Crise diplomatique dans le Golfe

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Chifboubara
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par Chifboubara »

Trump continue à s'amuser... au détriment de ces c.. s de bédouins qui vont répondre en jouant à "qui est la plus grosse balance" et qui remue le plus la queue.

https://youtu.be/9Ylma2fJ6xM
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Amine Ind
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par Amine Ind »

Apparemment le Pakistan prend partie pour le Qatar et selon des rumeurs (je dis bien des rumeurs) ils vont envoyer des troupes au Qatar. Ils sont pas sensé être copain comme cochon avec l'AS ?
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camron29
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par camron29 »

Amine Ind a écrit :
10 juin 2017, 12:33
Apparemment le Pakistan prend partie pour le Qatar et selon des rumeurs (je dis bien des rumeurs) ils vont envoyer des troupes au Qatar. Ils sont pas sensé être copain comme cochon avec l'AS ?
Normalement et dans plusieurs secteurs :!: C'est les AS qui ont aussi financés le programme nucléaire et donc la bombe nucléaire pakistanaise.
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geronimo
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

Crise au Qatar : "Les traders semblent avoir oublié la géopolitique"
Quels pays peuvent tirer leur épingle du jeu ?

L’Iran a une vraie carte à jouer pour retrouver une position de force dans la course au pétrole face à l’Arabie saoudite, tandis que celle-ci est monopolisée par la crise diplomatique. Depuis la fin des sanctions commerciales à son encontre, le pays souhaite augmenter ses exportations. S’il a refusé les quotas mis en place par l’OPEP en novembre 2016 pour baisser la production de pétrole des pays membres, il s’est au contraire vu accorder une hausse de sa production de barils par jour, de 3,7 à 3,8 millions. Une victoire quand tous les autres pays, y compris l’Arabie saoudite, se voient contraints de réduire la leur. L’Iran veut même augmenter de façon considérable sa production de barils par jour à plus de 5 millions dans les années 2020.

Dans cette affaire n’oublions pas non plus les Etats-Unis. Ils viennent de faire chuter les prix du pétrole en annonçant mercredi 7 juin une hausse de leurs réserves commerciales de brutes de 3,3 millions de barils, lorsque les analystes prédisaient une baisse d’autant. Les compagnies privées qui exploitent le pétrole de schiste ont, en plus, réduits leurs coûts de production depuis la chute des prix à l’été 2014. Elles comptent encore augmenter leur production, jouant ainsi sur la déstabilisation du Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a d’ailleurs exhorté les compagnies de pétrole américaines privées de prendre leurs responsabilités sur le contrôle de leur production, si elles veulent faire remonter le cours du baril.
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20 ... tique.html
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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geronimo
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

article très exhaustif
DÉCRYPTAGE. Comprendre la crise entre le Qatar et ses voisins
https://www.tsa-algerie.com/decryptage- ... s-voisins/
Qatar: les pays africains se positionnent dans la crise diplomatique
D’abord la Mauritanie mardi 6 juin, puis les Comores mercredi ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha. Nouakchott accuse le Qatar de « soutenir des organisations terroristes, de propager des idées extrémistes et de semer l’anarchie ».

A (RE)LIRE → La Mauritanie rompt ses relations diplomatiques avec le Qatar

Ensuite, c’est le gouvernement sénégalais, solidaire de l’Arabie saoudite, qui a rappelé son ambassadeur au Qatar, mercredi. Un geste fort qui ne rompt pas pour autant tous liens avec les Qatariens. Dakar dit vouloir consulter son diplomate sur les suites à donner à cette crise.

A (RE)LIRE → Qatar: le Sénégal rappelle son ambassadeur à Doha

Idem du côté du Tchad, jeudi 8 juin : « Le gouvernement a décidé de rappeler son ambassadeur à Doha, au Qatar, pour consultation », peut-on lire dans un communiqué du ministère tchadien des Affaires étrangères.

Dans le même esprit, Djibouti a décidé de réduire sa représentation diplomatique dans l’émirat. Une prudence compréhensible puisque le Qatar est le médiateur du conflit territorial qui l’oppose à l’Erythrée.

Quant au Gabon, le pays appuie la décision de l’Arabie saoudite et condamne « les agissements récurrents du Qatar en faveur du terrorisme ». Libreville invite Doha à se conformer aux accords internationaux en matière de lutte antiterroriste.

Enfin, en Afrique de l’Est, Khartoum regrette la décision des « cinq pays arabes frères ». Le Soudan, comme la Somalie, appelle les parties au dialogue. Les deux Etats proposent d’ailleurs leur aide pour une médiation afin de « protéger les intérêts des pays et des peuples arabes ».
L'Algérie a été la première à réagir. Dès mardi, dans un communiqué officiel, elle exhorte les pays du Golfe à dialoguer et appelle à respecter sous toutes conditions le « principe de bon voisinage, de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures du Qatar ».
http://www.rfi.fr/afrique/20170607-rela ... erie-maroc
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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Chifboubara
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par Chifboubara »

Long et excellent point de vue de René Naba avec cette affaire remise dans son contexte historique entre les wahabites et les frères musulmans.
Arabie Saoudite-Qatar La guerre des frères ennemis du wahhabisme, une guerre de défausse

PAR RENÉ NABA • JUIN 8, 2017
La guerre picrocholine des pétromonarchies apparaît comme une guerre des incendiaires du Golfe en vue de se défausser sur autrui de la dévastation de la planète que l’Arabie saoudite et le Qatar, les deux pays unique au Monde se réclamant du wahhabisme, ont infligé au reste du Monde, tant par la désagrégation programmée du Monde arabe que par le terrorisme anti occidental, du fait de leur rôle incubateur du djihadisme erratique planétaire.

La promotion des anciens corsaires de la piraterie maritime de la «Côte des Pirates», ces «nains pétro monarchiques», au rang de Maîtres du Monde arabe par le camp atlantiste, passera à la postérité comme le symptôme d’une grave aberration mentale, contre productive, en même temps qu’une souillure morale indélébile à inscrire au passif du Monde occidental.

Si le Monde arabe en a lourdement pâti durant la séquence dite du «Printemps arabe», le Monde Occidental en pâtira par ses excroissances dégénératives par ses effets à long terme.

Retour sur ce psychodrame dont les États Unis et Israël en seront les principaux bénéficiaires au détriment de la Palestine et de la sécurisation de l’espace national du Monde arabe, accentuant sa marginalisation en ce que le Monde arabe est captif des pétromonarchies et le Monde musulman, otage du wahhabisme.

Ce double handicap accentue la servitude de l’ensemble arabo musulman et le marginalise dans la gestion des affaires du Monde en ce que les monarchies arabes sous tutelle constante occidentale n’ont jamais mené une guerre de libération nationale mais disposent néanmoins d’une majorité de blocage au sein de la Ligue arabe.

Les six pétromonarchies, adossées chacune à une base militaire occidentale, -en sus de la Jordanie et du Maroc, les deux alliés souterrains d’Israël, ainsi que des Comores, un confetti de l’empire français et Djibouti, qui abrite sur son sol une base américaine et une base française-, disposent d’une majorité de blocage régentant de ce fait le Monde arabe. Ni les pétromonarchies du Golfe, ni la Jordanie, ni Djibouti ou les Comores n’ont mené une guerre de libération dont l’indépendance a été octroyée par leurs colonisateurs. Un déséquilibre structurel calamiteux pour la définition d’une stratégie du Monde arabe.

Les Émirats Arabes Unis dont le rôle virulent dans la curée anti Qatar parait moins en pointe dans les commentaires de la presse occidentale en ce qu’Abou Dhabi abrite une base aéronavale française et que cette principauté a depuis longtemps vendu son âme au diable confiant en toute discrétion la protection de ses champs pétrolifères à Israël, moyennant un jolie pactole qui enrichit considérablement la trésorerie des autorités d’occupation de la Palestine.

LE QATAR, UN REBUT DE LUXE, LE PRINCIPAL BÉNÉFICIAIRE DES AVATARS SAOUDIENS.

L’Arabie saoudite et le Qatar ont en effet longtemps vécu en symbiose, se répartissant en bonne intelligence les rôles, au point que le petit wahhabite fera longtemps office de rebut de luxe pour recyclage haut de gamme des avatars de la diplomatie saoudienne, au delà de la diplomatie atlantiste.

Le Qatar a ainsi récupéré la totalité du service arabe de la BBC pour en faire le noyau historique d’Al Jazira à la faveur du conflit opposant les anciens partenaires du premier projet de chaîne trans frontière arabe BBC World News et la firme saoudienne Orbit. Une crise survenue à la suite d’une interview accordée par le module à un opposant saoudien.

Il en a été de même du prédicateur égyptien Youssef Al Qardawi, proche des Frères Musulmans, dont les outrances verbales incommodaient fortement l’Égypte, qu’elle refoulera vers le Qatar qui lui accordera la nationalité et le titre de Mufti du Qatar.

Il en sera de même de la confrérie des Frères Musulmans, prenant la relève des Saoudiens, les parrains de la confrérie pendant toute la seconde moitie du XX me siècle, excédés par les prétentions des islamistes dans la gestion de l’Islam européenne.

Il en sera aussi de la famille de Saddam Hussein (son épouse Sajida et ses deux filles) dont la présence en Irak apparaissait comme encombrante pour les États Unis.

Il en sera enfin de même de Robert Ménard, l’ancien directeur de «Reporters sans frontières» dont le zèle anti chinois à la veille des Jeux Olympiques de Pékin embarrassait le président français de l’époque Nicolas Sarkozy.

LE PRINCIPE DU BALANCEMENT CONSTANT DANS SA POLITIQUE.

Désigné au choix, comme le pays d’Al Jazira ou du CENTCOM, le lieu d’exil des indésirables arabes, Qatar est à la fois tout cela et bien plus.

Siège du Quartier Général du «Central command» américain, le commandement du théâtre des opérations allant de l’Afghanistan au Maroc, et de la chaîne trans frontière arabe «Al-Jazira», Qatar fait cohabiter sur son sol, dans l’harmonie la plus discrète, la famille de l’ancien président irakien Saddam Hussein, le prédicateur islamique Youssef Al-Qaradawi, un des grands officiants de la chaîne, et une discrète mission commerciale israélienne.
4 me producteur mondial de gaz (après les États Unis, la Russie et l’Iran), membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Qatar a refusé d’adhérer à la Fédération des Émirats arabes Unis. Il gère de ce fait pour son propre compte de fabuleuses richesses.

L’engouement de la classe politique française à son égard est comparable à celui qui prévalait à l’égard de l’Irak de Saddam Hussein du temps de sa splendeur et de l’avidité de ses interlocuteurs français, durant les décennies 1970-1980. Là s’arrête la comparaison. Entourée par l’Arabie saoudite au sud et le golfe arabo-persique au nord, cette minuscule principauté de 11 427 km² peut être menacée, jamais menaçante, toujours alléchante.
Le balancement est constant dans l’Émirat, au point que certains jugent cette dualité comme relevant de la duplicité, la caution de desseins inavoués: Il en est ainsi du duo CENTCOM/Al-Jazira.

Il en est de même avec la France: L’amitié avec Sarkozy a permis au président français d’éradiquer toute sensibilité pro arabe au sein de l’administration préfectorale et du dispositif audiovisuel français et la promotion concomitante de personnalités notoirement pro israéliennes (2).

Une promotion accompagnée parallèlement de la mise à l’écart de Bruno Guigue (administration préfectorale), de la mise à l’index de l’universitaire Vincent Geisser et de l’éviction de Richard Labévière (Média) ainsi que de Waheeb Abou Wassil, seul palestinien du dispositif médiatique extérieur.

LE QATAR, PRINCIPAL BÉNÉFICIAIRE DE LA PATHOLOGIE DE LA FAMILLE RÉGNANTE SAOUDIENNE.

La séquence dite du printemps arabe» a surpris la dynastie wahhabite en pleine pathologie gérontocratique. Quatre des principaux dignitaires wahhabites seront emporte par la maladie aux premières années de la guerre de Syrie: Les deux des princes héritiers, -Le prince Sultan Ben Abel Aziz, l’inamovible ministre de la défense pendant un quart de siècle et père du prince Bandar, le chef du djihadisme planétaire, et le Prince Nayef Ben Abdel Aziz, son successeur comme prince héritier- ont succombé à la maladie le premier de cancer, le second de dégénérescence nerveuse, lors des trois premières années de la guerre de Syrie, avant que le Roi octogénaire Abdallah ne succombe lui même de crise cardiaque en 2015, peu de temps après le décès du prince Saoud Al Faysal, ministre des Affaires étrangères pendant un demi siècle.

Le Qatar mettra ainsi à profit la défaillance physique du leadership saoudien pour prendre la conduite des opérations à la faveur de son alliance stratégique avec la confrérie des Frères Musulmans, dont il était devenu le parrain en substitution à leur divorce avec les Saoudiens, déviant le cours de la révolution au depart authentiquement populaire (Mohamad Bouazizi en Tunisie, Place Tahrir au Caire) dans une entreprise de déstabilisation des pays arabes à structure républicaine à la faveur de la contestation interne dont ces pays étaient le théâtre (Tunisie, Égypte, Libye, Syrie).

Se plaçant à la pointe du combat pour la défense des causes arabes, l’Émir du Qatar aura été auparavant le premier dirigeant arabe à se rendre au Liban dès l’annonce du cessez le feu libano israélien, en Août 2006, prenant à sa charge la reconstruction de localités du sud Liban détruites par les Israéliens. Et la principauté sera aussi le pays hôte du sommet arabe pour l’aide à la reconstruction de Gaz.

Ce rôle de franc-tireur a permis au Qatar, par son amitié affichée avec la France, sans passé colonial dans la zone, de faire la démonstration de son indépendance tant vis-à-vis du grand frère saoudien que du pesant tuteur américain, que de l’Égypte.

Un exercice de saltimbanque qui lui a permis de flirter, sans risque, avec l’Iran, contigu au champ gazier off shore du Qatar, et les autres bêtes noires de l’Occident -le mouvement islamique palestinien Hamas, le mouvement chiite libanais Hezbollah-, tous les contestataires à l’ordre hégémonique israélo américain sur l’espace arabe, mais dans les limites des règles du jeu imposé par son protecteur américain, sous peine de retour de bâton, comme en témoigne la tentative de déstabilisation d’Al Jazira lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003.

UN GÂCHIS MONUMENTAL

Deux ans après le déclenchement du «printemps arabe», Al Qaida et sa matrice formatrice, les Frères Musulmans, ont multiplié les communiqués de victoire sur tous les fronts arabes, au rythme des concessions arabes sur la Palestine…. sur fond d’un paysage dévasté d’un champ de ruines généré par la guerre mercenaire menée par des Arabes contre des Arabes pour le plus grand profit de leurs ennemis communs, Israël et les États Unis.

L’Irak, le Yémen, le Soudan, la Libye et la Syrie sont déchiquetés par des guerres sectaires. Le sud Soudan et le Kurdistan irakien promus, parallèlement, au rang de plate formes opérationnelles israéliennes sur les deux versants du Monde arabe, et la Palestine, à l’abandon, en état de décomposition avancée, indice patent d’une défragmentation mentale absolue sans pareille dans les annales des relations internationales, dont le Qatar en porte une lourde responsabilité. Pour le plus grand malheur des Arabes et des Musulmans.

Telle a été la contribution majeure du Qatar à la promotion du Monde arabe, avec une menton spéciale la généralisation de la consommation du captagon et la ruée des dignitaires du Golfe à l’assaut des pubères syriennes, la collusion entre Israël et les djihadistes du Qatar dans leurs attaques synchronisées contre la Syrie, enfin la cascade de fatwas pathologiques édictées à l’encontre des «dépendantes» à l’ombre du printemps arabe. Tout le reste n’est que bobards de salonnards.

Le rôle moteur du Qatar dans le conditionnement de l’opinion, l’encadrement et l’amplification du «printemps arabe», la confiscation de la révolution arabe et son déroutement des rives inflammables du Golfe pétro monarchique vers les républiques laïques de la Méditerranée (Libye, Syrie), en connivence avec les États Unis, jusque-là susurré, est désormais établi.

Le Qatar, connu du monde entier par une antiphrase ravageuse, «la chaîne qui possède un état», en référence à sa chaîne d’Al Jazira, alimentera ainsi de nombreuses thèses doctorales des facultés des sciences de la communication sur la «Révolution 2.0» ou d’autres balivernes du genre «Révolution cathodique», dans une opération de diversion médiatique visant à usurper, à tout le moins à en atténuer la portée, en tout cas à subvertir le sacrifice du tunisien Mohamad Bouazizi, l’étincelle de la révolution.

Un parfait représentant de cette société informelle qui peuple le Monde arabe par déclassement social, dont la marginalisation et la paupérisation ont constitué le moteur du bouleversement régional, avant d’être dérouté par l’islam pétrolier et atlantiste de son cours libératoire.

Le passage forcé de ce cheval de Troie anglophone de l’Amérique au sein de l’Organisation de la Francophonie, en vue de prendre pied dans la zone stratégique à la charnière du Maghreb et de l’Afrique noire, de même que les mésaventures d’une universitaire française venue enquêter pour les besoins de sa thèse sur les «bidounes» (apatrides), à l’arrière-plan du grenouillage et des gigotements de la classe politique française devant ce nouvel eldorado, ont révélé la face sombre de cet émirat, sa vanité en même temps que la cupidité et la vulnérabilité de ses interlocuteurs français.

En France, le Qatar a bénéficié du zèle propagateur de la quintette de la chorégie qatariote –l’«idiot utile du terrorisme islamique» François Burgat Burqa, ses deux disciples thésards de longue durée Nabil Ennasri et le djihadologue Romain Caillet (alias colonel Salafi), l’islamolgue Tariq Ramadan, l’universitaire Mathieu Guidère, ainsi que Mohammad Henniche, notable de la zone bariolée de la région Île de France, convoyeur attitré des meetings électoraux de la présidence Sarkozy.

LE PÉCHÉ D’ORGUEIL DU QATAR, UNE GRENOUILLE QUI VOULAIT SE VOIR AUSSI GRANDE QU’UN BŒUF

Si l’Arabie saoudite se vivait comme le gardien de La Mecque de l’Islam, le Qatar se voulait La Mecque de la Confrérie des Frères musulmans.

De rite wahhabite, le Qatar a érigé une mosquée, plus importante que la plus grande mosquée saoudienne, la baptisant du nom de «Mosquée Mohammad Abel Wahhab», le religieux partenaire de la famille Al Saoud dans la conquête du Royaume saoudien, intronisant le télé-prédicateur d’Al Jazira Youssef Al Qaradawi, Mufti de l’Otan, avec en double commande Tariq Ramadan, le petit fils du fondateur de la confrérie des Frères Musulmans, dans le rôle de successeur désigné du polygame octogénaire compulsif.

Dans la stratégie du Qatar, Tariq Ramadan avait en effet vocation à assurer la relève de l’octogénaire Qaradawi dans son rôle prescripteur sur le plan théologique, parallèlement au rôle dévolu sur le plan politique, à Azmi Béchara, cet officiant chrétien d’Al Jazira, ancien député palestinien du parlement israélien. Un duo islamo chrétien destiné à assurer la maîtrise du débat intellectuel pan arabe dans ses diverses déclinaisons pour le compte du Qatar via les contre feux de ses hommes-lige.

Mais le projet tourna court du fait de la déconfiture intellectuelle des islamophilistes français, de la déroute militaire française en Syrie et de la duplicité du discours du petit-fils du fondateur de la Confrérie des Frères Musulmans, une famille constamment adossée aux dollars pétro monarchiques des régimes les plus pro américains et les plus régressifs du Monde arabe, le père, Said, à l’Arabie saoudite, le fils, Tariq, au petit wahhabite.

La réplique saoudienne, implacable, a été à la hauteur de l’affront: le Mufti du Royaume saoudien, un descendant direct de Mohammad Abdel Wahhab, a disqualifié le Qatar de la famille wahhabite, réduisant la famille régnante du Qatar de même que ses ouailles à de simples musulmans sans attache religieuse à la moindre école de pensée religieuse, des apatrides de l’Islam en somme.

LE QATAR, UN OXYMORE OU LES PRÉMISSES D’UNE DÉCONFITURE

Point n’est pourtant besoin d’être grand clerc pour appréhender le Qatar, le nouveau crésus de l’économie planétaire, au fonctionnement sommaire, au décryptage basique. Une charade simple à dénouer.

Un fils qui évince son père est un parricide. Un prince qui épouse la fille du chef de l’opposition, en gage de sa loyauté, est un Machiavel en herbe. Ou un gougnafier.
Un gouverneur qui sévit en tandem avec son cousin, -le propre fils de l’ancien émir destitué par le propre père de l’actuel gouverneur-, en vue de mettre l’émirat en coupe réglé est un prédateur. Les Borgia de Florence délocalisés à Qatargaz, quand bien même octroie-t-il en guise de jeux de cirque, un joujou Pin Pon à ses sujets, des Porsche rutilantes à sa police.

L’attelage ainsi constitué est désigné dans le langage académique comme étant une relation tripolaire. Ou une triangulation. Michel Audiard, célèbre dialoguiste de cinéma du siècle dernier au langage châtié, qualifiait jadis ce genre de «combinazione» de «conjuration de cloportes» ourdie par des prédateurs machiavéliques. Autrement dit une association de malfaiteurs. Au vu d’une telle mystification, il aurait sans doute tonné haut et fort contre qu’«il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages», encore moins les vessies pour les lanternes, intimant de cesser au plus vite ce «foutage de gueule», si préjudiciable à ses auteurs.

La chute vertigineuse de l’audience d’Al Jazira en porte témoignage. De «43 millions de téléspectateurs quotidiens à 6 millions», selon Riadh Sidaoui, directeur du Centre Arabe de Recherches et d’Analyses Politiques et Sociales (CARAPS), basé à Genève, qui explique cette dégringolade par le traitement partial de la chaîne qatariote du «printemps arabe» au point de soutenir la guerre coloniale de l’OTAN en Libye.

Le roitelet d’un minuscule pays qui génère un milliard de dollars de recettes par jour dans un monde où l‘argent est roi est ipso facto le Roi du Monde dans une période où l’économie occidentale est en crise systémique.

Mais le souverain d’une principauté dont le quart de la superficie du pays est occupé par une importante base militaire américaine est au choix un prince captif ou un souverain sous tutelle. Un gouverneur d’opérette? Une marionnette?

Dans tous les cas de figure, un oxymore. Un tison incandescent américain planté sur le flanc de l’Arabie, alléché par l’idée de se substituer à la dynastie wahhabite au leadership spirituel et politique du Monde sunnite. Au même titre que la Turquie, principal bénéficiaire sur le plan régional sunnite de la destruction de l’Irak et de la Syrie.

Que le prédicateur-maison, Youssef al Qaradawi, la caution théologique des équipées atlantistes en terre arabe, implore les États-Unis de bombarder la Syrie, un pays qui a soutenu trois guerres contre Israël en partenariat avec l’Égypte, donne la mesure de l’aberration mentale du millionnaire égypto-qatariote et de sa soumission, de même que son mécène, à l‘ordre israélo-américain.

Milliardaire du loto de la vie, à l’obésité étroite dans sa cage dorée, ce bédouin oisif s’est choisi comme terrain de jeu la scène mondiale. Et pour hobby, non le Golf qui sied aux gentlemen, mais le jeu de massacre que ce fauconnier braconnier prise particulièrement. Un milliardaire arabe et croyant qui consacre 200 millions de dollars à Jérusalem et trois milliards de dollars au financement des djihadistes cannibales en Syrie est un mystificateur. Et pour les puristes de la religion, un mécréant.

Que, dans la foulée, le Hamas, ultime mouvement sunnite de lutte armée, choisisse à son chef charismatique, Khaled Mecha’al, comme résidence permanente, Doha, à vol d’oiseau de la base américaine du Centcom, la plus importante base américaine du tiers monde, donne la mesure de l’abdication morale et intellectuelle de l’Islam atlantiste.

Un acte d’indignité nationale à l’effet de disqualifier ce mouvement de libération nationale, au-delà de l’insulte morale que constitue ce choix pour la mémoire des pères fondateurs de ce mouvement tous tués par assassinats extra judiciaires israéliens avec la caution américaine.

Tels sont les axiomes de base de l’équation qatariote. Le reste relève de l’entreprise apologétique, d’une mendicité déguisée ou d‘une gesticulation médiatique en quête de notoriété.

Le soft power, notion abondamment développée par ses zélateurs ne saurait tenir lieu de cache misère à une indigence conceptuelle, ni justifier les turpitudes d’un pays qui passe pour être l’un des principaux exportateurs du djihadisme erratique, le principal promoteur financier du néo islamisme rigoriste dans les pays arabes et africains, particulièrement en Tunisie, ainsi qu’au Mali.

LA RELANCE DE LA GUÉGUERRE FRATRICIDE

En sourdine depuis quatre ans à propos de la conduite des opérations dans la séquence dite du «printemps arabe», la guerre a éclaté au grand jour entre les deux frères ennemis wahhabites l’Arabie saoudite et le Qatar, une semaine après la visite de Donald Trump en Arabie saoudite.

La hache de guerre a été une nouvelle fois déterrée en ce que l’Arabie saoudite s’est cru intronisé «Roi de l’Islam», paradoxalement, par l’artisan du «Muslim Ban», le président xénophobe américain Donald Trump, au détriment de la Turquie, la principale puissance militaire sunnite de surcroît membre de l’Otan et allié privilégie d’Israël dans la zone.

L’accalmie aura duré cinq ans. Le Qatar avait souscrit, le 19 Avril 2014, à Ryad un arrangement qui s’apparentait par ces termes et conditions à une capitulation en rase campagne, équivalant, en cas de sa complète mise en œuvre, au placement sous tutelle de cet émirat turbulent dont la mesure la plus fortement symbolique devait être le dégagement du prédicateur octogénaire Youssef Al Qaradawi de sa plate forme médiatique, ainsi qu’une sourdine à la guerre médiatique menée par le Qatar, via Al Jazira, contre le tombeur de Morsi, le Maréchal Abdel Fattah Sissi, candidat à l’élection présidentielle égyptienne et bénéficiaire du soutien des pétromonarchies.

Le détonateur de la déflagration, le télé-prédicateur Youssef Al Qaradawi a été réduit au silence.

L’ARRANGEMENT DE RYAD.

Scellé sur une base militaire, en présence des ministres des Affaires étrangères des six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, à titre de témoins et de caution, l’accord concède un délai de deux mois au Qatar pour remplir ses engagements, notamment le reprofilage de sa diplomatie dans un sens conforme au consensus régnant au sein du syndicat pétro monarchique.

Près d’un an après la destitution déguisée de l’ancien «Deux es Machina de la révolution arabe», Hamad Ben Khalifa Al Thani, deux mois après le dégagement de son compère saoudien Bandar Ben Sultan, cette clause augure mal de l’indépendance stratégique future de la principauté en ce qu’elle constituerait un soft protectorat imposé au petit wahhabite, dans une conjoncture calamiteuse pour le camp islamo atlantiste, matérialisée par le double camouflet, le revers militaire de Yabroud en Syrie, la place forte des néo islamistes, et le camouflet diplomatique en Crimée.

Un double revers accentué de surcroît par la consolidation de la position de la Russie en Syrie, propulsant l’ancien Empire des tsars au rang d’interlocuteur fiable au niveau du Monde arabe, après avoir été longtemps diabolisé du fait de l’athéisme marxiste soviétique.

Aux termes de cet accord, le Qatar devait cesser son soutien à la confrérie des Frères Musulmans, ce qui implique de réduire de facto son partenariat stratégique avec la Turquie, son allié du printemps arabe en Libye et en Syrie, et de se focaliser sur la Syrie plutôt que sur les critiques à l’égard du régime post Morsi.
De Renoncer en outre à soutenir les Think Tank américains, accusés d’attiser les critiques envers les dynasties monarchiques du Golfe, notamment ceux qui ont choisi Doha comme base régionale- «The Brookings Institution» et «The Rand Corporation». La Rand est l’auteur du fameux rapport «From confrontation to Containement», préconisant de confier le pouvoir aux Frères Musulmans pour mieux contenir la vague néo islamiste dans le Monde arabe.

http://www.renenaba.com/libye-an-iii-po ... rporation/
Le Qatar devra remplir ses conditions sans le moindre atermoiement. A défaut, la principauté est menacée d’un blocus de ses liaisons aériennes et terrestres avec l’ensemble de la péninsule arabique, et, selon des indiscrétions de la presse arabe, d’une grande opération de déstabilisation du clan Al Thani, qui sera matérialisée par le soutien des pétromonarchies voisines à la branche rivale de la dynastie et à l‘importante tribu «Bani Mari», le socle du pouvoir monarchique au Qatar.

LE QATAR, CASSE-TÊTE DES PÉTROMONARCHIES, L’ANNEXION DU QATAR, UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS.

La décision du Conseil de coopération du Golfe de mettre au pas le Qatar a été prise d’un commun accord entre l’Arabie saoudite, le Bahreïn, et les Émirats Arabes Unis, et l’Égypte, fortement incommodés par ce qu’ils considèrent être les dérives du gnome de Doha et qui valurent au précédent Émir une destitution déguisée, sur injonction américaine.

http://www.renenaba.com/la-fin-sans-glo ... ion-arabe/
Outre le manque de confiance dans les dirigeants qatariotes, la raison sous-jacente à l’intransigeance saoudienne réside dans le fait que la dynastie Al Thani du Qatar peut servir de dynastie de substitution aux wahhabites en cas de démembrement du royaume saoudien, comme la menace en est régulièrement brandie par les Américains.

Le Qatar est devenu le casse-tête des pétromonarchies, certains jours un véritable «bâton merdeux» que chacun cherche à refiler à son voisin pour résoudre les problèmes qu’il pose.

Dans ce qui parait comme une manœuvre d’intimidation à l’égard du récalcitrant, le chef de la police de l’Emirat, Dhafi Al Khalfane, a en effet proposé l’annexion pure et simple du Qatar à la Fédération des sept Émirats Arabes Unis (Abou Dhabi, Doubaï, Ajman, Sharjah, Oum el Gowein, Ras El Kheyma) et son placement sous l’autorité d’Abou Dhabi avec octroi de passeports émiratis aux anciens ressortissants du Qatar.

Dhafi Al Khalfane s’est défendu toute visée annexionniste. Il a justifié sa requête par le fait que le Qatar était placé sous l’autorité de l’Émir d’Abou Dhabi avant son détachement en zone autonome par le colonialisme britannique du temps où la zone se dénommait la Côte des pirates. «L’accessoire doit suivre le principal» a-t-il déclaré selon les propos rapportés mardi 1 er avril 2014 par le site en ligne «Ar rai al Yom».

Connu pour son franc-parler, le responsable émirati est la bête noire des Frères Musulmans depuis qu’il a ordonné l’incarcération de 75 membres de la confrérie sous l’accusation de tentative de coup d’état. Il a d’ailleurs estimé que le succès électoral du président néo islamiste turc Erdogan «est la pire catastrophe politique pour l’avenir de la Turquie en ce que le mandat d’Erdogan pour la Turquie sera comparable à celui du néo islamiste Morsi en Égypte».

Le Qatar ne veut, visiblement pas, s’en laisser compter. Les Frères Musulmans, unique organisation arabe transnationale avec ses ramifications tant au Machreq qu’au Maghreb, constitue un véritable bouclier défensif de l’Émirat face au géant saoudien. Après avoir mobilisé le ban et l’arrière ban de ses alliés pour destituer le pouvoir baasiste syrien, obtenant même l’expulsion de la Syrie de la Ligue arabe, dont elle était pourtant un membre fondateur, le voilà qu’il cherche à se faire pardonner de ses anciens ennemis.

Dans son épreuve de force avec l’Arabie saoudite, Tamim a cherché à s’adosser sur ses ennemis d’hier, notamment l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais. Il a ainsi dépêché à Bagdad un diplomate de haut rang pour y rencontrer un officier supérieur iranien, la veille de la visite à Riyad de Donald Trump, doublant cette démarche par un coup de fil du Prince Tamim au Président Rouhani, à la suite de sa réélection à la présidence iranienne.

A moins d’un spectaculaire retournement d’alliance, le Qatar se voit donc condamné à boire la coupe jusqu’à la lie, lui qui avait puissamment œuvré avec la Turquie à la propulsion des Frères Musulmans au pouvoir dans «les pays du printemps arabes» (Tunisie, Libye, Égypte) avec le ciblage de la Syrie et de la Palestine (Hamas), une triplette dont les premières mesures auront été d’ériger les interdits en tant que principe de gouvernement. Erreur fatale à leur rayonnement.

LA CRIMINALISATION DES FRÈRES MUSULMANS, UNE OPÉRATION DE BLANCHIMENT À BON COMPTE DES TURPITUDES SAOUDIENNES.

Au-delà des rivalités de voisinage et des conflits de préséance, la diabolisation des Frères Musulmans, la matrice originelle d’Al Qaida et de ses organisations dérivées, apparaît ainsi comme une grande opération de blanchissement à bon compte des turpitudes saoudiennes et de dédouanement de la dynastie à son soutien à la nébuleuse du djihadisme erratique depuis son apparition dans la décennie 1980 lors de la guerre anti soviétique d’Afghanistan, auparavant dans son rôle de parrain des «Frères Musulmans», qu’il continue d’ailleurs d’utiliser dans sa guerre contre le Yémen.

Un parrainage qui a valu à l’Irak d’assumer, par substitution, la fonction de victime sacrificielle d’un jeu de billard à trois bandes, en 2003, en compensation au châtiment de l’Arabe saoudite pour sa responsabilité dans les attentats du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuissance américaine.

Cette décision à l’encontre d’une confrérie, qu’elle a longtemps couvée, qui fut de surcroît son instrument docile dans sa guerre contre les régimes républicains du versant méditerranéen du Monde arabe, témoigne du brutal retournement de situation à l’égard d’une organisation, jadis portée au pinacle désormais vouée aux gémonies.

A l’apogée de sa puissance au début du «printemps arabe», en 2011, l’unique formation transnationale arabe se retrouve à son périgée trois ans plus tard, en butte désormais en aux coups de butoir conjugués de son pays d’origine, l’Égypte, et de son pays incubateur, l’Arabie saoudite, les deux plus grands pays arabes, le premier par sa puissance militaire, le second par sa puissance économique.

La criminalisation des Frères Musulmans s’est doublée, dans la foulée, de l’inscription sur la liste des organisations terroristes, deux autres de ses excroissances, le Front As Nosra de Syrie et l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), et pour faire bonne mesure, deux organisations chiites, les rebelles zaïdites dits Houthis du Yémen, et, naturellement, le Hezbollah Libanais, le diable habillé en Prada iranien.

Un tel ravalement cosmétique devrait doter les alliés arabes du bloc atlantiste d’une image bonifiée et offrir, dans l’esprit de ses ordonnateurs, une meilleure exposition médiatique à l’opinion internationale dans l’hypothèse du grand marchandage qui se prépare entre les États Unis et la Russie

Cette crise, la plus violente depuis la création du Conseil de coopération du Golfe, il y a trente ans, parait devoir entraver le fonctionnement de l’ultime instance régionale de coopération arabe encore en activité.

En pointe dans le combat de la contre révolution arabe, ce syndicat des pétromonarchies du Golfe, sous haute protection militaire occidentale, parait devoir réduire sa voilure, non seulement en raison de la guerre entre les frères ennemis du wahhabisme, mais aussi du fait du souci du 6eme membre, le Sultanat d’Oman, de se maintenir à l’écart de ce conflit fratricide, cherchant auprès de l’Iran un contrepoids à la prééminence du duo saoudo qatariote au sein de cette organisation.
Un pont reliant Oman à l’Iran devrait être édifié via le détroit d’Ormuz concrétisant l’alliance scellée à l’occasion de la visite du président iranien Hassan Rouhani à Mascate, le 12 mars 2014.

Formé des six pétromonarchies du Golfe, (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweït, Qatar, Sultanat d’Oman), le Conseil de Coopération du Golfe a été mis sur pied dans la décennie 1970 au moment de l’accession à l’indépendance de l’ancienne côte des pirates, dans la foulée du retrait britannique à l’Est de Suez. Les six pétromonarchies abritent chacune une importante base occidentale, faisant de la zone la plus importante concentration militaire atlantiste, hors de l’Otan.

Que le Mufti de l’Otan (87 ans) soit parvenu, au soir de sa vie, à saborder les relations entre les meilleurs alliés de l’Otan, ses supplétifs dans la recolonisation du Monde arabe donne la mesure de la fragilité de cet édifice et de ses adhérents.

La guerre picrocholine des «Frères ennemis» du Wahhabisme apparaît dans ce contexte comme la lointaine réplique, sur le plan arabe, de l’hécatombe des faiseurs occidentaux des guerres de Libye et de Syrie.

POUR ALLER PLUS LOIN

http://www.madaniya.info/2017/01/02/l-h ... enchement/
http://www.madaniya.info/2017/01/06/les ... islamiste/
RÉFÉRENCES

1- Rachida Dati et Robert Ménard: Parmi les autres bénéficiaires de l’hospitalité du Qatar figurent la sœur de Rachid Dati, ancien ministre français de la justice, affectée au service du patrimoine, une structure placée sous l’autorité de l’épouse de l’ancien Émir du Qatar, Cheikha Mozah, élue par la suite membre de l’Académie des beaux-arts de France. De même que l’ancien directeur controversé de Reporters sans frontières, Robert Ménard, pour la présidence d’une problématique fondation pour la défense de la liberté de la presse, qu’il désertera au bout d’un an, devant son peu de poids face à la structure parallèle mise sur pied par un authentique homme de terrain qui a donné au journalisme ses lettres de noblesse, le photographe Sami al-Hajj, de la chaîne al-Jazira, ancien pensionnaire du bagne de Guantanamo, fondateur du «Guantanamo Center», chargé de combattre les atteintes à la liberté de la presse.

2- La liste est longue qui va de Bernard Kouchner (Quai d’Orsay), flamboyant ministre des Affaires étrangères à ses débuts contraint à une honteuse normalisation avec le génocidaire du Rwanda, Paul Kagamé, dans la foulée des révélations sur ses connections affairistes avec les dictateurs africains, à Dominique Strauss Khan (FMI), qui se demandait à chacun de ses réveils ce qu’il pouvait bien faire pour Israël et non à la France dont il porte la nationalité avant de basculer dans une galipette ravageuse pour la réputation de la France au sein de la haute fonction publique internationale, à Arno Klarsfeld (Matignon), réserviste de l’armée israélienne, à Pierre Lellouche (Affaires européennes), à François Zimmeray, ancien vice-président de la commission d’études politiques du CRIF, Ambassadeur pour les Droits de l’homme, en passant par Christine Ockrent (pôle audiovisuel extérieur), Philippe Val (France inter), et à la toute dernière recrue Valérie Hoffenberg, directrice pour la France de l’American Jewish Committee, représentante spéciale de la France au processus de paix au Proche-Orient.

3 – Une guerre à outrance sur fond d’un contentieux historique territorial

La proposition d’annexion du Qatar aux Emirats Arabes Unis : http://www.raialyoum.com/?p=6971
Rached Ghannouchi et sa médiation sur le contentieux des Frères Musulmans : http://www.raialyoum.com/?p=74853
Les termes de l’accord de Ryad : http://www.raialyoum.com/?p=76863
Source : http://www.madaniya.info/2017/06/08/ara ... -defausse/
«Partout où je vais les gens me tendent la main pour demander quelque chose, sauf en Algérie où les gens m'ont tendu la main pour, au contraire, m'offrir quelque chose» Yann Arthus Bertrand
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par zeitrecht »

Analyse trés pértinente qui montre combien ces Royaumes sont nocifs pour la stabilité et la paix dans le monde.Leur duplicité avec Israel,la France et les USA a complétement entérrée la cause Palestiniènne et a detruit les republiques Arabes(Liban,Syrie,Irak,Libye...)
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geronimo
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

zeitrecht a écrit :
10 juin 2017, 23:21
Analyse trés pértinente qui montre combien ces Royaumes sont nocifs pour la stabilité et la paix dans le monde.Leur duplicité avec Israel,la France et les USA a complétement entérrée la cause Palestiniènne et a detruit les republiques Arabes(Liban,Syrie,Irak,Libye...)

entérrée la cause Palestiniènne tu a bien cible le but,c'est le but escompter oublier La Palestine et laisser le champs libre pour Israël
autre effets de la cause
Cela fait des années que le Qatar essaie de prendrer la place de leader du monde musulman (de la vision sunnite de la foi) à l'AS. Comme leur voisin il a même investit dans le prosélytisme à base de madrassa et de soutient finanacier a des groupes (politiques ou armés) plus ou moins recommandables. Le Qatar a beaucoup fait aussi pour être l'acteur incontournable de la péninsule, que ce soit par la première chaine d'info, l'investissement financier, l'image sportive, le développement de sa compagnie aérienne,...
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Chifboubara
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par Chifboubara »

Ouai.... le grand Israël à la "barbe" de tout les musulmans et servi sur un plateau d'argent.

Sans qu'un seul israélien tombe.

C'est la meilleure opération de tsahal/mossad depuis la guerre des 6 jours.
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par zeitrecht »

Chifboubara a écrit :
11 juin 2017, 09:23
Ouai.... le grand Israël à la "barbe" de tout les musulmans et servi sur un plateau d'argent.

Sans qu'un seul israélien tombe.

C'est la meilleure opération de tsahal/mossad depuis la guerre des 6 jours.
Sans la complicité des Arabes,Israel n'aurait pas survecu tout ce temps même avec le soutient Occidental.
En 48 le Roi d'Egypte a fourni a la resistance des armes défectueuses et bloqua les renforts au nord de la Palestine sur ordre Anglais
En 67 Hassan 2 le maudit broncha le Mossad Live sur la conférence de Casablanca
En 73 Sadate arrête la guerre et laisse les troupes Syriennes et Algeriennes en plan,aprés avoir fait un deal avec Israel sur la retrocéssion du Sinai.
Et depuis c'est les Bedouins qui ont pris le relais en financant indirectement Israel avec des contrats petroliers et gasiers comme celui au large des Emirats et,a travers les fonds souverains

Les deux seuls mouvements de resistance (Hamas et Hezbollah) ont été placés sur la liste terroriste avec tout ce que cela implique comme bloquage des comptes bancaires,impossibilité de representation etrangère,impossibilité de voyager...
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yayoune
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par yayoune »

La chaîne émiratie Sky News accuse le Qatar d’être derrière l’attaque de Tiguentourine

L’information a fait l’effet d’une bombe. Sky News Arabia, une déclinaison de la chaîne britannique Sky News basée à Dubaï, affirme que l’homme politique et avocat Chokri Belaïd avait été assassiné parce qu’il détenait des documents prouvant l’implication du Qatar dans le soutien du terrorisme.

La même chaîne ajoute que les mêmes documents révélaient l’implication du régime de Doha dans l’attaque terroriste de Tiguentourine en janvier 2013. Sky News se réfère à la fois à certaines sources tunisiennes mais aussi à des documents émanant des services de renseignements américains. Pour cette chaîne de télévision, Chokri Belaïd avait été assassiné quelque temps après qu’il eut annoncé des documents en sa possession impliquant le Qatar dans le financement de l’opération terroriste d’In Amenas.

Sky News Arabia souligne que, selon ces documents de renseignement, c’est à travers le Libyen Abdelkrim Belhadj, qui contrôlait plusieurs groupes terroristes de la région, que le Qatar aurait préparé le terrain pour l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine. Selon cette chaîne, le Libyen Belhadj avait été chargé de sécuriser la ville de Ghedames, transformée en arrière-base des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, prête à exécuter des opérations servant les agendas de Doha dans la région. Ce qui n’est pas à écarter lorsqu’on se souvient de la virulence des propos des dirigeants qataris de l’époque, précurseurs des révoltes arabes ouvertement soutenues par leur chaîne Al-Jazeera, à l’égard des responsables algériens, notamment lors des rendez-vous régionaux.

Cette chaîne de télévision fait état également des révélations faites par le terroriste Abou Anas Al-Liby, arrêté en Libye par le FBI, selon lesquelles «les assassinats politiques en Tunisie, notamment celui de Chokri Belaïd, impliquaient Abdelhakim Belhaj qui collaborait directement avec le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi». Une collaboration, toujours selon le même média, aurait eu l’«approbation des Qataris».

Sky News Arabia cite, dans ce sillage, les propos d’un député, Laurent Louis, devant le Parlement belge, qui formulait les mêmes accusations envers le président d’Ennahdha et le Qatar. Le but recherché par le Qatar, selon cette chaîne, est de «provoquer le chaos en Algérie et régner sur le Maghreb arab
http://www.algeriepatriotique.com/artic ... Q.facebook
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tahiadidou
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par tahiadidou »

Sky News Arabia est connue pour raconter pleins de choses ;)
Quelque soit le jeu perfide des dirigeants Qataris ces dernières années ... sous l'oeil bienveillant de l'OTAN.
A mon avis, le dénominateur commun de cette cabale a pour nom, bien évidemment, Israel.
L'affaiblissement du support a Hamas et des relations plutôt soft avec l'Iran (plus pour des raisons economiques), demeurent les objectifs principaux, bien entretenus par l'administration Américaine. Le reste n'est que ricochets.
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geronimo
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

L'histoire du Qatar de la défaite des Ottomans jusqu'au printemps arabe et le rêve de l'empire
حكاية قطر من هزيمة العثمانيين حتى الربيع العربي وحلم الإمبراطورية
لعلّ العامل الأهم في قراءة السياسة القطرية هو شعور حاكم قطر بأن بلاده وأسرته أكبر مما يُقصّ عنهما. قطر ليست أحدث دولة عربية أو إمارة خليجية كما يظنّ البعض، فقد تأسس حكم آل ثاني في قطر عام 1812 قبل بدء حكم القواسم في الشارقة عام 1840 أو آل مكتوم في دبي عام 1833 وحتى الدولة السعودية الثالثة عام 1902.

ما هاجس المساحة، فإن الجغرافيا بالمكانة وليس بالمساحة. فقطر تحتل موقعاً غير تقليدي مقارنة بباقي الإمارات الخليجية: شبه جزيرة متصلة براً بالجزيرة العربية وتطل على العراق وإيران والإمارات والكويت والسعودية وعمان دفعة واحدة، وفي الوقت نفسه هي الأقرب إلى مضيق هرمز.

حينما نقل الأمريكيون القيادة العسكرية إلى قطر، لم تكن خطوتهم تلبية لنداء أميرها فحسب، بل لأن جغرافيا الدولة الصغيرة مقارنة بباقي دول الخليج مغرية.
مناطحة السعودية... الهواية المفضلة
يُعتبر التنافس ومناكفة السعودية الهواية المفضلة لدى آل ثاني في الفترة الأخيرة. هذه السياسة بدأها الحاكم الثاني قاسم بن محمد مع عبد العزيز آل سعود حين رفض المكوث في بيت الطاعة السعودي على خلاف العديد من دول الخليج التي لا تتحرك إلا بالتنسيق مع الرياض حتى اليوم.

إن السر وراء ذلك ليس أن السعودية هي أكبر دولة خليجية فحسب، ولكن لأن قطر تعتبر أنها أكثر دولة خليجية دانت بالولاء لتعاليم الحركة الإصلاحية لمحمد بن عبد الوهاب بعد السعودية، حتى قيل إنه إذا كانت السعودية هي رأس حربة الحركة الوهابية فإن قطر هي ظهيرها الأمين، وبالتالي فهي منافسة على قيادة التيار الإسلامي.

وعقب هجمات 11 سبتمبر، سعت السعودية الى تخفيف ارتباطها مع التيارات الإسلامية، وفي تلك الأثناء قال وزير الداخلية السعودي نايف بن عبد العزيز في نوفمبر 2002 مقولته الشهير بأن "كل مشكلاتنا جاءت من الإخوان المسلمين".

تلقفت قطر الهدية السعودية مشكورة، وقربت التيارات والأشخاص الذين أبعدتهم الرياض عن دوائرها، ما قوى عروة الارتباط بين التيارات الاسلامية وقطر.

صعود حمد وتميم وموزا
ولكن الفصل الأحدث في تاريخ قطر وحلم الإمبراطورية لدى آل ثاني بدأ بخلع ولي العهد ووزير الدفاع الشيخ حمد بن خليفة آل ثاني لوالده عام 1995، وتوليه السلطة، إذ يعتبر حمد من الجناح المتمرد في العائلة الذي يرى أن قطر صالحة لتصبح إمبراطورية كبرى في المنطقة.
http://www.msn.com/ar-eg/news/middleeas ... d=SK216DHP
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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Chifboubara
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par Chifboubara »

Et maintenant la vision "économique" des choses avec beaucoup de confirmations et de compléments.

Les analyses de cette dame vraiment de haut niveau, courageuse et très pragmatique.
Crise du Qatar : mise au pas de l’Emirat avec l’Iran en ligne de mire

Caroline Galactéros 11 Juin 2017 3
Moyen-Orient, Signaux faibles
© REUTERS/Thomas White.

Depuis le lundi 5 juin, l'Arabie saoudite, le Bahreïn et les Emirats arabes unis (EAU), suivis de l’Egypte, de la Libye, du Yémen, des Maldives, et désormais de plusieurs pays africains (la Mauritanie, les Comores, le Tchad, le Sénégal, Djibouti, le Gabon et le Niger), ont décidé de rompre ou réduire leurs relations diplomatiques avec le Qatar : exclusion de l’opération “Tempête décisive” au Yémen ; expulsion des citoyens et diplomates qataris dans plusieurs pays ; fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes avec Doha ; coupure de tout accès aux médias liés à l’émirat insulaire, notamment Al-Jazeera et BeIN Sports. Quel péché a donc commis ce petit mais très richissime Etat pour mériter une telle mise au ban ? « Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région, comme la confrérie des Frères musulmans, Daech et Al-Qaeda », a argué dans un communiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères, qui, au-delà de ce « soutien au terrorisme », reproche à Doha sa complaisance envers l’Iran. La soudaine préoccupation de Riyad pour la lutte contre le djihadisme qui ensanglante la planète, y compris l’Iran, aurait de quoi faire sourire si cela n’était pas tragique. L’inquiétude de la famille Saoud envers Téhéran est déjà probablement plus sincère.

Cette brusque crise, la plus aigüe depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003, intervient dans la foulée de la visite de Donald Trump à Riyad les 21 et 22 mai lors de laquelle le président américain a ressoudé le lien historique entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis – plus de 300 milliards de contrats commerciaux signés, dont un tiers de ventes d’armement – tout en appelant les nations arabes à combattre le terrorisme islamiste et à endiguer l’Iran. Il établit ce faisant un lien frôlant l’absurde entre ces deux derniers éléments. Comment en effet, escamoter l’évidence? La terreur qui ensanglante actuellement la Syrie, la Libye, l’Irak et évidemment l’Europe est le fait du djihadisme sunnite et non chiite, dont Riyad comme Doha sont les puissances dominantes et éminemment prosélytes (depuis plus de 40 ans s’agissant de l’Arabie saoudite). Le lien entre une nouvelle séquence de la politique américaine au Moyen-Orient et le subit Qatar-bashing de l’Arabie Saoudite apparaît plus qu’en filigrane de cette crise. Donald Trump n’a d’ailleurs pas manqué de réagir... sur Twitter :

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Donald J. Trump ✔ @realDonaldTrump
During my recent trip to the Middle East I stated that there can no longer be funding of Radical Ideology. Leaders pointed to Qatar - look!
14:06 - 6 Jun 2017
87 002 Retweets
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Avant d'ajouter :
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Donald J. Trump ✔ @realDonaldTrump
So good to see the Saudi Arabia visit with the King and 50 countries already paying off. They said they would take a hard line on funding...
15:36 - 6 Jun 2017
41 452 Retweets 67 809
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Donald J. Trump ✔ @realDonaldTrump
...extremism, and all reference was pointing to Qatar. Perhaps this will be the beginning of the end to the horror of terrorism!
15:44 - 6 Jun 2017
43 667 Retweets
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C’est énorme ! Un sommet de cynisme et de stratégie du chaos avec la mise en place d’un leurre spectaculaire pour concentrer la vindicte internationale et remobiliser le front sunnite, via notamment le projet d’une « OTAN arabe », front qui se fissurait dangereusement depuis le changement d'Emir à Doha en 2013, nourrissant un réalisme grandissant de certains Etats du Conseil de coopération du Golfe sur le rôle incontournable de Téhéran dans tout apaisement régional sérieux.

« La fin de l'horreur du terrorisme » ? Les deux attentats en Iran ont dû rappeler Donald Trump à une certaine réalité... Il faut donc dresser un état des lieux suffisamment détaillé pour comprendre comment et pourquoi Doha a pu se retrouver dans cette soudaine quarantaine.


Une vieille rivalité entre l’immense Arabie et le petit Qatar

En 1995, l’émir du Qatar, Khalifa ben Hamad Al Thani, est en Suisse. Son fils, alors ministre de la Défense et chef des forces armées, réalise un coup d’Etat à Doha. Hamad ben Khalifa Al Thani va régner jusqu’en 2013 et procédera à une profonde modernisation du petit émirat tout en déployant une politique internationale intensive et multivectorielle. Symbole de son influence, la chaîne arabe Al-Jazeera va inonder d’informations le monde islamique et pas seulement. Mais le Qatar n’est pas que le promoteur de l’islamisme. Hamad ben Khalifa Al Thani apporte certes son soutien aux Frères musulmans dans le monde arabo-musulman ou au Hamas en Palestine, mais il mène aussi de façon assidue une politique de rapprochement avec les pays occidentaux, en promouvant dans son petit pays de 300.000 citoyens, une politique éducative intense, où les universités anglo-saxonnes jouent un rôle de tout premier plan, et en investissant massivement à l’étranger via son fonds souverain, la Qatar Investment Authority. La France sera l’un des points d’ancrage privilégiés de cette influence qatarie, grassement récompensée en espèces sonnantes et trébuchantes. Doha possède ainsi des parts dans de nombreux fleurons français comme Lagardère, Total, EADS, Vinci ou Areva. Aux Etats-Unis, le Qatar finance aussi des think tanks comme la Brookings Institution. Pour gagner en influence, la politique étrangère de l'Emir se déploie donc tous azimuts… au risque d’un intenable grand écart.

Cette influence extérieure est rendue possible par l’enrichissement très rapide de cet Etat pétrolier, mais surtout gazier. Ses eaux territoriales s’étendent sur la moitié du plus grand champ gazier offshore du monde, le North Dome Field, dont l’autre moitié se situe dans les eaux iraniennes. Il génère aujourd’hui près de 60% du PIB du pays, faisant du Qatar le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), dont les pays asiatiques, notamment le Japon, sont de très grands importateurs. Plus d’un millier de méthaniers s’approvisionnent chaque année dans le port qatari de Ras Laffan. Mais le Qatar pense aussi au temps où le gaz ne sera plus. De 2005 à 2017, un moratoire limite l’exploitation du gisement, officiellement pour prévenir tout risque écologique à long terme, officieusement pour ne pas faire d’ombre au voisin iranien dont l’exploitation du gisement restait faible en raison des sanctions internationales. Investissant dans le monde entier, l'Emir Al Thani encourage les sociétés étrangères à s’implanter au Qatar où poussent petites et moyennes entreprises.

Mais ce sont les Printemps arabes en 2011 qui vont déstabiliser la politique d’influence trop gourmande de l’émir du Qatar. Contrairement à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, qui craignent un effet boule de neige, Al Thani décide de soutenir les rébellions qui fleurissent partout dans le monde arabe. L’émirat fournit ainsi un soutien massif en financements et en armes aux rebelles libyens pour renverser Kadhafi. En Égypte, Al Thani prend fait et cause pour le frère musulman Mohamed Morsi. En Syrie, le Qatar sera en première ligne pour soutenir les groupes armés rebelles islamistes, ceux qui relèvent des Frères musulmans comme Ahrar al-Cham, mais aussi ceux directs dérivés d’Al-Qaïda comme l' ex-Jabhat al-Nosra, rebaptisé Fatah al-Cham avant de se fondre dans le Hayat Tahrir al-Cham au sein duquel il reste dominant. L’arrivée des Frères musulmans en Tunisie et en Egypte fut alors, rappelons-le, naïvement interprétée comme le triomphe d’un modèle de société alternatif aux despotismes arabes dont le modèle achevé aurait été la Turquie d’Erdogan, alliant développement économique et islamisme « modéré » depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir en 2002. Un « modèle » qui n’en demeure pas moins concurrent du leadership auquel prétend l’Arabie saoudite sur le monde arabe sunnite.

C’est là un virage stratégique majeur de la politique extérieure du Qatar, qui profitait jusque-là de son nouveau poids diplomatique pour se poser en puissance médiatrice notamment à propos des crises du Liban, du Darfour ou de l’Erythrée.

L’Arabie Saoudite voit alors déjà d’un très mauvais œil l’influence économique et politique grandissante de ce tout petit Etat péninsulaire qui veut marcher dans la cour des Grands jusqu’à la supplanter. La Syrie sera le tournant de cette nouvelle stratégie de Doha. Fin 2013, l’émir du Qatar abdique et laisse sa place à l’un de ses nombreux fils, Tamim Ben Hamad Al Thani. Comme l’explique très bien Ardavan Amir-Aslani dans Atlantico : « Si on laisse de côté la maladie diplomatique qui ne trompe personne, il y a à mon sens deux raisons essentielles (à son abdication). Primo, son échec cuisant en Syrie. Il y a deux ans, il avait promis à ses alliés occidentaux que le régime de Bachar Al-Assad ne tiendra pas six mois. Secundo, la marge de manœuvre qu’il s’est octroyée dans l’appui aux islamistes, dépassant ainsi le seuil de tolérance américain. C’est que le Qatar est allé trop loin dans le soutien financier et militaire à des salafistes qui sont encore considérés par l’administration américaine comme étant des groupes terroristes. Notamment Al-Qaïda, et pas seulement en Syrie, mais en Irak, en Libye, au Mali et en Somalie. »

Depuis 2013 donc, si l’émir Tamim prolonge globalement la politique étrangère de son père – en mettant un point d’honneur à conserver son indépendance – il le fait de manière moins offensive que celui-ci, notamment dans le financement des rébellions islamistes et djihadistes à travers le monde. Comme le dit Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, « Tamim a voulu nettoyer les écuries »… Il a choisi en revanche de maintenir de façon réaliste une certaine compréhension vis-à-vis de Téhéran au grand dam de l’Arabie Saoudite. Une première crise diplomatique avait eu lieu en mars 2014 lorsque l'Arabie Saoudite, les EAU et Bahreïn avaient déjà rappelé leurs ambassadeurs à Doha. A l'époque, les trois pays du Golfe reprochaient à leur voisin ses liens avec les Frères Musulmans et ses "ingérences" dans les affaires du Golfe. En fait, Riyad reproche à Doha de ne plus soutenir le même djihad mondial et de retrouver la voie d’une position plus équilibrée vis à vis de Téhéran et maquille cette déconvenue d’une accusation en soutien du terrorisme pour noyer le poisson de sa véritable cible, Téhéran, dans une très inquiétante convergence avec Washington et Tel-Aviv.

La crise diplomatique actuelle ne peut donc être comprise sans avoir à l’esprit cette forte et ancienne concurrence entre l'Arabie saoudite et le Qatar. La soudaine condamnation de Doha est une réaction sous la houlette de Riyad, réassuré par Washington, face à la fissuration du front sunnite contre Téhéran (et Damas). L’Egypte fortement soutenue financièrement par l’Arabie Saoudite, a rejoint la fronde actuelle. D’après Al Monitor, le régime du Maréchal al-Sissi chercherait à isoler le Qatar depuis plusieurs années, lui reprochant de soutenir les organisations terroristes (en particulier les Frères musulmans), l’idéologie de l’Etat islamique qui prospère dans le Sinaï, et d’interférer dans ses affaires intérieures.

Quant à Riyad, sa convergence-connivence avec Le Caire, dans laquelle Moscou essaie d’ailleurs avec constance d’enfoncer un coin, se base sur la rivalité idéologique qui oppose la branche wahhabite saoudienne à celle des Frères musulmans. L’Arabie saoudite tente par divers moyens de chasser les Frères musulmans qui ont prospéré sur les révoltes arabes en soutenant Sissi. On ne peut également s’empêcher de songer à une séquence inachevée amorcée avec le Coup d’Etat manqué en Turquie de 2016. L'opprobre actuel jeté sur le Qatar pour le déstabiliser pourrait faire à nouveau de la Turquie une cible à moyen terme.

Le tournant pro-saoudien de Donald Trump, qui semble avoir rompu (de gré ou de force) avec le rééquilibrage stratégique tenté par son prédécesseur qui avait abouti à l’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015, a donné au Royaume l’occasion inespérée de remettre le petit Etat gazier à sa place. Mais ce premier niveau d’analyse n’est probablement pas le plus déterminant. A un second, c’est davantage la rivalité entre Riyad et Téhéran (et en filigrane celle entre Washington et Moscou) qu’il faut mesurer pour comprendre le sort actuel du Qatar


Une rivalité absolue entre l’Arabie et la Perse

Car, au fond, s’il existe bel et bien une rivalité entre les différents États du Golfe, s’il existe encore indubitablement une rivalité relative à l’influence idéologique sur le monde islamique avec d’un côté le wahhabisme en Arabie Saoudite et de l’autre les Frères musulmans au Qatar et en Turquie (et les financements concurrents du terrorisme qui vont avec), la principale force motrice de ces tensions reste le duel que se livrent Riyad et Téhéran. Un duel qui peut « monter aux extrêmes » jusqu’à la « guerre absolue » ou se jouer par proxies interposés via de « petites guerres » (encore une expression clausewitzienne, qui faisait référence à l’époque à la campagne napoléonienne en Espagne et à la découverte de l’art de la guérilla).

On peut sans doute dire que nous assistons à l’heure actuelle, à une phase de montée aux extrêmes dans ce duel irano-saoudien qui se matérialise déjà par les guerres en Syrie et en Irak. Les puissances sunnites ont d’abord tenté à partir de 2011, de renverser à Damas un pouvoir jugé trop proche de Téhéran. Aujourd’hui, fort du soutien russe, l’Iran fait de la Syrie une étape essentielle de sa route terrestre vers la Méditerranée que le Roi de Jordanie, en 2004, avait qualifiée de « croissant chiite » (Téhéran/Bagdad/Damas/Beyrouth). A noter par ailleurs que celui-ci recouvre sa réalité territoriale puisque le 9 juin les forces gouvernementales syriennes ont atteint la frontière syro-irakienne à l'est du passage d'Al Tanf, tenu par les rebelles et les forces spéciales américaines, faisant la jonction avec les forces gouvernementales irakiennes et les Unités de mobilisation populaires chiites.

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Situation militaire au sud-est de la Syrie le 09/06/2017. En rouge les forces gouvernementales syriennes ; en vert les rebelles syriens ; en rose les forces gouvernementales irakiennes ; en noir l'Etat islamique.

Les forces gouvernementales prennent ainsi un avantage décisif dans la course pour l'Est syrien que nous évoquions le mois dernier, puisque les rebelles soutenus par les Etats-Unis se retrouvent désormais bloqués par les forces pro-gouvernementales.

Parallèlement à la Syrie, la guerre au Yémen, où l’Arabie saoudite patine face aux rebelles houthis tout en massacrant les civils dans un assourdissant silence médiatique occidental, illustre ces « petites guerres » par proxys qui alimentent le duel irano-saoudien.


Turquie, Iran, Qatar sous la houlette de Moscou : un rapprochement énergétique

Le crime de lèse-majesté qatari, source de sa mise au ban, est donc la politique réaliste vis-à-vis de Téhéran menée par Doha depuis plusieurs années. C’est là évidemment son plus grave péché aux yeux de Riyad. Les raisons en sont à la fois politiques, énergétiques et économiques. Politiquement, le Qatar se sert de cette relation avec l’Iran pour affirmer une ligne indépendante par rapport aux autres Etats qui s’alignent sur la position maximaliste saoudienne au sein du Conseil de Coopération du Golfe. L’autre raison à cette relation spéciale entre l’Iran et le Qatar est énergétique et donc économique.

Doha et Téhéran partagent en effet dans le Golfe persique le plus grand gisement gazier offshore du monde, évoqué plus haut. North Dome du côté qatari et South Pars du côté iranien représentent ensemble près de 20% des réserves mondiales de gaz naturel sur environ 10.000 km2. Exploité depuis 1989 par le Qatar, ce gisement l’est beaucoup moins du côté iranien car Téhéran est considérablement en retard dans son exploitation du fait des sanctions économiques qui ont existé jusqu’en 2015 et qui, en réalité, ne sont levées que très progressivement.

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Carte des infrastructures énergétiques du Qatar. © U.S. Energy Information Administration, IHS EDIN.
Carte des infrastructures énergétiques du Qatar. © U.S. Energy Information Administration, IHS EDIN.
L’un des facteurs du déclenchement de la crise en Syrie provient on le sait de désaccords sur le tracé de pipelines entre les pays sunnites, partisans d’un « tracé sunnite » depuis North Dome, et l’Iran favorable à un « tracé chiite » par l’Irak et la Syrie. Mais l’évolution de la guerre en Syrie et le sauvetage du régime par la Russie et l’Iran ont sensiblement modifié la donne. Les puissances sunnites, à commencer par le Qatar, ne pourront pas éliminer le régime de Damas et l’influence iranienne en Syrie pour faire se rejoindre un futur pipeline « sunnite » des pays du Golfe et un pipeline turc de sorte à approvisionner l’Europe en gaz qatari. L’Iran, de son côté, manque d’investissements financiers et de savoir-faire technique et a besoin de Moscou pour exploiter South Pars. Mais le rapprochement tactique entre la Turquie et la Russie change lui aussi la donne. Désormais, avec le projet russo-turc relancé de pipeline Turkish Stream qui mène vers l’Europe du Sud, aucun pays producteur ne peut espérer vendre du gaz à l’Europe en passant par la Turquie sans l’accord de la Russie. C’est là la grande victoire énergétique de Moscou au Moyen-Orient. En sauvant Damas et en se rapprochant à la fois de Téhéran et d’Ankara, la Russie force le Qatar à coopérer s’il veut vendre du gaz naturel en Europe. Cette évidence s’est concrétisée le 20 février dernier lorsque, l’ambassadeur de Russie au Qatar, Nurmakhmad Kholov, a annoncé à l’agence russe Tass que « le Qatar investissait près de 2 milliards de dollars dans les activités de l’entreprise russe Novatek, plus important producteur indépendant de gaz de Russie ». Kholov a précisé que « la Russie et le Qatar ont réussi ces trois dernières années à obtenir de bons résultats en matière d’économie et d’échanges commerciaux grâce au travail conjoint de la Commission intergouvernementale pour le commerce, l’économie, la science et la coopération technique » entre les deux pays. Avant de conclure : « Le Qatar exprime un grand intérêt pour les produits agricoles russes ainsi que pour les projets russes en matière de pétrochimie et de sources énergétiques, autant que dans le domaine de la construction ».

Ceci est dans la droite ligne de la privatisation du géant public russe du pétrole, Rosneft, qui a eu lieu au début du mois de décembre dernier. L’Etat russe qui possédait 50% de Rosneft, première entreprise pétrolière mondiale, en a cédé 19,5% du capital au fonds d’investissement Glencore ainsi qu’au fonds souverain du Qatar (dans une proportion que l’on ignore) pour un montant de 10,5 milliards de dollars, qui doivent servir au renflouement du budget russe via l’entreprise publique Rosneftegaz. Précisons que le Qatar est lui-même majoritaire au sein du fonds Glencore. Comme le résume bien le Général (2S) Jean-Bernard Pinatel dans Atlantico, « trois pays – la Russie, l’Iran et le Qatar – possèdent 50% des réserves mondiales de gaz naturel. Les trois sont désormais alliés économiquement et stratégiquement, ce qui marque l’échec de la stratégie de l’Union européenne de diversification de ses sources d’approvisionnement de gaz naturel inspirée et voulue par les Etats-Unis et l’Otan ».

J’ose renvoyer ici à un autre post écrit il y a quelques mois et que l’actualité confirme désormais pleinement : « Qatar-Russie : une lune de miel énergétique à l’ombre de la crise syrienne ».

Qatar-Russie : une lune de miel énergétique à l'ombre de la crise syrienne - BOUGER LES LIGNES - C. Galactéros

L'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine. Il est parfois des couples improbables et discrets qui se forment à l'abri du tumulte d...

http://galacteros.over-blog.com/2017/02 ... ienne.html

La contre-attaque américaine et le spectre d’un conflit d’intensité moyenne

Il est probable que c’est l’officialisation de cette alliance énergétique inattendue qui a provoqué l’inquiétude de Washington, après une ère Obama de recul généralisé de l’influence américaine au Levant. En Turquie, le sultan néo-ottoman Recep Tayyip Erdogan s’appuie sur Poutine pour gagner en indépendance (dans un chemin éminemment périlleux, celui de l’islamisme) par rapport à Washington notamment. L’Iran est fortifié par les crises irakienne et syrienne qui lui permettent de projeter son influence tout en sortant de l’autarcie avec le traité de 2015. Enfin, dans un ultime coup du sort pour l’Amérique, le Qatar, friand d’indépendance vis-à-vis des autres pays du Golfe, entame une lune de miel énergétique à fronts renversés avec Moscou, Téhéran et Ankara… Il fallait réagir.

Donald Trump s’est bien rendu compte que le leadership from behind privilégié par Barack Obama signifiait un recul de l’influence américaine au Moyen-Orient, qui avait connu une phase d'interventionnisme ascendante dans les années 1990, aiguë à partir de 2001, mais dont les résultats dramatiques en terme de dispersion du terrorisme et de déstabilisation politique avaient conduit le successeur de GW Bush à prendre une posture plus en retrait militairement. Le candidat républicain veut rompre avec ce relatif effacement et revenir à une implication pragmatique (pas forcément plus stabilisante toutefois...) fondée sur la culture du « deal » indifférente aux «droits de l'homme » et calibrée sur la promotion des seuls « intérêts nationaux américains » envisagés sous un angle d’abord commercial. Cette culture du deal ne signifie aucunement un retour à l’isolationnisme comme certains observateurs ont pu le penser. Or, pour endiguer le déclin américain au Moyen-Orient, Donald Trump ne peut prendre le risque d’affronter directement la Russie ou de se lancer dans des guerres sans fin qui n’aboutissent qu’à l’entropie et à la multiplication d'États dits « faillis ». La stratégie de Donald Trump, bien énoncée pendant sa campagne, repose sur la (re)fabrication d’un ennemi principal, l’Iran, qu’il appelle à endiguer.

Pour endiguer l’Iran, Donald Trump choisit en Syrie de contrecarrer le projet de corridor iranien en Méditerranée en soutenant les rebelles du Front du Sud, évoqué dans notre précédent article, stratégie toutefois mise à mal comme nous l'avons vu quelques lignes plus haut. Mais surtout, dans cet objectif, le nouveau président américain décide de s’appuyer sur le duel irano-saoudien. C’est là la signification profonde de la crise qui voit le Qatar isolé des autres pays du Golfe. C’est avec des garanties directes de Washington que Riyad a pu lancer une telle offensive diplomatique. La concordance des agendas entre la visite moyen-orientale de Donald Trump et les événements anti-qataris du 5 juin est tout sauf une coïncidence.

Jusqu’où ira l’escalade ? Le Qatar abrite la base aérienne d’Al Udeid, plus grande base américaine au Moyen-Orient avec un personnel s’élevant à 10 000 hommes, d’une importance stratégique majeure pour les Etats-Unis dans la région, puisqu’elle sert de QG avancé à l'USCENTCOM, à sa composante aérienne du de l'USAFCENT, ainsi qu’au célèbre corps expéditionnaires du 379 AEW. Elle abrite également le 83ème Corps expéditionnaire aérien britannique, et sert à la Coalition internationale contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie. C’est sans doute pourquoi le Pentagone s’est désolidarisé des propos de Trump par la voix de son porte-parole Jeff Davis : « Nous continuons d’être reconnaissants aux Qataris pour leur soutien de longue date à notre présence [...] et nous n’avons pas pour projet de la modifier. » Tout cela laisse également peu de chance pour l’instant à une montée aux extrêmes de nature militaire entre Doha et les autres Etats du Golfe.

Certaines mauvaises langues ont pu dire que les EAU avaient intérêt à provoquer cette crise pour que les relations américano-qataries se dégradent et qu’elles poussent Washington à déplacer chez eux leur base qatarie. Nous ne pouvons formuler que des hypothèses et étudier leur validité. Le réel est trop complexe pour être affublé de certitudes. Mais certains signes d’escalade ne trompent pas. Le Qatar a mis ses forces de sécurité en alerte maximale, et les bâtiments stratégiques ont été placés sous protection militaire à Doha.

La Turquie quant à elle, ayant des liens idéologiques et économiques très forts avec le Qatar, a autorisé le 7 juin, par vote du Parlement et en vertu d’un accord d’assistance mutuelle signé en 2014, l’envoi de soldats en renfort de sa base militaire qatarie, la première du Moyen-Orient, inaugurée en avril 2016. Elle devrait voir ses effectifs passer de 200 à 3000 militaires sur une capacité totale de 5000.

Comme le relate The Duran, ce rapprochement entre l’Iran et le Qatar et le soutien affiché par la Turquie ne manque pas d’ironie : « We are now witnessing the odd spectre of Turkey breaking rank with the US over Qatar and also Iran defying the US presence in the Gulf in order to offer assistance to a wayward US ally. » L’iran protecteur du Qatar, cela ne manquerait pas de sel…

Par ailleurs, la résurgence de la russophobie ordinaire est de rigueur : à Washington, on accuse des hackers russes d’avoir déclenché la crise par un piratage informatique visant à créer une “fake news” relative à la proximité entre Doha et Téhéran. Quant aux Qataris, qui participaient pourtant jusqu’à lundi à la coalition du Golfe au Yémen, ils sont aujourd’hui accusés par Riyad de soutenir les rebelles houthis pro-iraniens. Si aucun signe d’un conflit militaire de moyenne intensité n’est aujourd’hui visible, le spectre d’un telle possibilité se dessine clairement.



Israël, du côté de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis

Avant de conclure, un dernier point concernant l'État hébreu. Le Qatar est depuis longtemps le principal soutien du Hamas en Palestine. Israël, de son côté, se rapproche davantage de l’Arabie Saoudite et de ses vassaux comme les EAU, la Jordanie et l’Egypte ou encore Bahrein. Comme l’écrit Cyrille Louis dans Le Figaro, « les discrètes relations nouées entre l'État hébreu et plusieurs pays sunnites de la région [...] se sont intensifiées au cours des cinq dernières années. L'Arabie saoudite et ses voisins refusent d'officialiser ces partenariats aussi longtemps qu'Israël n'acceptera pas la création d'un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 ». Ce lundi, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a voulu voir les « bons côtés » de cette crise. « Les États arabes comprennent que le véritable danger pour la région n'est pas Israël mais l'Iran », a-t-il notamment déclaré devant la Knesset. La quarantaine imposée au Qatar, a-t-il ajouté, « crée de nombreuses possibilités pour coopérer dans la lutte contre le terrorisme. Israël est plus qu'ouvert à ce sujet, et la balle est désormais dans l'autre camp ».

Pour endiguer l’Iran et retrouver de l’influence au Moyen-Orient, Washington peut effectivement compter autant sur l’Arabie Saoudite que sur Israël qui vouent une haine commune à Téhéran. “Les ennemis de mes amis sont mes amis”. Le dicton n’a jamais été aussi vrai qu’en ces trois points du Levant que sont Tel-Aviv, Riyad et Téhéran.

J’avais évoqué cet axe Washington - Tel-Aviv - Riyad dans le billet « Premiers pas dans le vaste monde pour Donald Trump ». Si Riyad en profite pour affirmer son nouveau rôle de leader en matière de lutte contre le terrorisme (sunnite ou chiite, that is the question... que personne ne pose cependant) en faisant du Qatar le bouc-émissaire du terrorisme islamique, Tel-Aviv joue de cette crise pour affaiblir le pays qui accueille la direction politique du Hamas palestinien, tout en renforçant l’unité de l’axe anti-iranien.

Pour l’instant, le Qatar résiste toutefois. L’Emir Tamim a refusé de rencontrer pour l’instant Donald Trump et a réaffirmé la politique d’indépendance et la résilience économique de son petit pays. Samedi, le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a rencontré son homologue russe, Sergeï Lavrov, à Moscou. Le président Poutine peut rester discret sans craindre d’être exclu de ce jeu qui illustre une fois de plus le retour de la Russie dans le concert des nations, en particulier au Levant.

Et pour conclure en images, observez comment le trafic aérien au Qatar aérien au Qatar a changé en quelques jours. Quelques avions sur une carte sont parfois éloquents...


Source : http://galacteros.over-blog.com/2017/06 ... -mire.html
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geronimo
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

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