles ,l'embargo sur les armes, m^me pas de jumelles nocturnes ou de gilets par balles, l'affaire des moines de Tibhirine l'avion détourné, etc... en Libye largage de dizaines de tonnes d'armes, aide à l'arrivée de gens d'el qaida avec les USA et des Emirats du Qatar & Co pour casser l'armée libyenne, en Syrie c'est un fait connu que le France a armé des groupes terroristes, Hollande a fait une interview au Monde pour dire qu'il armait les terroristes contre l'avis des pays européens à l'époque, son ministre a parle de "el nosra fait du bon travail",, payement de rançons à de nombreuses reprises, payement de rançon à Boko haram, etc............ etc.....

AQMI ne peut pas contrôler un pays, on le sait, ils sont spécialisés dans les zones de conflits et les routes de trafics, ce qui semble faire leur beurre c'est l'instabilité et l'insécurité
ils sont le poison, l'antidote n'est pas une armée étrangère incapable de souder et mener une unité nationale, par définition c'est impossible
donc AQMI profite, et continue
cette monstrueuse organisation s'abreuve de la présence étrangère et profite de chaque étincelle de problème pour se développer
constat: le Mali est impuissant face à cela et le restera tant qu'il est soumis

patriotisme, unité nationale ?
en Afrique comment ça marche ? on le sait
les faits depuis des années sont là en évidence
meurtres des leaders, noyautage et neutralisation de tentative d'organisation politique ou sociale dite patriotique, destruction de velléité de résistance à la présence étrangère, poids économique qui empêche l'industrialisation, le développement, franc CFA ou Eco (bientôt ?) qui vide les caisses des Etats et empêche toute souveraineté financière et budgétaire, blocage de l'épanouissement de forces vives dans le pays, mise en place d'un pouvoir beni-oui-oui, si résistance ils l'installent par la force, par l'armée française directement ou par des capitaines ou colonels africains aux ordres, qui trahissent pour des miettes alors que les patriotes sont éliminés
une fois que le ménage est fait le constat est clair les Africains sont des sauvages incapables de valeurs patriotiques, ils ne sont bons qu'à demander à la France de venir les sauver
et l'armée française une fois installée, l'armée locale ne peut plus se développer, ex: Centrafrique, Cote d'Ivoire, Burkina, Gabon, Tchad (le cas du Tchad en matière de muselage et assassinat d'opposants depuis des décennies est un parfait exemple du genre), un ex terrible de cette politique: le Rwanda de triste mémoire, Hutus et Tutsis se massacrent, le rôle de la France a été dénoncé et a fait l'objet de poursuites

suite à la décolonisation des années 60', l'extrême misère en Afrique, puis la violence des guerres internes, la faim,
la migration qui a permis aux Africains d'envoyer des sommes énormes pour aider leur famille, leur pays, payer des études aux siens, payer des soins, des logements, des commerces, ... c'est ainsi la vague de migration vers la France afin de la reconstruire après la seconde guerre mondiale (les 30 glorieuses), puis depuis 30 ans environ, la politique migratoire et son évolution est un exemple parfait de ce type de raisonnement, prendre les "meilleurs" les plus intelligents, les plus diplômés, les faire travailler pour la France
et ainsi, le pays d'origine se vide littéralement de son potentiel, de son élite diplômée ou non, tant qu'ils sont doués, ils seront formés (Afrique ou France l'essentiel c'est qu'ils leur servent)
l'Afrique a perdu ses mathématiciens, ses ingénieurs, médecins, chercheurs, financiers, juristes, ... l'Afrique se vide de son avenir
c'est aussi ainsi que les ONG ont travaillé pour pourrir la situation, faire du trafic d'armes et d'hommes, de femmes d'enfants
ex: l'affaire de Kouchner au Biafra, l'arche de Zoé au Tchad, soutien aux groupes subversifs de type évangélistes ou sectaires ...

rq je parle du système et surtout pas des Français en tant que peuple, eux aussi sont de la chair à canon comme les autres pour leur gouvernants (ceux qui protestent ne serait-ce qu'un peu),
on le voit depuis des mois, oeils mains pieds arrachés, emprisonnements de centaines d'opposants à la politique Macron (digne successeur des présidents france-afrique) contrôle fiscaux, pb au travail, etc... alors en Afrique ? ils souhaitent y rester en Afrique quel que soit le prix que doivent payés les Africains

c'est vrai à 100 % c'est aux Africains d'être plus intelligents, plus résistants, plus efficaces
lutter contre nos maux c'est à nous en tant qu'Africains de le faire, faut-il encore être conscient des duperies et tromperies de celui qui tend la main en "sauveur" mais est celui qui a mis le couteau dans le dos

on récolte ce qu'on sème
l'Africain n'a que ce qu'il mérite, oui !
le Mali est à nos frontières
tournons le dos et regardons ailleurs ...

oh mince ! ne sommes-nous pas visés ? ne sommes-nous pas Africains ? ne sommes-nous pas aussi une de leurs cibles ?
non ! non ?
Image

malikos
Mulazim Awal (ملازم أول)
Mulazim Awal (ملازم أول)
Messages : 1488
Inscription : 01 avril 2012, 13:54

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

tayeb a écrit :
07 novembre 2019, 09:27
Si le Mali en est là c’est du fait des Maliens tout simplement. Ils ne veulent pas se battre pour leur pays, c’est aussi simple que ça . Il n’y aucune unité nationale dans ce pays , aucun patriotisme dans l’âme. Sans les troupes Française et étrangères, ce pays serait déjà aux mains d’AQMI.

Je pense que la menace d'AQMI est bien inférieure à celle d'une base de l'armée de l'air américaine à notre frontière.

Avec l'AQMI, il se comportera comme en en Libye....pas plus.

Il y a des ethnies qui ne veulent pas vivre avec d'autres ethnies. Les Touarek, autant que je puisse en juger, ne veulent pas être exploités par les "Noirs du Sud" et luttent pour leur indépendance.

Qui l apporte et comment, ils sont fichent.

Comme en Libye, il n'y a pas eun d'accord ou entende national et les frontières entre États (et Ethnie) ne sont pas apparues conformément aux conditions établies, mais par les puissances coloniales.
Celui-ci pose des difficulter pour créer de nouveaux etats comme au Sud Soudan ou au Sahara Occidental, en cas il n y a pas une entende nationale; n'est pas bon.
Je n'ai rien non plus contre les États où coexistent de nombreuses ethnies, mais dans un tel contexte, une constitution et justice "juste/puissante/independante" est importante. Celles-ci n'ont jamais existé au Mali.

Donc, pour revenir à la thèse initiale, même sans l'intervention des Français, le Mali ne serait pas devenu un nouvel Afghanistan.
Les touaregs sont clairement modernes et ouverts d'esprit, ils aurent se débarrassés d'une idéologie importée, ou l'ont tellement atténuée, de sorte qu'elle n'aurait guère changé leur mode de vie précédent. Je ne m'inquiète pas pour ça.

malikos
Mulazim Awal (ملازم أول)
Mulazim Awal (ملازم أول)
Messages : 1488
Inscription : 01 avril 2012, 13:54

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

retour au suject:
Ces revers et la dégradation de la situation sécuritaire ont renforcé les interrogations sur la capacité de l’armée à faire pièce aux agissements djihadistes et aux autres violences auxquelles ce vaste pays est en proie depuis 2012 et qui ont fait des milliers de morts, civils et combattants.

Des manifestants ont scandé des slogans antifrançais pour dénoncer, selon eux, « le jeu ambigu » de Paris au Mali où est présente la force française Barkhane, qui mobilise 4.500 militaires français au Sahel.

« Si Paris ne fait rien pour que la crise prenne fin, c’est parce que Paris soutient les rebelles. Si les rebelles sont toujours à Kidal, c’est la faute de Paris », a déclaré à la presse Ouleymatou Diarra, 34 ans, enseignante dans un lycée privé de Bamako.

Kidal, ville du nord-est du Mali sous le contrôle d’ex-rebelles séparatistes touareg, échappe de facto à l’autorité de l’Etat malien.


AFP/VOA

Source: voaafrique,http://malijet.com/a_la_une_du_mali/235 ... uvert.html
...je parle de ça, lorsque j’ai dit il y a un problème lorsqu’une ethnie veux opprimer l’autre sur le terrain qui ne l appartient pas.
Le conflit va se re-enflammer de plus grande ampleur bientôt...comme c’est l’hiver, le temps est venu. De tout façon la dissatisfaction chez les touareg avec le statut quo est grand.

malikos
Mulazim Awal (ملازم أول)
Mulazim Awal (ملازم أول)
Messages : 1488
Inscription : 01 avril 2012, 13:54

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

Urgent: Attaque nocturne de la ville de Diré (Tombouctou)Malijet.co 13/11/2019 Urgent: Attaque nocturne de la ville de Diré (Tombouctou)2019-11-13T11:03:51+00:00Crise malienne, Nord-Mali
Des hommes armés non identifiés ont attaqué la ville de Diré dans la soirée du mardi 12 novembre. D’après nos informations, aucune victime n’est à déplorer.




« Une attaque simultanée sur le commissariat, la garde nationale et la prison », a indiqué dans la nuit du 12 novembre Yehia Tandina, le correspondant de l’ORTM à Tombouctou.



Située dans la région de Tombouctou, la ville de Diré était le théâtre de « tirs nourris », rapporte le journaliste. « Les populations sous la peur en ce moment », précisait-il pendant l’attaque.

D’après plusieurs sources locales, l’attaque a été perpétrée par des hommes armés non identifiés arrivés dans la ville sur des motos.

« Ils sont partis au commissariat de police, où les policiers de garde ont vite compris et abandonné le lieu. Puis les assaillants sont partis au camp de garde, mais là, ils n’ont pas trouvé des porteurs d’uniforme, seulement des détenus et ils les ont libérés et incendié une moto appartenant aux gardes devant la prison », ajoute le Journal Inter de Tombouctou.

Les assaillants se sont retirés suite à l’arrivée des renforts militaires de Goundam, indiquent plusieurs sources concordantes.

Les incursions terroristes sont fréquentes dans les localités du cercle éponyme dont relève la ville. Tindirma, localité située à 45 km de la vile de Diré, a été la cible d’une attaque armée de six hommes sur des motos le 28 octobre.

Ils se sont pris à une école où ils ont brûlé tous les documents de l’établissement. Deux jours après, la mairie subissait le même sort.
https://malijet.co/crise-malienne/urgen ... tombouctou

malikos
Mulazim Awal (ملازم أول)
Mulazim Awal (ملازم أول)
Messages : 1488
Inscription : 01 avril 2012, 13:54

Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

Dossier Mali: les défis de la résolution des conflits”
Bruno Charbonneau,Département des humanités et des sciences sociales, Collège militaire royal de Saint-Jean, Saint-Jeansur-Richelieu, Quebec, Canada; Université du Québec à Montréal, Montreal, Quebec, Canada-Published online: 17 Nov 2019

Depuis 2015, les rapports du Secrétaire général des Nations unies sur la situation au Mali répètent que les conditions de sécurité se détériorent. Tous les trois mois, donc, les conclusions restent les mêmes ou presque: dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire, mise en œuvre tardive, sinon inexistante, de l’Accord sur la paix et la réconciliation de 2015, expansion des groupes extrémistes violents et retrait de la présence de l’État, surtout au centre du pays.1 À ces rapports onusiens s’ajoutent un consensus académique grandissant autour des risques croissants d’atrocités, de violences intercommunautaires, de violations des droits de l’homme, de la montée de dynamiques conflictuelles ethniques ou tribales et de la désintégration du tissu social dans les régions de Mopti et Ségou (Benjaminsen et Ba 2019; Centre FrancoPaix 2018; Ibrahim et Zapata 2018). La campagne électorale pour la présidentielle de 2018 a également révélé les tensions socio-politiques au sud du pays, tout en cristallisant l’opposition contre le président sortant et le bilan de son gouvernement (Sears 2018).

La situation au Mali demeure donc très préoccupante et peu d’éléments sont encourageants. Les progrès sont rares, fragiles et largement marginaux. Les acteurs maliens en conflit (notamment les signataires de l’Accord de 2015) semblent avoir peu d’intérêt, de motivation ou parfois de capacités pour mettre en œuvre rapidement et efficacement les statuts de l’Accord (Bencherif 2018; Thurston 2018). En particulier, les attentes élevées et le manque de capacité du gouvernement malien se combinent pour produire des frustrations tant nationales qu’internationales (Sears 2017). Les nombreux intervenants internationaux se bousculent sur les terrains de la résolution des conflits ou de la consolidation de la paix, mais restent largement incapables de coordonner leurs actions ou de contrer les effets négatifs et les contradictions de leurs interventions (Baghzouz 2013; Bigsten et Tengstam 2015; Centre FrancoPaix 2018; Helly et al. 2015; Lopez Lucia 2019). Le manque de cohésion et de leadership internationaux autour de la médiation et de la mise en œuvre du processus de paix a créé des espaces et des occasions de manœuvre pour les acteurs maliens (et régionaux) en conflit, causant ainsi des délais et un prolongement de la crise. Ce sont les effets de ces délais qui sont les plus préoccupants. La recherche sur les guerres civiles démontre bien comment le prolongement des conflits armés tend à les aggraver dans la mesure où, avec le temps, les fractures sociales s’élargissent, les fossés entre communautés se creusent et la résolution des conflits devient de plus en plus ardue (Kalyvas 2006). Le Mali montre plusieurs signes de ces tendances. Le massacre à Ogossagou du 23 mars 2019, où 160 personnes auraient été tuées, est une tragédie que plusieurs experts appréhendaient et qui révèle les risques liés à la fragmentation des acteurs et l’ethnicisation des conflits maliens (Sandor 2017).

Les résultats des recherches présentés dans ce dossier nous amènent à des conclusions peu optimistes pour l’avenir à court et moyen termes du Mali, pour ne pas dire pessimistes. À la base, l’analyse est ancrée dans une perspective de long terme afin d’identifier les causes profondes des conflits maliens et d’éviter ainsi les clichés qui retournent de négociations politiques ou stratégiques. Elle est également soucieuse, toutefois, des besoins à court terme et donc du besoin de pistes de solution permettant d’éviter le pire. Au Mali, le moment de basculement, ou point de non-retour, n’a pas encore été atteint. Dans un contexte où six années d’intervention n’ont donné que peu de résultats aux niveaux politiques et stratégiques, hormis les succès tactiques de l’opération Barkhane (voir Goffi 2017), il ne faudrait pas attendre d’atteindre ce moment ou ce point pour repenser et revoir les possibilités d’action pour la paix et la réconciliation au Mali.

Le dossier qui suit est le résultat des efforts de recherche collectifs des membres du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix de la Chaire Raoul-Dandurand à l’Université du Québec à Montréal.2 Cette introduction vise à présenter le projet et sa méthodologie, ainsi que les interventions de chaque article. Elle se termine sur une discussion visant à souligner les conclusions principales de la recherche et à ouvrir un nouvel espace de discussion, en invitant à une reconsidération de l’intervention internationale au Mali.

Méthodologie
Les articles du présent dossier résultent d’un projet de recherche lancé par le Centre FrancoPaix en septembre 2016.3 Le moment était critique pour le Mali, avec un processus de paix agonisant et, depuis lors, des réformes de la gouvernance qui n’avancent pas ou peu, une progression des groupes terroristes et une recrudescence généralisée de la violence, notamment dans les régions dites du centre. Du point de vue international, le contexte était celui de la revue stratégique de la MINUSMA (ONU 2018a, 11–17), des débats sur l’avenir des opérations de maintien de la paix (ONU 2018d), des questions posées au sujet des limites du dispositif français Barkhane (Guibert 2018), du déploiement de la force conjointe du G5 Sahel (Desgrais 2018) et donc des nombreuses critiques de l’intervention internationale face à l’évolution des dynamiques conflictuelles (Charbonneau 2017). Des critiques d’autant plus importantes qu’elles sont rarement acceptées ou bienvenues, comme l’histoire des obstacles politiques rencontrés à la publication de ce dossier le démontre (voir le texte de Marc-Antoine Pérouse de Montclos à propos du contexte entourant la censure du dossier par la revue Afrique contemporaine).

Dans une perspective multidimensionnelle et pluridisciplinaire, les articles du dossier sont le produit de discussions continues au sein de l’équipe du Centre FrancoPaix. Ils se nourrissent également d’échanges réguliers avec des chercheurs, des experts, des membres des gouvernements maliens, canadiens, américains et français, des représentants d’organisations internationales (notamment la MINUSMA et l’Union européenne), des organisations non gouvernementales, des citoyens et citoyennes du Mali et, dans la mesure du possible, des acteurs du conflits, à l’exception des groupes dits djihadistes.

Les articles qui suivent représentent ainsi un échantillon des résultats obtenus à partir de plusieurs mois de recherche, non seulement au Mali mais aussi à Niamey, à Ouagadougou, à Paris, à Bruxelles, à New York, à Washington et à Ottawa. Près de 400 entrevues ont été conduites par les membres de l’équipe de recherche ou par des assistants à la recherche maliens, sans compter les échanges informels et quotidiens avec différents acteurs et actrices via les diverses technologies de communication.

Les analyses sont donc fondées sur des enquêtes de terrain selon une approche largement qualitative. Pour des raisons de sécurité, les investigations menées au Mali ont cependant été limitées à Bamako, à l’exception d’un assistant de recherche malien qui a pu se déplacer au centre du pays. Les données sur la situation en dehors de la capitale ont été recueillies via des interlocuteurs maliens et onusiens en visite à Bamako, à Niamey et à Ouagadougou. L’analyse s’est concentrée sur les aspects politiques et sécuritaires de la situation au Mali et, plus précisément, sur les dynamiques de violence et celles tournant autour du processus de paix.

Les articles
La crise malienne est régulièrement interprétée de manière binaire: une lutte contre le terrorisme sahélien et le défi de construire les capacités étatiques nécessaires à contrer cette menace et à gérer l’instabilité qui en découle. Il fait peu de doute que la crise qui débute en 2012 est d’abord une crise de légitimité de l’État. Toutefois, les problèmes liés à la gouvernance, à l’utilité citoyenne de l’État et à la représentativité de ses institutions ne sont pas limités à un manque de capacités, mais aux fondements mêmes de la légitimité du pouvoir étatique (voir Bagayoko 1999; Baudais 2015). Les défis capacitaires renvoient bien sûr aux problèmes institutionnels et structuraux de l’État (Craven-Matthews et Englebert 2018), mais également à ceux concernant les pratiques et les comportements de ses agents et à la question du “contrat social” à avoir ou non entre l’État et ses citoyens et citoyennes (Sears 2017). Tout cela doit également être considéré dans le contexte du rôle déterminant des intervenants internationaux: dans le double contexte de leur part de responsabilité dans l’affaissement de l’État, notamment entre 2000 et 2012 (Bergamaschi 2014), et d’une gestion de crise multinationale visant à stabiliser le Mali (Centre FrancoPaix 2018; Charbonneau 2017). La refondation, la reconstruction ou la restauration de l’État malien se font dans un contexte où les objectifs internationaux de stabilisation sont vaguement définis et parfois divergents ou en compétition. Autrement dit, analyser et débattre de la crise de l’État malien—et donc présenter sa reconstruction ou la restauration de son autorité comme la solution au conflit—requiert que l’on considère les conditions et les paramètres internationaux structurant la mise en œuvre de l’Accord de paix et de toute restructuration de l’État (Charbonneau et Sears 2014).

La rébellion touarègue de 2012, reprise par une insurrection djihadiste, s’inscrit ainsi dans cette histoire institutionnelle où les populations du nord ont toujours remis en question, à divers niveaux et de différentes façons, la légitimité, la représentativité et l’utilité des institutions de l’État malien pour le nord, se sentant marginalisées aux plans politique et économique, sinon complètement absentes d’un imaginaire de l’État et de la nation axé sur le sud. Les liens entre les populations septentrionales et le gouvernement de Bamako ont toujours été fondés sur des assises fluides, variables, régulièrement renégociées ou contestées (Boilley 1999; Grémont et al. 2004; Lecocq 2010). Le régime d’Amadou Toumani Touré (2002–2012) passa maître de la gestion sécuritaire par procuration et activation de réseaux clientélistes. C’est en partie pourquoi, lorsque la rébellion débute en 2012, l’État disparaît des régions du nord, en quelque sorte, car certains représentants de l’État, incluant des membres des forces armées maliennes, rejoignent les rangs rebelles. À la différence des rébellions passées, des groupes djihadistes prendront l’initiative et s’installeront là où l’autorité étatique est absente. L’intervention française Serval viendra ralentir la progression des groupes armés non étatiques identifiés comme terroristes, mais mettra également en lumière l’incapacité chronique de l’État malien à assurer sa présence et son autorité dans les régions du nord du pays.

Dès lors, des groupes armés non étatiques deviennent des acteurs de la gouvernance locale et prennent part à une compétition violente entre diverses formes de gouvernance sur les territoires qu’ils contrôlent. Dans leur article, Aurélie Campana et Adam Sandor soulignent qu’il ne faut pas considérer ou analyser les groupes terroristes comme des groupes externes aux dynamiques de conflit et de gouvernance propres au Mali. Ils sont intimement liés aux dynamiques conflictuelles de par leur constitution et leurs relations historiques et actuelles. Leur résilience et leurs capacités de recrutement et d’organisation s’expliquent en partie par leur ancrage dans les différents terroirs maliens. Il importe donc de reconnaître leurs objectifs politiques et leurs capacités en tant qu’acteurs stratégiques et imbriqués dans les dynamiques conflictuelles, incluant les problèmes liés à la légitimité contestée de l’autorité de l’État. Ils sont des “arbitres et des pourvoyeurs de sécurité et de biens” là où l’État malien est absent ou incapable d’asseoir son autorité. L’article démontre comment “les groupes djihadistes s’imposent comme des acteurs de la gouvernance locale.” S’ils continuent à utiliser la violence pour contraindre les populations locales, ils “instrumentalisent les tensions au sein des populations pour gagner en légitimité.” Ces groupes déploient des stratégies visant à exploiter et bénéficier des tensions inter- et intra-communautaires et promouvoir ou imposer leur(s) modèle(s) alternatif(s) de gouvernance. C’est ainsi que “ces groupes contribuent à accentuer la crise de légitimité dont souffre l’État malien sur des pans entiers de son territoire.”

Lorsque les chercheurs, les experts ou les politiques discutent de terrorisme, au Mali ou ailleurs, le jugement moral sur la valeur, l’utilité ou la légitimité de la violence dite terroriste déployée par les groupes non étatiques est trop souvent préétabli: elle est jugée irrationnelle, idéologique et apolitique (Stampnitzky 2013). Ce jugement moral—devenu automatisme ou obligation au risque d’être accusé de soutenir le terrorisme—obscurcit l’autre côté de la médaille: la prémisse selon laquelle la violence de l’État est nécessairement légitime malgré les exactions réelles et possibles. Ainsi sont négligés les liens entre la légitimité de la violence et celle de l’autorité politique telles que vécues par les acteurs.4 Comme le soulignent bien Campana et Sandor, la reconnaissance et la considération sérieuses des groupes terroristes comme des acteurs politiques et non comme des fanatiques irrationnels ne revient pas à accepter leurs revendications ou à justifier leurs méthodes. Pour l’analyse des conflits, une telle considération est essentielle. Pour les options politiques et diplomatiques, elle souligne la possibilité d’ouvrir le dialogue ou d’envisager d’autres solutions ou stratégies que l’outil militaire.

La question de la possibilité d’un dialogue ou de négociations avec les groupes terroristes a reçu un refus officiel catégorique des gouvernements français et malien, malgré le fait que cette idée gagne en popularité au Mali (Hasseye 2018). Pourtant, cette option se pose de manière urgente dans les régions de Mopti et de Ségou, car c’est justement au Centre du Mali qu’il est possible d’observer des groupes djihadistes qui s’imposent comme des acteurs de la gouvernance locale. Dans leur article, Jourde, Brossier et Cissé montrent ainsi les limites de politiques qui se résument à contrer les terroristes alors même que le développement de dynamiques insurrectionnelles est intimement lié à la brutalité et aux abus de la réponse étatique, perçue et vécue comme largement illégitime. Dans un contexte où les mécanismes locaux de résolution des conflits se sont érodés et où l’État s’est parfois contenté de déployer une armée coupable de violations des droits de l’homme (Human Rights Watch 2018; ONU 2018b), les groupes dits terroristes sont en fait devenus une option crédible pour assurer la sécurité des populations. Certaines communautés locales ont ainsi passé des accords avec les insurgés et leur ont fourni des recrues pour se protéger du banditisme, échapper aux abus de l’armée malienne et gérer des tensions intercommunautaires qui étaient parfois liées à la transhumance.

Ainsi, la démonstration de Jourde, Brossier et Cissé vient appuyer l’argument de Campana et Sandor à propos de groupes qu’on qualifie de terroristes. Leur analyse pointue souligne comment les groupes armés ont trouvé opportunités et intérêts à exploiter les dynamiques conflictuelles historiques de la région de Mopti. Ils démontrent également la nécessité de s’interroger sur les risques que comportent les déploiements militaires internationaux d’accroître les tensions, à l’heure notamment du déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel. Ces opérations militaires adoptant une vision binaire entre les acteurs légitimes et terroristes, elles portent le piège d’accentuer les sentiments liés aux dynamiques d’exclusion et de marginalisation. Ces dynamiques s’inscrivent d’ailleurs dans “un contexte bien précis, marqué par l’évolution des rapports entre groupes lignagers et statutaires peuls, elle-même impactée par les transformations de l’économie politique du Delta intérieur du Niger.” Elles s’inscrivent également dans un contexte où les représentants de l’État malien accusent les Peuls d’actes terroristes, alors que l’État néglige les doléances locales ou est même coupable de violations des droits de l’homme, comme le souligne l’enquête de la MINUSMA qui a confirmé la culpabilité d’éléments du bataillon malien de la Force conjointe du G5 Sahel ayant sommairement ou arbitrairement exécuté 12 civils à Boulkessy le 19 mai 2018 (ONU 2018c).

La situation au centre du Mali évoque l’urgence de repenser une intervention internationale qui n’a pas empêché la situation de se détériorer. Les deux représentations dominantes de la crise malienne (identifiées précédemment comme la lutte contre le terrorisme sahélien et l’incapacité de l’État malien) informent en grande partie le mandat de la MINUSMA. En effet, la Mission onusienne doit appuyer les efforts de restauration de l’autorité de l’État sur tout son territoire, incluant un appui aux Forces maliennes de sécurité et de défense. De par son mandat, elle autorise aussi les activités militaires de l’opération française Barkhane et doit soutenir la Force conjointe du G5 Sahel lorsque celle-ci est sur le territoire malien (ONU 2018e). Cette grille de lecture est reprise et véhiculée, notamment par le gouvernement français qui réclamait sans cesse, à la veille des élections présidentielles de 2018, un État fort et une volonté politique forte pour gérer la situation sécuritaire tout en remettant en question la volonté du gouvernement à tenir les élections (AFP 2018).

Face à tous les défis présents au Mali, les intervenants internationaux ont déployé une multitude de moyens et de stratégies pour résoudre les conflits ou pour en gérer les effets. Les acteurs du développement et de la consolidation de la paix ont mis l’accent sur la prévention de l’extrémisme violent ou sur des programmes pour le contrer, le tout dans une perspective qui se régionalise de plus en plus. Le dispositif militaire engagé au Mali et au Sahel est à cet égard impressionnant: 13,155 Casques bleus et 1,738 policiers onusiens au Mali (sur une force autorisée de 13,289 et 1,920 respectivement, en date du mois de mai 2019), 4,500 soldats français, de 800 à 1,000 soldats des forces spéciales américaines, 580 soldats européens pour la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM), 5,000 à 10,000 effectifs prévus pour la Force conjointe du G5 Sahel et un nombre incertain de soldats europ éens (Allemagne, Italie et Belgique) dans les pays limitrophes au Mali. Tous ces effectifs sont autorisés ou partiellement justifiés par la Mission de l’ONU au Mali et par la lutte contre le terrorisme saharo-sahélien.

Dans sa contribution, Bruno Charbonneau analyse les limites de ce dispositif, notamment les effets de la division du travail entre la MINUSMA et les effectifs contre-terroristes (surtout l’opération Barkhane) sur les possibilités pour la paix et la réconciliation au Mali. Après avoir souligné l’importance d’aborder les interventions internationales au Mali comme étant intimement imbriquées dans les dynamiques conflictuelles (et non les concevoir comme une solution externe pour un problème interne), l’article examine comment la priorité accordée à la lutte contre le terrorisme impose des limites importantes aux possibilités pour la paix, en plus de produire des contradictions et des effets contre-productifs non négligeables. Face aux critiques concernant les limites du contre-terrorisme, la réponse a été de redoubler d’efforts via le déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel. Cet acharnement contre-terroriste est le fruit d’un aveuglement ou d’un choix politique qui refuse de reconnaître les tensions inhérentes et les compromis inévitables que la “division du travail” engendre entre les stratégies contre-terroristes et celles autour du maintien de la paix: “Ne pas admettre ces tensions et ces compromis revenant à vouloir le beurre, et l’argent du beurre.”

Les effets de ce dispositif militaire international ont leur pendant malien. En effet, au Mali, la particularité de la gestion de l’insécurité et de la conflictualité réside dans l’intervention croisée des différentes catégories de forces armées dans la lutte contre des menaces à la fois internes et transnationales. Ainsi, alors même que l’environnement sécuritaire et stratégique actuel du Mali est propice à une intervention de plus en plus fréquente, voire systématique, de l’armée dans des missions se situant à l’intérieur des frontières nationales, parallèlement les missions des forces de sécurité (policiers et gendarmes en particulier), jusqu’ici traditionnellement considérées comme circonscrites au théâtre national, comportent de manière croissante une dimension extérieure. Selon Niagalé Bagayoko de telles évolutions suggèrent que la différentiation entre missions des militaires et missions des forces de sécurité selon le critère de la distinction interne/externe est caduque, non pas seulement au Mali mais plus largement dans l’espace saharo-sahélien. Autrement dit, il est possible d’observer la transformation d’une gouvernance sécuritaire régionale, tant au niveau des opérations internationales que nationales.

Conclusions principales
Quelles conclusions pouvons-nous tirer des analyses présentées dans ce dossier? Les efforts internationaux au Mali sont divisés entre des objectifs entrant régulièrement en contradiction: ceux autour du maintien de la paix et ceux articulés autour du contre-terrorisme. Les efforts de mise en œuvre de l’Accord sur la paix et la réconciliation ayant largement échoué jusqu’à présent, il peut être sensé de se limiter à gérer les effets des violences, à contenir les menaces à l’intérieur du Mali, à des horizons à court terme et à la mise en place de solutions techniques. La stratégie de l’Union européenne pour le Sahel est exemplaire à cet égard, étant davantage concernée par les “flux”5 de l’immigration illégale et des trafics illicites que par la résolution des conflits maliens (voir UE 2011; Lopez Lucia 2017). Toutefois, dans ces conditions, un cercle vicieux apparaît. Les signataires de l’Accord ont peu de motivations ou de conviction pour le mettre en œuvre, alors que la médiation internationale est sapée par les objectifs à court terme d’endiguement et de gestion des effets des conflits. Sans un consensus sur la nécessité de cette mise en œuvre, les conditions stratégiques pour le succès des négociations ne sont pas réunies alors que toutes les parties prenantes au conflit rejettent le blâme sur les autres.

Le processus de paix formel au Mali est en partie conditionné par une logique qui était valide en 2013–2015, mais qui ne l’est plus totalement en 2019 étant donné l’évolution de la situation et des dynamiques conflictuelles. Le conflit de 2012 s’est transformé en conflits multiples, les groupes armés se sont fragmentés ou reconstitués et les violences montrent des tendances inquiétantes d’ethnicisation et de tribalisation. Le Centre du Mali souligne la complexité des conflits au-delà des commentaires et des analyses sur le terrorisme, au-delà des “simples” problèmes historiques de l’insurrection touarègue ou djihadiste. En effet, le Centre du Mali illustre les interactions entre plusieurs questions fondamentales: incluant la gouvernance, la violence légitime, la justice, les questions foncières, les divisions intercommunautaires, l’intégration régionale, les changements climatiques, le développement et même les institutions patriarcales. Ceci étant dit, et bien qu’il soit inadapté à la situation au Centre du Mali, il nous semble que l’Accord de 2015 et ses processus de mise en œuvre doivent être préservés, si ce n’est que pour éviter un vide déstabilisant. Le revers de la médaille, cependant, est sans doute de reconnaître ce qui est parfois perçu, du côté malien, comme un manque de leadership de la communauté internationale dans la mise en œuvre du processus de paix.

La réponse internationale principale (principalement européenne, si l’on doit préciser) à ces évolutions a été de redoubler les efforts contre-terroristes en misant sur une Force conjointe du G5 Sahel. L’accent mis sur la guerre contre le terrorisme n’aide pourtant pas à la résolution des conflits au Mali. Cette guerre ne peut être, au mieux, qu’un pansement sur des symptômes qui cachent des blessures plus profondes. Elle n’est pas une nécessité politique sans alternative, dans la mesure où elle est d’abord un choix politico-stratégique face à des compromis inévitables. L’idée selon laquelle les processus de paix formels, les mandats formels et les interventions militaires internationales formelles peuvent et doivent stabiliser les conflits armés afin de créer les conditions pour la paix et le développement est basée sur une compréhension des sources des conflits comme étant internes et pour lesquelles les interventions apportent des solutions externes. Dans un tel cadre conceptuel, on découvre l’angle mort de plusieurs travaux d’analyse: est voilée la manière dont les interventions internationales façonnent et sont façonnées par les configurations de pouvoir sous-jacentes du conflit. Les interventions internationales ne constituent pas des solutions externes aux problèmes internes du Mali, mais participent directement et indirectement des dynamiques des conflits et vice versa (voir Cheng, Goodhand, et Meehan 2018).

L’un des principaux défis de la résolution des conflits au Mali est celui de la légitimité et de l’autorité de l’État dans un contexte où divers groupes armés et de multiples acteurs internationaux comblent son absence ou son incapacité. Vingt-cinq années de réformes administratives incomplètes et inégales ont laissé en héritage des divergences entre les principaux acteurs politiques quant au degré souhaitable et possible des responsabilités et des pouvoirs centraux et décentralisés. Encourager les réformes sur la gouvernance exige un regard critique et sans concession sur les limites et les possibilités de la décentralisation administrative, incluant les formes de gouvernance adaptées et appropriées aux défis de la gestion de la diversité et des inégalités multiples dans des conditions socio-économiques, géographiques, climatiques et démographiques particulièrement difficiles. Il est également primordial de prendre au sérieux les revendications de prestation de services de justice de l’État, sans lesquels la résolution des conflits ne peut être pérenne. Il nous semble que ceci devrait aussi s’appliquer aux membres des Forces maliennes de défense et de sécurité qui se doivent d’être irréprochables dans leurs interactions avec les populations. La réforme du secteur de la sécurité deviendrait ainsi prioritaire dans la mesure où elle s’articule dans une réforme des relations entre les civils et les militaires, mais aussi dans leur rapport respectif avec l’État. Ceci étant dit, encore ici, les chercheurs et les politiques étudient ou conçoivent généralement l’État malien comme distinct de ses relations avec une multitude d’acteurs transnationaux, dont plusieurs disputent le monopole (théorique) de la violence légitime de l’État. Il est surprenant de constater qu’au Mali, là où dynamiques conflictuelles et interventions internationales se croisent, les enseignements de Jean-François Bayart (2006) sur l’État africain et l’extraversion, par exemple, sont rapidement oubliés ou négligés par les experts du terrorisme et les praticiens internationaux6 (Charbonneau 2015; Desgrais et Le Gouriellec 2016). Lorsque l’État et son fonctionnement sont extirpés de ses relations transnationales, il devient possible de le blâmer et de parler d’État failli plutôt que d’analyser les transformations de celui-ci et de la gouvernance en général (voir Hameiri, Jones, et Sandor 2018).

Au final, les travaux d’analyse et de recherche qui suivront doivent et devront davantage relever ce défi conceptuel, plutôt que de répéter les conventions binaires qui distinguent l’interne de l’externe. Les dynamiques conflictuelles se déroulent et se transforment sous des conditions imposées par des acteurs dits internationaux, mais les acteurs dits locaux adoptent, s’adaptent, résistent, transforment ou ignorent ces conditions. Le défi pour les analystes consiste à analyser une situation complexe, tout en tenant compte de l’évolution constante du contexte historique et contingent de nos concepts et de nos unités d’analyse.

Remerciements
Ce dossier Mali est passé par son lot de péripéties. Le monde de la publication universitaire est semé d’embuches, mais j’admets que l’expérience médiatisée de ce dossier spécial a été bien plus éprouvant que la normale. Je m’en tiendrai à retenir et souligner les aspects positifs, soit l’attention que le dossier et nos recherches ont reçue. Je veux remercier d’abord mes collègues et amis qui ont contribué au dossier. Leur travail, leur appui, leur compréhension et leur confiance m’ont été plus chers qu’ils ne peuvent savoir. Je remercie aussi les centaines de personnes et de collègues qui sont venus à notre défense ou en soutien lorsque l’histoire a été révélée. Je remercie l’équipe éditoriale de la Revue canadienne d’études africaines qui a accepté d’affronter avec nous une situation difficile et de publier le dossier, en particulier Belinda Dodson et Lisa Mueller. Finalement, je remercie Affaires mondiales Canada pour le soutien financier ayant permis les travaux du Centre FrancoPaix sur le Mali.

https://www.tandfonline.com/doi/full/10 ... 19.1666018
Répondre

Revenir à « Conflits internationaux »