Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Toutes les discussions a propos de la politique, de l'économie et de la société Tunisienne (uniquement)
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anzar
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Re: Breaking News Tunisia

Message par anzar »

Bio express
Qui est Mehdi Jomaa, le nouveau chef du gouvernement?

Mehdi Jomaâ, est né le 21 avril 1962, originaire de Mahdia, il est ingénieur de formation (ENIT) et titulaire d’un DEA en mécanique, calcul et modélisation des structures; il a été désigné au poste de ministre de l’Industrie dans le gouvernement Ali Laarayedh.

Mehdi Jomaâ effectue toute sa carrière au sein d’Aerospace, une filiale du groupe français Total. En 2009, il devient directeur général de la division aéronautique et défense et membre du comité de direction, supervisant six filiales implantées en France, aux États-Unis, en Inde et en Tunisie.

Le 14 décembre 2013, il est désigné par la Quartet qui dirige le dialogue national, pour former le prochain gouvernement de compétences.

Après uns short liste de 6 noms de personnalités:

Mohamed Ennaceur avec 11 voix,
Mahdi Jomaa avec 10 voix,
Jalloul Ayed avec 7 voix,
Mohamed Salah Ben Issa avec 6 vois,
Habib Essid et
Ahmed Essid (5 voix).

Sa nomination a été obtenu après un vote, par 9 voix sur 11, au cours de la réunion du dialogue national. Les composantes du front du salut national n’ont pas participé à l’opération de vote pour départager les deux candidats à la primature: Mehdi Jemaa et Jalloul Ayed.

Mehdi Jomaâ est marié et père de 5 enfants.
http://directinfo.webmanagercenter.com/ ... vernement/

Un gouvernement de technocrates se dessine
Mehdi Jomaa, nouveau chef du gouvernement tunisien

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Les islamistes au pouvoir et l'opposition laïque ont nommé samedi Mehdi Jomaa, ancien ministre de l'Industrie, à la tête d'un gouvernement intérimaire. Il devra tenir les rênes de la Tunisie jusqu'à la tenue d'élections en 2014.

Les islamistes au pouvoir et l’opposition laïque ont finalement trouvé un accord. Après deux mois de négociations chaotiques, ils ont nommé Mehdi Jomaa, le ministre sortant de l'Industrie, au poste de Premier ministre, a annoncé samedi 14 décembre le syndicat UGTT qui chapote les discussions. Mehdi Jomaa aura la lourde charge de former un gouvernement d'indépendants afin de sortir la Tunisie d'une profonde crise politique. Il devra en outre expédier les affaires courantes jusqu'à la tenue d’élections en 2014.

"Le dialogue et les discussions ont abouti à un vote et au choix de Mehdi Jomaa comme candidat au poste de chef de gouvernement", a déclaré Houcine Abassi, secrétaire général du syndicat UGTT. "Notre peuple a beaucoup attendu mais malgré les difficultés et les entraves (...), ce dialogue n'a pas échoué", a-t-il précisé avant d'ajouter : "Félicitations à la Tunisie". Une partie de l'opposition, en particulier le principal parti Nidaa Tounès, a toutefois rejeté ce choix et boycotté le vote.

Méconnu du grand public

Mehdi Jomaa, relativement méconnu du grand public, est un ingénieur sans appartenance partisane déclarée, diplômé de l'École nationale d'ingénieurs de Tunis en 1988 et titulaire d'un diplôme supérieur de mécanique (DEA), selon sa biographie officielle diffusée en mars par l'agence d'État TAP. Mehdi Jomaa a entamé alors une carrière dans le privé qui l'a amené au poste de directeur d'une division de Hutchinson, une filiale du géant français Total spécialisée dans l'aérospatiale et dont les principaux clients sont des groupes comme EADS, Airbus ou Eurocopter.

Après la démission du gouvernement dirigé par l'islamiste Hamadi Jebali à la suite de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en février, le Premier ministre Ali Larayedh avait fait appel en mars à cet indépendant pour diriger le ministère de l'Industrie.

La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l'assassinat en juillet d'un député de l'opposition, Mohamed Brahmi. Les islamistes ont accepté de quitter le pouvoir à condition qu'en parallèle soit adoptée la future Constitution, en cours d'élaboration depuis deux ans, et que le calendrier des futures élections soit fixé. Cette impasse a aussi contribué à l'anémie de l'économie alors que le pays est déstabilisé par l'essor depuis la révolution de janvier 2011 d'une mouvance djihadiste armée.

Avec AFP
http://www.france24.com/fr/20131214-tun ... que-crise/
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opmega
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Re: Breaking News Tunisia

Message par opmega »

Eh bien on est pas sorti du Souk les amis ! Du point de vue des tunisiens de la rue, en tout cas celui de ma famille en Tunisie, ce type n'est ni plus ni moins qu'un porte flingue de Ghannouchi, leader d'Ennahda. Ils espéraient une prise de pouvoir de l'armée c'est vous dire l'ambiance. Personne ne le connaît ni ne le respecte, il est un parfait béotien en politique même si ses compétences techniques sont évidentes...Je pense que les mois à venir ne vont pas voir les esprits se calmer !
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anzar
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Re: Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Message par anzar »

Le parti Ennahdha opère un passage en force
Mehdi Jomaâ désigné chef du gouvernement en Tunisie


le 16.12.13 | 10h00

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Mehdi Jomaâ, nouveau chef du gouvernement.
zoom | © D. R.
Mehdi Jomaâ, nouveau chef du gouvernement.
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L’actuel ministre tunisien de l’Industrie, Mehdi Jomaâ, a été proposé par le Dialogue national pour suppléer Ali Laârayedh à la tête du prochain gouvernement. Cette proposition de dernière minute n’a été soutenue que par 9 partis parmi les 22 présents au Dialogue national. Pourtant, le quartette l’a préférée à une déclaration d’échec.


Tunis
De notre correspondant

Il n’y avait pas avant-hier de véritable consensus au sein du Dialogue national autour de n’importe quel candidat pour suppléer Ali Laârayedh à la tête du gouvernement. Mehdi Jomaâ n’a récolté que 9 voix parmi les 22 partis composant le spectre politique du Dialogue national. C’est donc très loin du consensus recherché par le quartette des organisations parrainant le Dialogue depuis des mois d’âpres négociations pour trouver la personnalité à placer à la tête du gouvernement.

Mehdi Jomaâ n’est en effet soutenu que par 2 partis parmi les 7 composant le noyau central dudit Dialogue. Il n’y avait avec sa candidature qu’Ennahdha et Ettakattol, alors que Nidaa Tounes a quitté la réunion du Dialogue national, refusant le diktat. Le parti Al Joumhouri n’a pas participé au vote. Al Massar et le Front populaire ont remis des bulletins blancs alors que l’Alliance démocratique a voté Jalloul Ayed.
Comment Mehdi Jomaâ est-il donc passé ? Hassine Abbassi et les autres membres du quartette étaient avant-hier devant un dilemme que Rached Ghannouchi a expressément divulgué dans sa déclaration après la désignation de Mehdi Jomaâ : «Le parti Ennahdha ne remettra le pouvoir qu’à une partie en laquelle il a confiance.»

En d’autres termes, Ennahdha veut avoir une sorte de droit de veto sur le prochain chef du gouvernement et le quartette avait à choisir entre la résignation et la déclaration de l’échec du Dialogue national, avec toute l’incertitude qu’il y a derrière. Et, prudentes comme toujours, les organisations nationales tunisiennes (UGTT, Utica, LTDH et Ordre des avocats) ont préféré éviter l’inconnu. Dans son analyse dudit dilemme, le politologue Hamadi Redissi rappelle que «le parti Ennahdha a préparé deux options pour son veto : soit le passage en force à travers le Dialogue national, ce qui a été fait, ou un ‘‘veto’’ ultérieur à l’ANC, seconde ligne de défense d’Ennahdha, où les islamistes activeraient les ‘‘illuminés’’ du CPR et prétendraient un dérapage de leur groupe parlementaire pour contrer tout candidat à la tête du gouvernement qu’ils n’auraient pas pu empêcher, le cas échéant». «Le quartette a opté, encore une fois, pour la prudence, en parrainant un choix stipulant que la Tunisie aura des élections sous un gouvernement de technocrates à l’image de Mehdi Jomaâ. Aux yeux de l’UGTT et consorts, faire les élections sous un gouvernement flirtant avec Ennahdha (du moment que Jomaâ n’est qu’un ministre de Laârayedh), c’est mieux que de plonger le pays dans l’incertitude», poursuit le politologue.

Réactions mitigées

En conclusion, le professeur Redissi pense que «le parti Ennahdha n’a pas gagné avec ce scénario. Car les islamistes ne sont pas sortis de leur isolement et vont subir les échecs du prochain gouvernement alors qu’ils sont censés s’écarter de la gouvernance qui n’aura pas les moyens de sortir de sa crise lors des prochains mois». Le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi s’est réjoui de la nomination de Mehdi Jomaâ. Il a considéré que «c’est une nouvelle victoire de la révolution tunisienne».

Il a fait timidement allusion à «la légitimité consensuelle du Dialogue national» et fait miroiter l’idée d’un «conseil de sages» pour épauler le gouvernement technocrate. Promesse à peine voilée à Béji Caïd Essebsi qui «n’est pas dupe pour accepter un tel rôle», estime Hamadi Redissi. «Le président de Nidaa Tounes est plutôt pour un Conseil supérieur de l’Etat avec de véritables prérogatives, qui sera au dessus du gouvernement et de l’ANC», précise-t-il. Par ailleurs, le président de Nidaa Tounes a fait hier une déclaration à la presse, où il a souligné que «si l’on se réfère aux objectifs tracés par le Dialogue national de trouver un chef de gouvernement consensuel, les résultats montrent que le quartette et les partis politiques n’y sont pas parvenus».

Concernant la réaction par rapport au prochain gouvernement et la poursuite du Dialogue national, Béji Caïd Essebsi a déclaré que «Nidaa Tounes va se concerter avec les partis alliés au sein du Front du salut national pour adopter une attitude commune». A rappeler que la feuille de route du quartette donne deux semaines au nominé pour la formation de son gouvernement et que «les parcours constitutionnel et électoral vont de pair pour réussir la transition».


Bio express :

Mehdi Jomaâ est né le 21 avril 1962 à Mahdia, au centre de la Tunisie. Il est ingénieur de formation (ENIT) et titulaire d’un DEA en mécanique, calcul et modélisation des structures. Il a été désigné en mars 2013 au poste de ministre de l’Industrie dans le gouvernement de Ali Laârayedh. Mehdi Jemaâ a effectué toute sa carrière professionnelle au sein d’Aerospace, une filiale du groupe français Total. En 2009, il devient directeur général de la division aéronautique et défense et membre du comité de direction, supervisant six filiales implantées en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Tunisie
.
http://www.elwatan.com/international/me ... 90_112.php
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scorpion-rouge35
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Message par scorpion-rouge35 »

que pense les tunisiens de leurs nouveau premier ministre ? est il a la hauteur ?
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anzar
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Re: Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Message par anzar »

Apparemment il est considéré proche d'Ennahda
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opmega
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Re: Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Message par opmega »

scorpion-rouge35 a écrit :que pense les tunisiens de leurs nouveau premier ministre ? est il a la hauteur ?

Je confirme ce que je disais plus haut : ce type a recu l'assentiment de Ghannouchi et n'a été "désigné" que par une minorité des partis qui ont négocié lors du dernier round...Cela ne présage rien de bon...pour ceux qui connaissent à Nabeul, on a vu des portraits de Ben Ali placardé dans les ruelles....C'est vous dire l'ambiance un peu défaitiste et la colère des tunisiens qui sentent qu'on leur a volé la révolution...
Reste l'étincelle

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Derrière la longévité déroutante du régime du 23 octobre et les manœuvres de confiscation et de remise en question du processus révolutionnaire, que reste-t-il de l’étincelle du 17 décembre 2010 ?
*«La Révolution survient quand ceux qui sont au pouvoir ne veulent plus le quitter et ceux qui sont dans l’opposition sont incapables de les déloger. » (Lénine)
Ceux qui n’ont jamais cru à l’authenticité de la thèse de la révolution en ont pour leur incrédulité. Ceux qui ont, depuis le début, privilégié la théorie du complot en ont pour leur flair. Le cours des événements semble leur donner raison. Trois an après l’acte d’auto-immolation de Mohamed Bouazizi, au matin du 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, le processus révolutionnaire — alors enclenché autour des revendications: justice sociale, travail, liberté et dignité — semble être interrompu. Alors que la première année de transition a tenté d’identifier et d’ajuster la réponse politique et constitutionnelle à la demande économique et sociale, le régime issu du scrutin du 23 octobre 2011 a définitivement déplacé le débat public vers une pure et dure course au pouvoir durable, à la domination et au contrôle des rouages de l’Etat. La révolution sonne comme un mot caduc. Le spectre de la contre-révolution, plus vivace que jamais, est convoqué à la construction du nouveau pouvoir qui se fige sur une position et une seule : « Le pays peut s’effondrer, nous y sommes, nous y restons et si nous sommes poussés vers la porte de sortie, c’est un coup d’Etat !...»
Impasse politique, tension sociale, insécurité, bilan économique morose, justice en peine, un état d’urgence à n’en plus finir et un projet de constitution enlisé dans l’affrontement des identités. Ballottés entre une version et son contraire, les Tunisiens ne savent plus s’ils doivent croire ou ne pas croire à la véracité de la révolution et à la droiture de la transition. Leurs propos traduisent désenchantement, contradictions, peurs, suspicions et cette question hallucinante : et si tout cela n’était que sombre complot et vagues intrigues de palais ?
En deux ans, les livres, les articles de presse, les vidéos fuitées, et les déclarations de responsables remettant en question les vastes mouvements populaires de l’hivers 2010 2011 et trahissant des bribes de complots ont défrayé la chronique. Et si tout n’était que scénarios préconçus ? La révolution, la montée au pouvoir des islamistes, la polémique sur l’identité, les lourdeurs de l’ANC, le terrorisme ambiant, les guérillas du mont Chaâmbi...? Les Tunisiens n’ont jamais été aussi désorientés. Mais alors d’où vient ce doute et que nous en coûte-t-il ?
Chronique d’une dérive et retour aux fondamentaux du 17 décembre 2010 avec quatre penseurs tunisiens qui croient simplement qu’une étincelle ne s’allume pas pour s’éteindre.

Fethi Benslama (professeur de psychopathologie) : « Il y a quelque chose de certain dans la révolution »

Il y a dépression et les Tunisiens ont raison d’être dépressifs. D’un côté, ils ont trop idéalisé ce qu’ils ont fait. La Tunisie a vécu un moment proprement révolutionnaire, mais quelque chose a été arrêté dans ce processus qui aurait pu aller plus loin dans l’idée de la justice, dans les formes de liberté et de participation au jeu démocratique. Ce coup d’arrêt est lié à la crainte qu’a inspirée le processus. Il s’est traduit tout à coup par le retrait de la jeunesse. Des vieux ont pris la place avec des méthodes anciennes et des discours connus. L’autre phénomène qui a affecté les Tunisiens, c’est l’apparition de ce mode conservateur qui veut fonder la perception politique et la prise en compte des problèmes de la société à travers la morale. Tout cela a déprimé les Tunisiens, car il les a amenés à perdre foi en leur extraordinaire capacité des débuts. Toutefois, je pense que cette dépression est temporaire. Le processus révolutionnaire va ressurgir, peut-être pas immédiatement, ni dans les mois qui viennent. Mais il ressurgira parce que les Tunisiens sont bel et bien entrés dans un processus de maturation, en tant que sujets politiques et que trois ans après, la construction politique engagée n’est pas à la hauteur de leurs aspirations. Les personnes qui gouvernent ont coulé ces aspirations dans des canaux anciens. C’est un discours nouveau et crédible qu’attendent les Tunisiens. Or, devant eux, il y a à peine des joueurs, de petits malins et de petits Narcisse, mais aucun acteur politique n’est à la hauteur de ce qui s’est réellement passé. Il y a toujours des manipulations et des gens qui complotent. Mais cela ne touche pas au processus. Il y a quelque chose de certain dans la révolution : libération de la parole, expérience du dévisagement traumatique, narcissisme éclaté, désagrégation de l’unité, nouveau reflet de nous-mêmes, de nos divergences, nos divisions...
La chute de Ben Ali et l’effacement de l’image du despote constituent un enjeu narcissique : l’éclatement du grand miroir politique en une multiplicité de miroirs et de narcisses. Ce foisonnement est en lui-même, source d’incertitudes et de suspicion, mais il est positif. Il cristallise une forme de vie démocratique. On dépasse la négativité du Narcisse absolu. On passe de la communauté à la société... Preuve qu’une révolution est en cours, quelle qu’en soit l’issue. Pour la remettre sur la voie, il faudrait commencer à rétablir le lien d’identification, arrêter le discours clivant entre sur-musulmans et sous-musulmans, entre laïcs et rétrogrades, cesser de s’infliger des blessures... Prendre simplement notre réalité comme nous l’offre le grand miroir politique... Désormais, notre réalité n’est plus camouflée.

Hamadi Redissi (professeur de sciences politiques) : « Ceux qui ont profité de la révolution sont incapables d’en réaliser les objectifs »
Il y avait dans les mouvements de révolte engagés en décembre 2010 deux demandes à l’œuvre : la demande des sinistrés : égalité et justice sociale, et la demande des libéraux : une demande politique de démocratie et de liberté. Historiquement, on pouvait très bien marier ces deux demandes mais c’est l’interférence de l’islam politique qui a brouillé les cartes.
Il y a eu ensuite trois imaginaires révolutionnaires en compétition. L’imaginaire libéral, concept de 1789 avec pour mot d’ordre : on va prendre la Bastille. L’imaginaire bolchevique qui pense prendre la Douma d’Etat. Enfin ,l’imaginaire de 1979; celui de la révolution iranienne pétri à l’islamisme turc. Tout cela constitue un mélange disgracieux. En arrière-fond de ces trois imaginaires, il y a la répétition du geste bourguibien à travers le projet d’une deuxième République. Résultat : on a coupé l’historicité de l’Etat, mais les élites post-14 janvier ont été incapables de fonder une deuxième République. Elles en ont raté la fondation. Ce sera une deuxième République bâclée. Résultat : la transition a donné lieu à un régime de désordre, d’outrance, d’excès, de nivellement par le bas. Un régime dépourvu d’autorité et qui a un côté décadent. Dans les faits, ceux qui ont mené la révolte n’en ont pas profité et ceux qui en ont profité ont été incapables d’en réaliser les objectifs.
Face à ces dérapages, la Rue, composée de jeunesses, de femmes, d’associations continue à jouer un grand rôle à chaque fois qu’il y a un bras de fer entre les forces démocratiques et le pouvoir. A chaque fois, c’est la rue qui a tranché et le pouvoir a dû faire des concessions. Même fatiguée, la rue a encore le moyen de faire la différence, à moins de considérer que la révolution est terminée et, dans ce cas, c’est la raison de l’Etat qui primera. Mais si l’on reconnaît que les demandes de la révolution n’ont toujours pas de réponse, la rue va forcément avoir encore son mot à dire. La rue tunisienne a déjà donné la preuve qu’elle n’est pas une masse destructrice mais une force d’un grand civisme qui va effectivement faire pencher la balance du côté des forces démocratiques.

Riadh Ferjani (enseignant chercheur en sciences de l’information et sociologie de la communication) : « La machine de la propagande s’est attaquée à Bouazizi, un symbole en devenir »
Je récuse le terme complot. Il n’y a pas de complot. Il y a dans le champ politique un rapport de force, qui fonctionne pendant un temps et qui produit son discours et ses récits. Et puis, à un certain moment, il y a une rupture de ces équilibres, et le commencement d’un nouveau moment historique. Les intrigues de palais existent certes mais ne constituent, en conséquence, qu’un élément de l’analyse politique. Dire qu’il n’y a pas eu de révolution, c’est confirmer que la politique a toujours été affaire de chambres closes : c’est saper le moral des gens qui croient en la citoyenneté active.
Une réalité sociologique : il n’y a pas un seul récit, mais plusieurs qui entrent en concurrence, qui s’opposent les uns aux autres. Autour du personnage de Mohamed Bouazizi, il y a eu un moment, avant le 14 janvier 2011, où l’un des axes de la propagande de Ben Ali a été de s’attaquer au personnage (alcoolique, délinquant...). La machine de la propagande s’est attaquée à Bouazizi puisque c’était un symbole en devenir. Les récits différents entrent en concurrence et c’est évidemment le discours dominant qui prend le dessus. A ce moment-là, dans les médias numériques et les réseaux sociaux, le discours dominant était axé sur la symbolique du profil du jeune chômeur et de son geste de désespoir. Les soulèvements fonctionnent en partie sur les symboles, quelle que soit la réalité des personnages. A ce jour, tous les livres sur la révolution s’articulent autour de Bouazizi.
Il y a des récits plus plausibles que d’autres. Ils sont faciles à croire sans apporter la preuve historique. Cela n’enlève rien à la véracité des faits. Même le fait qu’il ait pu y avoir une révolution de palais n’enlève rien à la véracité du soulèvement populaire, de la communion des Tunisiens de tout horizon, mobilisés dans toutes les régions et enfin sur l’avenue Habib Bourguiba. Dans les moments difficiles de la transition, les récits dominants deviennent les plus crédibles. On va croire à ce qui est plausible.
Un récit dominant n’est jamais éternellement dominant. Les récits en concurrence sont régis par un rapport de force. Dès que ce rapport de force change, les récits perdent leur place.
Dans les études prospectives et les stratégies prévisionnelles les plus rigoureuses, il reste impossible de tout prévoir. Il y a toujours une multiplicité de scénarios et dans cette multiplicité, des éléments qui échappent toujours aux prévisions et au contrôle. Dans les scénarios les mieux ficelés, il reste toujours une marge d’action et des possibilités pour la résistance.

Adel Ltifi (professeur d’histoire contemporaine du monde arabe) : « La société a échappé à l’emprise et au despotisme de l’Etat »
Depuis le 17 décembre 2010 et pour la première fois de son histoire moderne et contemporaine, la société tunisienne a échappé à l’emprise de l’Etat, à son despotisme, à sa culture et a exprimé librement ses paradoxes sociaux, culturels, politiques. Dans l’histoire, les moments de rupture sont souvent associés aux sentiments les plus contradictoires : doute et confiance, espoir et désespoir, enchantement et désenchantement. La société, en branle, est alors exposée, à corps défendant, à la tyrannie de la passion. Et cette passion est potentiellement porteuse de populisme. C’est ce populisme qui s’est exprimé, lors des élections du 23 octobre. Le premier rendez-vous démocratique aura acté la prédominance de trois types de populisme: populisme religieux avec Ennahdha, populisme social avec les partisans de Hachmi Hamdi, voix de la campagne, et populisme politique avec le CPR... Mais là où le processus dérive, c’est quand tous les objectifs et aspirations de la révolution sont évacués pour laisser place à une polémique sur l’identité. La révolution tunisienne que l’on croyait porteuse d’avenir a aussitôt été rattrapée par le passé récent avec la problématique de Bourguiba et de l’Etat de l’indépendance et même par le passé lointain, celui des débuts de l’Etat moderne du milieu du XIXe siècle.
La théorie du complot est une forme d’oisiveté intellectuelle. La révolution tunisienne est bel et bien l’aboutissement d’une dynamique sociale interne qui s’est conjuguée à un contexte planétaire défavorable aux dictatures. Dire que l’Occident via le Qatar a mobilisé les Tunisiens contre Ben Ali est une façon de déprécier la société tunisienne.
Ce qui explique en revanche les dérives du processus révolutionnaire, c’est que le parti islamiste monté au pouvoir souffre d’une carence au niveau de sa culture politique et historique. Une situation compréhensible pour un parti qui trouve du mal à outrepasser la prédication pour rejoindre la politique. Cet état d’esprit explique la confusion, chez l’élite qui domine Ennahdha, entre gouverner dans le sens d’administrer l’Etat et gouverner dans le sens de dominer l’Etat... Ainsi, ils se sont consacrés durant la période transitoire au contrôle de l’Etat aux dépens des besoins immédiats de la société, de l’économie et aux dépens de la transition démocratique.
Auteur : Hedia Baraket

source : http://www.lapresse.tn/17122013/76300/r ... celle.html
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Re: Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Message par anzar »

Un nouveau gouvernement en Tunisie le 8 janvier

Le Monde.fr avec AFP | 27.12.2013 à 18h21
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Mehdi Jomâa, relativement méconnu du grand public, prend la tête d'un gouvernement intérimaire jusqu'à la tenue d'élections en 2014.

A l'issue de nouveaux pourparlers entre les islamistes et leurs opposants, vendredi 27 décembre, les membres du Dialogue national ont convenu que le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda passerait le pouvoir à un cabinet d'indépendants le 8 janvier, a annoncé l'Union générale tunisienne du travail.

« Les membres du Dialogue national ont convenu que le 8 janvier serait la date de la prise de fonctions de Mehdi Jomâa et de la démission officielle d'Ali Larayedh », a déclaré Bou Ali Mbarki, secrétaire général adjoint de l'UGTT, médiateur des négociations censées sortir la Tunisie d'une profonde crise.

Mehdi Jomaâ, un indépendant actuellement ministre de l'industrie, a été désigné à la mi-décembre lors de pourparlers entre les islamistes au pouvoir et l'opposition pour former un cabinet d'indépendants et conduire le pays à des élections en 2014.

EXAMEN DE LA CONSTITUTION LE 3 JANVIER

Le premier ministre, Ali Larayedh, et son parti Ennahda ont promis de passer la main une fois la future Constitution adoptée. L'examen de celle-ci à l'Assemblée nationale constituante doit débuter le 3 janvier. En parallèle, la formation de la future instance électorale, qui devra organiser les législatives et la présidentielle, doit être achevée au plus tard le 7 janvier, a précisé M. Mbarki.

La classe politique s'est donnée jusqu'au 14 janvier, au 3e anniversaire de la fuite du président Zine El-Abidine Ben Ali à l'issue de la révolution tunisienne, pour achever la formation du nouveau gouvernement et adopter la Constitution.

Nombre de calendriers de ce type ont été annoncés sans jamais être respectés depuis le début d'une profonde crise politique déclenchée par l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi, le 25 juillet.

Selon la législation tunisienne, après la démission d'Ali Larayedh, le président, Moncef Marzouki, chargera Mehdi Jomaâ de former son cabinet, qui devra ensuite être confirmé par l'Assemblée nationale constituante. Ce dernier a cependant déjà commencé les consultations pour composer son équipe afin de pouvoir entrer en fonctions dès le départ de M. Larayedh, selon M. Mbarki.
http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2 ... 66522.html
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tayeb
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Re: Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Message par tayeb »

La nouvelle constitution tunisienne insiste sur le caractère « civil et républicain » de l’Etat


Les premiers articles de la constitution tunisienne ont été votés sans grands remous. Ils rejettent la charia comme source principale de la législation, consacrent un Etat civil avec un régime républicain attaché à la réalisation l’unité du Maghreb.




Les articles de la future Constitution tunisienne qui ont suscité de vives controverses ont été finalement adoptés par l’Assemblée nationale constituante (ANC) en séance plénière samedi. Ceux qui traitent de la place de la religion dans le fonctionnement de l’Etat et dans la société et la liberté de conscience ont fait l'objet de propositions d'amendement, dont la majorité a été refusée.
L’article premier qui stipule que « La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime » de la Constitution de 1959 a été maintenu avec un ajout annonçant que « cet article ne peut être révisé ». Cette formulation a recueilli le consensus des Constituants majoritairement du parti islamiste Ennahda.
L’article 2 qui proclame le « caractère civil » de la Tunisie, basé sur la « citoyenneté, la volonté́ du peuple et la primauté du droit » a été consacré article impossible à réviser. Des amendements proposant le Coran et la Sunna comme sources principales de la législation ont été rejetés. Les articles 3 et 4 disposent de la souveraineté du peuple et de sa représentation et l’article 5 proclame l’appartenance de la Tunisie Maghreb Arabe et « œuvre pour son unité, et prend toutes les mesures pour y parvenir ».
Le flou de la liberté de conscience
L'article 6 relatif à la liberté de conscience, de croyance et la neutralité des lieux de culte, a été adopté avec 149 voix, 23 objections et 13 abstentions non sans remous. Il stipule que : « L’État est gardien de la religion. Il garantit la liberté de conscience et de croyance et le libre exercice du culte. Il est le protecteur du sacré, garant de la neutralité des mosquées et lieux de culte par rapport à toute instrumentalisation partisane ». Pour Azed Badi du parti Wafa, proche des islamistes, cette liberté permettrait « aux satanistes, à l'idolâtrie d'organiser des manifestations publiques (...) pour propager leurs croyances ».
« Ceux qui s'opposent à la liberté de conscience veulent nous ramener à des périodes noires de l'Histoire où des tribunaux inspectaient la conscience des gens », a répliqué Iyed Dahmani, un député de l'opposition laïque.
La notion protecteur du sacré a par ailleurs été vivement critiquée car prêtant à diverses interprétations. « Il faut lever le flou (...) sur l'article 6 qui donne à l'Etat le droit de parrainer la religion et de protéger le sacré, ce qui peut aboutir à des interprétations menaçant la citoyenneté, les libertés », a estimé la Ligue tunisienne des droits de l'Homme. Les autres articles (7 à 15) traitent de la place de la famille dans la société et le rôle de l'Etat dans sa protection, de la jeunesse dans le processus de développement, l’unité nationale, le paiement des impôts…etc.


http://www.maghrebemergent.com/actualit ... -etat.html

Bravo au peuple Tunisien! Une grande leçon vient de nous être donné par nos amis Tunisiens, on ne doit pas sacrifié sa liberté de conscience, l'Islam doit être à sa place au sein de la société et la république doit être seule à jugé les hommes pour leurs actes ici-bas. C'est une grande victoire pour l'intelligence, le pragmatisme et la protection des valeurs musulmanes de la Tunisie. Encore une fois bravo au peuple :avo:
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Message par anzar »

Oui bravo à nos frères tunisiens une constitution à la mesure de ce pays et qui échappe aux calculs apothicaires des uns et des autres
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Message par abdelK »

Un intellectuel non apparenté, avec son profil professionnel comme atout pour redonner confiance aux investisseurs européens en particulier, une constitution qui insiste sur le caractère civil et républicain de la Tunisie et cerise sur le gâteau l'arrestation d'Abou Iyadh, j’espère que cette succession de bonnes nouvelles n'est qu'un début.
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l'Algérie qu'on insulte dans tous ses gestes quotidiens
rappellera que la discorde ne naît jamais d'un malentendu
mais de la méconnaissance et de l'irrespect.


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Re: Tunisie: Actualités Politiques [uniquement]

Message par anzar »

Tunisie : le gouvernement tourne le dos à la charia

LE MONDE | 07.01.2014 à 11h12 • Mis à jour le 07.01.2014 à 18h59 | Par Isabelle Mandraud

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L’Assemblée nationale constituante tunisienne, le 3 janvier.

La liberté de conscience est inscrite dans la future Constitution tunisienne. Adopté le 4 janvier à une large majorité, toutes sensibilités confondues, de 149 députés et rejeté seulement par 23 élus, l'article stipule que « L'Etat est le gardien de la religion. Il garantit la liberté de conscience et de croyance et le libre exercice du culte ». Une disposition exceptionnelle dans le monde arabe, votée qui plus est dans une Assemblée dominée par des islamistes représentés par le parti Ennahda, issu des Frères musulmans.

Moyennant une concession, « l'Etat est le protecteur du sacré », le texte tourne définitivement le dos à la charia, le droit islamique, un débat au demeurant déjà enterré par Ennahda : la Tunisie est un « Etat civil » comme le précise le préambule de la Constitution également adopté. Lundi 6 janvier, le délicat chapitre des droits et libertés a confirmé cette orientation, avec l'inscription de l'égalité entre les citoyens et les citoyennes, « égaux devant la loi sans discrimination ». Bien que limitée à la citoyenneté, cette disposition, adoptée par 159 voix sur 169 votants, a été saluée par Alhem Belhadj, figure de l'Association tunisienne des femmes démocrates, comme « une victoire ».

LA TORTURE, « CRIME IMPRESCRIPTIBLE »

Les « libertés d'opinion, de pensée, d'expression, d'information et d'édition sont garanties », tout comme le droit syndical et le droit de grève, ou bien encore « l'inviolabilité des logements, la confidentialité des correspondances, des communications et des données personnelles ». La torture « morale et physique », qualifiée de « crime imprescriptible », est proscrite. Il est interdit de déchoir de sa nationalité un citoyen, de l'exiler, de l'extrader ou de l'empêcher de retourner dans son pays comme cela a été le cas dans le passé. Pas à pas, les députés tunisiens progressent dans l'espoir de boucler et d'adopter (par un vote des deux tiers) la Constitution, le 14 janvier, trois ans jour pour jour après la chute de Zine El-Abidine Ben Ali. En décembre, la Tunisie a marqué dans la morosité l'anniversaire de sa révolution.

Sur les 146 articles de la future Constitution, un tiers du chemin a jusqu'ici été parcouru. Les débats ne sont pas exempts d'énervement ou de dérapages. Dimanche, l'opposition laïque a obtenu le vote d'un amendement interdisant les « accusations d'apostasie et l'incitation à la violence » après qu'un élu de gauche a été pris à partie par un député islamiste. « Les constituants tunisiens du camp islamiste ou du camp dit démocrate ont voté contre la liberté d'expression », a aussitôt regretté Amira Yahyaoui, présidente de l'association pour la transparence de la vie publique Al-Bawsala, se faisant le porte-parole de plusieurs ONG.

Cahin-caha, et sauf incident majeur, l'Assemblée nationale constituante tunisienne avance. Elle revient de loin si l'on songe à la paralysie totale qui s'était emparée de ses travaux après l'assassinat, le 25 juillet 2013, de Mohamed Brahmi, un député de l'opposition tué par balle comme l'avait été avant lui, le 6 février, Chokri Belaïd, une figure de la gauche. Ce deuxième assassinat politique avait plongé le pays dans une profonde crise, menaçant la fragile transition tunisienne.

SITUATION INÉDITE

A l'issue de plusieurs semaines de négociations menées par des acteurs de la vie civile, comme l'UGTT, la puissante centrale syndicale tunisienne devenue le principal médiateur de la crise, un accord a finalement été trouvé : l'achèvement de la Constitution et l'organisation de nouvelles élections contre la promesse arrachée à Ennahda de céder la direction du gouvernement à une équipe de technocrates gestionnaires censés apaiser le climat général. C'est la nouvelle étape prévue : d'ici à quelques jours – jeudi 9 janvier au plus tard, a exhorté le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi –, le premier ministre Ali Larayedh devrait céder son fauteuil à Mehdi Jomaa, actuel ministre de l'industrie mais sans étiquette partisane connue. Une page serait ainsi tournée : celle des élections d'octobre 2011 qui avaient porté au pouvoir, pour la première fois, des islamistes encore dans la clandestinité à peine moins d'un an plus tôt…

Cette situation inédite, bien que marquée par des épisodes tendus, repose sur la préoccupation constante, de la part de tous les acteurs tunisiens, de ne jamais parvenir au point de rupture qui a vu d'autres pays du « printemps arabe » sombrer dans le chaos, ou la répression.

La tragédie syrienne et plus encore l'évolution de la situation en Egypte, où les Frères musulmans de plus en plus impopulaires ont été chassés brutalement du pouvoir, ont beaucoup pesé. Ce « retour de bâton » a contraint les islamistes tunisiens à faire davantage de concessions tandis que, du côté de l'opposition, les plus radicaux ont dû se résoudre à négocier, faute de forces.

Les confrontations de rue sont ainsi restées contenues du fait de la faible mobilisation d'une population davantage préoccupée par les difficultés, grandissantes, de la vie quotidienne, que par les batailles politiques ou idéologiques. Lundi, indifférents aux débats des députés sur la Constitution, des jeunes chômeurs s'en sont pris à un poste de police dans le gouvernorat de Gafsa. C'est dans cette région minière et frondeuse que les germes du soulèvement de 2011 ont poussé.

Isabelle Mandraud
Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste

Des magistrats en grève pour contester le projet de Constitution

Des juges tunisiens ont entamé une grève de trois jours, estimant que l'indépendance de la justice n'était pas garantie dans le projet de Constitution en cours d'examen, selon l'Association des magistrats tunisiens (AMT). Raoudha Karafi, présidente de l'AMT, a expliqué que l'article 112 du projet prévoyant que le ministère public exerce ses fonctions « dans le cadre de la politique pénale du gouvernement » instaure « la soumission du parquet au pouvoir exécutif et [le force] à servir les intérêts du gouvernement seulement ».

Le mouvement vise aussi à dénoncer le refus, selon elle, du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda de mettre en œuvre les mutations et promotions décidées par l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire.
http://www.lemonde.fr/international/art ... _3210.html
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Tunisie : le Premier ministre Ali Larayedh a démissionné

Publié le 09.01.2014, 09h45 | Mise à jour : 15h53

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Le Premier ministre tunisien Ali Larayedh a annoncé avoir remis, ce jeudi 9 janvier 2014, sa démission au président Moncef Marzouki, conformément à un accord destiné à sortir la Tunisie d'une longue crise politique. | AFP / Fethi Belaid

La transition démocratique en Tunisie progresse décidément dans la douleur. Alors que la Constituante espère adopter le projet de Constitution avant le 14 janvier, pour le 3e anniversaire de la Révolution de jasmin, des heurts secouent plusieurs villes pauvres du pays, sur fond de révolte fiscale.

Ce jeudi, le Premier ministre tunisien, Ali Larayedh, a annoncé avoir remis sa démission au président Moncef Marzouki dans l'après-midi, en conformité avec un accord négocié par la classe politique pour sortir le pays de longs mois de crise.

«Comme je m'y étais engagé il y a un moment (...) je viens de présenter la démission du gouvernement», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Le président m'a chargé de poursuivre la supervision des affaires du pays jusqu'à la formation du nouveau gouvernement présidé par Mehdi Jomaâ», a-t-il précisé. Ministre de l'Industrie sortant, M. Jomaâ a été choisi en décembre par la classe politique pour succéder à Ali Larayedh pour former un gouvernement d'indépendants et conduire le pays vers des élections en 2014.

Une démission très attendue par l'opposition. La formation, tard mercredi soir, de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), condition clé pour le départ du pouvoir des islamistes d'Ennahda, a ouvert la voie à cette démission. Le puissant syndicat UGTT, principal médiateur de la crise politique déclenchée en juillet par l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi, avait souligné à maintes reprises que le Premier ministre avait jusqu'à jeudi pour remettre sa démission au président Moncef Marzouki.

La presse tunisienne n'est pas tendre jeudi avec Ali Larayedh qu'elle accuse d'avoir attisé les tensions dans le pays et de le mener «au bord de l'explosion», selon La Presse. Avant de quitter le pouvoir, le Premier ministre a «pris soin de dégoupiller une petite bombinette qui menace de faire péter la baraque et d'alimenter de nouvelles tensions sociales dont le pays se passerait volontiers», juge pour sa part le Quotidien.

Flambée fiscale. Cette «petite bombinette» fait référence à la création de nouvelles taxes sur les moyens de transports privés et professionnels, dont se nourrissent les protestations, notamment les régions de Kasserine et Sidi-Bouzid, largement touchées par la pauvreté et foyers de la Révolution de jasmin. Des revendications jugées «légitimes» par le syndicat UGTT. De son côté, le parti islamiste Ennahda, encore au pouvoir, a affiché sa «compréhension face à ces mouvements de protestations» et appelé à «réviser» ces nouvelles taxes, qu'il a pourtant approuvées lors de l'adoption de la loi de finances en décembre.

Plusieurs bâtiments publics incendiés. Cette révolte fiscale s'est traduite par de nombreux heurts entre manifestants et policiers dans la nuit de mercredi à jeudi. Plusieurs bâtiments officiels ont été incendiés à Feriana et Meknassy, dans le centre-ouest déshérité de la Tunisie.

A Feriana, dans la région de Kasserine, la recette des impôts, un poste de police, une banque et un bâtiment municipal ont été incendiés. «La police a riposté par des lacrymogènes avant de reculer», a indiqué un policier.

A Meknassy, dans la région de Sidi-Bouzid, un commissariat a été incendié et deux voitures de police brûlées. Là encore, les forces de l'ordre ont répliqué aux jets de pierres par des gaz lacrymogènes. Selon des témoins, les rixes ont duré jusqu'à 1 heure du matin. Aucun bilan humain ni matériel n'était disponible jeudi matin.

LeParisien.fr
http://www.leparisien.fr/international/ ... 477007.php
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Message par anzar »

Tunisie: Mehdi Jomaâ chargé de former un gouvernement de sortie de la crise

le 10.01.14 | 11h36 | mis à jour le 10.01.14 | 18h44
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Mehdi Jomaâ, chargé vendredi de former un cabinet d'indépendants pour conduire la Tunisie vers des élections en 2014, a prévenu qu'il ne ferait pas de "miracles", le pays étant déstabilisé par des crises politique et économique.

A la suite de sa nomination par le président Moncef Marzouki au lendemain de la démission d'Ali Larayedh actant le départ volontaire du pouvoir des islamistes d'Ennahda, M. Jomaâ a quinze jours pour former son équipe.

"Je ferai de mon mieux, mais je ne vais pas faire de miracles, je ferai tous les efforts, tout comme mon équipe", a-t-il dit, dans un bref discours télévisé de cinq minutes.
Il a aussi promis de former le plus vite possible un cabinet "indépendant et neutre n'ayant aucune animosité envers un courant ou un parti".

"Les difficultés que traversent le pays sont telles qu'on ne peut pas les résoudre sans une atmosphère de confiance", a ajouté M. Jomaâ, une référence au profond climat de méfiance qui caractérise la vie politique tunisienne et notamment les relations entre les islamistes, majoritaires à la Constituante, et leurs détracteurs.
La désignation de Mehdi Jomaâ, ministre sortant de l'Industrie méconnu du public, était acquise depuis la mi-décembre à la suite d'un accord politique pour sortir de la profonde crise déclenchée par l'assassinat en juillet, attribué à un groupe jihadiste, de l'opposant Mohamed Brahmi.

Après des mois d'imbroglio politique, la formation d'une instance électorale et le lancement de la procédure d'adoption de la Constitution ont réuni les conditions pour la démission d'Ali Larayedh.

'Le plus dur vient de commencer'

Pour les journaux de vendredi, M. Jomaâ aura fort à faire, entre les conflits sociaux, une économie en berne, l'essor depuis la révolution de 2011 de groupes jihadistes et l'organisation d'élections à une date indéterminée en 2014.
Quelques heures avant sa démission, M. Larayedh a néanmoins voulu désamorcer quelque peu les tensions sociales en suspendant une série de nouvelles taxes sur les transports ayant déclenché une vague de protestations violentes dans le pays cette semaine, en particulier dans les régions intérieures déshéritées, moteurs de la révolution de 2011.
"Le plus dur vient de commencer", prévient Le Quotidien, pour qui M. Jomaâ hérite d'un "cadeau empoisonné".
"Des soulèvements dans tous les coins du pays, une économie agonisante et une situation sécuritaire précaire, le futur gouvernement aura bien du pain sur la planche pour relancer le pays", relève ce journal.
La sortie de crise passe aussi par l'adoption de la Constitution, que la classe politique s'est engagée à approuver avant le 14 janvier, troisième anniversaire de la révolte qui lança le Printemps arabe.

Travail 'jour et nuit'

De polémiques en disputes, les travaux de la Constituante ont été ralentis, si bien qu'après une semaine d'examen du projet article par article, les élus ont passé en revue environ un tiers du texte.
"Peut-être aurons-nous une heureuse surprise et la Constitution sera adoptée le 13 janvier. La fête de la révolution sera alors un événement crucial", a jugé Mustapha Ben Jaafar, le président de l'Assemblée.
Les "principes généraux" et les "droits et libertés" ont été approuvés, et les élus ont entamé vendredi l'examen des chapitres sur les institutions, en commençant par le pouvoir législatif.
Les articles 49 à 69 du projet dessinent les compétences d'un Parlement monocaméral élu pour cinq ans au suffrage universel direct, où l'opposition est définie comme "une composante essentielle".
Les élus partagent l'initiative des lois avec le président et le chef du gouvernement, qui est responsable devant les députés.
Une grande avancée du texte approuvée jeudi concerne les droits des femmes, le projet contenant le principe d'une égalité entre hommes et femmes et l'objectif d'une parité dans les assemblées élues, une exception dans le monde arabe.
A l'issue de cet examen, le texte global doit obtenir les voix des deux-tiers des 217 députés à l'issue de deux lectures tout au plus, faute de quoi il sera soumis à un référendum.
Elue en octobre 2011, l'assemblée devait achever sa mission en un an, mais le processus a été ralenti par un climat politique délétère, l'essor de groupes jihadistes armés et des conflits sociaux.
Sur le plan économique, le futur gouvernement hérite d'une économie en berne et d'un chômage toujours endémique, facteur au cœur de la révolution.

AFP
http://www.elwatan.com/depeches/tunisie ... 62_167.php
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Message par anzar »

Espoirs fragiles en Tunisie

LE MONDE | 18.01.2014 à 09h49 • Mis à jour le 18.01.2014 à 11h09 | Par Kamel Jendoubi (co-fondateur du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie)
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Des Tunisiens brandissent le drapeau national lors du troisième anniversaire de la fuite de l'ancien président Zinedine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2014 sur l'avenue Habib-Bourguiba, à Tunis.

Ils ont déclenché le « printemps arabe » en chassant Ben Ali du pouvoir, il y a trois ans. Aujourd'hui, les Tunisiens sont-ils en train de sauver ce grand mouvement, après le naufrage égyptien, le chaos syrien et le désordre libyen, en adoptant la première Constitution démocratique « apurée » de la charia ? On ne va pas bouder notre plaisir de voir émerger une nouvelle Constitution qui consacre dans le texte des principes et valeurs pour lesquels se sont sacrifiés tant de Tunisiens, renouant ainsi avec l'histoire réformatrice du pays, qui a vu naître la première Constitution du monde arabe en 1861.

C'est une condition nécessaire pour saper les fondements juridiques de la dictature et de l'autoritarisme qui ont régné depuis l'indépendance, en 1956. Mais sera-t-elle suffisante pour prémunir le pays de nouvelles formes d'autocratisme et de totalitarisme ? Rien n'est moins sûr. La Constitution de 1959, bien qu'elle ait contenu plusieurs dispositions protégeant les libertés individuelles et collectives, et notamment la liberté syndicale, justifie cette crainte. Un texte constitutionnel, fût-il beau, ne fait pas, seul, le printemps des libertés, des droits de l'homme et de la démocratie.

Une lutte pour le pouvoir se joue en Tunisie, déclenchée par le parti islamiste Ennahda qui, dès sa victoire électorale, a dévié le sens et la nature de la deuxième phase de transition démocratique dont l'objectif était d'aboutir à une nouvelle Constitution, un an après les élections du 23 octobre 2011.

Il a trahi ainsi le mandat qui lui avait été confié par les électeurs tunisiens, tournant le dos à la révolution de la liberté et de la dignité et provoquant une crise sans précédent : politique, économique, sociale, identitaire, allant jusqu'à toucher à des conquêtes sociales et civiques qui ont marqué l'histoire du pays.

L'adoption d'une nouvelle Constitution validée par une quasi-unanimité est un acquis très important. Il va être utilisé, à n'en pas douter, par la « troïka », la coalition au pouvoir qui rassemble deux partis de centre gauche, le CPR et Ettakatol, ainsi qu'Ennahda. Tous chercheront, et particulièrement les islamistes, dans les mois qui nous séparent des prochaines élections, à (re)constituer leur capital électoral et alimenter leur notoriété internationale.

L'AMBIGUÏTÉ DE L'ARTICLE PREMIER DE LA CONSTITUTION DE 1959

On jugera à froid la nouvelle Constitution une fois sa rédaction achevée, tant dans les détails des articles que dans son économie générale, ainsi qu'à la lumière des dispositions transitoires qui seront arrêtées. Remarquons que « l'ambiguïté créatrice » de l'article premier de la Constitution de 1959, maintenu dans le nouveau texte, qui stipule que « la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, sa religion est l'islam, sa langue est l'arabe et son régime la République », a permis la fondation d'un Etat indépendant. Un Etat certes autoritaire, mais pour l'essentiel civil pendant plus d'un demi-siècle, grâce à une interprétation qui a fait de l'islam la religion de la Tunisie et non celle de l'Etat.

Or, une lecture biaisée est à l'oeuvre, savamment développée, depuis leur victoire aux élections de 2011, par les ténors d'Ennahda, faisant de l'islam la religion de l'Etat. Cette ambiguïté paraît donc recéler un fort potentiel destructeur du caractère civil de l'Etat.

On peut comprendre que les uns et les autres veuillent garder l'ambiguïté pour ne pas chahuter les alliances précaires. Le problème est que ce quiproquo délibéré empêche tout débat. D'autant qu'on a ajouté un article le rendant non révisable – sauf à attendre une autre révolution (juridique au moins). Trois enseignements sont à tirer.

La lutte et la résistance ont porté leurs fruits, bien que, hélas, certains l'aient payé de leur vie. L'islamisme politique a été mis en échec sur le plan doctrinal et pratique. Il ne peut pas mettre en oeuvre dans l'immédiat son projet de « réislamisation ». Il s'est aliéné de larges couches de la population qui ont découvert que leur problème n'est pas l'islam, mais l'islamisme politique, qui s'avère incompatible avec la conduite d'un pays vers la liberté, la dignité et la démocratie et dont la gestion des affaires publiques est génératrice d'instabilité et de violence.

Le deuxième enseignement a trait au recul des islamistes qui est, pour l'essentiel, tactique ; il n'exprime pas des concessions principielles qui peuvent dénoter d'un changement de fond dans leur idéologie et dans leurs convictions. Pragmatiques et manoeuvriers, criant en permanence à la conspiration, alternant la diabolisation des « ennemis de la révolution » et l'apaisement avec ces derniers, les stratèges islamistes ne perdent pas le cap : ils jouent la Constitution (en essayant de la miner au maximum) contre leur maintien au pouvoir sous des formes à négocier, d'où leur habileté à mettre à profit le dialogue, qu'il soit national (institué) ou dans les coulisses.

A cette fin, ils ont besoin de redorer leur blason, après deux ans de gestion chaotique et catastrophique. « Modérés », ils le démontrent, puisqu'ils disent avoir cédé sur l'essentiel : point de charia dans la Constitution (mais l'islam englobe nécessairement la charia !) et point de ministres islamistes dans le gouvernement, tout en gardant la main sur l'Assemblée nationale constituante (ANC), le détenteur du véritable pouvoir. Les « laïcs » peuvent dormir tranquilles, les observateurs et les diplomates être rassurés.

LE RÔLE CRUCIAL DES PROCHAINS SCRUTINS

Pour combien de temps ? Le troisième enseignement a trait à l'importance du contexte géopolitique dans les inflexions tactiques de l'islamisme politique. « Le tremblement de terre » égyptien – dixit Rached Ghannouchi, président d'Ennahda – a privé ce parti d'un allié de poids, les Frères musulmans, dont il s'est démarqué (sans se couper) pendant les années de plomb sur les questions relatives aux droits de l'homme et à la démocratie. C'est ainsi qu'il a souscrit en 2008 aux documents élaborés par le Collectif du 18 octobre pour les libertés, documents qui statuent sur les questions telles que les droits des femmes et l'égalité de genre, la liberté de conscience et de croyance, la relation Etat-religion et l'affirmation de l'Etat civil fondé sur la démocratie et les droits de l'homme.

La confrérie victorieuse en Tunisie et en Egypte, Ennahda – appuyé par les monarchies du Golfe, l'Arabie saoudite et le Qatar – s'était senti pousser des ailes, n'hésitant pas à remettre en question les engagements solennels pris en 2008.

Mais Ennahda a été acculé à tirer les leçons de son alignement aveugle et sur les Frères musulmans – contre lesquels des millions d'Egyptiens se sont dressés et que l'armée a éjectés du pouvoir par un coup d'Etat sanglant – et sur le Qatar, le financeur en chef du projet d'« islamisation démocratique » (sic) poussé par cet Emirat riche et réactionnaire. L'action des salafistes et sa frange djihadiste violente ont aussi déclenché des réactions fortes des bailleurs de fonds occidentaux : ces derniers craignent les risques de chaos engendrés par le terrorisme en Tunisie, avec ses ramifications maghrébines et au-delà, d'autant qu'ils ont affaire à un Etat affaibli, notamment par des milliers de nominations faites pour la plupart par complaisance et soumission au parti Ennahda. L'Algérie, pays essentiel pour la Tunisie, n'est pas en reste.

Tous ces acteurs sont inégalement intéressés par l'agenda démocratique de la Tunisie. Certains voient même d'un mauvais oeil cette transition démocratique, qui pourrait donner des idées aux peuples voisins.

Ce que l'on appelle le double discours des islamistes est à double usage : composer avec « les partenaires internes » et rassurer les chancelleries occidentales. Hier, quand on défendait leur droit à l'existence et dénonçait la répression sauvage qui les visait, on disait : il faut les prendre au mot. L'expérience a démontré qu'il faut aussi se méfier de leurs mots ambigus. La Constitution est un acquis important mais qui ne déterminera pas, seul, le cours des événements.

Les moyens déployés par les acteurs politiques et ceux de la société civile, l'évolution de la situation politique, économique, sécuritaire, les alliances en constituent l'autre volet ô combien plus déterminant pour la bataille qui se prépare ; aujourd'hui, son issue (dans une première phase, car elle continuera sous des formes nouvelles, qu'Ennahda l'emporte ou pas) est déterminée par les prochains scrutins, et donc en partie par la crédibilité et l'indépendance de l'instance supérieure indépendante pour les élections et par la loi électorale ; celle-ci va dessiner les contours des rapports de forces politiques. Le climat dans lequel elles vont se dérouler est un autre facteur déterminant (sécurité, respect des libertés, tensions sociales, régionale, économique, cultuelle, etc.).

La confiance de la population dans le processus démocratique est le troisième pilier qui constitue le principal garant de tout changement durable : son adhésion à celui-ci, sa cohésion, sa capacité à endurer les difficultés et à ne pas sombrer dans la fatalité et la révolte. Il revient aux forces démocratiques, politiques, acteurs de la société civile, à faire en sorte qu'elle reprenne espoir.
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La nouvelle constitution tunisienne devrait être adoptée aujourd'hui
Tunisie : Mehdi Jomaâ à nouveau chargé de former un gouvernement apolitique

© AFP - Mehdi Jomaâ avait la charge de former un gouvernement d'indépendants.

Dernière modification : 26/01/2014

Après l'échec de la formation d’un gouvernement d’indépendants dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre sortant de l'Industrie, Mehdi Jomaâ, a de nouveau été chargé dimanche par le président Moncef Marzouki de composer une nouvelle équipe.

Alors que la nouvelle Constitution tunisienne doit être adoptée dimanche 26 janvier, le climat politique est des plus tendus en Tunisie. Le ministre sortant de l'Industrie, Mehdi Jomaâ, a de nouveau été chargé dimanche 26 janvier par le président Moncef Marzouki de composer un nouveau gouvernement apolitique. Selon la présidence, la liste pourrait être présentée dès 17h00 GMT (18h à Tunis). Dans la nuit de samedi à dimanche, Mehdi Jomaâ avait annoncé qu'il n’était pas parvenu à constituer une équipe faisant le consensus.

Selon des médias et plusieurs sources politiques tunisiennes, le principal problème concerne l'identité du ministre de l'Intérieur. Certaines forces, dont les islamistes et Mehdi Jomaâ, militaient pour le maintien de Lotfi Ben Jeddou, en poste depuis mars 2013. D'autres estimaient qu'il devait quitter ses fonctions car il a servi dans l'équipe sortante, dirigée par Ennahda, et qu'il était en poste lors de l'assassinat de Mohamed Brahmi.

"Nous ne sommes pas loin de la solution, nous continuons encore les concertations [...] Peut-être que je serai chargé (de nouveau de former un cabinet), peut-être que ce sera une autre personne", a déclaré Mehdi Jomaâ, qui avait été choisi en décembre par la classe politique pour diriger le prochain gouvernement.

Selon la législation en vigueur, "en cas d'échec de la formation du gouvernement (...) le président de la République, après concertation avec les partis, les coalitions et les groupes de l'Assemblée, désigne la personnalité la plus apte de former un gouvernement". En attendant, le Premier ministre sortant, l'islamiste Ali Larayedh, reste en charge des affaires courantes. Ennahda avait accepté, à l’automne dernier, de quitter le pouvoir et de laisser la place à des indépendants pour conduire le pays vers des élections en 2014.

Vote de la nouvelle Constitution

Malgré la situation tendue, une nouvelle Constitution doit être adoptée dimanche, après deux ans de travaux et de débats houleux. Elle consacre un éxecutif à deux têtes et accorde une place réduite à l'islam. Le premier de ses 146 articles donne l'esprit du texte : “La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l'islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime.”

À la sortie de la séance, la plupart des députés se disaient heureux. “Je pense que chaque Tunisien peut se reconnaître un peu dans cette Constitution. Je pense qu'aujourd'hui nous avons réussi à trouver les consensus nécessaires”, a déclaré l’un d’entre eux au micro de FRANCE 24. “Cette Constitution n'est pas celle d'un parti. C'est la Constitution du peuple tunisien qui ouvrira les horizons pour que la Tunisie s'intègre dans les nouvelles démocraties”, affirme un autre.

Le dernier vote requis avant l’adoption officielle dimanche doit recueillir une majorité des deux tiers des 217 députés. En cas d'échec, une seconde lecture sera effectuée. Et si le texte est toujours rejeté, il sera alors soumis à un référendum populaire, ce que l'essentiel de la classe politique semble vouloir éviter

Berceau du printemps arabe, la Tunisie a réussi à ne pas basculer jusqu'à présent dans le chaos, mais sa stabilité reste minée par l'essor de groupes djihadistes et par de profonds problèmes économiques et sociaux, déjà à l'origine de la révolution de janvier 2011.

Avec AFP
http://www.france24.com/fr/20140126-tun ... stitution/
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