La Participation de l'ANP aux Conflits Israélo-Arabes

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nasser
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Re: La Participation de l'ANP aux Conflits Israélo-Arabes

Message par nasser »

@Dechraoui,
en réponse à votre question et si ça peut vous aider il me semble que j'avais trouvé cette information sur un des livres de l'ancien CEM le General Nezzar dans lequel il faisait référence aux comportements de nos soldats durant ce conflit (issue d'un un extrait qui avait été publié sur AlgeriePatriotique)

Dechraoui
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Re: La Participation de l'ANP aux Conflits Israélo-Arabes

Message par Dechraoui »

L’idéal serait de retrouver le livre de Ben Eliezer en français
Merci en tous cas

AAF 2020
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Re: La Participation de l'ANP aux Conflits Israélo-Arabes

Message par AAF 2020 »

Guerre d’octobre 1973: Le général Djamai évoque la participation de l’ANP
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Né le 24 juin 1939, Ramdane Djemai a été recruté par l’ALN en 1959 et envoyé en Syrie pour parfaire sa formation militaire, avant de rejoindre le centre d’instruction du MALG (ministère de l’Armement et des Liaisons générales) à la frontière algéro-tunisienne. Capitaine de l’ANP en 1973, il a été affecté au front du Moyen-Orient en qualité de commandant d’une unité d’artillerie. Dans cet entretien, accordé au Jeune Indépendant, Ramdane Djemai, aujourde’hui le général à la retraite, revient sur la bravoure des soldats algériens lors de la guerre d’octobre 1973 qui a servi de tournant dans le conflit arabo-sioniste
Le Jeune Indépendant : Quelle a été la prédisposition opérationnelle de l’ANP pour la guerre d’octobre 1973 ?
Le général Djemai : L’Algérie était prête, il ne faut pas oublier que l’ANP a déjà participé en 1967, soit cinq années seulement après son indépendance. Une armée issue de l’ALN avec un esprit révolutionnaire ne pouvait qu’être prête.
D’ailleurs, la plupart des officiers et les chefs de la 8ème brigade blindée (la 8ème BB), étaient des anciens moudjahidines. Les chefs étaient formés pour affronter et savaient comment affronter un ennemi, notre expérience révolutionnaire nous a été d’une grande utilité. 1973 c’est exactement 11 ans après l’indépendance, quand vous êtes armés d’un esprit révolutionnaire vous ne pouvez qu’être prêt. Moi-même j’ai été formé en Syrie en 1959 en tant qu’officier d’infanterie avec des notions de bases d’artillerie.
En outre, 40 % de notre armée était formée de soldats issus du service national d’une grande valeur. Par exemple, nous avions un chef de batterie issu du service national qui s’est acquitté de sa tâche avec brio.
En octobre 1973, j’ai rejoint le cantonnement de la 8ème BB (Bataillon blindé) sur ordre du commandement. Deux jours plus tard, j’ai pris la tête de la colonne, ma famille n’était même pas au courant, elle l’a su uniquement que je suis arrivé à Gabes en Tunisie, à travers une carte postale où j’ai écrit « je suis en Tunisie je pars au Moyen-Orient ».
Nous avons fait une marche de 4000 km, de Teleghma au canal de Suez, avec une moyenne de 200 à 300 km par jour. Toutes nos forces ont été mobilisées : armée de terre, forces aériennes et forces navales. Nous n’avions pas de porte-chars mais la mobilisation des sociétés de transport nationales était totale : les moyens de la SNTR, de la SNTV, de la SNTF et de la CNAN ont été mobilisé afin de transporter les troupes et les chars vers le Moyen-Orient.
Nous avons traversé la Tunisie et la Libye, arrivant à Huckstep à l’Est du Caire appelé maintenant Madinat Ramadhan, tout le matériel a été peint en sable pour être en conformité avec le matériel égyptien, car notre tenue était vert olive, on est resté 48h et après, on est passé directement au front.
D’autre part, nous avons occupé un front de 30 km de largeur, soit dix fois plus que les normes appliquées.
Vous avez précisez que 40% de notre armée était composé de conscrits du service national. Justement, comment avez-vous préparé ces soldats à une telle guerre ?
Je ne connaissais pas la plupart des soldats. Arrivant à Gabes, nous avons fait une halte. J’ai rassemblé mes soldats et leur ai dit : « dans nos traditions, dans nos coutumes, on sait qu’il n’y a pas plus lâche et peureux que les « juifs » et aujourd’hui, il y a parmi vous des moudjahidines qui ont combattu la France. Sachez que Dieu est avec nous, vous êtes en mission pour le djihad et pendant le mois sacré, alors n’ayez crainte, vous serez à la hauteur ».
Aucun soldat n’a refusé de participer, et pourtant on leur a proposé de faire un choix de rester en Algérie ou de partir sur le front égyptien. Les soldats étaient déterminés et d’une immense bravoure, tous ont répondu : « ne faisons partie de la brigade blindée, nous accompagnerons notre brigade ».
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Je parle avec beaucoup d’enthousiasme, car vous me faites rappeler quand j’avais 30 ans, avec le grade de capitaine. Il faut préciser que nous sommes restés deux ans en Egypte, de 1973 à 1975, sous les ordres de la 4ème division blindée égyptienne. Durant ces deux ans, je n’ai eu que deux permissions pour aller voir ma famille, et Dieu sait à quel point c’était dur d’octroyer la permission de 10 places sur 300 à 350 soldats.
Afin de remonter le moral des troupes, nous visitions Le Caire de temps à autre, question d’être en contact avec le peuple égyptien. En parallèle, il y avait une bonne prise en charge culturelle et sociale par les autorités égyptiennes. Des artistes venaient même nous rendre visite durant notre séjour de deux ans.
Comment décrivez vous les affrontements avec les Israéliens ?
Nous avons remplacé une brigade égyptienne d’infanterie. Mon poste était en hauteur afin d’observer les mouvements Israéliens. Les chars algériens étaient en face des Israéliens sur une distance de 800 m, alors que les canons étaient à distance de 2 à 3 km. Il faut dire que nous n’avons pas eu d’affrontements directs avec les Israéliens hormis quelques provocations auxquelles nous avons répondus. Il y avait une tentative de leur part, de prendre des prisonniers pendant la nuit, sans doute pour alimenter leur propagande qui stipule que leur armée est doté d’une force imbattable. Il faut savoir que nous avons déjouer leur tentative.
Les israéliens nous provoquaient. Un soldat israélien a tiré visant un soldat algérien, sachant que nous étions en plein cessez-le-feu. Ne pouvant pas utiliser sa mitraillette pour répondre à l’agression faut de pouvoir atteindre la distance de l’ennemi, le soldat algérien a chargé le canon et a tiré, faisant des blessés au sein de l’ennemi. De suite, les Israéliens ont arrêté. L’Onu est venu enquêter suite à cet accrochage, et ça a été affirmé que nous n’avons fait que riposter en étant en légitime défense.
Comment s’est déroulée votre rencontre avec le général Saad Eddine Chazli, chef d’état-major de l’armée égyptienne ? Et pourquoi notre armée est restée en Egypte jusqu’en 1975 alors que la guerre était finie ?
Il faut savoir que le général Chazli est l’architecte de cette guerre et c’est celui qui a planifié octobre 1973, je l’ai rencontré avec Abdelmalek Guenaïzia, en 1974.
Chazli voulais détruire la poche israélienne, et il comptait sur nous pour protéger ses arrières. Il m’a dit « enta ya mdfa3dji (artilleur, ndlr), tu as deux missions : éclairer et créer un rideau de fumée pour camouflet le mouvement de certaines unités égyptiennes », et comme nous n’avions pas les obus éclairants ni les obus fumigènes, le général Chazli nous les a fournis le lendemain matin.
Nous avons entrainé nos troupes sur place, il a fixé une date de l’offensive pour éliminer la poche israélienne. Le jour J, nous avons reçu un appel : « reporté pour demain ». Le lendemain, un autre appel pour nous dire : « reporté pour le surlendemain ». Ce jour-là, nous avons su que le général Saad Eddine Chazli a été relevé de ses fonctions. Là nous avons compris que l’opération est annulée !
Pour répondre à la deuxième partie de votre question, pourquoi nous sommes restés jusqu’à 1975 : nous sommes restés deux ans le tant d’évaluer la situation politique en Egypte. Le général Chazli, comme je l’ai mentionné, avait sollicité notre armée pour protéger ses arrières et détruire la poche des Israéliens à l’Ouest du Canal de Suez, et même après l’annulation de l’opération, nous avons participé à des manœuvres où nous avons stimulé et joué l’ennemi. Nous avons une maitrise et l’utilisation du terrain, notre maitrise des chars sur le terrain a permis aux Egyptiens de cerner les failles militaires durant la guerre de 1973.
C’est un exploit pour les égyptiens de traverser le Canal de Suez et de détruire la ligne Bar-Lev, il faut dire que les Israéliens ont été aidés par les satellites américains pour détecter la brèche entre les deux armées égyptiennes ; celle qui était côté africain du Canal et celle qui l’a traversé et ils ont pu avancer jusqu’au km 101.
Sur le front, en tant qu’officier algérien, quel a été votre sentiment ?
Nous avons été convaincus que la peur était dans le camps israélien, et que leur force n’est que propagande occidentale. La preuve, les égyptiens ont traversé la ligne Bar-Lev et ont libéré le Canal de Suez. La traversé de la ligne est un exploit égyptien, où on voit les empreinte des griffes des égyptiens, ils n’ont pas pu exploiter l’offensive au-delà de 10 km faute de protection aérienne. D’ailleurs, même le général Chazli avait affirmé ça. Et puis, les Israéliens avait leurs armes directement des usines américaines, il faut dire qu’il y avait des défaillances dans la coordination entre les Egyptiens et les Syriens, à un moment donné, les Israéliens ont retiré leur troupe du front égyptien pour se focaliser sur le Golan.
Qu’est-ce qui vous a aidé à résister sur le terrain ?
A ce moment-là, il n’y a pas de place pour les sentiments, il fallait juste atteindre le but. Partant du principe que ma mission sur le front face à Israël était un djihad pour moi, aussi sacré que le ramadhan, qui a d’ailleurs coïncidé avec la guerre d’octobre 1973.
La participation algérienne à cette guerre était très positive dans le sens où l’Algérie a tiré les indices nécessaires de ce conflit en termes de préparations au combat, de leurs côtés, les Israéliens ont compris réellement la détermination algérienne et le caractère aguerri de notre armée.
Vous savez, je suis un moudjahid de l’ALN. Je me devais d’honorer la mémoire des martyrs de la Révolution. Sur le front du Moyen-Orient, il était important d’honorer l’Algérie, son histoire et ses symboles de la meilleure façon qui soit.
https://www.jeune-independant.net/guerr ... n-de-lanp/
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
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