La marine carthaginoise

De l'époque numide aux temps modernes.

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Le Kairouanais
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La marine carthaginoise

Message par Le Kairouanais »

Nous connaissons la flotte carthaginoise par des représentations sur des pièces de monnaie ou des stèles, et par des descriptions de Polybe qui relate que le principal navire de combat carthaginois était la quinquérème, ou navire avec cinq rangs de rameurs. Ce fut le navire que les Romains copièrent pour construire les leurs. Polybe narre, en son Histoire, qu'en 256 av. J.-C., Carthage aligna une flotte de 350 navires.

Le pouvoir authentique de Carthage se trouvait en mer, la marine de Carthage était la plus puissante du monde connu.


En 1971 fut découverte la coque d'un navire carthaginois à Lilybée : la quille est en bois d'érable, les barrots en chêne et le plancher en pin. Les œuvres vives (parties du navire qui restent immergées) étaient doublées de plomb pour éviter la putréfaction du bois. Les barrots portaient la marque du constructeur gravée, preuve que les navires se faisaient en grandes quantités, préfabriqués et assemblés plus tard en chantiers navals, ce qui permettait de les construire en un temps très bref.

La puissante quinquérème carthaginoise constituait la colonne vertébrale de la marine carthaginoise. Elle comprenait un équipage de 420 hommes : 120 soldats qui posaient leurs écus à bord et 300 marins, parmi lesquels 270 étaient des rameurs disposés en trois rangs : deux rameurs au rang supérieur, deux à celui du milieu et un au rang inférieur.

Cette embarcation était plus légère que celles de la flotte marchande ; elle avait un maître-bau d'un septième de la longueur hors-tout. Tandis que la poupe était semblable à celle des navires commerciaux, la proue était une arme offensive durant les combats, car elle portait un bélier renforcé de bronze représentant diverses figures, qui s'utilisait pour éventrer les flancs des bateaux ennemis. De chaque côté de la proue, se trouvaient les yeux, au-dessus desquels il y avait des orifices par lesquels passaient les chaînes ou les cordes des ancres. Sur le pont, près de la proue, il y avait le château qui protégeait les archers et les catapultes pendant les affrontements ; à la poupe, une tente de cuir était dressée et deux grandes rames qui servaient de timons. Un mât rétractable pouvait se dresser au centre du bateau pour y disposer une voile carrée, et un autre mât situé à la proue portait une petite voile qui permettait de gouverner (diriger) le bateau, même avec des vents transversaux, mais pendant les combats, elle n'était pas utilisée : les bateaux étaient démâtés et pour pouvoir se déplacer plus rapidement, la propulsion restait confiée aux rameurs. Ceux-ci se trouvaient à l'intérieur de la coque le long des flancs et ils empoignaient les rames qui sortaient par les orifices du bas.


Pentécontère:
C'était le bateau le plus ancien, rapide, agile, avec peu de tirant d'eau, qui mesurait 25 mètres de long et contenait cinquante rameurs situés sur deux niveaux, en plus du capitaine, du second, du pilote et dix autres marins de réserve. Le rythme des rameurs était marqué par un flûtiste appelé diere. La ou le pentécontère disparut à la fin du vie siècle av. J.-C. et c'est la trirème qui la remplaça.



Trirème:
elle se généralisa en Méditerranée entre le viie siècle et le ive siècle av. J.-C. C'était un navire de 36 mètres de longueur hors-tout, et qui contenait un équipage de cent quatre-vingts hommes : cent soixante-dix rameurs, huit ou dix pour manœuvrer le voilage, et un groupe de soldats. Les rameurs étant situés sur trois hauteurs, on triplait la force sans augmenter la longueur du bateau et sans qu'ils fussent une gêne les uns pour les autres.
À partir du ive siècle av. J.-C., dans les chantiers navals de Carthage, la trirème se transforme en tetrère, qui dispose de quatre rameurs par rame, sur un même banc, d'où son nom (« tetra » = quatre). La tetrère ainsi que la pentère qui lui succéda, avaient une longueur de 40 mètres et une largeur de six mètres, avec un tirant d'eau n'excédant pas deux mètres. Leur vitesse maximale possible était de cinq et six nœuds, bien que celle de croisière fût de deux ou trois nœuds. Leur équipage comprenait respectivement deux cent quarante et trois cents hommes manœuvrant les trente rames de côté, en plus des marins destinés aux voiles.

Techniques de combat

Durant les guerres contre Rome, Carthage disposait de plusieurs escadres de douze navires, et pouvait former des flottes de cent vingt navires, et, dans les cas spéciaux, de plus de trois cents.

Quand l'ennemi était en vue, les voiles étaient baissées et on enlevait le mât : l'affrontement se faisait à la force des rames, pour pouvoir manœuvrer le bateau plus facilement. Les équipages étaient exclusivement constitués de carthaginois, à la différence de l'armée qui se fournissait en mercenaires.

Diecplus:
C'était une tactique qui consistait en une sortie simultanée et véloce de toute la marine de guerre disposée en ligne pour passer à travers l'adversaire entre un bateau et l'autre, virer rapidement et attaquer à l'éperon la poupe des bateaux ennemis.

Periplus:
Cette technique consistait à se placer à côté d'un navire ennemi et à transpercer son flanc d'un coup d'éperon.


La navigation se faisait en côtoyant le littoral, de jour si possible, et en campant sur les plages pour passer la nuit. En cas de nécessité durant la nuit, on utilisait des tables de distance en plus de se guider par les étoiles : l'Étoile polaire était appelée Étoile phénicienne. De même, on utilisait des pigeons voyageurs pour s'aider en cas de brouillard. Afin de protéger la flotte des marées et des tempêtes, les Phéniciens construisirent des ports et créèrent un système de brise-lames. Le port de Carthage était une merveille de la technique, protégé derrière la baie, et divisé en deux parties par un canal (port civil et militaire). Il abritait quelque 400 navires.

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Le Kairouanais
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Re: La marine carthaginoise

Message par Le Kairouanais »

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heptere_punique.gif
triere_punique.gif
diere_punique.gif
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.

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Re: La marine carthaginoise

Message par Le Kairouanais »

On connaît aujourd'hui le port de Carthage assez bien grâce aux fouilles opérées non loin de Tunis, le Port étant visible depuis l'espace actuellement (voir aperçu Google Earth). Circulaire, il s'organisait en une série de plus de deux cent cales à bateaux de 4,80 m de large environ, permettant de loger des trières et naturellement des dières, mâts couchés et rames rentrées. L'ilôt central, appelé "îlot de l'amirauté" logeait également 30 navires, larges de 5,30 m, longues de 40 et compatibles avec des Pentères ou des Tétrères, mais possédait aussi deux cales plus importantes, sans doute pour loger des navires de la taille d'une Enère( "6") ou d'une heptère, avec 7,30 m. Chaque cale comportait une partie supérieure aérée, un "grenier" dans lequel étaient rangés rames, mâts, voiles, accastillage. on trouvait également des salles d'armes, une armurerie et une fonderie, l'arsenal produisant son matériel. Tout était conçu, dans une modernité confondante, pour que la flotte puisse opérer en un temps record et massivement. Les calculs et la reconstitution faites par Henry Hurst (Les dossiers de l'archéologie, marines antiques, N°18 ) vont cependant à l'encontre de la description donnée tout d'abord par Polybe durant la troisième guerre Punique en 149-146 av. JC., dont l'original s'est perdu mais retranscrit par Appien: "Les ports de Carthage étaient disposés de telle sorte que les navires passaient de l'un dans l'autre; de la mer, on pénétrait par une entrée, large de 70 pieds (20,72 mètres), qui se fermait avec des chaînes de fer. Le premier port, réservé aux marchands, était pourvu d'amarres nombreuses et variées. Au milieu du port intérieur était une île. L'île et le port étaient bordés de grands quais. Tout le long de ces quais, il y avait des loges, conçues pour contenir 220 vaisseaux, et au-dessus des loges, des magasins pour les agrès. En avant de chaque loge, s'élevaient deux colonnes ioniques, qui donnaient à la circonférence du port et de l'île l'aspect d'un portique. Sur l'île, on avait construit un pour l'amiral un pavillon, d'où partaient les signaux des trompettes et les appels des hérauts, et d'où l'amiral exerçait sa surveillance. L'île était située en face de l'entrée et elle s'élevait fortement. Ainsi l'amiral voyait ce qui se passait en mer, tandis que ceux qui venaient du large ne pouvaient pas distinguer l'intérieur du port. Même pour les marchands qui entraient sur leurs vaisseaux, les arsenaux restaient invisibles: Ils étaient entourés en effet d'un double mur et de portes, qui permettaient aux marchands de passer du premier port dans la ville sans qu'ils eussent à traverser les arsenaux."

Appien parle de 220 cales dans le port circulaire, or Hurst calcula que l'espace disponible n'était suffisant que pour 170 cales. Les autres étaient-elles dans le port "civil", rectangulaire? Ou bien y avait-il des cales plus étroites pour des dières et des pentécontores?. Cela semble difficile tant la trière à cette époque était le navire-roi, et même le "minimum" en matière de bâtiment de ligne. D'autres fouilles ou la découverte d'un document inédit permettront peut-être de lever le mystère un jour. Faute de fragments de tuiles, on pense que les toits des cales étaient en terrasse, le port était creusé dans le littoral et la superstructure en grès provenant du cap bon, les revêtements en stuc peint en rouge sombre. On sait aussi par Polybe que les carthaginois alignèrent une flotte de 200 navires en 250 av. J.C., et en 218 av. JC., 100 pentères, 20 tétrères et trières. Voici une description des navires carthaginois selon Polybe: On sait aussi que les carthaginois restaient au fait de la modernité, même lorsqu'elle ne venait pas d'eux, puisque ce sont les Rhodiens qui leur fournirent des tétrères ("4") d'un tout nouveau modèle, dotés d'un "éperon" à bec (non conçu dans le but de percer un coque en attaque de flanc, mais de détruire les avirons en attaque latéral) et surtout d'un tout nouvel intérêt sur le plan hydrodynamique (voir navire de Marsala). Malgré les fortunes de mer des Romains, ce sont ces derniers, grâce à la supériorité de leur infanterie qui en eurent raison. De fait, ils mettaient fin en 146 av. J.C. avec la destruction de Carthage, à cette domination bimillénaire. Le double port originel fut conservé cependant et les Romains y apportèrent quelques modifications.
port_carthage_plan.jpg
port_cartage.gif
port_carthage.jpg
ob_3a6193_port-punique-carthage (1).jpg
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geronimo
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Re: La marine carthaginoise

Message par geronimo »

Tres instructif dans le meme sens voila ce que j'ai trouvé
:algerie01: :algerie01: :algerie01:

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Le Kairouanais
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Re: La marine carthaginoise

Message par Le Kairouanais »

geronimo a écrit :
05 juillet 2020, 21:01
Tres instructif dans le meme sens voila ce que j'ai trouvé
👍
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