Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

De l'époque numide aux temps modernes.

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numidia
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Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par numidia »

Palmier Dattier a écrit :1- Je trouve que « la polémique » déclenchée à propos des tribus de Misrata sur la nature et la place de l’islam et de l’islamisme dans nos sociétés maghrébines est tout simplement FORMIDABLE et démontre l’originalité de l’expérience populaire historique algérienne dans ses questionnements théoriques fondateurs.(voir les interventions et interrogations/réponses de Tayeb, Numidia et Tahiadiddou). Et puisque j’ai contribué à déclencher cette polémique, je souhaite répondre (de manière finale) à ceux qui m’ont interpellé (Fulcum/Anzar/Youce) sur le contenu de mon intervention afin de bien cadrer le sens théorique des qualificatifs que j’emplois et en particulier la définition précise de la catégorie relevant des sciences politiques qu’est « l’islamisme » ).
2- La philosophie était considérée au Xème (à l’époque ou Bagdad était le phare de la civilisation) comme la mère de toutes les sciences et la source de toutes les réformes. Il n’y avait pas de différence entre la métaphysique et ce qui deviendra plus tard les philosophies naturelles, puis les sciences naturelles. La Métaphysique fut considéré jusqu’au XVII siècle en occident (il n’y a donc pas si longtemps) comme la source de toute connaissance. Mais pour le Monde Arabe, cette séparation fut bien plus précoce ! Nous avons pu observer en parallèle au développement de la pensée métaphysique musulmane dès le IXème siècle, un début d’autonomisation de certaines disciplines comme l’astronomie ; les mathématiques ou la médecine sous l’influence avant gardiste de penseurs exceptionnels (arabes et perses : Habash El Hasib pour l’astronomie ; El Khawarizmi et les frères Moussa pour les mathématiques et Ibn Sina pour la médecine).
3- On ne fait pas suffisamment justice dan l’histoire du développement de ce qui fondera bien plus tard le corpus des matières dites « scientifiques » puis « dures » au rôle exceptionnel de Beit El Hykma et du Calife El Mamun dans ce début de séparation du corpus « scientifique » lié à la religion et celui lié à toutes les matières sujettes à « expérimentation » et « pragmatisme », méthodologies au cœur de la démarche scientifique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Demain la démarche scientifique intégrera, avec l’évolution de l’espèce humaine, certainement d’autres notions cognitives que nous sommes incapables de penser pour le moment.
4- Cette autonomisation relative des mathématiques, de l’astronomie et de la médecine par rapport à la Religion (l’Islam étant considéré, à l’époque comme la source suprême des sciences prises sous l’angle de la connaissance divine, infinie en toutes choses) fonde la grandeur de la civilisation arabo-musulmane et nourrie la durabilité de ses expressions pré-étatiques ; c'est-à-dire califales.
5- Depuis cet âge d’or de l’Islam, décrit par Tabari, les questionnements sur les sources de la décadence arabo-musulmane ont taraudé les penseurs musulmans ; les exégètes en Islam ; c'est-à-dire en « sciences islamiques » et plus précisément les docteurs en « connaissances islamiques » avec la question centrales suivante : qu’est ce qui a déclenché la décadence arabo-musulmane ? Et donc un questionnement complètement tourné vers la tentative de reformulations fondatrices prises sous l’angle exclusif (mais pouvait il en être autrement ?) des instances culturelles et civilisationnelles.
6- Plusieurs penseurs musulmans ont tenté de trouver des réponses pour caractériser la décadence de « Beit El Islam » qui est encore très loin de la notion de Nation comme nous la pratiquons aujourd’hui. La réponse, la plus remarquable de notre point de vue fut celles apportée par Ibn Khaldun dans La Muqqadima, tentant de renouer dans une Méthodologie de l’Histoire avec la démarche pragmatique c'est-à-dire scientifique, caractéristique de ses illustres prédécesseurs. Pour moi Ibn Khaldun est moins un précurseur des sciences sociales modernes comme il est souvent affirmé par des chercheurs idéologues, qu’un digne héritier du « Qalam El Islam » ayant su se hisser la puissance de sa pensée au niveau de celle de ses illustres prédécesseurs que sont les Habash El Hasib, El Khawarizmi et Ibn Sina dans l’étude des « mœurs politiques » et des « civilisations » de son temps.
7- L’intrusion de La Nation au XVIII siècle (au sens contemporain du terme) fut celle de la machine à vapeur qui est une rupture technologique fondatrice. C’est, pour moi, la révolution industrielle qui fonde la Nation telle qu’elle existe aujourd’hui. Si les interrogations de « Beit El Islam » relèvent d’instances culturelles et civilisationnelles pour l’essentiel ; celles soulevées par la Nation relèvent des instances sociales et économiques induites par les bouleversements qu’entraine la machine à vapeur dans les rapports sociaux (le rapport inégal au travail) et d’accumulation primitive du capital. Cela débouche inéluctablement sur la domination des peuples «technologiques» qui ont maitrisé le syncrétisme du fer, de l’eau et du feu contre les peuples qui n’ont pas su le réaliser. Rosa Luxembourg, a eu la première, à cet égard des intuitions fulgurantes quant à la nature du colonialisme et de l’impérialisme se nourrissant du mouvement social européen porté par le Capitalisme et La Nation tels que nous les comprenons aujourd’hui.
8- Et c’est précisément ici que nait l’immense hiatus (et la polémique stimulante qui nous occupe) entre les tentatives de renaissances culturelles et civilisationnelles portées par « la pensée musulmane » et les « dynamiques nouvelles » (je n’emploierai pas le terme de « dynamiques modernes » car la modernité n’est pas seulement emprunte au capitalisme mais pouvait exister y compris dans les sociétés antiques) qui sont désormais celles engendrées par les logiques des instances sociales et économiques.
9- C’est dans ces articulations (des instances culturelles, civilisationnelles, sociales et économiques), provenant d’histoires des peuples et de progrès scientifiques et technologiques divers et différenciés que nait l’affrontement entre la pensée réformiste musulmane et celle matérialiste européenne prenant elles mêmes racines dans l’histoire de la pensée philosophique que j’ai succinctement décrite dans les points précédents, préalables indispensables à la compréhension de « l’islamisme » comme catégorie des sciences politiques.
10- Cet affrontement (entre « matérialisme occidental » porté par la révolution industrielle dans ses formes « capitalistiques pures et totales » et « pensée réformiste muslmane » soutenue par le « capitalisme marchand » expurgé de sa dimension scientifico-technologique) trouvera son point culminant en Algérie dans le combat forcément inégal du point de vue matériel mais O combien supérieur du point de vue spirituel, que livrera l’Emir Abdelkader au colonialisme colbertiste et jacobin français.
11- En puisant au sommet de la philosophie musulmane soufie incarnée par l’immense Ibn Arabi, l’Emir Abdelkader fonde véritablement une philosophie de l’effort et de l’action. Dans « Rappel à l’intelligent ; avis à l’indifférent » l’Emir Abdelkader proclame que l’homme a reçu de Dieu le don de la perfection. Il indique ainsi les voies d’une « Sharia Islamiya » ou les sphères de l’intelligence sont en connexion étroite avec l’élévation spirituelle. Si pour la France coloniale, l’Emir Abdelkader est un « fanatique mahométan », pour les tribus qui ne sont pas encore spécifiquement « algériennes » et qu’il réussit à fédérer autour de son action, l’Emir est le « défenseur de la Foi ». C’est donc au nom de l’Islam et non pas au nom
de la Nation ou de l’Etat (catégories se situant encore en dehors du champs de l’expérience historique Arabo-musulmane) que l’Emir Abdelkader offre une résistance combattante, intellectuelle et spirituelle tout simplement inconnue à son époque. L’Emir Abdelkader n’est pas le précurseur d’un Etat contemporain tel que veulent bien le décrire les idéologues du FLN mais le fondateur d’un Etat moderne et réformé qui se proclame musulman, protecteur et défenseur de « Beyt El Islam » dans le droit fil de la pensée pragmatique de « Dar El Hykma ». Pour ma part je suis quasiment certain, que l’Emir Abdelkader avait bien entendu une connaissance intime et profonde de Ibn Arabi (ce qui est attesté par ses très nombreux écrits) mais avait aussi lu et intégré la pensée « scientifique » de Ibn Khaldun.
12- J’encourage fortement les chercheurs à s’intéresser à l’influence intellectuelle que l’Emir Abdelkader sur des réformateurs muslmans tels que Djamal Eddine El Afghani ou Mohammed Abou. Et les réponses de ces deux fondateurs de la pensée islamique moderne du XIXème siècle à Ernest Rénan (qui pour sa part oppose « esprit scientifique » et « fanatisme musulman ») portent la marque de la réflexion originale de la pensée de l’Emir Abdlekader.
13- C’est donc fort de cette expérience de « la résistance historique islamique », organisée et rigoureuse de l’Emir Abdelkader que le mouvement national va puiser une partie de sa légitimité portée par les instances culturelles et civilisationnelles voulues par la mouvement El Islah. Les autres logiques qui nourriront le mouvement national seront par contre menées par les dynamiques sociales et économiques tirées de l’expérience prolétarienne de l’immigration algérienne.
14- Au cœur du colonialisme, les prolétaires algériens marqués par les courants de pensée syndicalistes établissent peu un peu un corpus théorique du nationalisme algérien moderne qui se lit en contre point du nationalisme jacobain français. En ce sens l’action de la revendication nationaliste algérienne dans l’immigration porte dès le départ la matrice idéologique de la révolution française alors que l’action d’un Cheikh Ben Badis se situe elle clairement dans le cadre de la pensée islamique dont nous avons dressé rapidement la dynamique historique.
15- Mohammed Harbi, Benjamain Stora (tous deux trostkystes mais se rattachant à la revendication du siècle des lumières du XIXème siècle français) et d’autres historiens comme Mahfoud Kaddache ( nationalistes qui ne renient pas Rousseau et Montesquieu) voient le mouvement national divisé en deux grandes tendances. La première tendance serait révolutionnaire (PPA, MTLD puis FLN pour faire court) et la seconde serait réformiste (Harakat El Ouléma et les communistes assimilationistes). Pour ma part, et ce pour répondre à Numidia, je dénonce cette catégorisation car en réalité elle cache les véritables fondements idéologiques et historiques qui ont procédé à la grande étincelle de Novembre.
16- L’essentiel des militants du PPA (donc les plus radicaux du point de vue de la révolution algérienne proclamant l’indépendance immédiate) vient de Haraket El Ouléma et ont été formés dans les zaouias que Ben Badis a tant contribué à rénover. Le renforcement de la personnalité nationale musulmane et arabe, dont Ben Badis, fils d’une grande tribu berbère (les sanhadji) fut le défenseur acharné a produit des générations de militants dont la personnalité de base est d’abord abreuvée à l’aune de la pratique de la récitation du Coran et des penseurs musulmans d’El Islah, héritiers idéologiques de l’Emir Abdelkader .
La proclamation du 1er Novembre se fait bien d’abord au nom de l’Islam comme principe premier : « BUT : L’Indépendance nationale par : 1) La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. »
C’est donc bien au nom de l’Islam que le mouvement national appelle au redressement. Et c’est au nom de cet Islam que le mouvement national maintenant intégré dans les dynamiques économiques et sociales coloniales portées par le capitalisme moderne revendique sont autonomie totale.
17- C’est aussi au nom de l’Islam et de sa défense qu’un Amirouche (pour répondre à Tayeb) prend les armes. Idéologiquement Amirouche, n’a rien à voir avec un Abane Ramdane. Autant Amirouche a une observance scrupuleuse de l’Islam, autant Abane ne cache guère ses préférences laiques…françaises ? Et ce n’est guère un hasard si Amirouche arrive à dialoguer avec les frères révolutionnaires radicaux de la Wilaya II (la tendance arabo-islamiste de la révolution algérienne) car le dénominateur commun est bien l’Islam alors qu’un Abane Ramdane (présenté comme le théoricien démocrate par les tenants du siècle des lumières pour faire vite) s’affrontera violemment à eux sous couvert de combat contre le « féodalisme musulman »…On n’est pas très loin de la pensée d’un Renan cité supra. Aujourd’hui un Amirouche ne serait pas très loin des positions idéologiques d’un….Madani Mezrag (ex chef de l’ex AIS) aussi choquant que cela puisse te paraitre.
18- C’est donc l’affrontement des instances économiques et sociales (issues du capitalisme de la révolution industrielle) et des instances culturelles et civilisationnelles (portées par le courant des zaouias et de la réforme de la pensée musulmane) qui donnera naissance à deux visions différentes du fait national algérien. Le nationalisme du FLN est plutôt porteur de la première tendance (dont les idées sont finalement proches de la révolution française) mais nourri par les pratiques militantes en provenance de Harakat El Ouléma alors que la seconde tendance plus « islamiste » n’arrive pas à exprimer un corpus théorique difficile à construire (car devant embrasser des niveaux de complexité induites par la décadence arabo-musulmane conséquence de la marginalisation des sphères scientifiques et technologiques dans la pensée musulmane).
C’est ce débat qui divise encore aujourd’hui les tenants des lignes nationalistes (logiques économiques et sociales) d’une part et des lignes islamistes (logiques culturelles et civilisationnelles) d’autre part avec en sus un élément nouveau, caractéristique des logiques de la mondialisation à savoir la question démocratique. C’est à ces dynamiques très profondément enracinées dans notre Peuple que l’Etat algérien doit synthétiser de manière novatrice au risque de provoquer des déséquilibres qui risqueront de l’emporter.
Il ne me reste plus qu’à remercier les tribus de Misrata de m’avoir donné l’occasion de replacer dans leur contexte les catégories d’ « islamisme politique », composante essentielle du Maghreb que j’ai mis en avant pour mieux expliciter mon refus absolu du bombardement de la Libye.
je ne te réponds que très rapidement pour l'instant
mais pour alimenter le débat:

point 11
l'émir a également parler de "watan" dans ses écrits, cette dimension n'est pas celui de Nation telle qu'on l'entend aujourd'hui, mais elle dénote bien d'un concept très riche, plus que ne veulent le faire croire certains chercheurs qui cherchent et enfermer l'émir dans une représentation religieuse à l'exclusion du reste

point 14
je pense que tu fais un bon trop rapide entre le mouvement tribal et traditionnaliste vers un mouvement syndicaliste et prolétaire
toute la phase 1866 - 1910 a été marqué par de profonds changements sociétaux en Algérie qui sont eux aussi des éléments fondamentaux de la pensée nationaliste, loin du syndicalisme

les points que tu soulignes dans tes divers points notamment en parlant de l'émir ou de Ben Badis : ce n'est pas de l'islamisme proprement parlé avec la connotation actuelle, (càd séparation entre temporelle et spirituelle combattu par une volonté d'intégrer la religion dans tous les champs institutionnels) puisque la notion de nationalisme et de foi n'est pas séparé de la notion politique à l'époque et que ce phénomène n'était pas inclus dans la pensée résistante de façon aussi dichotomique qu'elle l'est aujourd'hui
je n'ai peut être pas compris tout ce que tu as dit, mais je ne pense pas qe tes comparaisons sont possibles de façon si raccourcis
comparer les nationalistes d'hier avec l'Ais d'aujourd'hui (point 17) est totalement une manipulation intellectuelle et un faux argument
idéologiquement ils sont très différents, Mezrag est pour une confrontation et un internationalisme, pas de nationalisme, pas de frontière
alors que la dimension nationaliste de Amirouche est incontestable

je pense que tu joues à un effort intellectuel de comparaison dangereux et faux, très déformant qui touche (pour moi et vraiment désolée de te le dire au révisionnisme)
cette amalgame entre islamistes des années 90' et nationalistes de la Révolution est contestable sur les bases mêmes de de leur nature et de leur idéologie respective
entre un islamisme international des uns et un combat pour la souveraineté nationaliste et une indépendance nationale pour les autres en se basant sur toutes les valeurs intrinsèques


point 15

1) je n'ai pas séparé les 2, pour moi ils sont tous 2 intégrés à la pensée émancipatrice et fondatrice de notre Nation, j'ai dit qu'il existait un débat jusqu'à aujourd'hui et pour longtemps encore. D'aileurs ces 2 dimensions sont en synergie avec beaucoup d'autres, nous n'avons pas abordé la valeur culturelle et identitaire dans son ensemble et notamment l'aspect unificateur de la Nation par l'affirmation de sa richesse ethnique et culturelle
2) je pense que en fait il n'y a pas eu de ligne droite séparant les 2 mais il y a des moments et/ou des personnes qui ont plus travaillé et oeuvré en se basant sur l'un ou sur l'autre. je ne crois pas à la séparation de ces 2 dimensions de façon si nette, ce serait méconnaitre la nature humaine et a complexité historique et ce serait plus une schématisation et caricature intellectuelle

en te lisant je pense que c'est plutôt toi qui affirme une dichotomie entre les 2 dimensions (nationalisme et islam), la complexité et la diversité des tenants du mouvement réistant et de la Révolution les fils étaient imbriqués et étaient aussi composés de beaucoup d'autres éléments d'ailleurs

point 16 et 18
il manque le passage que je symboliserait schématiquement par Cheikh elHaddad, qui lui allie complétement et consciemment émergence d'un nationalisme affirmé et revendication identitaire avec comme vecteur la religion
le FLN est le fruit de plusieurs confrontations idéologiques et de nombreuses interrogations
il est aussi le fruit de ce que pensaient nos anciens qui pour certains il est vrai ont été instruit par la République française notamment sous la IIIième, donc la pire des phases de déculturation
cependant et cela je pense que tu le sais, la pensée issue de la tradition républicaoine et révolutionnaire française est surtout portait par des Ferhat Abbas qui a nié la possibilité de l'identité algérienne dans les années 40' pour ensuite après un effort d'introspecton et de recherche a compris toute son erreur
Ferhat Abbas écarté par les Révolutionnaires justement car jugé trop proche de la vision républicaine française

tu as une vision jacobine ou islamisante de l'histoire de la résistance, il faut ajouter une profondeur réelle la dimension populaire et traditionnelle (celle qui allie sentiment identitaire et valeurs fondamentales), l'action du terrain qui a beaucoup contribué à construire la nationalisme algérien
je ne pense pas que les choses soient aussi segementés et séarées que tu ne le présentes
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tayeb
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par tayeb »

Moi je ne vais répondre uniquement sur ce que j'appel le nationalisme combattant qui a déclenché la lutte armée de l'ALN.
La lutte armée n'est pas le fait d'un islam politique, sinon l'ALN aurait été greffer d'un I pour être l'armee de libération islamique nationale or ce n'a jamais été le cas :!:
@Palmier
Si tu peux me répondre avec des arguments pour Amirouche ce serait cool.
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kaci
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par kaci »

Sans vouloir trop m'étaler, je souhaite vraiment un peu plus d'explicitations sur Amirouche. Il est vrai qu'il a été entendu dans mains endroits que ce héros était islamiste. Mais cette ne tient pas la route. Pour une simple et bonne raison: s'il a été membre "oulémas", c'est parce qu'il s'était fait exclure des rangs du Mtld de l'époque, c'était à Saint-denis en région parisienne. Il était en fait très actif, c'est ce qu'il lui fait fréquenter les cafés nationalistes, par exemple celui de Mira Ab-rahmane son futur rival et colonel de la wilaya trois. Ce café était à Aubervilliers, alors que notre héros habitait le 15 ème et y travaillait également. Il a eu le luxe de se faire exclure par les Oulémas également, pour les mêmes motifs: radicalisme, très remonté contre les poules mouillées de modérés qu'étaient les autres. Alors islamiste? Pas du tout. Hormis la prière comme bon nombre d'algériens, il ne connaissait pas un mot d'arabe classique. Il était un lecteur assidu des revues nationalistes et communistes, pas un grand rédacteur. Pour moi, c'était une erreur monumentale de le rapprocher de "Si nacer", qui lui avait son environnement intellectuel et militant pro-nazi des volontaires arabes dans les diff"rents corps de la Wermacht. Il avait aussi un petit groupe de la même provenance pro-nazi, exemple Mahiouz Ahcène, chef de la commission d'enquête sur la bleuïte. Culturellement, intellectuellement, on est très loin de la majorité des Mtldistes, Algériens pieux sans plus, comme l'était Amirouche. De là à confondre son caractère dur et très actif avec un quelconque islamisme, c'est une lecture de l'histoire a posteriori.
cf, mêmeSi Saddek, Slimane Dehiles, le plus fidèle de Abane a été toute sa vie, même avant l'ALN, très pieux, est-ce un islamiste?
Pardon pour cette digression, sinon le débat sur l'Emir est succulent, malheureusement les lectures a posteriori viennent parfois, dans notre société si éclatée, fausser les vrais efforts de réflexions.
Pour moi aura été un Mtldiste, pieux algérien ordinaire; ses traits les saillants ne sont pas là.

tayeb
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par tayeb »

Rappelons également qu'à l'époque le colonialiste ne tolerait que les associations religieuses! Les nationalistes se sont servis de ses structures que comme paravent car les mouvements nationalistes étaient des mouvements clandestins.

Palmier Dattier
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Message par Palmier Dattier »

Bonjour Tayeb et Numidia.

1- Je suis un peu désolé de n'avoir pas répondu sur ce sujet auparavant. Il y a pour cela plusieurs raisons: mes occupations professionnelles ont été intenses. Surtout un tel sujet ne peut en aucun cas être comparé aux autres sujets du traitement de l'actualité politique. Les questions posées demandent un réel travail pour que l'on puisse y répondre sérieusement et ce n'est pas toujours évident. Par ailleurs, on touche à quelque chose de très profond (pour moi en tous cas) qu'il est toujours très difficile d'aborder superficiellement. Enfin les questionnements sont nombreux et pas forcément résolus en tous cas dans ma tete... :lol: Je veux dire qu'un tel sujet doit etre abordé avec la modestie et le doute chevillés au corps. Et cela n'est pas aisé de toujours se poser des questions souvent dérangeantes et renvoyant à une réalité différente de nos projections idéologiques ou de nos croyances très profondes.

2- Je veux aussi dire avant de commencer à participer à ce topic (en fait je n'en sais encore trop rien...), ouvert courageusement par notre sœur Numidia :avo: Moi, je n'aurai pas pu l'ouvrir !!!) que l'ensemble des personnages dont nous serions amené à parler mérite un très profond respect et ce quel que soit leurs mérites ou leurs insuffisances dans le processus révolutionnaire algérien. Ce sont des fils de notre Peuple qui ont participé à une épopée exceptionnelle d'exigences, de sacrifices et de dévouement à la cause nationale sacrée. Toutes les critiques que je serai amené à émettre (peut être durement) doivent donc être prises dans le cadre de l'immense respect que nous devons à nos Chouhadas. Ce que je viens de dire est encore plus valable pour le colonel Amirouche, certainement le meilleur organisateur militaire de l'ALN et de ses maquis de l'intérieur et au courage à nul autre comparable.

3- Pour ce qui concerne Amirouche (le loup de l'Akfadou), son islamo-berbérisme est attesté par de nombreux témoins directs comme par exemple son secrétaire particulier Amirouche mais aussi d'autres compagnons qui ont eu l'occasion de le connaitre. Amirouche était un croyant profond et d'une rectitude morale exceptionnelle. Ce n'est pas un complet hasard si le petit peuple aimait à le comparer à Omar Ibn El Khatab. Cette rigueur relevait chez lui du puritanisme berbère et sa religiosité exceptionnelle du respect scrupuleux des préceptes religieux. Il ne faut pas oublier que très longtemps, la lutte anti-coloniale était fortement confondue avec la défense de l'Islam. Le colonialisme était assimilé à une agression chrétienne et la lutte pour recouvrer l'indépendance une action en faveur du rétablissement du droit de l'Islam de régner en maitre sur ses terres.

4- Cet islamo-berbérisme n'a absolument rien à voir avec la crise berbériste de 1949. Amirouche était très profondément nationaliste. Sa conception de l'Algérie était fondée sur la morale religieuse avant tout. L'Etat dont il rêvait se devait d'être au niveau des exigences de la morale religieuse. En ce sens Amirouche qui n'était pas un intellectuel, ne différait pas beaucoup de la plupart de ses coreligionnaires. Simplement son engagement total et son désintéressement sincère faisaient de Amirouche, l'incarnation aux yeux du Peuple de l'intégrité en Islam.

Palmier Dattier
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par Palmier Dattier »

@ Numidia

Merci de tes remarques. Elles sont plus que pertinentes :avo:

Point11: Je suis d'accord avec ta remarque. C'est pour cela d'ailleurs que nous pouvons parler de l'Emir Abdelkader comme précurseur d'un Etat National moderne mais dont le contenu "national" est complètement différent de ce que le XIX ème siècle a produit en occident. L'organisation sociale de "l'Algérie" était tribale; les terres indivises et leur exploitation privative, en général par les familles les plus puissantes de la tribu. Cette organisation sociale tribale algérienne est le moteur principal de la résistance voulue par l'Emir. Et c'est dans le rapport entre le corpus étatique porté par la Smala de l'Emir Abdelkader (cette capitale itinérante exceptionnelle d'originalité et d'intelligence) et les tribus que nait l'Etat national de l'Emir; dans une association-dissociation des fonctions principales des Etats Modernes que l'on ne retrouvera pas ailleurs.

Je regrette d'ailleurs que l'on s'intéresse beaucoup à l'histoire militaire de l'Emir et que l'on néglige son rapport aux tribus et sa conception de l'action étatique s'appuyant sur les forces vives de sa "Nation" et la volonté qu'il avait de les réformer pour donner des formes permanentes à l'Etat qu'il entreprend de construire à Tagdempt.

Palmier Dattier
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par Palmier Dattier »

@Numidia

Point 15:
le nationalisme algérien prend d'abord sa source dans l'Islam. Il s'agit de défendre la Foi (l'Islam) contre l'agression que l'on perçoit comme une occupation avant d'en comprendre la nature coloniale. C'est l'Islam (comment peut il en être autrement dans un pays ou l'alphabétisation nourrie par les Oulémas et les zaouia est tout simplement remarquable) qui d'abord nourri la volonté de résistance qui prendra plus tard les formes d'un nationalisme plus moderne au fur et à mesure des progrès du colonialisme (comme système d'exploitation par l'asservissement de la force de travail indigène et le vol des terres et des richesses de tous ordres) en Algérie.

La réaction au fait colonial, au "progrès de la civilisation" et à "la marche du temps" viendra sous la forme de la constitution progressive d'un nationalisme radical; lui même en partie généré par le fait colonial mais nourri des valeurs religieuses.

Si la paix de la Tafna avait été respectée; nous aurions certainement vu une évolution du nationalisme algérien prendre une toute autre direction historique avec des formes dont il est difficile d'imaginer les aboutissements. C'est cette perspective d'une autre histoire dont la porte fut ouverte concrètement par l'Emir Abdelkader qui est tout simplement fascinante et qui rend ce personnage si grandiose à nos yeux.

Palmier Dattier
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par Palmier Dattier »

@ Numidia
Point 14.
La période 1870-1914 est marquée par l'entrée de plein pied de l'Algérie dans la mondialisation et le système capitaliste (au sens de l'organisation "économique et sociale efficiente"). Deux courants de pensée vont alors s'affronter et ils constitueront la trame idéologique autour duquel va s'articuler la pensée nationaliste dans ses différentes composantes (réformiste, libérale, communiste, assimilationiste etc...).
- Le premier courant de pensée se situe dans les villes nouvellement crées par le colonialisme ou ayant vu se développer une activité capitaliste industrieuse notable et s'abreuve aux valeurs du siècle novateur naissant. Ils est le produit historique du capitalisme dans sa phase pré-coloniale et coloniale. Les élites algériennes en contact avec ce puissant mouvement de l'histoire (que cela soient les prolétaires immigrés en France ou les petits ouvriers agricoles alphabétisés en Algérie importe peu car il s'agit du même mouvement de pré-mondialisation) produiront une pensée idéologique qui empruntera à la dénonciation de ce système d'exploitation. Ce sont les formes d'expression politiques "nationalistes" les plus proches de ce que nous connaissons aujourd'hui en articulation avec les instances économiques et sociales avec déjà l'émergence d'une conscience de classe.
- Le second courant de pensée s'inspire plus des logiques idéologiques de l'Islam, porté par un capitalisme commercial dépassé par les innovations technologiques induites par l'invention de la machine à vapeur. Il se situe dans les campagnes ou dans les villes profondément ancrées dans l'histoire du pays et s'abreuve des enseignements des zaouïas éclairés par l'exemple de l'Emir Abdelkader et plus tard de Harakat El Oulémas. Son approche de la réalité politique est avant tout religieuse et culturelle ou la défense de la Nation se confond avant tout avec la défense de la Foi et de l'Islam.(Haraket El Ouléma, certains courants du PPA - A cet égard le port du Stambouli par Messali Hadj indique qu'il avait sinon conscience du moins percevait parfaitement la dimension prégnante de l'Islam dans le combat anti-colonial).

Ce sont ces deux grands courants qui produiront les variantes que nous connaissons au sein du mouvement national. Mais la différentiation entre eux est plus le fait de leur positionnement/intégration par rapport aux centres de la mondialisation qu'à la maturation induite par le développement économico-social. En d'autres termes la ligne de rupture ne se réalise pas en rapport avec une maturation de classe mais en rapport avec une intégration problématique à la mondialisation.

Pour ce qui concerne l'ex chef de l'AIS, il n'est pas tombé du néant. Le combat de l'islamisme salafiste radical armé (je ne parle pas du tekfirisme terroriste) trouve forcément sa nourriture intellectuelle dans le mouvement national algérien. Cet homme est forcément le fils spirituel de quelque chose. Il n'est pas tombé de l'arbre !

Enfin je te rappelle que l'ex dirigeant du FIS a conclu en 1995 une trève UNILATERALE et SANS CONDITIONS ayant pour but de dénoncer (c'est ce qu'il disait) ceux qui mettaient le pays à feu et à sang. Il faut bien admettre dès lors que c'est au nom de la Nation algérienne qu'il décide d'arrêter les combats même si nous ne pouvons passer sous silence que la victoire militaire de l'ANP l'y a un peu...forcé.

Mais ce qui nous intéresse ici c'est la filiation dont il se réclame. Pour lui, les activistes de Novembre portent le combat contre la France en raison d'abord de la défense de l'Islam et de ses valeurs. Cette filiation, Madani Mezrag la revendique clairement et prouve que le mouvement national algérien a pour particularité d'être d'une richesse insoupçonnée.

Je n'ai pas entendu une telle référence à l'histoire politique algérienne et à son mouvement national par les tekfiristes qui eux se réclament de logiques purement "religieuses" si l'on peut ainsi s'exprimer ainsi et si tant est que l'Islam dont ils se gargarisent ait jamais existé.

Palmier Dattier
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par Palmier Dattier »

@Numidia

Point 16 et 18

Il est très difficile de construire une lecture de l'histoire contemporaine algérienne tout en essayant de comprendre la profondeur de la nature de la mondialisation et de ses ressorts intimes. Qu''est ce qui nourrit fondamentalement la mondialisation ? Est ce le rapport inégal du travail des peuples des centres de la mondialisation ? Ou sont ce les transferts économiques faramineux issus de la division internationale du travail et des pillages des ressources des peuples dominés par les peuples dominants (y compris leurs classes ouvrières et aujourd'hui leurs cohortes de chômeurs) ?

Si, comme moi on se place dans cette seconde perspective, la lutte des classes devient relativement secondaire et ce sont les rapports entre les Peuples et donc entre les Nations qui deviennent le centre de gravité de toute lutte d'émancipation pour la justice et la liberté.

Du coup cette autre perspective conceptuelle (dont il est encore nécessaire d'étudier en détails les ressorts économiques et en particulier les mécanismes de la rente différentielle entre Nations) prend forcément racine dans le capitalisme naissant du XIXème siècle et vraisemblablement au delà. Et ainsi éclaire d'un jour nouveau, non seulement les luttes de classes des centres de la mondialisation mais surtout les luttes anti coloniales. Il nous reste à écrire une grande histoire des peuples dominés et exploités pour replacer dans une autre perspective conceptuelle la...Révolution algérienne et sa signification profonde à la lumière du mécano géant mis en œuvre par la mondialisation.

Relire l'histoire contemporaine algérienne n'a aucun rapport avec une vision"jacobine" ou "islamisante" comme tu crois le deviner. Il s'agit avant tout de "déconstruire" des manières de penser (fortement marquées par les sciences sociales toutes ominibulées par le rapport inégal au travail et à l'exploitation); pour reconstruire à la lumière des expériences des Peuples dominés et de leurs luttes, de nouvelles sciences sociales intégrant la mondialisation comme la force motrice de l'histoire.

Cela éclairerait également d'un jour nouveau la résistance des centres civilisationnels (dont l'Islam est partie intégrante dans l'histoire humaine récente) car se trouvant aussi à la "périphérie" des centres de la mondialisation. La domination de peuples sur d'autres n'est pas seulement d'ordre économique mais aussi et surtout d'ordre scientifique et IDEOLOGIQUE.

On voit donc que discuter de la Révolution Algérienne et de sa signification profonde demande un effort intellectuel et théorique extrême (c'est le travail non pas de chercheurs mais de véritables et authentiques penseurs et philosophes) pour enfin donner un sens profond aux actions héroïques de notre Peuple et des peuples dominés de manière générale.

tayeb
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par tayeb »

La nation algérienne?
Le point de vue de Ben Badis.
Nous avons cherché dans l'histoire et dans le présent et nous avons constaté que la nation algérienne musulmane s'est formée et existe, comme sont formées toutes les nations de la terre. (... ) Nous disons ensuite que cette nation algérienne n'est pas la France.
Il est impossible qu'elle soit la France, même si elle veut l'assimilation.

Ben Badis, avril 1936, cité dans Ch.-A. Julien, L'Afrique du Nord en marche, Julliard, 1972.
Ben Badis est clairement l'exemple d'un nationalisme qui tire sa source du religieux pour réfuté tout lien et appartenance à la France.
Messali Hadj
Les premières revendications algériennes, 1927 : Les revendications immédiates
1. Abolition immédiate de l'odieux Code de l'indigénat et de toutes les mesures d'exception.
2. Amnistie pour tous ceux qui sont emprisonnés, en surveillance spéciale ou exilés pour infraction au Code de l'indigénat ou pour délit politique. ( ... )
4. Liberté de presse, d'association, de réunions, droits politiques et syndicaux. (. .. )
8. Instruction obligatoire en langue arabe; accession à l'enseignement à tous les degrés; création de nouvelles écoles arabes. Tous les actes officiels doivent être simultanément rédigés dans les deux langues.
9. Application des lois sociales et ouvrières. Droit au secours de chômage aux familles algériennes en Algérie et aux allocations familiales.
Le programme politique
L'indépendance totale de l'Algérie.
Le retrait total des troupes d'occupation.
La constitution d'une armée nationale, d'un gouvernement national révolutionnaire, d'une Assemblée constituante élue au suffrage universel; le suffrage universel à tous les degrés et l'éligibilité dans toutes les assemblées pour tous les habitants de l'Algérie. La langue arabe considérée comme langue officielle.
Programme de l'Etoile nord-africaine, extrait des Mémoires de Messali Hadj.
Le nationalisme de Messali Hadj s'il a une base de départ religieuse mute en un nationalisme de la raison, pragmatique mais otage de compromis politique et de calculs. Communiste d'apparence car de mode à l'époque mais très libéral , il a raté le rendez vous avec le peuple Algérien en 1954.

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numidia
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par numidia »

Palmier, merci pour tes réponses.
khouya j'ai rapidement lu tes messages, je te réponds rapidement sur des points éparses, plus sur la forme que sur le fond,
sans aller loin, sinon plus tard avec plus de temps
d'ailleurs il faudrait des débats de fonds avec sources et références

:!: je n'ai pas la prétention d'avoir les réponses, je ne pense pas du tout que ce que je vais dire soit finalisé, il reste beaucoup à apprendre, à analyser
je ne présente pas ce message comme des éléments irréfutables, au contraire, c'est juste un petit point de vue sans prétention
ne croyez pas ce que je dis, lisez, étudiez, voyez par vous mêmes je n'ai qu'une connaissance très minime et ne vous impose rien :!:

1) il n'y a ni courage ni pas de courage
nous fêtons les 60 ans du déclenchement de la Révolution, en quoi est-ce courageux d'en parler ?
il serait temps d'en parler, non ?
je dirais plutôt qu'il devient primordial et vital d'en parler, vu le niveau de perte de mémoire de notre société, vu la méconnaissance sur les 132 ans de colonisation au sein de nos jeunes générations
il est vrai qu'ils s'intéressent à des choses plus actuelles, plus ludiques, plus technologiques
il est vrai que l'actuelle réalité politique et sociale du pays ne leur permet pas toujours d'avoir une froide et méthodologique analyse, pour ces jeunes les raccourcis sont vite les bienvenus

2) il me semble que c'est bien toi qui a ouvert ce débat sur les fondements idéologiques à travers divers topics du forum, donc ... ne me fait pas porter le chapeau :lol:

3) pour la question de Merzag je ne suis pas du tout d'accord avec toi pour comparer le combat de moudjahidin contre le colonialisme français avec le terrorisme salafiste de l'AIS
les 2 situations sont différentes de part leur nature, leurs objectifs, leurs moyens
tu ne peux pas comparer une lutte anti-coloniale anti-impéraliste contre un ennemi étranger sur nos terres qui a spolié et massacré
avec la situation du salafisme international qui a engendré l'explosion de violence contre des compatriotes

ton argument de concept analytique sur le cadre mondialiste est une évidence, et a été déjà le cas pour nombre d'historiens, notamment algériens
le contexte change sur nombre de points d'un siècle à l'autre, mais la nature humaine n'a pas changé à travers les siècles
donc bien sûr que les travaux de spécialistes retiennent tout, c'est d'ailleurs fondamentale dans la méthodologie

je comprends le parallèle que tu fais en voulant dire que ces revendications sont issus d'une tradition musulmane ancrée dans les sociétés maghrébines depuis des siècles
bien sûr que l'islam est totalement imbriqué dans notre société, notre histoire, notre pensée, notre comportement, notre politique
tous les mouvements, tous les partis en sont directement des expressions, autant tu veux parler uniquement de Merzag, autant je te dirais que ton argument peut être multiplier à tous les éléments constitutifs d'un groupe ou d'une expression dite politique dans notre pays, comme dans tout le Maghreb d'ailleurs

je ne pense pas que faire des comparaisons à l'emporte pièce puisse apporter des arguments convaincants

4) pour ton message sur l'émir Abdelkader, comme je l'ai déjà soulevé la notion de watan existait déjà mais avec une analyse différente de celle que nous pouvons faire aujourd'hui et comprendre de ce terme et concept, donc je n'y reviens pas, j'ai déjà expliqué ça

par contre simplement je voudrais te demander de ne pas nous imposer des arguments basés sur des hypothèses sur un passé qui n'a pas existé
"si le traité de la Tafna ..." dis-tu, oui peut être peut être pas
on ne peut pas lire l'histoire en imaginant des décennies plus tard ce qui ce serait passé dans tel ou tel cas
alors on peut aussi partir de l'hypothèse et si il n'y avait pas eu de colonialisme ? et si nous n'étions pas Musulmans ? et si ... et si ...

tu poses des hypothèses sur des faits inexistants dans le passé et tu en tires des conclusions sur notre situation comtempraine
désolée je ne suis pas d'accord sur cette méthode

autre exemple: et si le colonialisme n'avait pas détruit nos centres de savoir, spolié les biens habous, n'avait pas détruits les mosquées, les madrasat, les cimetières musulmans, les lieux de pouvoir, ... et SI le colonialisme n'avait pas tué, exilé, liquidé les hommes de savoir, les imams, les cheyyoukhs, les chefs de zaouiya ...?
et si nous n'avions pas connu ce phénomène de tentative de déculturation violent et oppressif ???
avec autant de SI on peut imagienr des milleirs d'autres histoire algériennes, non ?

l'histoire est ce qu'elle est, en tout cas nous avons encore un travail d'écriture important, inutile de partir sur des pseudo arguments imaginaires à posteriori

5) toujours question méthode, l'histoire du jacobinisme ou de l'islamisme, c'est toi qui au départ en a parlé ainsi, je n'ai fait que te dire que c'éatit réducteur, et je vois que finalement tu es d'accord avec moi, qu'il faut dépasser ce clivage artificielle et pseudo-intellectuel pour aller vers des fondements et l'étude contextuel plus adapté et réelle
je ne pense pas que la lecture historique a été uniquement basé sur des problématiques économiques (travail, exploitation, etc...) il existe des travaux dans divers sens
les développer est indispensable, primordial, vital !

nous avons à faire un travail dans tous les sens, en cherchant tous événements, analysant construisant et déconstruisant
nous n'avons que peu de travaux de références, notre boulot est très minime par rapport à l'existant, à l'ayant existé

l'objectivité pure n'existe pas, l'écriture de l'histoire n'est pas une science exacte
nous parlons de choses qui peut être seront lus totalement différemment avec l'avancée des recherches, du savoir et de l'analyse

6)
La période 1870-1914 est marquée par l'entrée de plein pied de l'Algérie dans la mondialisation et le système capitaliste
+ suite .........

je pense que tu n'as pas assez étudié la partie avant, à part celle de l'émir, il me semble qu'on avait eu déjà une discussion où tu soutenais que le colonislaisme et la présence + exploitation coloniale des terres n'existait pas avant 1871
je t'avais démontré tout le contraire par des documents d'époque qui prouve que le colon était bien présent dès le début

ensuite, le développement du capitalisme s'est fait dans les années 1850' -60', avec notamment le développement de la présence bancaire et l'investissement des des exploitations minières et gestion du transfert des biens "produits" (spoliés) par les colons (routes, chemin de fer, etc...) le capitalisme était présent
d'ailleurs en lisant les écrits de Bugeaud on constate que il avait avant tout le monde expliquait et mis en place les bases de cette exploitation capitaliste ultra libéral
les écrits de Bugeaud sont révélateurs d'un état d'esprit dans lequel toute la colonisation a été pensée et mise en place, ils n'en sont pas retés à des hypothèses et pensées théoriques, ils ont réellement mis en place un système d'exploitation capitaliste colonial
je n'ai pas besoin de te rapeller que Bugeaud et ses compères ont mis ça en place déjà avant 1860.

tu reviens encore une fois sur la formation des Algériens travaillant en France, là aussi je vois quelle lecture
c'est vrai il y a ça aussi bien sûr, mais tu te trompes si tu penses que le mouvement nationaliste est essentiellment un mouvement urbain ou un mouvement ouvrier, au contraire tu peux lire des travaux divers sur les réalités rurales, leur niveau et potentiel de résistance et d'opposition au système colonial
dans les camapgnes il n'y a pas que de petites révoltes, tous les mouvements qui ont secoués la période dont tu parles sont partis de la campagne, pas des villes
la nourriture intellectuelle et la visibilité dans les villes est à étudié en parallèle de la volonté d'endiguer dans les lieux de forte population coloniale le ressenti populaire algérien, dans les campagnes ce travail colonial de canaliser les vélléités n'étaient pas nécessaire, cela ne signifie pas qu'il n'a pas existait
les historiens ont fait un premier travail et ont démontré la réalité dans les villes et dans les campagnes, le mouvement nationalistes s'est beaucoup reposé sur les bases rurales, prends par exemple l'OS, le mouvement dont on a quasiment pas de travaux de fond a des têtes visibles et connus pour partie aujourd'hui, ils sont issus pour certains du milieu urbain, formés ou non, idéologiqmeuemnt ou non, mais il y a dans l'OS une part fondamental qui se reposait sur le rural et les recrues venaient également des campagnes et pour cause, leur conviction n'était plus à faire

le mouvement de 1871-72 est d'ailleurs basé sur la réactivité dans les campagnes
et les éléments de 1871 tu les retrouve en 1954 car l'élite connait les réalités de la base, et sait sur qui comptait
le peuple est la base même de l'idéologie de 54, la proclammation du 1er Novembre est claire et nette à ce sujet
l'Islam est bien entendu une composante essentielle du combat puisque c'est la composante identitaire évidente du peuple algérien
mais même si ils se basent sur notre identité musulmane indéniable, les documents de l'ALN et FLN étaient écrits pas des personnes pour qui l'Islam n'était pas marchandisé, n'était pas un moyen, n'était pas un paravent pour aboutir aux objectifs libérateurs
et je rappelle à tous que la proclamation du 1er Novembre ne commençait même pas par "bismAllah" , pas de marchandisation de la dimension identitaire.

la nature profonde de notre société algérienne était et est musulmane, le dire ou l'exigeait était inutile, car c'était implicite, c'était naturel :arrow:
et comme je l'ai dit par ailleurs de façon caricaturale: les Révolutionnaires qu'ils soient les pires soulards ou les meilleurs croyants du monde, ont apporté et ont fait ce que peu d'hommes peuvent faire

leur courage et leur force, leurs convictions et leurs objectifs, les moyens mis en oeuvre, le sacrifices et les souffrances
ces hommes sont des VRAIS, Rdjel
et ce n'est pas de la fiérté mal placée

cette génération d'hommes (si minime soit-elle en nombre, mais immense par sa nature) a écrit l'histoire d l'humanité
la Révolution algérienne est un moment phare, une phase fondamentale dans l'évolution de notre monde contemporain

7) une autre question qui pose d'énormes freins sociétaux et politiques (tabou) serait de poser la question:
qu'a t-on fait de cet héritage révolutionnaire ?
qu'en reste-t-il ? comment nos générations actuelles et à venir peuvent poursuivre ce mouvement anti-colonial, anti-impérial (sans connotation guerre froide du passé , mais avec nos réalités actuelles et à venir) ? etc.....................

8 ) nous fêtons cette année le déclenchement de la Révolution il y a 60 ans !
comment ceci se manifeste au sein de la société algérienne ?
quel hommage à nos anciens ?
quels évén,ements ?
que faisons-nous pour commémorer, pour expliquer, pour transmettre aux jeunes générations ce que fiut ce moment, ce que furent ses racines, ce que cela a déclenché au niveau mondial , que faisons-nous pour expliquer que la Révolution algérienne a été le moteur pour nombre de pays, a été un moment crucial dans le combat qui oppose nord et sud ? que faisons-nous ?

et je ne reviens pas sur nos prétentions à aller à l'étranger participer à des commémorations (même si elles concernent un epartie de notre histoire aussi)
on ne construit pas son pays et sa société humaine à partir de l'étranger, à partir du travail des autres, ça ne marche pas, jamais aucune société n'a pau se construire ainsi
le mépris actuel envers la société algérienne qu'elle soit au pays ou vivant à l'étranger (nous subissons la même hogra de leur part) est très préjudiciable

9) l'histoire algérienne depuis que nous connaissons certains éléments, depuis quelques milliers d'années
est marquée par une force récurrente: celle du peuple, à travers les siècles, le système monarchique, dynastique n'a pau s'imposer, n'a pas eu de réalité à long terme, ne s'impose pas car la société algérienne reconnait les "meilleurs" d'entre elle, les respectent en tant que symbole et concentration de valeurs et de principes dans leurs ambitions

le pouvoir qui s'est exercé en Algérie depuis de siècles n'a jamais pu rivaliser avec la volonté populaire au bout du compte
c'est pour cela que le système républicain est un sytème qui scied à notre société, mais toute république doit se construire à partir de ses valeurs et fondements intrinsèques, vouloir importer des modèles; imposer des visions étrangères ne peut fonctionner

10) un avis purement personnelle: le système de justice sociale est la base de notre développemnt à venir
bien entendu nos références identitaires sont inéluctables
par ailleurs le clanisme + clientélisme (système politique méditerranéen depuis plus de 2000 ans, trop long à expliquer ici) seront présents encore et encore
quand ils sont au service du développement et de la réussite, avec comme base une réalité en compétence, ça marche à merveille et ça permet d'avancer
mais quand ceci s'exerce à des fins de népotisme et de domination clanique exclusif au service d'un groupe c'est à chaque fois la ruine politico-économico-social

on peut le constater pour tout le Maghreb
notre société algérienne a cette force d'avoir des individualités clans qui ont permis à travers les siècles de construire cette particularité algérienne

et qui a permis la résistance sur des décennies et qui a permis l'émergence de la génération de 54, le nationalisme algérien ne vient pas de nul part (pour reprendre ton expression) le fait qu'il s'ext exprimé avec force et qu'il s'est imposé comme modèle, prouve bien qu'il est basé sur une réalité profonde
l'étude des élites ne suffit pas à expliquer ce phénomène (comme le démontre bien les travaux de spécialistes qui n'ont pu l'occulter dans les travaux sérieux)
les efforts du colonialisme pour nier et réfuter l'existence d'uen société algérienne (diverse et riche) sont la preuve également de ceci, tuer la socéiét algérienne dans son ensemble, la réduire est le seul moyen d'y arriver à bout
les documents des colonisateurs de l'époque en parlent d'ailleurs très bien, je vous convie à les lire, c'est édifiant

d'ailleurs ce que j'avance, ne prenez pas pour argent comptant, mais voyez à travers l'histoire de la Méditerranée, les constantes, les conséquences des actions humaines, les projets sociétaux conséquemment
et aussi les faillites, les échecs de ce système, l'histoire algérienne n'est pas enfermée dans une réalité uniquement algérienne
nous sommes le produit de milliers d'années d'histoire, d'échanges, d'influence et d'événements
__________________________

bon désolée, là je n'ai pas le temps d'aller plus loin, plus tard inchAllah
Dernière modification par numidia le 14 septembre 2014, 10:18, modifié 1 fois.
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tayeb
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par tayeb »

Voilà un lien ou une thèse extrêmement prolifique et documentée sur l'histoire politique et nationaliste mérite d'être lu, y a plus de 450 pages mais c'est très passionnant:

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... AE3Q27HI-w
Edit: nouveau lien
Dernière modification par tayeb le 14 septembre 2014, 17:29, modifié 1 fois.

tayeb
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par tayeb »

Comparez une des icônes de la révolution tombé les armes à la main, celui qui organisa le congrès de la Soummam, entrepris la lutte armée dés le début pour l'indépendance d'un peuple et d'une terre, sacrifia sa vie personnelle au profit de la cause, gravis tous les échelons jusqu'au grade de colonel, porta le fardeau de la bleuite en prenant une décision que très peu d'hommes auraient eu le courage de prendre parce que seule la survie de la lutte importait, Amirouche n'était pas un islamiste , c'était un musulman tout simplement , un homme tout simplement avec un comportement irréprochable parce qu'il était un leader charismatique , un leader qui par un regard ou une gifle pouvait assoir son commandement, admiré des recrues,il était le genre d'homme qui donnait ses chaussures et dormait par terre pour donner l'exemple à la troupe, Amirouche était un nationaliste pur et dur, il détestait les régionalistes, il détestait les divisions entre laïque et religieux , pour lui seule l'Algérie independante comptait, osez comparez cet homme avec un assassin, un traître comme Mezrag je suis sur le QU, un homme qui se félicitait de l'assassinat d'Algériens, qui a œuvré à plonger son pays dans le terrorisme, dans les massacres, dans les tueries contre nos Djounouds, nos policiers, les femmes , les enfants , ce FDP ne doit sa survie qu'a la lâcheté de certains , Amirouche lui l'aurait exécuté de ses mains, il l'aurait fais brûler vivant.
C'est ça qu'on compare au Colonel Amirouche:
Madani Mezrag légitime l’assassinat de Benhamouda
Madani Mezrag légitime l’assassinat de Benhamouda

Actualité - La une




L’ex-émir national de l’Armée islamique du salut (AIS) autodissoute, Madani Mezrag, croque le mort, déterrant les martyrs de la République pour les assassiner une seconde fois. Dans l’édition de la semaine de El Khabar El Ousbouii , il légitime l’assassinat de Abdelhak Benhamouda, l’ancien secrétaire général de l’UGTA et président du Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie (CNSA).
Abdelhak Benhamouda doit se retourner dans sa tombe. La République qu’il sauva des griffes tranchantes de l’intégrisme islamiste aménage, après plusieurs milliers de martyrs, une place honorable à ses bourreaux d’où, exonérés de poursuites et blanchis de leurs crimes, ils offensent leurs victimes assassinées. Madani Mezrag, converti en héraut mondain, en intermittent du prêche, s’en est pris au défunt Abdelhak Benhamouda, assassiné en 1997, et dont il légitime l’exécution par les terroristes. «Benhamouda avait pris les armes et combattait lui aussi. C’est pour cette raison qu’il a été assassiné», a-til soutenu, ajoutant qu’«ils tuaient et jetaient les cadavres dans les rues». L’ancien chef terroriste, comme se délectant de cette offense aux morts, à Benhamouda ici, précisément, a poursuivi sa litanie morbide en affirmant que «Benhamouda refusait l’élargissement des deux dirigeants emprisonnés du FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj» et que «lorsqu’il apprit que le pouvoir était en négociation avec eux, il aurait dit qu’il n’accepterait jamais». Pour Madani Mezrag encore, Abdelhak Benhamouda était bon à abattre, physiquement s’entend, dès lors qu’il avait organisé et mené la grandiose marche de dénonciation du terrorisme en 1993. «Cette marche, à laquelle ont adhéré et pris part de nombreux journalistes et de laïcs, était la principale cause de l’aggravation de la crise et de la détérioration sécuritaire, en ce sens qu’elle avait permis à ceux qui manœuvraient dans l’ombre de commettre leurs crimes.» Voilà par quoi Mezrag légitime l’assassinat de l’un de ceux qui furent à l’avant-garde du combat démocratique et qui paya de sa vie sa résistance farouche à l’hydre intégriste. Madani Mezrag, qui s’offusque de ce que la République ne l’a pas assez récompensé, ose l’offense comme s’il est assuré de n’en subir, au retour, nulle remontrance de la part des pouvoirs publics. La République, embaumée dans les parfums de la réconciliation nationale, a déserté son rôle de protection de la mémoire de ses dignes fils. Peut-être s’en trouvera-t-il parmi les compagnons syndicalistes de Benhamouda qui réagiront ? S’il s’en trouve, l’opinion prendra acte. Elle prendra aussi acte de leur silence.

Source: Le Soir d'Algérie

Madani Mezrag assume ses actes et menace
Alors que le président propose une charte pour tourner la page de la tragédie

L'ancien “émir” national de l'AIS a déclaré, hier, lors d'un point de presse à Alger, avoir “mené une guerre juste” assumant ainsi les actes de terrorisme commis durant les années 1990, tout en annonçant l'existence de centaines de terroristes armés en trêve avec lesquels il serait en contact pour qu'ils se rendent aux autorités.


Environ 200 terroristes sont encore en activité, selon le chef de l'AIS.
Pas une once de regret dans le regard ou la voix de Madani Mezrag, “émir” de l'AIS, qui animait hier une conférence de presse sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Interpellé sur le nécessaire devoir de vérité et de justice envers les victimes du terrorisme et leur famille, le chef du groupe terroriste, ayant déposé les armes en 1997, s'est montré catégorique : “Je suis prêt à comparaître devant le tribunal de Sharon s'il le faut, ma plaidoirie serait la même : j'ai mené une guerre juste.”
En d'autres termes, Madani Mezrag reprendrait, s'il le faut, les armes pour les mêmes raisons qui l'ont mené au maquis à l'orée des années 1990, et aussi disposé à sacrifier des milliers de vies humaines sur l'autel de sa cause. “Pourquoi chercher le pardon et la justice ? Ce genre de crise se règle par les compromis”, a-t-il précisé. Il a ajouté, à l'occasion, que l'accord conclu entre l'AIS et l'Etat consistait en une amnistie générale.
“Nous, aussi, avons fait des concessions”, a-t-il soutenu comme s'il revendiquait un quelconque service qu'il rendait au pays et à ses autorités. “Ceux qui sont contre la réconciliation nationale ne représentent que 1% de la population”, a-t-il avancé, sans trop convaincre.
Le numéro 1 de l'AIS, entouré de quelques-uns de ses lieutenants, dont Kartali et Benaïcha, a affirmé soutenir pleinement le projet du président Bouteflika. “Nous ferons campagne pour le référendum du 29 septembre prochain”, a-t-il annoncé. Il a reconnu, néanmoins, que lui et ses compagnons n'adhéraient pas à quelques dispositions contenues dans ladite charte. Ils s'insurgent contre l'interdiction d'exercice politique frappant les leaders du FIS dissous et les islamistes radicaux. Ils reprochent au chef de l'Etat d'avoir imputé au FIS l'entière responsabilité de la “tragédie” que l'Algérie a subie pendant plus de dix ans, bien qu'ils reconnaissent que le parti dissous a commis “quelques erreurs irréparables”. Ils estiment, en outre, que la version historique de la crise sécuritaire et politique, telle que présentée dans le texte, est biaisée. “Le président Bouteflika fait, de cette manière, une concession aux éradicateurs pour pouvoir passer quelques mesures spécifiques”, a affirmé Madani Mezrag.
Il a ajouté que l'AIS a exprimé un avis sur le contenu à donner à la charte, mais il n'a pas été pris en compte par les concepteurs du projet. Madani Mezrag s'est ensuite attaqué à Abassi Madani, lequel a déclaré dernièrement qu'il n'avait incité personne à verser dans le terrorisme. “Cela est dû à son grand âge. Je souhaite toutefois qu'il soutienne la démarche du président Bouteflika.” L'ex-“émir” a révélé qu'environ 200 terroristes sont toujours en activité, tandis que quelques centaines d'autres observent une trêve tout en gardant leurs armes, à l'instar des éléments de katibat El-Ahoual de Relizane.
Ce qui revient à conclure qu'ils sont susceptibles de reprogrammer des attentats à tout moment. “Nous sommes en contact avec eux pour qu'ils déposent les armes”, a indiqué le conférencier.
S. H.
http://www.djazairess.com/fr/liberte/43214

C'est une honte de comparer des libérateurs , des résistants qui ont donné naissance à l'Algérie en tant qu'état indépendant avec des assassins qui ont failli assassiné l'existence même de l'Algérie.
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anzar
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par anzar »

Je crois que Palmier dévie dans son discours sur des voies brumeuses qui l'enfoncent dans l'erreur et mènent à des énormités du genre ...........; j'espère qu'il reprendra ses esprits et évitera de donner un sens à la fameuse locution Errare humanum est, perseverare diabolicum
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numidia
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Re: Fondements Idéologiques de la Révolution Algérienne

Message par numidia »

oui, c'est suite à l'erreur méthodologique que font les personnes qui cherchent à comprendre le passé avec l'oeil des problématiques et justifications actuelles, tout vouloir comparer à l'emporte pièce sans tenir compte des différences mais en cherchant ce qui pourrait relier
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l'Islam lie toute la société algérienne depuis des siècles. la religion n'est pas un bien qui se possède ou qui est exclusif, ça tous nous le savons (enfin je ne parle pas des lavés du cerveau qui se prennent pour les nouveaux prophètes)
ce n'est pas un secret, cette religion a permis beaucoup elle nous cimente et nous unit aussi
mais nul ne la représente, nul n'est plus ou moins musulman que les autres, l'Islam nous dépasse tous, absolument tous
Dieu seul est juge de tout et de chacun.
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mais il est à relever que cela va être très important d'expliquer et de parler
car nous savons que le combat sécuritaire sur le terrain est marqué par la victoire de l'Armée algérienne
mais que le combat idéologique contre la subversion salafiste et le terrorisme n'a pas été mené
la société algérienne n'a pas fait de travail d'introspection (à part certains milieux et certains parents qui ont transmis), toutes les propagandes sont donc rendues possibles
nous avons une classe politique qui n'a pas souhaité se préoccupait de ces problématiques qui reviennent déjà et qui reviendront encore sur le devant de la scène c'est à craindre malheureusemnt
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la Révolution a en partie vécue un hold up de la part de politiciens et de groupes constitués
'acha pour les associations et les particuliers qui agissent avec beaucoup d'efforts et d'énergie, nous avons des comptariotes qui font un travail phénoménal

je parle de hold-up de certains, alors que ce combat a été celui de tout un peuple, ce combat ne nous appartient pas, mais il nous est légué par nos anciens
il n'y a pas à travers notre pays un seul coin d'Algérie qui n'ait pas souffert du colonialisme en 132 ans
il n'y a pas une famille, un village, une ville épargnée, exempte de souffrances de meurtres et de violence physique et mentale
toute l'Algérie a saigné de part le colonialisme, ceci aussi n'a pas été assez expliqué
comme n'a pas suffisamment été expliqué l'importance extraordinaire du combat libérateur au niveau universel
le combat algérien et le combat vietnamien sont 2 des très grands combats du XXième siècle porteurs de dimensions de justice et de valeurs humains

nous sommes de simples passants, héritiers et dépositaires qui avons en responsabilité les principes de la Révolution, les idéaux de Novembre,
à nous d'en être dignes !
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