Déclarations de personnalités de l'ANP

Venez discuter et débattre a propos de l'Armée Algérienne "uniquement" lorsque le sujet débattu ne concerne pas spécifiquement une armée (contrats, doctrine...).
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gvozdika
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par gvozdika »

paroles très sages, si on avait pas tripoté la constitution en 2008 on ne serait pas arrivé la aujourd’hui.

tayeb
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tayeb »

gvozdika a écrit :paroles très sages, si on avait pas tripoté la constitution en 2008 on ne serait pas arrivé la aujourd’hui.
Si certains n'avait pas trahis le pays...
En tout cas respect au président Zéroual, rajel.
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tahiadidou
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tahiadidou »

Zeroual... un Homme. Il a bien égratigné le despote actuel.
Pour quelqu'un comme moi qui ne vit plus a Alger et donc suit de loin les affaires du pays, que se passe-t-il?
Pour que Zeroual intervienne c'est qu'il doit se passer des choses pas 'catholiques'. Y a-t-il une fronde au sein de l'armée après le coup du DRS? Ou est-ce encore les mains étrangères avec leurs harka d'aujourd'hui? Et qui sont ces clans que tout ces 'proches du pouvoir' évoquent. Des noms (mis a part le jeune frère dont on entend beaucoup de choses)?
SI les modos estiment que ceci est hors sujet it is fine. Seulement lire des articles sans arriver a déchiffrer est plutôt frustrant.
Merci
Tahiadidou
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anzar
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par anzar »

Il suffit de lire la presse de demain ou dès aujourd'hui (Liberté, El Watan, El Khabar....etc) les analyses ne manqueront pas. Ici nous resterons sur ces déclarations brutes sans entrer dans des considérations et des polémiques politiciennes.
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Palmier Dattier
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par Palmier Dattier »

Communiqué du Président Liamine Zeroual:

Une adresse programmatique écrite dans un style impeccable, synthétique et d'une exceptionnelle densité. Cela ressemble beaucoup à un balisage du 4ème mandat: une sorte d'avertissement à qui de droit. Et à une prise à témoin auprès du Peuple algérien, au cas ou "les évènements et les hommes" voudraient se jouer indéfiniment des "institutions de la République".

tayeb
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tayeb »

Mohamed Chafik Mesbah à “Liberté” : “état des lieux et situation politique” (1re partie)
“Une logique de politique de la ‘terre brûlée’”

Mohamed Chafik Mesbah a observé, depuis septembre de l’année dernière, le silence. Par précaution méthodologique, affirme-t-il. Il a accepté de s’exprimer dans nos colonnes pour livrer son analyse sur le cours actuel des évènements dans notre pays. L’entretien aborde, successivement, la situation politique en Algérie, la problématique de la réforme des services de renseignement, l’état des lieux au sein de l’ANP, l’impact de l’environnement international et, enfin, les scénarios d’évolution futurs sur la conjoncture nationale.

Liberté : Nous sommes à la veille de l’élection présidentielle. Pensez-vous que le bilan de M. Abdelaziz Bouteflika justifie sa candidature pour un quatrième mandat ?
Mohamed Chafik Mesbah : Sans doute pas. L’état des lieux est des plus négatifs. Observez donc l’Algérie en 2014. Un champ politique frappé de léthargie. Paralysie des institutions élues et perte de légitimité pour les instances exécutives. Éclipse des partis, des leaders et même du mouvement syndical et associatif, faiblement, représentatifs. Une situation économique précaire. Malgré la profusion de ressources financières, il n’existe guère de stratégie de développement économique. Pas de visibilité axée sur le long terme. La rente pétrolière est dilapidée de manière anarchique, sans logique économique. Plusieurs plans d’investissement ont été lancés avec une application freinée par des dysfonctionnements liés à la mauvaise gouvernance et à la généralisation de la grande corruption. La situation sociale est en pleine régression. Le niveau de vie de la population est loin d’être celui que peut exhiber un pays disposant d’autant de ressources financières. Le chômage, en termes réels, frappe, fortement, les couches sociales les plus jeunes du pays. L’accès aux besoins essentiels — santé, école et logement, notamment — est en deçà des normes universelles. Le rayonnement diplomatique de l’Algérie est en déclin avec perte, pour le pays, de son statut de puissance régionale.

Pas de voyant vert dans ce sombre état des lieux ?
En termes de rajeunissement et de professionnalisation, l’armée algérienne a subi une certaine mue. Mais, depuis quelques années, le processus marque le pas. En marge de ce processus, des faiblesses subsistent, en particulier le coût excessif des dépenses militaires — plus exactement la nature des dépenses militaires — et une ambigüité persistante dans la doctrine de défense.

Vous n’évoquez pas la corruption jamais aussi présente dans le pays. Comment expliquez-vous que M. Abdelaziz Bouteflika — après avoir fait de la lutte contre la corruption, en 1999, son credo de campagne — se retrouve, en 2014, via son entourage, embourbé dans d’énormes scandales ?
Dans un système démocratique où le contrôle du peuple s’effectue, véritablement, et où la justice est, réellement, indépendante, les dévoiements sociaux, comme la corruption, ne sauraient se développer impunément. Nous sommes, hélas, dans un système autoritariste qui interdit l’exercice du contrôle populaire.
Certainement, le président Abdelaziz Bouteflika a-t-il voulu donner l’illusion qu’il faisait de la lutte contre la corruption une priorité. Il n’a pas manqué, à cet égard, de créer une pléiade d’institutions censées prévenir ou punir la corruption. Dans la réalité, volontairement ou par impuissance, il a laissé faire les prédateurs qui foisonnent à l’intérieur comme à l’extérieur du système. À propos, par exemple, de trois grandes affaires de corruption, autoroute Est-Ouest, les subventions aux concessions agricoles et Sonatrach, l’implication de l’entourage du président Abdelaziz Bouteflika est, volontiers, invoquée.

L’état de santé de M. Abdelaziz Bouteflika n’est pas un obstacle pour l’exercice d’un quatrième mandat ?
Ne nous attardons pas sur la maladie du président Abdelaziz Bouteflika. C’est un domaine qui relève de son intimité. Il est, cependant, possible d’examiner la question par rapport à son impact sur la gouvernance publique. La conclusion s’impose d’elle-même. Le mieux serait que M. Abdelaziz Bouteflika quitte, volontairement et dans la dignité, ses fonctions pour se consacrer à sa guérison. C’est le seul service digne d’intérêt qu’il peut, encore, rendre à l’Algérie.

Quels obstacles pourraient, selon vous, entraver le prochain scrutin ?
Vous voulez parler d’une obstruction à l’accession de M. Abdelaziz Bouteflika au quatrième mandat ? Deux obstacles, seulement, l’issue biologique qui est entre les mains de Dieu Tout-Puissant et un veto franco-américain, clairement, notifié.

Comment décrire le processus de prise de décision politique en Algérie. Quelle est la nature du système politique algérien ?
C’est un système autoritariste marqué par une dose, plus ou moins grave, d’anarchie. Il est possible d’évoquer, à cet égard, la notion de “dictature molle”. C’est un régime autoritariste qui étouffe les libertés politiques sans recourir, forcément, à la répression brutale. Une fiction de démocratie est, certes, entretenue. Qu’en est-il, cependant, de la séparation des pouvoirs ? Le Parlement, dans ces deux composantes, est une chambre d’enregistrement. La justice est, ostensiblement, sous le contrôle du pouvoir exécutif. Seul fait marquant dans ce régime autoritariste, l’irruption de deux acteurs inattendus. D’abord, le cercle présidentiel qui parvient jusqu’à se substituer au président de la République lui-même. Ensuite les “baltaguia” de l’économie, infiltrée dans les rouages les plus sensibles de l’administration publique, et qui désormais, pèsent même sur la décision politique.

Comment se présente ce cercle présidentiel que vous évoquez ?
Il se compose, d’abord d’un “noyau dur”. Il s’agit d’un groupe de personnes ayant accaparé les instruments de puissance publique pour un usage privatif. Ce “noyau dur” a pour pivot M. Saïd Bouteflika, frère et conseiller du chef de l’État. Autour de lui, s’amoncellent “baltaguia” de l’économie nationale, véritables prédateurs des richesses du pays, ainsi qu’une cohorte de responsables nommés par M. Saïd Bouteflika à la tête d’organismes publics — notamment dans les médias — qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Le cercle comprend, également, un “cercle périphérique” constitué de responsables éminents, désignés par le président
Abdelaziz Bouteflika. Il s’agit, pour l’essentiel, de MM. Tayeb Belaïz, ministre d’État chargé de l’Intérieur, Tayeb Louh, ministre de la Justice, Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel. Les membres du “noyau dur” et du “cercle périphérique” proviennent de la même région du pays, l’extrême Ouest, voire de la même localité, Tlemcen et ses périphéries. À noter que ces personnes évoluant dans le cercle périphérique sont interchangeables. Il suffit de se souvenir comment —sans ménagement aucun — en ont été chassés MM. Yazid Zerhouni, ancien ministre d’État chargé de l’Intérieur, Hamid Temmar, ancien ministre en charge des Participations de l’État et Abdelatif Benachenou, ancien ministre des Finances. J’omets, à dessein, de citer l’ancien ministre de l’Énergie, M. Chakib Khelil lequel, même dans son exil forcé aux États-Unis d’Amérique, continue de jouir d’une proximité certaine avec le “noyau dur” du cercle présidentiel.

Vous oubliez, également, des responsables de premier plan, le général Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP ainsi que M. Abdelmalek Sellal, tout récemment encore Premier-ministre…
Le général Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP ainsi que M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre, malgré leur proximité avec le président de la République, évoluent, selon la conjoncture, à côté du “noyau dur” ou à la marge. Est-il besoin de souligner que le reste des ministres et autres responsables de parti bien qu’ils affichent, ostensiblement, leur soumission au président de la République ne sont pas, à proprement parler, membres à part entière du cercle présidentiel ? En résumé, le cercle présidentiel dans toutes les nuances et de ses composantes fonctionne suivant la règle de l’allégeance directe, un mode de fonctionnement, largement, inspiré du “makhzen” marocain.

Puisque les jeux sont faits, faut-il comprendre que M. Abdelaziz Bouteflika va perdurer, longtemps, au pouvoir ?
Oui, si la possibilité lui en était offerte. Une présidence à vie, modèle anachronique dans la nouvelle réalité mondiale, n’est pas pour rebuter M. Abdelaziz Bouteflika ou les membres du cercle présidentiel. Concrètement, toutefois, le président de la République qui dispose d’une manne financière impressionnante ainsi que de l’appui avéré de la communauté occidentale tire profit, aussi, de l’immobilisme de la classe politique et du mouvement associatif. L’actuel chef de l’État aura beau s’assurer, cependant, d’un quatrième mandat, son pouvoir sera chancelant. Le dispositif mis en place par M. Abdelaziz Bouteflika, c’est un château de cartes susceptible d’être emporté à la moindre secousse.

Existe-t-il une panacée pour sortir le pays de l’impasse où il se trouve ?
Par-delà les hommes qui sont interchangeables, c’est le système de gouvernance dans sa globalité qu’il faut réformer. Les responsables publics actuels disposent de pouvoirs exorbitants, hors tout contrôle populaire. Il faut une régénération du système politique avec l’avènement de responsables choisis par le libre vote populaire, sur la base de la compétence, de l’intégrité et de l’amour passionné pour la patrie. Ce n’est pas tirer des plans sur la comète que d’évoquer pareils objectifs. Il s’agit d’instaurer un vrai système démocratique. Instaurer un vrai système démocratique est une démarche laborieuse. Une véritable phase de transition démocratique est indispensable pour l’Algérie.

Selon vous, M. Abdelaziz Bouteflika pourra-t-il exercer, normalement, ce quatrième mandat ?
Dans l’esprit de l’opinion publique nationale, au sein de l’encadrement de l’administration publique et des hiérarchies des services de renseignement et de l’armée, du plus bas vers le plus haut, quatre préoccupations majeures sont omniprésentes. Des lignes rouges, en quelque sorte, qu’il serait hasardeux de dépasser. Refus de l’avènement au pouvoir d’un islamisme radical et violent, condamnation de la grande corruption, rejet des démarches d’essence régionaliste, hostilité, enfin, à une succession familiale déguisée à la tête de l’Etat.

Comment se présente le paysage politique actuel ? La crise qui affecte le FLN, en particulier, vous paraît-elle conjoncturelle ?
Le paysage politique national déjà appauvri va vers l’assèchement. C’est le moins que l’on puisse dire. Examinons le cas du FLN qui traverse une crise structurelle risquant de l’emporter. Le FLN n’a pas su s’adapter au nouveau contexte national et international, ni, d’ailleurs, renouveler sa base en s’ouvrant aux couches sociales les plus jeunes et les plus dynamiques. Il n’a pas su préserver les idéaux qui ont fait sa gloire, ancrage nationaliste, justice sociale et progrès économique. Le FLN s’est éloigné du mode de fonctionnement collectif qui avait fait sa force. Il a, par contre, favorisé le “zaïmisme” et permis l’intrusion en, son sein, des “bazaristes” qui, progressivement, se sont accaparés des leviers de commande en son sein. Chaque jour que Dieu fait, ce parti perd un peu plus de son âme.

Le Front des forces socialistes qui, un moment, a été le pivot du pôle démocratique semble avoir perdu de sa combativité et même de son indépendance. Le FFS, parti d’opposition, c’est fini ?
Le FFS a constitué, une longue période, l’espoir des élites nationales, pas seulement les élites originaires de Kabylie. M. Hocine Aït Ahmed, par sa personne, a procuré au courant démocratique en Algérie, la figure emblématique qui lui faisait défaut. Certes, le FFS a versé dans l’excès en pratiquant une politique qui confinait au nihilisme. Il n’en a pas moins représenté un bastion avancé du combat démocratique dans le pays. Le sort malheureux qui semble se profiler pour lui ne peut qu’attrister les hommes de bonne volonté en Algérie. Le FFS, en effet, s’achemine, inexorablement, vers une implosion de l’intérieur. Une hypothèse que rend encore plus probable l’incapacité de son leader historique. La proximité ambigüe mais perceptible de la direction actuelle du FFS avec M. Abdelaziz Bouteflika conforte cette crainte.

Venons-en aux islamistes algériens qui ont décidé de boycotter le prochain scrutin présidentiel. La menace islamiste est-elle levée ? S’agit-il, seulement, d’un recul tactique ?
L’existence d’un courant islamiste pérenne en Algérie ne constitue pas, en soi, une menace. Les islamistes sont des citoyens, à part entière. La ligne de démarcation, c’est le rejet de la violence, le respect de la légalité constitutionnelle et l’engagement de s’aligner sur l’impératif de l’État “civil”, pas l’État “théocratique”. Nonobstant la dimension religieuse de leur démarche, les islamistes se distinguent par une prise en charge murie des attentes concrètes de la population. C’est là que réside leur potentiel de croissance. Le courant islamiste, en Algérie, est, actuellement, émietté. La distribution d’honneurs officiels et de bienfaits matériels ont permis d’en domestiquer une partie. C’était le cas du MSP et des partis évoluant dans la même orbite. Il reste les salafistes qui sont en situation de “force dormante”. Ni les services de renseignement ni les chercheurs en sciences sociales n’en ont une connaissance approfondie. Ce courant salafiste qui ne participe pas aux élections rejette la confrontation ouverte avec les pouvoirs publics. Il inscrit sa démarche sur le long terme. Une nouvelle génération de militants islamistes est née, difficilement, réductible, aux grilles d’analyse classiques. Ces nouveaux islamistes exhalent leur rancœur dans la discrétion, mais, parfois, avec un sens déroutant de l’efficacité. En cas de soulèvement populaire, pourront-ils faire basculer le rapport de forces ? Pour s’en convaincre, il faut des arguments plausibles. Il n’existe pas, pour le moment, d’informations corroborées sur leur mode d’organisation et la nature du leadership qui s’exerce parmi eux.

Quels commentaires faites-vous à propos des autres candidatures pour cette élection présidentielle ? M. Ali Benflis, par exemple, dispose-t-il, comme il se murmure, du soutien de pôles agissants au sein du pouvoir ?
En 2004, le chef d’état-major de l’ANP de l’époque, le général Mohamed Lamari, hostile, en effet, à la réélection de M. Abdelaziz Bouteflika, envisageait, favorablement, l’élection de M. Ali Benflis. Le positionnement tranché des États-Unis d’Amérique en faveur de M. Abdelaziz Bouteflika s’étant imposé, le général Lamari s’était ravisé avant de démissionner. À l’époque il existait, objectivement, la possibilité d’une transition, même si elle ne devait pas être parfaite. Rien de comparable avec le contexte actuel où l’actuel vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’ANP, le général Gaïd Salah, intronisé “bras armé”, ne laisse planer aucun doute sur sa détermination à favoriser la réélection de M. Abdelaziz Bouteflika. Le général Mediène Mohamed, chef du DRS, homme prudent s’il en fut, ne peut céder à la tentation de se positionner autrement que le vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’ANP. De quels pôles agissants parlez-vous ? Je pense que M. Ali Benflis, dont les qualités morales et intellectuelles ne sont pas en cause, a voulu, malgré le rapport de force défavorable, prendre date avec l’histoire.

Quelle interprétation faites-vous des déclarations de M. Mouloud Hamrouche. Que pensez-vous de son diagnostic de la crise ? Pourra-t-il jouer, encore, un rôle politique en Algérie ?
M. Mouloud Hamrouche n’est pas homme à se tromper sur les rapports de force au sein du système en Algérie. Il a pointé du doigt, à juste titre, la place prééminente de l’armée, seule institution encore valide. Seulement, le président Abdelaziz Bouteflika a fermé le jeu, sous toutes ces formes. Pas, seulement, au niveau des urnes. Par esprit de discipline, au moins, le commandement militaire est, totalement, acquis au chef de l’État. Tout ce qui peut bouger dans le pays, institutions, appareils, formations politiques et syndicales, a été placé sous contrôle ou étouffé. Les leaders, eux-mêmes, ont été corrompus ou réduits au silence. M. Mouloud Hamrouche ayant pris la mesure de l’impasse où se trouve le pays pourrait avoir voulu, pour l’histoire, délivrer son témoignage. Je reste convaincu que M. Mouloud Hamrouche pourra jouer un rôle dans le pays, si la phase de transition démocratique — que je vois incontournable — se précise.

Il est prévu un taux d’abstention électoral record pour ce prochain scrutin électoral. Comment expliquer ce phénomène devenu récurrent dans la vie politique nationale ?
En effet, l’abstention est devenue, en Algérie, un phénomène récurrent. Dans mes écrits, je n’ai cessé de mettre en exergue le divorce qui sépare “société réelle” et “société virtuelle”. Avec moins de 20% de participation électorale en général, la “société virtuelle” — appareils et institutions officiels avec leurs encadrements — se croit investie du droit légitime de légiférer et d’administrer le pays. La “société réelle” — majorité écrasante de la population, notamment “les laissés-pour-compte” — prenant ses distances avec les pouvoirs publics, s’administre elle-même, selon sa logique et ses moyens. À quoi bon, dans ce contexte voter ? C’est un acte inutile. La fraude électorale et l’absence de sanction politique ont, totalement, perverti le principe de l’élection. Ce phénomène va s’accentuer à la faveur du prochain scrutin où le taux de participation probable ne dépassera pas les 10%. Naturellement, ce ne sera pas le taux qui sera exhibé officiellement.

Il vous semble donc que la fraude est inévitable et qu’il ne soit guère possible de la combattre ?
Posez la question aux leaders de l’opposition ! Pourquoi ne prendraient-ils pas l'initiative d'organiser, par des moyens propres, en concertation avec des organismes internationaux de réputation incontestable, un sondage d'opinion dit “sortie d'urnes” qui permettrait — de manière quasiment incontestable — de confirmer ce taux d'abstention et même de donner les tendances lourdes effectives du scrutin ? C’est ainsi que l’opposition chilienne unie put battre le général Augusto Pinochet lorsqu’il organisa, en octobre 1988, un référendum dont il était convaincu qu’il allait sortir vainqueur. Ce sont sur ces petits pas, d'apparence anodine, que se fondent les victoires des peuples.

Grâce au dispositif qu’il a mis en place, M. Abdelaziz Bouteflika est sûr d’être réélu. Faut-il en déduire qu’il se passera, désormais, des services de ceux dénommés “faiseurs de rois” ?
Pas aussi simplement. Pour un temps, le chef de l’État aura besoin, encore, des services du vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’ANP, le général Gaïd Salah intronisé “bras armé” du régime. Même si ses attributions seront revues en proportion. Il devrait, tout aussi bien, continuer de solliciter le savoir-faire du chef du DRS, le général Mediène Mohamed, en matière d’“ingénierie politique”. A priori, M. Abdelaziz Bouteflika malgré les atouts dont il dispose, est un homme prudent pas un aventurier téméraire. Intuitu personae, le président Abdelaziz Bouteflika est un homme pragmatique calculateur. Ce qui le distingue, d’ailleurs, des autres membres du “noyau dur” au sein du cercle présidentiel, y compris son propre frère, M. Saïd Bouteflika.

Vous affirmez, à propos, que la démarche actuelle du cercle présidentiel procède d’une logique de “politique de la ‘terre brûlée’”…
Cette “politique de la ‘terre brûlée’” pourrait être, plus, l’œuvre du “noyau dur” du cercle présidentiel, mais il est improbable qu’il y soit fait recours sans l’assentiment de M. Abdelaziz Bouteflika.

En quoi consiste cette “politique de la ‘terre brûlée’” ?
Plutôt que de “politique de la ‘terre brûlée’”, peut-être conviendrait-il mieux de parler de tactique de guerre. En 1812, après qu’il eut envahi la Russie, Napoléon Bonaparte fut confronté à une technique de guerre redoutable qui a été mise en œuvre par le général Mikhaïl Koutousov. Celui-ci, ne se contentant pas de brûler les habitations en bois de Moscou où venait de pénétrer l’Empereur, fit brûler provisions et cheptels des populations locales de Russie pour contraindre l’armée napoléonienne à la retraite. Sur une distance de 2 000 km, allant de Moscou à la frontière russe, sous le harcèlement, incessant, de guerriers cosaques, sans affrontements avec les troupes russes, l’armée napoléonienne fut, dans le désordre et le désarroi, contrainte à la déroute. Stupéfait par les effets dévastateurs de cette technique de guerre inouïe, Napoléon s’était exclamé : “C’est une tactique horrible. Brûler ses propres villes ! (…) Quelle résolution farouche, quelle audace !” Une résolution et une audace identiques semblent animer le cercle présidentiel en Algérie. Jugez-en : corruption de la population et des élites, manipulation scandaleuse de l’image du chef de l’État, recours à la fraude sur une large échelle. Au risque de me répéter, je considère que nous sommes dans la même logique que celle du régime de Bachar al-Assad, sans la violence pour le moment. Il est vain, par conséquent, de s’attarder sur les considérants éthiques, à l’image des manquements à la loi et, peut-être, à la Constitution. C’est en ce sens que le scrutin du 17 avril 2014 ne saurait constituer un enjeu véritable. Un rouleau compresseur est en mouvement qui n’a cure des obstacles.

L’acharnement à conserver le pouvoir dont vous faites état, ce n’est pas de l’aveuglement ?
À la veille du déclenchement de la guerre de Libération nationale, bien que les prémices de l’insurrection armée se profilaient déjà, le président de l’Assemblée algérienne — institution coloniale de l’époque —, Raymond Laquière proclamait, fièrement, la mi-octobre 1954 : “L’Algérie française se lève dans la splendeur de son aurore. Il faut se garder, jalousement, de tout nuage qui pourrait obscurcir sa radieuse ascension”. Les responsables français du monde du renseignement et de la sécurité avaient bien tiré, en ce moment là, la sonnette d’alarme. Le colonel Paul Schoen et le préfet Jean Veaujour, respectivement chef du Service de Liaisons nord-africaines et directeur de la Sécurité publique en Algérie, avaient, vainement, appelé l’attention des autorités centrales en France. Celles-ci faisaient dans “le déni du réel”. Nos responsables sont, aujourd’hui, dans un même état d’esprit. Ils sont dans l’aveuglement le plus total, afférés qu’ils sont à vouloir franchir le cap du 17 avril 2014 pour sauvegarder le statu quo.

Bio-express
Ancien journaliste à la Radiodiffusion Télévision algérienne, officier supérieur de l’ANP à la retraite, Mohamed-Chafik Mesbah est docteur d’État en Sciences politiques de l’université d’Alger et diplômé du Royal College of Defence Studies de Londres. Il est l’auteur de Problématique Algérie, ouvrage de référence sur l’Algérie actuelle
http://www.liberte-algerie.com/actualit ... tie-218085

Palmier Dattier
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par Palmier Dattier »

Merci Tayeb. J'avais raté cet article :avo:

tayeb
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tayeb »

Palmier Dattier a écrit :Merci Tayeb. J'avais raté cet article :avo:
Je trouve ces interventions assez répétitives même si qualitativement on sent l'intelligence du Monsieur, après sur le fond je reste perplexe. J'attend la deuxième partie :Algeria:

tayeb
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tayeb »

Le colonel Bencherif s’oppose au 4e mandat
“Saïd Bouteflika est à la tête d’une mafia au pouvoir”

“J’ai le numéro de téléphone personnel d’Abdelaziz Bouteflika sur cet appareil”, dit-il en brandissant son portable. “Je l’ai appelé plusieurs fois, il n’arrive même pas à parler. Il est complètement inconscient”, a déclaré Bencherif.

Les langues se délient. Chaque jour, des responsables politiques, des personnalités nationales, ou encore d’anciens militaires sortent de leur réserve pour dénoncer, tour à tour, un 4e mandat de Bouteflika à la tête de l’État. Hier, c’était le tour du colonel de l’Armée de Libération nationale (ALN) et ancien commandant de la Gendarmerie nationale, Ahmed Bencherif, de rendre publique sa position sur cette question. Et c’est au siège de la permanence du candidat Ali Benflis, à Ben Aknoun, qu’il est venu s’exprimer.
“Je suis résolument opposé à un 4e mandat de Bouteflika”, annonce-t-il d’entrée de jeu, expliquant que sa position ne se fonde nullement sur un esprit vindicatif ou un quelconque règlement de comptes. C’est que le candidat Bouteflika, à ses yeux, n’a ni les capacités physiques ni les aptitudes mentales à présider aux destinées d’un pays. “J’ai le numéro de téléphone personnel d’Abdelaziz Bouteflika sur cet appareil”, dit-il en brandissant son portable. “Je l’ai appelé plusieurs fois ces derniers temps. Il n’arrive même pas à parler au téléphone. Il est complètement inconscient”, lance-t-il sur un ton de dépit à une armada de journalistes venus couvrir sa sortie médiatique, inattendue. “Bouteflika est un ami. Je l’appelais souvent, mais depuis sa maladie, il ne pouvait plus me répondre”, a-t-il expliqué encore. “Vous ne vous êtes pas étonnés du retour de Belkhadem et d’Ouyahia aux commandes ?”, a-t-il interrogé, avant de répondre : “Ils sont revenus parce que le président Bouteflika est incapable de prononcer un mot ou de bouger.” Pour mieux convaincre la presse de la véracité de ses propos, il fera remarquer qu’“un AVC ne pardonne pas. Il laisse des séquelles irréversibles. J’ai 5 personnes de ma famille qui ont eu la même maladie.
4 d’entre elles sont mortes et la 5e est incapable de parler”. Bencherif recommande à qui douterait de ses propos d’écouter le témoignage de la sœur du Président sur sa santé, une manière pour lui de dire qu’elle s’est opposée, elle aussi, au 4e mandat. Dès lors, il estime  qu’“il y a vacance de pouvoir en Algérie”. En dépit de son âge avancé,
86 ans, le colonel Bencherif a décidé de parler pour dénoncer ce qu’il qualifie de “dérive grave pour le pays”. S’exprimant de manière saccadée et sur un ton ému, le colonel n’a pourtant pas manqué de cibler les soutiens de la candidature du Président-candidat. “Ceux qui appellent à voter pour un 4e mandat sont ou des malades, ou des béni oui-oui, ou des traîtres”, a-t-il tempêté.

“Honte à vous, M. Medelci !”
Un personnage-clé du clan présidentiel a été particulièrement critiqué par Bencherif pour son rôle dans le 4e mandat : Mourad Medelci, le président du Conseil constitutionnel. La raison ?  Medelci est le responsable qui a officiellement  accepté le dossier du candidat Bouteflika “en piétinant la loi et la Constitution”. “Si j’ai un conseil à vous donner, M. Medelci, corrigez votre erreur avant qu’il ne soit trop tard”, lance-t-il. Et de revenir à la charge en insistant : “Honte sur vous, Monsieur Medelci ! Ayez au moins la dignité de reconnaître vos faits, vous qui avez déclaré sur une chaîne de télé française que le 4e mandat était une blague.”
Sollicité au sortir de la conférence sur le rôle du DRS dans le 4e mandat de Bouteflika, Bencherif, qui marquera un laps de silence avant de répondre, indiquera avec un large sourire : “Vous êtes naïfs ou quoi ? Le DRS nass m’lah (des gens bien, ndlr) et il est contre le 4e mandat.” Par ailleurs, le conférencier a mis en doute la qualité de moudjahid du Président-candidat. “On parle de Bouteflika moudjahid, alors qu’il n’a passé que 7 jours au maquis et qu’il n’a tiré aucune balle”, a-t-il assuré. Relancé par la presse sur cette question, Bencherif n’a pas tergiversé pour dire : “Je vous assure qu’il n’a pas tiré sur un moineau.”
Le frère conseiller, Saïd Bouteflika, a, lui aussi, essuyé une salve de critiques de la part du conférencier. Soutenant que le frère du chef de l’État percevait un salaire de 50 millions de centimes d’El Khalifa Bank, le conférencier dira que Saïd Bouteflika est à la tête “d’une maffia politico-financière qui a pris le pouvoir en Algérie depuis la maladie de mon ami Abdelaziz Bouteflika”. Bencherif a, en outre, exprimé officiellement son soutien à la candidature d’Ali Benflis. Tablant sur un vote massif en faveur de Benflis, le colonel n’a pourtant pas caché ses appréhensions par rapport au spectre de la fraude. “Il ne faut pas se faire d’illusions. La machine de la fraude est toujours là”, reconnaît-il. Selon lui, en absence de fraude, Bouteflika “n’aura pas plus de 10% des voix”. En cas de fraude, il appelé “à une manifestation pacifique à Alger” pour dénoncer le bourrage des urnes.
http://www.liberte-algerie.com/actualit ... dat-218478

draganov
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par draganov »

les déclaration des ancien officier de l'ANP tout corps confondu ,ça fait réellement de bien de les entendre !
faut cessé court a ce culte de la personnalité que certain essai d'instauré en Algérie.
a lire au entendre certain, quand la pluie tombe en Algérie ça serrai grâce a un "homme :king: " sans lui nous serions perdu , et sinon d'autre sans lui ont boirai même pas de café,ça nous montre le niveau de la politique chez nous
des homme ce sont battu pour l’indépendance de notre nation de 54 jusque 2014 et bien avant !
la plupart sont des anonyme qui ont payé le prix chère de leur sang et de leur vie pour que nous vivions dans un Etat libre et indépendant ,une république de paix et de droit
voila que certain veule rendre cette nation une monarchie ,grâce a dieu ya des homme qui nous vous laisseront pas faire vive l’Algérie vive L'anp :Algeria:
Inna Lileh wa Inna Ileyhi Raji3oun Allah yer7amkom khawti Lamine o Mahieddine

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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par Bandy_600 »

:!: Edit anzar : pas de hors sujet :!:
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anzar
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par anzar »

On reste sur le sujet, "Les déclarations des personnalités appartenant ou ayant appartenu à l'ANP" Rien d'autre :!:
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tayeb
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tayeb »

Le général à la retraite Hocine benhadid : Ensemble rêvons! ensemble osons !
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I/ Algérie 2014 : état des lieux - Un pays traversé de fragilités persistantes

L’Algérie reste traversée de fragilités récurrentes, qu’elles soient territoriales, identitaires, économiques, sociales ou stratégiques. Qu’avons-nous fait de ces cinquante ans ? Telle est la question que se posent les Algériens maintenant que s’éloignent les célébrations de l’indépendance. «Rien, sauf voler !», répondent la plupart d’entre eux, surtout les jeunes qui n’ont en général pour perspective d’avenir que le chômage ou des petits trafics, faute d’obtenir un visa pour l’eldorado européen et américain. Le pays s’est enfoncé dans le marasme, l’indiscipline, l’incivilité, l’immoralité et l’anarchie... Où est l’Etat ?

Une caste politico-affairiste met l’économie en coupe réglée et se maintient au pouvoir, recourant à des manipulations qui ont culminé pendant la terrible décennie noire des années quatre-vingt-dix, aux cicatrices encore à vif. Nourris d’un amour profond pour ce pays nous donne des raisons d’espérer un nouveau départ. Nous n’avons pas attendu 2014 pour nous préoccuper de la situation qui prévaut dans ce pays. Conscients de l’importance des enjeux géopolitiques et géostratégiques, nous pensons que c’est le pouvoir qu’il faut isoler et non pas le peuple et son institution militaire et sécuritaire.

Nous sommes préoccupés par l’évolution de la situation politique, géopolitique, géostratégique et sociale de l’Algérie. Depuis 2004, les quelques espoirs que l’élection du président Bouteflika avaient pu susciter se sont révélés mirages et illusions. Même portés par un verbe généreux, ils n’ont pu ouvrir de perspectives de sortie à la grave crise dans laquelle l’Algérie s’enfonçait, pilotée par un pouvoir dont la gestion de la société repose sur le mépris des populations, le déni de toute expression citoyenne, l’arbitraire généralisé et l’aggravation des injustices sociales, et ce qui couronne le tout les insultes proférees des ministres en fonction.

Aujourd’hui, la société civile et les partis politiques peinent à offrir aux citoyens une perspective de rupture alternative qui échapperait au choix entre le fatalisme et le sacrifice. Ils assistent même avec inquiétude à un passage politique en force pour imposer le Président sortant. Cette option serait la pire pour eux-mêmes, pour l’Algérie et pour l’ouverture sur l’ensemble du monde. L’hypothétique compromis entre le groupe des «07» assis sur l’économie rentière et rêvant de soumettre la société à leur diktat ? Ils sont dans la logique de la terre brûlée.

Cette logique a pour segment une économie rentière, qui ne produit plus, se contente de commercer, et dont le pactole est détourné au profit d’une bourgeoisie parasitaire et arrogante et sans autre perspective que l’enrichissement rapide. Il y aurait 20 milliards de dollars circulant dans l’informel. Pour cette bourgeoisie estimée à 500 000 personnes, dont la majorité issue de l’informel, représenterait un danger réel et une force hégémonique. Là est le danger réel ! Pas étonnant que ce groupe des «07» est convaincu que l’élection est gagnée d’avance. Le taux de +60% avancé par «le Sieur Saadani» marque la fin des élections.

En dépit de tout cela, beaucoup résistent et s’entêtent à ne pas gâcher définitivement l’avenir d’un pays doté de tant d’atouts et de ressources et autant chargé d’histoire. Des forces de plus en plus nombreuses se rendent compte qu’aucune démocratie n’est possible dans le cadre du système actuel, qu’il faut rompre avec lui, avec ses institutions, ses hommes — des rentiers corrompus — et refonder un Etat moderne et redonnant la dignité à ses citoyens. Ce combat ne s’arrêtera pas le 17 avril 2014. Il concerne toutes les Algériennes et tous les Algériens. Ensemble rêvons ! Ensemble osons !

II/ Scrutin du 17 Avril 2014 : Projet Machiavélique

Pour nombre d’observateurs, jamais une élection en Algérie n’a été autant porteuse de dangers. Doit-on renoncer à considérer ce pays comme un Etat respectable et le réduire à une caste à groupes d’intérêts maffieux ? Une question qui ronge aujourd’hui de nombreux Algériens de toutes conditions. A la veille des grands changements vers lesquels le pays tout entier s’achemine, changements auxquels aspire la majorité des Algériens et Algériennes, à savoir une gouvernance plus démocratique, une gouvernance plus soucieuse des intérêts supérieurs de la nation qu’aux intérêts de clans et de chapelles. Ce qui serait anormal, c’est que devant cette immense attente de changement l’on continue à fonctionner avec les mêmes réflexes qui ont prévalu jusque-là.

Aucun développement durable n’est possible sans la prise en compte des demandes sociales et sociétales de manière générale. Si jamais la volonté populaire ne sera pas respectée, l’Algérie serait la risée du monde entier et entrera dans les annales de l’histoire de l’humanité pour avoir élu un Président qui aura fait une campagne politique par procuration et qui dirigera le pays par procuration — on va vers l’élection d’un Président Virtuel et un Etat Virtuel—. Tous ceux qui s’acharnent aujourd’hui à vouloir coûte que coûte nous vendre cette image d’un Président très affecté, à utiliser un homme visiblement malade à des fins inavouables sont passibles de poursuites judiciaires pour «non-assistance à personne en danger» et nous tous qui assistons à ce spectacle désolant qui est en train de transformer l’Algérie en une république bananière, nous tous serons tenus pour complices de cette mascarade.

S’il est vrai que l’Algérie ne va sans doute pas connaître de printemps arabe, par contre si ce système se perpétue, ce sera plutôt un hiver, non pas arabe que va vivre l’Algérie, mais un hiver typiquement algérien, c’est-à-dire un hiver polaire qui va statufier définitivement le pays, l’empêchant d’aller de l’avant. Si ce système se perpétue et en l’absence de société civile, en l’absence d’une élite universitaire avérée, en l’absence de l’implication de la jeunesse performante et novatrice, nous allons vers une momification qui fera de l’Algérie une terre propice aux fouilles archéologiques parce que ce système mènera inéluctablement ce pays à sa perte, à sa disparition, comme les dinosaures.

L’Algérie est un grand et immense pays par sa richesse démographique et ses ressources naturelles. Elle sera un géant si elle sait les mettre en valeur. Le pouvoir actuel ne l’a pas su. Au vu de la situation actuelle, ce pouvoir hégémonique après 15 années de règne veut entraîner le pays vers le chaos. Mais d’où tire sa force son entêtement ? Est-il si fort au point de mettre l’institution militaire et 40 millions d’Algériens au pas, au garde à vous ? Telle est la question que tout Algérien doit se poser. Faut-il agir ou laisser ce pays aux mains de ce groupe des «07» ? Ces derniers tirent leur force des connexions et des interconnexions tissées en haut lieu par les multinationales juives-sionistes et les pieds-noirs d’outre-mer sous l’œil attentif du Makhzen marocain.

Les voix jeunes et moins jeunes s’élèvent et se multiplient contre la tenue de ces élections sans que cela émeuve qui que ce soit et sans que cela ait le moindre effet sur les décideurs qui continuent à ignorer avec un silence galactique cet appel de fond d’une société qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Les mouvements de protestation se propagent telle une traînée de poudre. D’un quartier à l’autre, d’une cité à l’autre, d’une ville à l’autre, la colère des habitants s’exprime de la manière la plus violente ; à l’image de la région des Aurès victime d’une grande désinvolture et d’une rare provocation envers les Chaouia. Il faut rappeler à se «monsieur» que toutes les régions d’Algérie sont les bastions du nationalisme. Hier, on a jeté la Kabylie à la vindicte. Aujourd’hui, ce sont les Chaouia qu’on provoque. Ghardaïa au bord de la division pleure ses morts. C’est le pouvoir, à travers ses relais, qui est à la tête de ces divisions. A qui le tour ? Où est l’Etat ? Que faire ?

III / Une phase de transition démocratique : Pour Une Assemblée Constituante ?

Face à cette situation de blocage, l’idéal serait de passer par une phase de transition au cours de laquelle sera mise en place une Assemblée constituante qui serait représentative de l’ensemble de la société algérienne, toutes tendances confondues. Dans notre cas, la Constitution devrait être nouvelle. C’est-à-dire construire une 2e République.

Il ne faut pas non plus omettre de faire appel aux hommes et aux femmes historiques encore de ce monde, tels que Monsieur Hocine Aït Ahmed (membre suppléant du Congrès de la Soummam), Monsieur Rédha Malek (membre du GPRA), Monsieur Méchati (membre du groupe des «22»), Monsieur Lakhdar El Ibrahimi, Monsieur Taleb El Ibrahimi, Monsieur Ali Yahia Abdennour, et enfin la Grande Dame Djamila Bouhired (représentante exclusive de la femme algérienne). Auxquels il faut également associer le président Liamine Zeroual, qui aura à charge d’assurer l’intérim à la tête de l’Etat, sous l’appellation : le Haut Comité pour la Transition. Le temps d’élaborer une véritable Constitution républicaine qui sera soumise à la base pour discussion et enrichissement avant son adoption par un référendum populaire.

La durée de la transition ne doit pas dépasser, en aucun cas, les 24 mois. Le président Liamine Zeroual aura à charge de convoquer et d’organiser une Conférence nationale, où toutes les couches sociales politiques et apolitiques intérieures et extérieures seront présentes. Aucune exclusion n’est permise. Le mot d’ordre pour réussir cette conférence serait : «Aucun tabou n’est à exclure. Aucune constante imposée ne doit être prise. Tout doit être discuté en toute transparence».

A/ La feuille de route pour Une Constituante :

A. L’Assemblée Constituante
Le succès même du projet de souveraineté de l’Algérie dépend de la volonté du peuple. Pour assurer à ce projet toute la légitimité et toute la force nécessaires à sa réalisation, nous proposons la convocation d’une Assemblée constituante. En effet, la démarche qui sera suivie pour réaliser une vraie indépendance doit être profondément démocratique. Elle doit cesser d’être une opération de marketing visant à trouver le meilleur slogan pour convaincre la population. Même si des tactiques plus ou moins déloyales sont à prévoir de la part du pouvoir en place et leurs relais, la démarche adoptée ne doit pas se borner à tenter de les déjouer. Selon nous, il faut miser plutôt sur le formidable exercice de participation collective que permettra une Assemblée constituante. Au terme de cet exercice, la population algérienne devrait se sentir capable de faire un choix éclairé et ferme. Au cœur de cette tradition réside l’idée que le pouvoir émane du peuple et non d’un système.

B. Qu’est-ce que l’Assemblée constituante ?
Sans présumer de tous les détails du fonctionnement de l’Assemblée constituante, nous proposons qu’elle se compose de citoyennes et de citoyens élus dans toutes les wilayas. Ses membres — les constituants — seront donc issus de la société civile et non du gouvernement en place. Le pouvoir de l’Assemblée émanera ainsi de la souveraineté populaire.
La légitimité de l’Assemblée constituante reposera aussi sur le respect de certaines règles de fonctionnement démocratique, par exemple : faire élire ses membres au suffrage universel, direct et proportionnel ; refléter la parité hommes/femmes et la diversité des régions ; disposer des fonds et du temps nécessaires pour élaborer un projet de Constitution. Bousculés par le temps, nous proposons 12 mois pour sa rédaction. Aussi, nous proposons d’associer les éminents juristes pour assister l’Assemblée dans la confection et la réalisation de la Constitution, sous l’œil vigilant du Haut Comité pour la Transition.

C. Quel sera le rôle de l’Assemblée constituante ?
Comme le suggère son nom, l’Assemblée constituante a pour mandat d’élaborer un projet de Constitution. Vaste tâche, puisque cela signifie rédiger des lois d’un pays. Il s’agirait ainsi : de définir la structure et les composantes de l’Etat souverain du pays ; de préciser les institutions nécessaires et les compétences qui leur sont déléguées ; d’énoncer les valeurs, les droits et les principes sur lesquels repose la vie commune. Le travail de l’Assemblée constituante sera de trouver des propositions pour mettre en place des institutions politiques capables de représenter pleinement la réalité du pays. Elle devra donc s’interroger sur les mécanismes actuels qui limitent ou empêchent l’action citoyenne. A titre d’exemple, les Etats reposent actuellement sur la domination de l’organe exécutif (Conseil des ministres). Le pouvoir se concentre ainsi entre les mains d’un Président. La plupart du temps, les projets de loi sont présentés à l’initiative de l’organe exécutif ou même du bureau du Premier ministre. Une telle concentration va évidemment à l’encontre des intérêts collectifs puisqu’elle limite les opinions sur lesquelles se fonde la prise de décisions.

Les débats organisés durant l’Assemblée constituante pourraient mener à la mise en place des institutions politiques nécessaires pour éviter la concentration du pouvoir et donner une place centrale aux personnes élues par le peuple. Cela pourrait signifier : l’adoption d’un mode de scrutin proportionnel de liste, la parité des sexes dans les candidatures, le plafonnement strict des dépenses lors des campagnes électorales, et l’accès équitable aux médias pour tous les partis politiques. Aucun domaine, à commencer par l’économie, ne devrait échapper aux délibérations publiques de l’Assemblée constituante. Définir une démocratie véritable ne peut en effet se limiter aux institutions politiques. C’est également dans les relations économiques qu’il faut intégrer les principes de liberté, d’égalité et de justice. C’est donc non seulement la scène politique, mais aussi le milieu de travail, le mode de production et la propriété qu’une Assemblée constituante pourrait organiser sur le modèle républicain.

L’Assemblée constituante aura le pouvoir et le devoir d’explorer diverses questions, par exemple : quels mécanismes de démocratie participative faut-il mettre en place ? Quels types d’assemblées élues au niveau communal et wilayal faut-il pour favoriser l’implication citoyenne dans différents dossiers publics ? Quelle collaboration faut-il instaurer entre ces assemblées et les divers acteurs sociaux — syndicats, groupes de femmes ou de jeunes engagés dans leurs milieux ? Quels mécanismes sont nécessaires pour assurer le contrôle des populations sur leurs mandataires et sur l’utilisation des fonds publics ? Comment redistribuer des pouvoirs aux régions et permettre des expériences locales ou wilayales de budget participatif ? Pour trouver réponses à ces questions, l’Assemblée constituante pourra recourir à divers moyens qui donneront la parole aux gens vivant à l’intérieur du pays ou à l’extérieur : forums, états généraux, tribunes par téléphone ou Internet, Facebook, etc. Ses travaux seront donc un exercice exemplaire de démocratie participative qui permettra une prise de conscience sans précédent. En fait, cette extraordinaire période de réflexion et de prise de parole citoyenne sera un vaste chantier d’émancipation collective.

D. À quoi pourrait ressembler la Constitution de la 2e République ?
Sans préjuger des travaux de l’Assemblée constituante, on peut penser que cette large démarche de démocratie participative donnerait des résultats adaptés aux besoins du peuple. La Constitution pourrait ainsi s’ouvrir par une Charte sociale prévoyant non seulement des droits politiques, mais aussi des droits économiques et sociaux. Y seraient définis des droits collectifs qui élargissent la démocratie et dépassent une logique purement libérale des droits individuels. Pourquoi des droits collectifs ? Parce que les individus placés en position subalterne dans la société peuvent exercer leurs droits individuels seulement par une action collective. Pièce maîtresse d’une nouvelle Constitution, la Charte sociale pourrait ainsi baliser les droits d’organisation collective des travailleuses et des travailleurs, l’égalité entre hommes et femmes en matière de droits économiques et de représentation politique. Elle pourrait maintenir voire élargir le droit de syndicalisation, de grève et de manifestation.

Elle devrait consacrer les meilleurs acquis en matière de salaires, de temps de travail, de protection de l’environnement. Et ce ne sont là que quelques exemples. En fait, la Charte sociale devrait préciser les divers droits nécessaires pour assurer concrètement une redistribution égalitaire des richesses, un développement viable et respectueux de l’environnement ainsi qu’une société égalitaire, ouverte et pluraliste. Parce que les services publics sont une condition indispensable à l’exercice de la citoyenneté, donc de la vie démocratique, la Charte sociale devrait réaffirmer leur importance. Cela impliquerait d’interdire les privatisations et de retourner sous contrôle public les domaines répondant aux besoins vitaux des populations : éducation, santé, énergie, eau, transports en commun, équipements collectifs, moyens de communication. Comme la Charte sociale affirmerait les valeurs de justice et de solidarité, elle devrait garantir le maintien et le développement de services publics de qualité dans ces domaines.

Outre des institutions politiques, des droits sociaux et économiques, la Constitution pourrait prévoir d’autres principes, le refus de participer à toute guerre, un revenu minimum garanti. Elle affirmerait sans doute les principes de la liberté de culte et de la séparation de la mosquée, des zaouïas et de l’Etat. Bref, elle définirait une Algérie vraiment républicaine. Enfin, la Constitution d’une Algérie indépendante reconnaîtrait évidemment les droits de la minorité.

E. Pourquoi proposer une Assemblée constituante ?
Pour nous, mettre en avant la stratégie de l’Assemblée constituante, ce n’est pas seulement entreprendre de définir un projet de société. C’est convier toutes les forces vives du pays à participer à l’élaboration du projet. Voilà pourquoi notre proposition s’éloigne des autres démarches proposées jusqu’ici pour réaliser l’indépendance. Il ne s’agit plus de compter sur le résultat électoral du parti politique qui se considère comme l’unique porteur du projet collectif de souveraineté. Il ne s’agit pas d’un processus juridique où des experts sont chargés d’écrire une Constitution en renommant les institutions héritées des cinquante années passées. Il ne s’agit pas davantage d’organiser un référendum dont la victoire dépend d’une campagne publicitaire visant à faire approuver un projet élaboré en vase clos.

Parler d’Assemblée constituante, pour nous, ce n’est pas poser abstraitement un nouveau chemin vers la souveraineté de l’Algérie. C’est proposer de discuter, de la manière la plus démocratique et la plus large possible, des mécanismes essentiels pour assurer la défense du bien commun, pour articuler les luttes politiques et les revendications sociales. Pour que l’Algérien réalise la rupture avec le pouvoir actuel et choisisse l’indépendance, les Algériens doivent penser et rêver le pays qu’ils veulent construire. Ils doivent définir eux-mêmes les institutions démocratiques et les instruments politiques nécessaires pour actualiser la souveraineté populaire.

A notre avis, ce vaste travail donnera l’occasion aux citoyennes et aux citoyens de découvrir des raisons individuelles et collectives de faire l’indépendance. Ayant ainsi exprimé leurs visions du pays, ils seront mieux en mesure de résister ensuite aux représailles prévisibles de la caste qui tient le pays en otage. Les convictions formées au cours du long processus de l’Assemblée constituante seront en effet plus solides que celles provoquées à la suite d’une campagne publicitaire.

En fait, la mise en branle d’une Assemblée constituante, élue et démocratique, sera elle-même un acte de souveraineté populaire. Elle marquera une rupture avec «les institutions» imposées par le pouvoir en place. Elle signalera la fin de l’acceptation d’un pouvoir centralisateur et de sa domination sur le pays. Bref, une Assemblée constituante affirmera ce que ce pouvoir s’emploie à nier : l’existence de la nation algérienne. Son travail permettra aux gens d’en finir avec le statu quo constitutionnel qui les réduit à l’état de peuple minoritaire et assisté. Voilà pourquoi nous proposons que le projet de Constitution vienne couronner la démarche d’Assemblée constituante au lieu de servir de point de départ.

Devant les menaces avérées du pouvoir centralisateur, de la situation géopolitique, de situation géostratégique et de la mondialisation néolibérale, le projet de la souveraineté s’impose plus que jamais. Son succès et sa légitimité dépendent toutefois du caractère profondément démocratique de la démarche suivie pour la réaliser. C’est pourquoi nous proposons la convocation d’une Assemblée constituante.
Nous proposons d’inviter les citoyens d’ici et d’ailleurs à penser et à rêver le pays qu’ils désirent.
C’est à toute la population qu’il revient de déterminer les institutions démocratiques et les instruments politiques nécessaires à une véritable souveraineté populaire. Grâce au vaste travail de l’Assemblée constituante, les citoyennes et les citoyens découvriront des raisons personnelles et collectives de faire un autre 5 Juillet. Mais qui pourrait être le garant de cette feuille de route ? Nous pensons aux institutions sécuritaires tous corps confondus et à leurs tête l’Armée Nationale Populaire.

IV/ La Place de l’Armée dans la Nation :

Appui à la transition
Le terrorisme hégémonique et sa répercussion catastrophique sur tout le tissu social a littéralement projeté l’armée au-devant de la scène. Ce rôle de pompier que son devoir lui exige est vu sous un angle négatif, pour avoir utilisé la violence rationnelle et légitime à l’instar des autres armées du monde l’a fragilisée. Les attaques subies par notre armée ne sont en réalité qu’une stratégie machiavélique pour faire écarter l’armée du champ politique au profit de la maffia politico-financière.

On ne comprend pas pourquoi ils veulent tenir l’armée à l’écart, dans la zone d’ombre, d’où elle n’émerge qu’à l’heure du danger. Par ces attaques frontales, ils veulent influencer l’opinion nationale et internationale à ne reconnaître l’armée qu’en tant qu’ultime recours, autant d’influences qui ont engagé, malheureusement, intellectuels, simple citoyen et même quelques «personnalités» dans la voie de la négativité, du déni de réalité à l’armée et de l’hostilité larvée. Nous ne pouvons nier par contre qu’à travers les attaques dûment médiatisées et planifiées que notre armée se trouve coincée, voire piégée.

Dans les pays qui se respectent et économiquement avancés d’Europe et d’Amérique du Nord, la place privilégiée de l’armée et de son rôle dans le développement sociopolitique et économique est sans équivoque et ne prête à aucune confusion. Dans notre pays, la confusion est totale : au lieu d’incriminer l’institution militaire, au lieu de la marginaliser et de voir en elle que ce corps intrus dans le monde politique, il faut, au contraire, voir cette institution sous un autre angle. Posons-nous les questions suivantes : la violence armée est-elle le propre de l’armée ou la caractéristique spécifique de l’appareil de l’Etat ? Est-il possible de concevoir l’actualisation d’un objectif social de quelque importance en dehors de la mise en œuvre de la violence organisée et rationnelle, c’est-à-dire le maintien de l’ordre ?Il serait erroné de notre part de pouvoir répondre à ces questions. Nous laisserons le soin au peuple d’en décider, d’ouvrir le débat sur cette problématique qui, sous d’autres cieux, ne se pose même pas

Les propos tenus par le premier responsable de l’institution militaire concernant l’élection présidentielle nous révèlent l’hésitation de cette institution quant à son implication directe dans le champ politique. Il serait juste, à notre avis, que ce responsable se montre direct et ferme voire menaçant envers toutes les institutions responsables des futures élections. Il faudrait que ces dernières sachent que l’institution militaire est là et gare à celui qui piétine les lois de la République. Le peuple doute et reste méfiant vis-à-vis de l’armée. Il appartient à l’institution militaire de se monter plus convaincante quant à sa neutralité, plus persuasive et menaçante envers les institutions responsables de l’organisation des élections. Il appartient à l’institution militaire de mettre tout le monde en garde en organisant une conférence de presse en présence de la presse nationale et internationale et pas à coups de communiqués. Car il y va de sa crédibilité en ce moment de doute et de polémique.

Au moment où existe une polémique sur le rôle des forces de sécurité en Algérie préjudiciable au pays, la région euro-méditerranéenne et euro-africaine connaît des bouleversements géostratégiques avec des conflits aux portes de l’Algérie. La sécurité, fondement du développement de l’Algérie, est posée et devrait dépasser les conflits de personnes pour la distribution de la rente et privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays. C’est que les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener l’Algérie à se doter d’une politique de défense, d’une politique extérieure et d’une politique socio-économique globale afin de répondre aux nouveaux enjeux. Dans tout appareil d’Etat, l’armée est bien l’institution dont l’étude et la compréhension relèvent par excellence de l’analyse géopolitique, c’est-à-dire de la démarche qui permet de mieux comprendre les rivalités des pouvoirs sur des territoires.

C’est en effet principalement par leurs armées que les Etats se disputent des contrées ou exercent leur domination à l’extérieur de leurs frontières. Quant à la nation, c’est une idée fondamentalement géopolitique. Cette idée se transforme en fonction des changements géopolitiques et il en est de même pour les rapports de l’armée et de la nation.

L’Algérie se trouve ceinturée de toute part et vit une grande tension géopolitique sur ses frontières où se développent des mouvements intégristes islamistes et des maffias de la drogue et des trafics en tout genre qui prétendent imposer de gré ou de force leur autorité et leurs visées géopolitiques à l’ensemble des Etats du Nord africain et dans tout le Sahel. Il en résulte que le Grand Maghreb et tout particulièrement l’Algérie se trouvent désormais confrontés à des risques graves. Les problèmes de défense se posent en termes absolument nouveaux dans la mesure où il s’agit de combattre des réseaux terroristes qui s’infiltrent insidieusement à travers nos frontières pour faire imploser le pays.

L’évolution de la situation sécuritaire à nos frontières et celle qui prévaut à l’intérieur peuvent conduire l’armée à devoir s’impliquer davantage dans le guêpier des élections, à devoir faire face seule à une puissance intégriste, la maffia politico-financière et surtout l’armée marocaine qui pourrait prendre à tout moment le contrôle du Sud et de la façade Ouest et Sud-Ouest. L’Algérie serait alors une des plus exposées et elle n’est pas certaine qu’elle puisse alors compter sur sa cohésion interne ni sur ses partenaires. Avec la crise économique mondiale, aucune assistance ne nous est possible. Il ne faut compter que sur soi-même.

Conclusion :

Précisons enfin que cette phase de transition devra intervenir après le 17 avril et en cas de passage en force du 4e mandat de Abdelaziz Bouteflika. Aujourd’hui, face à ce danger externe et à ce rendez-vous déterminant pour l’avenir de la nation, la présidentielle, l’armée reste encore une fois malgré elle l’arbitre ultime, elle est mise devant ses responsabilités.

La grande muette, comme on l’a toujours qualifiée, devant l’immense danger d’éclatement qui guette aujourd’hui l’Algérie ne peut plus rester muette. C’est elle qui doit trancher. Pourquoi ? Pour éviter de laisser la gangrène qui ronge tous les rouages de l’Etat ne la contamine. L’armée doit rester au-dessus de la mêlée et imposer le seul choix viable pour la pérennité de la nation : la voie de la démocratie et non la pérennisation d’un système qui est en train de mener le pays à sa perte. C’est l’armée qui a fait venir le président Bouteflika. Aujourd’hui, devant l’entêtement de ce dernier et son groupe des «07» à vouloir briguer un quatrième mandat à l’encontre de tout bon sens, c’est donc à l’armée d’ assurer d’une manière directe le bon déroulement des élections et d’assurer la transparence et surtout la neutralité de toutes les institutions avant, pendant et après les élections. L’Armée et le Peuple devront réussir ce rendez-vous et que le(a) meilleur(e) gagne.
Hocine Benhadid : Général à la retraite


http://www.elwatan.com/contributions/le ... 38_120.php
Mohamed Chafik Mesbah à “Liberté” : Réforme des services de renseignement, état des lieux au sein de l’ANP (2e partie)
“Préserver la cohésion de l’armée, dans toutes ses composantes, un impératif absolu…”

Liberté : Le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) vient de faire l’objet d’un déballage, pour le moins, intempestif. Comment expliquer la campagne féroce menée par M. Amar Saâdani contre le chef des services de renseignement ?
Mohamed Chafik Mesbah : Il faut être niais pour imaginer que la campagne ait pu procéder d’une génération spontanée. Première hypothèse, le chef de l’État craignant que le DRS risquait de constituer un contre-poids capable d’empêcher un quatrième mandat a choisi de passer à l’offensive, avec le bénéfice de la surprise. Cette hypothèse parait fragile. Le chef du DRS, officier discipliné, ne s’est jamais placé dans cette logique de confrontation. Depuis qu’il a accédé à ses responsabilités actuelles, le chef du DRS a inscrit le maintien de la stabilité institutionnelle et sécuritaire comme une priorité. Il s’en est tenu à cette démarche jusqu’à ce que se manifestent les affaires de grande corruption. Lorsque les services de renseignement ont procédé, en effet, aux enquêtes sur la grande corruption, ils ont vite été contraints de dépasser la mise en cause de simples lampistes pour déboucher sur le niveau politique de la corruption. Ils ont déduit que la grande corruption ne relevait plus du délit de droit commun, c’était une menace de sécurité nationale. Il est apparu, clairement, que le mal, par-delà les individus mis en cause, résidait dans le système de gouvernance lui-même. Un système marqué par l’absence de mécanismes de contrôle réel, tant politique qu’administratif. Le cercle présidentiel qui a du mal réagir à ces conclusions, a, probablement, fait pression pour que le DRS soit mis sur la sellette. C’est l’explication la plus vraisemblable.

Pourquoi ne pas envisager l’hypothèse, toute banale, que M. Amar Saâdani a plaidé, de bonne foi, pour la “civilisation” du système politique en Algérie ?
En plein système autoritariste ? Votre candeur prête à sourire. Certains observateurs ou acteurs politiques, ont, effectivement, assimilé les réaménagements intervenus au niveau des services de renseignement à une dissolution de “la police politique”, selon leur expression. Dans un régime autoritariste, l’exercice du pouvoir repose sur l’usage des appareils répressifs. C’est se tromper de diagnostic que d’imaginer que ce système allait se priver de l’usage d’un moyen de contrôle du champ politique. Peut-être, M. Abdelaziz Bouteflika, dimension symbolique dans sa démarche, a pu songer à un usage à l’étranger, accréditer l’idée qu’il est en voie de “civiliser” les services de renseignement. Pourtant, il a procédé, finalement, à une simple reconfiguration des services de renseignement. Encore une fois, la motivation de la campagne passée se rapporte aux enquêtes sur la grande corruption dont les conclusions ont été jugées compromettantes pour le cercle présidentiel.

Cette charge à la hussarde contre le DRS a atteint son but ?
Si l’on se réfère au contexte où s’inscrit l’épisode, il s’agissait de signifier trois mises en garde : Le Président de la République décidera, sans partage, des modalités de déroulement du scrutin présidentiel d’avril 2014 ;
Le DRS devra se recentrer sur ses missions civiles en s’éloignant de la gestion des affaires militaires, même au plan sécuritaire ;
Les enquêtes sur la grande corruption devront cesser et ressortir, le cas échéant, du droit commun.

Vous semblez manifester de la réserve à propos de la manière dont a été traité le cas de l’unité opérationnelle de lutte contre le terrorisme que dirigeait le Général Hassan…
J’ignore les tenants et les aboutissants d’un dossier couvert par le secret de l’instruction. Je déplore, surtout, le déballage médiatique fait autour de cette affaire. Parallèlement aux deux pôles d’activités liés à la neutralisation des atteintes à l’économie nationale et des menées d’intelligence ennemies, les services de renseignement ont continué d’assumer la tâche relative à la lutte contre le terrorisme. Un dispositif ad- hoc a été mis en place qui a obtenu des résultats salués par les partenaires étrangers. Le bon sens recommande, à cet égard, d’éviter de perturber le fonctionnement d’une entité vivante considérée, par les puissances concernées par la sécurité de la région, comme la pierre angulaire du combat livré contre l’hydre terroriste dans l’espace sahélien.

Vous auriez voulu, peut-être, que la restructuration des services de renseignement se déroule sans toucher aux personnes !
Vous me parler de réforme des services de renseignement ? Sachez qu’une réforme des services de renseignement est une opération trop sensible pour qu’elle soit exécutée à “coups de pieds dans le derrière”. Toutes les expériences passées de par le monde nous enseignent que telle réforme doit être menée de façon graduelle, avec mesure et intelligence.

De manière plus globale, justement, quelle est votre vision de la réforme des services de renseignement ?
C’est par souci pédagogique que je me livre à cet exercice. C’est dans le cadre d’une transition démocratique, seulement, que cette question pourrait être, valablement, abordée. Quoiqu’il en soit, le leitmotiv d’une éventuelle réforme des services de renseignement devrait être le suivant : “protéger la société, pas la contrôler”. Trois axes de déploiement peuvent être envisagés. Premièrement, au plan de la doctrine, il s’agira de consacrer la subordination des services de renseignement aux instances politiques, à travers un plan national de renseignement élaboré par le gouvernement et soumis, dans son exécution, au contrôle du parlement. Deuxièmement, au plan organique, il s’agira d’adopter une configuration qui prévienne l’exercice monopolistique de la fonction de renseignement, répartie entre plusieurs structures spécialisées, placées elles-mêmes sous des tutelles distinctes.
Naturellement, cela ne préjuge pas de la coordination fonctionnelle qui doit être instaurée entre ces différentes structures. Troisièmement, au plan humain, il s’agira d’ouvrir, résolument, les portes des services de renseignement à l’élite parmi l’élite du pays pour remplacer une composante humaine, en partie, déficiente. Après quoi, il faudra garder, sans désemparer, le cap. Inutile de dire que les anciens cadres du renseignement ne sauraient être livrés en pâture à quelque partie que ce soit. La continuité de l’Etat doit, absolument, se vérifier en l’espèce.

Si vous avez levé le voile sur certains aspects méconnus du profil du Général Mediène Mohamed, le Chef des services de renseignement algériens, vous ne craignez pas, ce faisant, d’avoir succombé à la complaisance ?
Un ancien compagnon, encore en activité, m’a, pourtant, reproché, sur le ton de la plaisanterie, d’avoir dévoilé un secret professionnel tant ma description du Chef du DRS était fidèle à la réalité. J’ai parlé de l’intégrité et du patriotisme du Général Mediène Mohamed chez qui j’ai souligné l’esprit de discipline militaire. Je n’ai pas évoqué les réserves que m’inspirent certains aspects de son bilan. Vous ne voulez pas, tout de même, que je procure des munitions à ceux qui veulent l’abattre et démanteler l’institution qu’il dirige? Ma ligne de conduite est claire. Nonobstant toutes les divergences qui peuvent m’opposer à mes anciens compagnons — Dieu sait s’il en existe et si elles sont essentielles — je leur manifeste, publiquement, ma solidarité lorsque c’est l’institution, dans son ancrage historique respectable, qui est visée.

Où en sont les rapports entre état-major de l’ANP et DRS ?
A partir de 2004, le Président de la République, soucieux de ne pas faire face à un “pôle de pouvoir” trop puissant, a procédé à un découplage entre Etat-major de l’ANP et services de renseignement. L’Etat-major de l’ANP s’est recentré sur ses missions techniques. Le DRS a cessé de jouer, au profit de l’Etat-major de l’ANP, le rôle d’interface vis-à-vis de la société politique qui lui était dévolu. La mise en pratique de l’adage bien connu, “diviser pour régner”, a permis, peut-être, de neutraliser toute velléité d’action malveillante chez l’un ou l’autre des “pôles de pouvoir” se faisant concurrence au sein du Ministère de la Défense Nationale.
A trop cultiver la division, il faut craindre que cela ne produise un effet pervers. Il faut prendre garde, en effet, que cela n’affecte pas la disponibilité opérationnelle du corps de bataille comme des services de renseignement, voire, plus gravement, la cohésion de l’armée dans toutes ses composantes.

Que pensez-vous des réaménagements organiques intervenus au sein du ministère de la Défense nationale et des services de renseignement ?
Les faits marquants de la reconfiguration actuelle des services de renseignement portent sur le rattachement de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée au Chef d’Etat-major de l’ANP. C’est une mesure qui, techniquement, se justifie même si la logique aurait voulu que cette direction soit placée sous le contrôle du Ministre de la Défense Nationale.
Ce sont les activités de renseignement militaire pur, c'est-à-dire la reconnaissance, qui sont du ressort du Chef d’Etat-major. Quoi qu’il en soit, l’architecture actuelle semble transitoire. C’est au lendemain du scrutin présidentiel que M. Abdelaziz Bouteflika dévoilera ses desseins véritables.

Après le message du Président de la République qui a été rendu public sur la question, une accalmie semble être observée et les attaques visant le DRS ont même cessé. C’est une accalmie durable ou passagère ?
En vérité, il me semble que la forme dans laquelle est intervenue la campagne qui a visé le DRS est loin de correspondre à la démarche habituelle du Président Bouteflika.
Quand bien même il aurait décidé de limoger le chef des services de renseignements, le Président de la République se serait abstenu du caractère intempestif de la campagne telle qu’elle s’est déroulée. Sa démarche aurait été graduelle, avec le souci de préserver les équilibres internes et de ne pas heurter la position des partenaires étrangers, entendre la communauté occidentale. Peut être, cependant, a-t-il laissé faire pour voir le résultat. Je suis enclin qu’il a considéré, en définitive, qu’il avait plus à perdre qu’a gagner. Tout dépendra, toutefois, du rapport de forces qui, après le scrutin du 17 avril prochain, se dégagera à l’intérieur du système et déterminera le processus de prise de décision en son sein. Si c’est le “noyau dur” du cercle présidentiel qui aura la prééminence, les attaques contre les services de renseignement ne sont pas prés de se terminer...

Vous ne pensez pas que le Président de la République est en train de procéder à un transfert insidieux des missions de sécurité intérieure dévolues au DRS vers la Police nationale ?
Votre question comporte, en réalité, deux aspects. Le premier se rapporte à la Police nationale en tant qu’institution. De tout temps, de manière récurrente, ont été essayé des tentatives allant dans le sens que vous évoquez. Elles se sont toutes soldées par un échec. Les services de renseignement algériens tirent leur force d’une expérience éprouvée et d’une filiation qui remonte au fameux MALG, le Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales, appellation détournée pour les services de renseignement durant la guerre de libération nationale. Les attributions de la structure en charge des « renseignements généraux » ont été renforcées avec un surcroît de capacités d’investigation. Mais le gap est trop important. Malgré l’admiration que porte M. Abdelaziz Bouteflika au modèle tunisien durant la période du Président Zine El Abidine Ben Ali.
Il est permis de s’interroger sur la volonté du Chef de l’Etat à se dispenser, aussi facilement, des services du DRS sur ce plan. M. Abdelaziz Bouteflika pourrait adopter, lorsque le moment viendra, un schéma de réorganisation qui ne s’inscrirait pas, forcément, dans la perspective que vous évoquez. Le deuxième aspect se rapporte à la personne de l’actuel Directeur Général de la Sureté Nationale, le Général-major Abdelghani Hamel. Dans la feuille de route que M. Abdelaziz Bouteflika est susceptible d’appliquer au lendemain de sa réélection, le Général-major Abdelghani Hamel présente les prédispositions intrinsèques pour être propulsé à une place prééminente — politique et non plus technique — dans la future constellation rapprochée de M. Abdelaziz Bouteflika.

Certains commentateurs vous présentent comme le porte-parole officieux des services de renseignement. Cela vous contrarie ?
Il y a un temps de cela, j’ai eu la surprise de lire dans une revue spécialisée de relations internationales, un article écrit par José Garçon — journaliste française réputée — qui m’affublait, délicatement, du titre “D’éminence grise de l’armée et des services de renseignement algériens”. Ayant pris contact téléphonique avec la journaliste, je lui avais déclaré que “sur le fond, je n’aurais pas rougi d’être l’éminence grise qu’elle croyait avoir décelé, avant de préciser j’avais démissionné des rangs de l’ANP parce que les portes me permettant d’accéder à ce statut m’étaient fermées”.
Je ne suis ni éminence grise des services de renseignement ou de l’armée, encore moins leur “porte-parole”. N’écorchez pas, aussi vif, mon amour-propre ! Je ne suis pas contrarié, pour autant, si d’aucuns, parmi mes anciens compagnons dans l’armée ou dans les services de renseignement, se reconnaissent dans mes analyses et mes opinions.

Vous avez écrit dans votre ouvrage “Problématique Algérie” que le rajeunissement et la professionnalisation de l’armée avaient été menés à bon port. Vous maintenez votre appréciation ?
Le président Abdelaziz Bouteflika, sitôt installé à la présidence de la République, a vite fait de comprendre qu’il était urgent de se défaire d’un commandement militaire qui manifestait une certaine propension à interférer dans le champ politique. Ce choix lui a semblé d’autant plus nécessaire qu’il ne souhaitait pas rester tributaire d’une hiérarchie à qui il devait son intronisation. M. Abdelaziz Bouteflika a agi, avec habilité, en trois étapes successives.
Première étape, de manière pacifique et presque consensuelle, il a poussé vers la sortie les chefs militaires qui pouvaient le plus porter ombrage à son pouvoir. Deuxième étape, il a placé, ceux restés en activité, dans une position de rivalité potentielle au sommet de la hiérarchie militaire les contraignant, en permanence, à s’épuiser dans des combats sans fin pour se neutraliser mutuellement. Troisième étape, il a favorisé, en règle générale, l’émergence aux postes de commandement les plus sensibles, de jeunes officiers, compétents et ne trainant pas d’antécédents fâcheux. Ce processus de rajeunissement et de professionnalisation semble marquer le pas.

Pouvez-vous illustrer le phénomène ?
De manière très simple. Le processus de rajeunissement et de professionnalisation de l’armée est entravé par une forme de stagnation qui affecte l’accès aux postes supérieurs de commandement.
Cette anomalie amoindrit la cohésion interne de l’armée car elle ne procure pas des chances équitables à tous les postulants à parvenir au sommet de la hiérarchie militaire. Inutile de souligner que cette stagnation dans la hiérarchie — certains commandants de Régions militaires sont au même poste depuis près de 15 ans — ne favorise pas la disponibilité opérationnelle du potentiel de combat. Mais le phénomène de pause touche d’autres aspects de la gestion des affaires militaires.
La doctrine de défense nationale continue de souffrir d’ambigüité faute d’adaptation pertinente au nouveau contexte régional et international. Les crédits militaires ne sont pas insérés dans une loi de programmation militaire validée par les instances politiques et censée, précisément refléter les dispositions de ladite doctrine de défense nationale.
La pyramide des grades se caractérise par une inflation du grade de général ce qui altère la cohérence de la chaîne de commandement. Gageons qu’un ministre de la Défense de plein exercice aurait fort à faire…

Vous évoquez une rupture d’équilibre entre “pôles de pouvoir” au sein du ministère de la Défense nationale. Que voulez-vous dire ?
En concentrant tous les pouvoirs au sein du ministère de la Défense nationale, entre les mains du vice-ministre, chef d’état-major de l’ANP, M. Abdelaziz Bouteflika a voulu, probablement, faire face aux impondérables du prochain scrutin présidentiel. Le président de la République reste, cependant, un homme de pouvoir. Il devrait continuer à vouloir disposer d’un appareil de renseignement autonome par rapport au chef d’état-major de l’ANP et relevant de son autorité directe. Il est improbable, par ailleurs, que M. Abdelaziz Bouteflika s’accommode, au sein du ministère de la Défense nationale, d’un centre de pouvoir hyper-puissant capable de contrebalancer le sien propre. Après une pause, au lendemain du scrutin du 17 avril prochain, il est probable que le président de la République redessinera l’architecture interne du ministère de la Défense nationale. Il devrait, notamment, dissocier entre les fonctions politiques de vice-ministre de la Défense nationale et les charges opérationnelle de chef d’état -major de l’ANP. Le chef de l’État aura à promouvoir de nouveaux chefs militaires pour pourvoir les postes de cette nouvelle architecture. Sera-t-il guidé par le souci de donner priorité à la compétence tout en préservant les équilibres internes au sein de l’armée ? Procèdera-t-il en favorisant l’allégeance personnelle à sa personne et en privilégiant une région particulière du pays ? Selon, la cohésion de l’armée sera confortée ou amoindrie. Si les équilibres internes actuels au sein de l’armée venaient à être perturbés au profit d’une région déterminée — en l’occurrence celle d’où sont natifs les membres du cercle présidentiel —, le président de la République, chef suprême des forces armées, serait en dépassement de ligne rouge.

Pourquoi manifestez-vous autant de crainte pour l’unité de l’armée ?
Avec l’épisode de l’interruption du processus électoral en 1992, la cohésion interne de l’armée s’est illustrée par ses conclaves où les chefs militaires prenaient, solidairement, les décisions importantes. À l’heure actuelle, la cohésion repose sur la seule discipline militaire. La discipline militaire, à elle seule, ne suffirait pas pour préserver la cohésion interne de l’armée si cette dernière devait être impliquée dans des clivages claniques ou partisans, voire requise pour réprimer d’éventuelles manifestations populaires.

Le général Hocine Benhadid vient, lui aussi, d’exprimer des craintes à propos de l’unité de l’armée. Connaissez-vous cet officier général ? Pourquoi, selon vous, a-t-il rompu le devoir de réserve qu’il avait observé jusqu’ici avec ses pairs ?
J’ai connu le général Hocine Benhadid dans les années 1970, à l’Académie militaire inter-armes de Cherchell, je suivais un stage tandis que lui, membre de l’encadrement, était en charge de la planification des enseignements. Le général Hocine Benhadid a eu un parcours militaire respectable. Il a commandé d’importantes unités opérationnelles dont la 8e Division blindée avant d’être désigné à la tête de la IIIe Région militaire. Il a effectué de nombreux stages dans des établissements de référence, en particulier l’Académie soviétique de commandement et d’état-major Frounzé, l’École de guerre de Paris, puis l’US Army War College de Pennsylvanie. Cette école où, plus tard, le maréchal Sissi suivra, lui-même, une formation. Je ne me crois pas autorisé à me substituer au général Benhadid pour commenter ses déclarations. Je me contente d’émettre des hypothèses. À ma connaissance, le général Hocine Benhadid ne nourrit pas d’ambition politique. Il a juste exhalé un sentiment d’exaspération partagé par ses camarades en retraite. Il l’a fait en termes peu diplomatiques, c’est la faiblesse de tous les militaires…

Vous n’êtes pas choqué, vous ancien officier de l’ANP, qu’un point de vue militaire soit exprimé à titre collectif ?
Un point de vue collectif ? Vous avez entre vos mains un manifeste signé par un collectif de militaires retraités ? Quand bien même… Dans les pays qui sont mieux gouvernés que ne l’est l’Algérie, les militaires retraités constituent un pont entre l’armée où ils ont servi et les élites nationales avec lesquelles ils sont, désormais, en contact. Ils sont le ciment qui impulse l’esprit de défense, ce lien indissoluble entre l’armée et la société qui fonde les politiques de sécurité nationale les plus efficaces. Traditionnellement, dans tous les pays évolués, des enceintes et des lieux sont, spécialement, réservés aux militaires retraités afin qu’ils puissent s’exprimer et débattre des questions de l’heure, à commencer par celles qui concernent la politique de défense nationale. À défaut, les militaires en retraite sont des citoyens à part entière qui ont le droit d’avoir des opinions et de les émettre. Ils ne sont tenus que par l’obligation morale qui les lie à leur conscience et leur patrie. L’ère des goulags est révolue !

S’il survenait un grave dérapage dans le pays, une prise du pouvoir par l’armée, sous la direction d’un éventuel maréchal Sissi, à l’instar de ce qui s’est passé en Égypte, vous paraît-elle possible ?
L’ère des coups d’État militaires n’est plus d’actualité. Le principe de compétence universelle pour les crimes contre l’humanité fait peser une véritable épée de Damoclès sur les chefs militaires tentés de réprimer les aspirations démocratiques de leurs peuples. Issus, en majorité, des couches sociales défavorisées, les chefs militaires actuels, en Algérie, sont loin d’être déconnectés de la réalité sociale. Il est improbable qu’ils se rebellent contre les autorités légales du pays. Il est tout aussi improbable qu’ils acceptent de tirer sur la foule.

Le scénario égyptien vous paraît improbable ?
Il faut raisonner en contexte. Sur le plan interne, l’armée égyptienne a tiré profit d’une conjoncture politique particulière où la population égyptienne, exaspérée, a manifesté, massivement, contre les égarements d’un président de la République trop inféodé aux Frères musulmans. Au plan international, la prise du pouvoir par l’armée égyptienne s’est faite avec l’assentiment des États-Unis d’Amérique qui ont apporté leur caution vis-à-vis de l’étranger et aussi de l’appui d’Israël qui a procuré une garantie sécuritaire externe. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que l’armée égyptienne, formant corps solidaire, a donné au maréchal Sissi — en qui elle se reconnaissait — mandat explicite à l’effet d’agir. Il ne faut pas oublier que l’armée égyptienne, contrairement à l’Armée algérienne, est fortement impliquée dans l’activité économique du pays. Elle subit, également, une grande dépendance vis-à-vis de l’assistance américaine. Est-il besoin de souligner, enfin, que le scénario de la prise du pouvoir par l’armée égyptienne ne constitue pas une panacée ? Le “tout-sécuritaire” a déjà montré ses limites dans notre pays. Alaa El-Aswany, le célèbre romancier égyptien, a bien raison d’interpeller le maréchal Sissi : “Soit vous êtes pour la révolution, soit vous restez lié à l’ancien régime”. La question n’est pas tranchée.

L’armée doit-elle se retirer, totalement, du champ politique ?
Oui, sur le principe. Subordonnée au pouvoir politique, l’armée a pour vocation d’assumer la mission constitutionnelle de sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays. Dans l’hypothèse où une phase de transition démocratique est décidée, il ne me semble pas qu’il faille nourrir de complexe doctrinal. Dans des conditions à déterminer, l’armée peut jouer le rôle de garant du processus de transition. Il est vrai, néanmoins, qu’en Algérie, il a manqué à l’armée la capacité de formuler, théoriquement, ce que nous pourrions appeler “la conscience de sa conscience”. Rien n’interdit, en effet, à l’armée de conceptualiser un “socle doctrinal”, à inscrire, tant dans le Pacte national censé guider la transition — nous y reviendrons plus loin- que, le cas échéant, dans le corps de la Constitution. Je ne suis pas choqué par la contradiction apparente qui consiste à plaider pour le retrait de l’armée du champ politique, d’une part, et, d’autre part, à l’inviter à exprimer une position doctrinale spécifique. J’ai perdu, depuis un lustre déjà, toute illusion sur une dynamique politique qui serait peuplée de “forces inertes”. La précaution cardinale à prendre consiste à mettre en place des verrous de sécurité pour que l’armée ne puisse accaparer, à son profit, le pouvoir.


http://www.liberte-algerie.com/entretie ... tie-218129

Palmier Dattier
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par Palmier Dattier »

Tayeb. Tu as oublié cette déclaration. Pourtant elle est intéressante !!!
http://www.elwatan.com/contributions/ar ... 79_120.php

tayeb
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Re: Déclarations de personnalités de l'armée algérienne

Message par tayeb »


03.04.2014
Le Général de Corps d’Armée, Ahmed GAÏD SALAH en visite de travail et d’inspection aux Commandements de Forces de l’ANP




En exécution du programme de suivi et d’évaluation annuel du bilan des activités des Forces, le Général de Corps d’Armée, Ahmed GAID SALAH, Vice-Ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire a effectué des visites de travail et d’inspection aux Commandements de Forces de l’Armée Nationale Populaire, du 1er au 3 avril 2014.

Ces visites de travail et d'évaluation qui ont concerné les Commandements des Forces Aériennes, des Forces Navales et des Forces de Défense Aérienne du Territoire, ont fait l'objet de rencontres entre le Général de Corps d'Armée et des officiers et cadres en présence d'élèves officiers, où il les a exhortés à redoubler d'efforts et à veiller à la discipline et la vigilance lors de l'accomplissement de leurs missions constitutionnelles : « Ce sont des missions capitales d'une grande importance, pour lesquelles nous avons juré devant Dieu Le Tout-Puissant, d'œuvrer sans répit, au sein de l'Armée Nationale Populaire, digne héritière de l'Armée de Libération Nationale,
conformément aux missions constitutionnelles incombées, aux côtés de tous les corps sécuritaires et tous les dévoués de notre nation pour les accomplir, par fidélité, de nous tous, aux âmes de nos valeureux martyrs et en hommage à la loyauté de nos libres moudjahidines, entravant les intentions et les projets hostiles des ennemis du peuple algérien, qui n'ont jamais digéré son indépendance, et n'ont point supporté sa force, son unité et sa cohésion sociale, culturelle et civilisationnelle »

Le Vice-ministre de la Défense Nationale a également valorisé le rôle du peuple algérien dans sa contribution efficace aux côtés de son Armée Nationale Populaire, héritière de l'Armée de Libération Nationale, pour déjouer, hier comme aujourd'hui, les conspirations des ennemis de l'Algérie, soulignant :« Le peuple algérien qui a su soutenir jadis, en temps de la colonisation odieuse, l'Armée de Libération Nationale, soutient aujourd'hui l'Armée Nationale Populaire dans sa lutte contre le terrorisme, connaissant et conscient, de façon innée et de par ses expériences passées, des desseins, aspirations et conséquences de la colonisation, que le terrorisme tente vainement de reproduire actuellement. Ainsi, votre engagement, aujourd'hui, face au terrorisme est une continuité naturelle du combat de vos aïeux contre le colonialisme français, alors soyez dignes de la confiance que votre peuple place en vous, et délivrez-le de ce fléau fatal ».

Le Général de Corps d'Armée a ainsi saisi ces rencontres pour inciter les éléments de l'Armée Nationale Populaire et les différents corps sécuritaires à poursuivre leurs efforts et leur dévouement afin de garantir un climat idéal au déroulement des prochaines élections présidentielles: « Un accomplissement qui, avec l'aide de Dieu Le Tout-Puissant, se réalisera grâce à votre détermination, votre courage et votre foi au droit du peuple de vivre dans la paix et la sérénité, et en son droit d'accomplir son devoir électoral, dans la quiétude et la tranquillité, dans un environnement qui permettra aux Algériens de choisir en toute liberté, transparence et démocratie, le président qui convient, celui qui prônera les valeurs nationales ».

Insistant sur le rôle de l'Armée Nationale Populaire dans la garantie de la sécurité et de l'unité nationale afin de déjouer toute tentative des ennemis de la Nation : « L'Armée Nationale Populaire, digne héritière de l'Armée de Libération Nationale s'honore, conformément à ses missions constitutionnelles, à préserver la souveraineté de l'Algérie, son indépendance et à garantir sa stabilité. Eu égard de la sensibilité et la vivacité de cette mission qui incombe à nos Forces Armées, et compte tenu du fait que les ennemis de l'Algérie sont conscients que tant que l'Armée Nationale Populaire est forte, développée, unie et prête à faire face aux défis, ils ne pourront atteindre leurs piètres fins, ni à faire aboutir leurs conspirations hostiles à l'Algérie, terre et peuple».
A la fin de sa visite, le Général de Corps d'Armée a salué les nobles valeurs, la sincérité et l'abnégation émanant de l'amour de la Nation et la loyauté envers elle, qui distinguent les éléments de l'Armée Nationale Populaire digne héritière de l'Armée de Libération Nationale.


http://www.mdn.dz/site_principal/index. ... te03042014

Merci Palmier :Algeria:
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