Département du Renseignement et de la Sécurité [Dissou !]

Venez discuter et débattre a propos de l'Armée Algérienne "uniquement" lorsque le sujet débattu ne concerne pas spécifiquement une armée (contrats, doctrine...).
Verrouillé
Avatar de l’utilisateur

anzar
Fariq (فريق)
Fariq (فريق)
Messages : 21648
Inscription : 21 mars 2012, 11:50
Been thanked : 3 times

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par anzar »

Ca donne l'impression qu'il y avait un bureau écrit DRS dessus dans chaque wilaya, c'est d'un grotesque et d'une niaiserie....
Image
Avatar de l’utilisateur

tahiadidou
Muqaddam (مقدم)
Muqaddam (مقدم)
Messages : 3071
Inscription : 17 septembre 2012, 23:17
Localisation : Not in Algiers

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par tahiadidou »

anzar a écrit :Ca donne l'impression qu'il y avait un bureau écrit DRS dessus dans chaque wilaya, c'est d'un grotesque et d'une niaiserie....
En effet, je m'imaginais la meme chose... :nooo:

Sifax
Raïd (رائد)
Raïd (رائد)
Messages : 2574
Inscription : 31 mars 2012, 12:44

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Sifax »

"exerçaient un véritable pouvoir parallèle."
En effet c'est exagéré. Mais bon, ils exercent peut être une certaine "influence" selon tsa. Les affaires publiques et la vie sociale des collectivités locales souffrent du poids du "sécuritaire". C'était compréhensible il y a 20 ans. Çà doit changer aujourd'hui. Les services doivent faire leur travail en toute discrétion (sans même que l'on sache).

PS: pour "les bureaux" je me disait aussi la même chose. N'a pas de sens.
Avatar de l’utilisateur

obi_one
Raqib (رقيب)
Raqib (رقيب)
Messages : 529
Inscription : 30 mars 2012, 14:14

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par obi_one »

le drs a t il ete touché par la corruption ?

tayeb
Amid (عميد)
Amid (عميد)
Messages : 10216
Inscription : 17 janvier 2013, 17:26

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par tayeb »

Un jour dans l'histoire de ce pays on racontera que les traîtres ont vendu au peuple une illusion, certains ont applaudis et soutenu de toutes leurs forces, d'autres n'y ont pas crus car pour eux tous étaient les mêmes , et d'autres savaient que cela cachait la trahison la plus détestable de l'esprit du 1er novembre car on essayait de tuer le nationalisme Algérien au sein des institutions. Dans ce pays ou tout est devenu à vendre, même les héros d'hier ont retournés leur veste, d'autres ont préférés la prison ou la retraite...Ils savent déjà que les serviteurs de Bajolet ont ouvert les coffres, il n'y a plus qu'à regarder et attendre.

Amarito
Arif Awal (عريف أول)
Arif Awal (عريف أول)
Messages : 275
Inscription : 04 avril 2012, 15:45

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Amarito »

tahiadidou a écrit :
Sifax a écrit :
Les éléments du DRS quittent les sièges des wilayas et des daïras (mercredi 16 septembre 2015, Par Hadjer Guenanfa)
...
Les éléments du DRS détachés auprès des wilayas exerçaient un véritable pouvoir parallèle. ....
http://www.tsa-algerie.com/20150916/les ... es-dairas/
...
Un pouvoir parallèle? Je dirais plutôt Surveillance. Monitoring. TSA veut faire croire que rien ne marchait a cause des services.
Dans toutes les grandes institutions américaines des agents sont plantés. ne parlons pas des media...
Avec les nouveaux harka et ces moments troubles l' Algérie fait une grosse erreur.

Tahiadidou
Je suis assez d'accord. Je pense que ces "correspondants" faisaient un travail de renseignement intérieur, ça fait un bail qu'ils ne s'occupaient plus d'entraver les libertés individuelles y compris politiques. Ils s'intéressaient comme dans les pays évolués à surveiller et intervenir sur des "menaces" plus substantielles: mouvements politiques et sociaux constitués, puissances économiques et financières, nationales et étrangères. Leur disparition ouvre un boulevard à ceux qui ambitionnent de "transformer" l'Algérie. Par ailleurs, la dislocation de ces services ouvre également le risque de voir passer ces hommes et leurs réseaux dans le "privé" et tout ce que cela peut recouvrir.

LANDSKNECHT
Banni Définitivement
Banni Définitivement
Messages : 1128
Inscription : 08 mars 2015, 18:26

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par LANDSKNECHT »

lE CPP DE mAGHREBeMERGENT à ce sujet
https://youtu.be/avJJLDzfxgY

Albatros
Djoundi (جندي)
Djoundi (جندي)
Messages : 78
Inscription : 30 mars 2012, 16:55
Localisation : Alger
Contact :

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Albatros »

Un site rapporte ce matin comme quoi le Général Toufik se trouverait en résidence surveillée depuis hier mercredi et que toute sa garde rapprochée a été remplacé en plus des téléphones saisies !
A prendre avec beau de réserves !

:!: Edit admin : Article non sourcé et en cherchant la source est loin d'être crédible :!:
Dernière modification par anzar le 17 septembre 2015, 19:13, modifié 1 fois.
Raison : Veuillez mieux choisir vos sources !!!

AAF 2020
Amid (عميد)
Amid (عميد)
Messages : 22241
Inscription : 30 mars 2012, 16:23
Been thanked : 7 times

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par AAF 2020 »

Départ du général Toufik : Aux origines de la «Disgrâce»

Image
Le départ du patron du DRS, le général Toufik, serait une suite logique de la guerre des tranchées qui l’opposait au clan présidentiel. A l’origine, l’affaire Sonatrach et l’inculpation de Chakib Khelil, l’homme le plus proche du Président. Depuis son retour du Val-de-Grâce en 2013, tous ceux qui ont touché à ce dossier – à commencer par l’ex-ministre de la Justice, Mohamed Charfi, en passant par le service de la police judiciaire du DRS qui a mené l’enquête, et plus récemment le juge qui a lancé les mandats d’arrêt – ont été écartés.
Démission, fin de mission ou limogeage, le fait est là. Le général-major de corps d’armée, Mohamed Mediène, dit Toufik, patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) n’est plus à son poste. Pour comprendre une telle décision, affirment des sources bien informées, il faut revenir à l’été 2013, marqué par le scandale Sonatrach 2, mais aussi l’évacuation, juste avant, du président Bouteflika vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Le dossier de Sonatrach 1 venait d’être clôturé, le Président avait fini par se démarquer de Chakib Khelil, son homme de confiance, plus de deux ans après son départ du gouvernement au mois de mai 2010 (4 mois après l’inculpation des cadres dirigeants de Sonatrach).

Profitant de la Fête de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 2013, il rend publique en effet une déclaration dans laquelle il exprime sa «révolte» et sa «réprobation» contre les actes de corruption qui ont éclaboussé Sonatrach, tout en affirmant «ne pas pouvoir» laisser passer ces derniers «sous silence» et son «entière confiance» en la justice.

Menée par le service judiciaire du DRS, l’enquête préliminaire se poursuit et débouche sur de graves faits de corruption impliquant l’ex-ministre de l’Energie et que les commissions rogatoires délivrées à la justice italienne quelques mois auparavant vont renforcer. Les 11 contrats accordés à Saipem, filiale du groupe pétrolier italien ENI, sont passés au peigne fin par le tribunal de Milan, qui lève le voile sur des commissions qu’auraient versées les patrons des deux sociétés. Au centre de ces transactions douteuses, se trouvent l’ex-ministre de l’Energie et son conseiller financier, le nommé Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui.

Chargé de l’enquête judiciaire, le juge Ghezali de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed, à Alger, obtient de son ministre, Mohamed Charfi, le feu vert pour aller très loin dans cette affaire. Le 25 mars 2013, le juge signe des mandats de perquisition aux domiciles de Chakib Khelil à Alger et à Oran. Exécutés par le DRS, ceux-ci s’avèrent infructueux. L’ancien ministre a eu suffisamment de temps pour vider les lieux et quitter le territoire national. Les événements se précipitent.

Le clan présidentiel acculé
Le nom de Saïd Bouteflika, frère du Président, est pour la première fois cité dans les rapports du DRS, puis dans la presse. Fin avril 2013, le Président est évacué vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce en France, à la suite d’un AVC, que certains imputent aux accusations de corruption portées contre son frère. Son état de santé suscite des interrogations sur la succession. C’est la panique parmi ses hommes, surtout chez son frère. Sa première apparition le montre totalement affaibli.
Les rumeurs sur le recours à l’article 88 de la Constitution, qui met fin à son mandat pour des raisons de santé, agitent Alger. Durant les trois mois d’hospitalisation, les affaires de l’Etat se traitent au Val-de-Grâce. Il reçoit régulièrement le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef de l’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Gaïd Salah. Ce dernier lui exprime son soutien indéfectible. «Nous sommes tous les deux des moudjahidine. Tant que je serais là, personne ne vous touchera», lui aurait-il dit.
De cette manière, il lui renvoie l’ascenseur. En effet, en 2003, Gaïd Salah, alors commandant des forces terrestres, était sur la liste des mises à la retraite que le défunt chef d’état-major, Mohamed Lamari, avait présentée au président de la République. Mais ce dernier a mis son veto. «Nous sommes tous les deux des moudjahidine. Personne ne te touchera», lui aurait-il assuré, avant de lui confier le poste de chef d’état-major, quelques semaines après le départ de Lamari en 2004.

Le retour du Val-de-Grâce

Fin juillet 2013, Bouteflika quitte l’hôpital et rentre à Alger. Il apparaît sur une chaise roulante, le visage livide, le regard hagard. Ses capacités de gestion du pays suscitent la polémique. Dans les hautes sphères de la «grande muette», le débat sur la succession est ouvert. Du côté de la justice, l’enquête sur la corruption au sein de Sonatrach se poursuit. Chakib Khelil, retranché aux Etats-Unis, ne répond pas aux convocations du juge de la 9e chambre. Par le biais des médias, Khelil explique que son médecin lui interdit de voyager durant deux mois, après avoir assisté à l’enterrement de sa mère à Oran.
Passé ce délai, le juge lance des mandats d’arrêt internationaux et c’est le procureur général d’Alger, Belkacem Zeghmati, qui se charge de l’annoncer lors d’une conférence de presse, le 13 août 2013, sur instruction du ministre la Justice, qui l’a d’ailleurs rappelé de son congé.
L’ex-ministre de l’Energie, son épouse et ses trois enfants font l’objet de poursuites pour des faits liés non seulement à la corruption, mais aussi au blanchiment d’argent et à la fuite de capitaux. L’affaire fait l’effet d’une bombe ; elle tétanise les proches du Président qui, jusque-là, n’avait pas émis publiquement son vœu de briguer un quatrième mandat. C’est son frère Saïd qui l’aurait convaincu de la nécessité d’«assurer les arrières» de la famille, de peur de subir le sort de Chakib Khelil.

Un ministre, ancien «malgache», proche de Bouteflika, conseille à ce dernier d’anticiper sur les événements et d’assurer l’alternance en douceur. L’idée est rejetée par Saïd, qui voit dans le départ de son frère de la Présidence une menace pour la famille. La survie de celle-ci passe donc par le maintien de Bouteflika au pouvoir, et donc la nécessité d’assurer un quatrième mandat. Pour y arriver, il faut agir sur deux axes : militaire et politique. La première mesure est le départ de Abdelmalek Guenaïzia de son poste de ministre délégué à la Défense. Un poste supprimé et remplacé par celui de vice-ministre accordé à Gaïd Salah, qui est déjà chef d’état-major de l’ANP. Un cumul incompatible, unique dans l’histoire des armées.

Une telle promotion permet à Gaïd Salah de jouir d’une immunité totale et d’une pérennité dans la fonction pour baliser l’échéance de l’élection présidentielle qui se profile. Le patron du DRS n’est pas convaincu de la nécessité d’un quatrième mandat. Il sera pratiquement le seul, avant de rejoindre les partisans de cette option. Commencent alors les changements – ou plutôt les purges – au sein du DRS, présentés comme une nécessaire restructuration.

Fin 2013, la campagne pour un quatrième mandat est lancée par Saïd Bouteflika avec l’aide financière de plusieurs hommes d’affaires, dont les plus apparents sont Haddad et Kouninef. L’«oligarchie» débourse des sommes colossales pour faire élire Bouteflika. Mohamed Charfi est démis de ses fonctions de ministre de la Justice pour être remplacé par Tayeb Louh. Dans la discrétion la plus totale, les mandats d’arrêt lancés contre l’ex-ministre sont annulés et le juge d’instruction, M. Ghezali, est enlevé de la 9e chambre, après avoir été procureur général adjoint, une voie de garage pour un juge émérite.

Amar Saadani, le patron du FLN, qui traîne de lourdes casseroles, encore sous la loupe des Services de renseignement français pour des faits de blanchiment, se charge de tirer à boulets rouges sur le DRS, particulièrement sur son patron. Le tout nouveau vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, garde le silence, comme si le Département du renseignement et de la sécurité ne faisait pas partie du ministère de la Défense nationale.

La guerre des tranchées vient de commencer. Militairement, c’est Gaïd Salah qui se charge d’amputer le département de ses services les plus importants, à commencer par celui des enquêtes judiciaires qui avait mené les investigations sur l’affaire Sonatrach. Les sorties médiatiques de Saadani, notamment sur les sites électroniques français, se multiplient et les accusations contre le DRS sont de plus en plus graves. Aucune réaction n’émane du MDN. De nombreux cadres du DRS sont mis à la retraite d’office et des chefs de directions névralgiques sont écartés.

Arrestation du général Hassan
Tous ceux qui ont une relation, de près ou de loin, avec les dossiers de corruption se retrouvent soit à la retraite, soit «mis en veille».
Il ne reste que le général Hassan, homme de confiance du général Toufik. Son arrestation ne repose, jusqu’à présent, sur aucun dossier, selon ses avocats. Maître Sellini n’a même pas pu obtenir l’autorisation de le défendre. Hier, maître Miloud Brahimi, qui s’est constitué à la demande de son confrère, s’est déclaré totalement solidaire de ce dernier. Après avoir eu un premier entretien avec le général Hassan à la prison militaire de Blida, Me Brahimi confirme qu’«à ce jour, rien ne justifie la détention» de l’officier supérieur, que d’aucuns considèrent comme un héros national pour ses faits d’armes contre le terrorisme.
En fait, pour certaines sources, le général Hassan a été mis en prison pour pousser le patron du DRS à la sortie. Selon nos interlocuteurs, ce dernier a écrit au Président – qui est ministre de la Défense nationale et donc son responsable hiérarchique –, l’exhortant de rendre justice au général Hassan qui, selon lui, faisait son travail sous ses ordres.
Une semaine après cette lettre, des témoins «à charge» choisis parmi les plus fidèles du général Hassan, ont été convoqués par le tribunal militaire, alors que le mis en cause n’a toujours pas été entendu depuis son arrestation. Une réponse que le patron du DRS a bien saisie. «Ne voulant pas sacrifier l’un des hommes les plus patriotes, le patron du DRS a rendu son tablier. Il savait que c’était sa tête qui était visée à travers son homme de confiance.»

Entre autres faits d’armes, l’homme a réussi, nous dit-on, à démanteler de nombreux groupes terroristes au nord du Mali. Sous son commandement, une centaine de terroristes étrangers ont été arrêtés et incarcérés dans des prisons algériennes et une dizaine de kamikazes qui étaient sur le point de souffler des bâtiments publics ont été neutralisés. Le général Hassan avait été nommé par décret présidentiel à la tête du service de coopération internationale et de renseignement antiterroriste, pour être durant presque dix ans l’interface avec tous les services de renseignement à travers le monde. Ses faits d’armes lui ont valu d’être l’officier le plus décoré, notamment par Gaïd Salah lui-même, qui lui a remis des distinctions à trois reprises.
http://www.elwatan.com/actualite/depart ... 98_109.php

tayeb
Amid (عميد)
Amid (عميد)
Messages : 10216
Inscription : 17 janvier 2013, 17:26

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par tayeb »

La vraie légende du général «Toufik»

Image

Que cache le mythe Toufik qui vient de quitter ses fonctions après 25 ans à la tête du DRS ? Un homme, un soldat, un «monstre paranoïaque», une émanation de l’Ancêtre comme on appelle le MALG historique dans la «maison» ? Décryptage du parcours de l’homme le plus mystérieux d’Algérie.


Le militant algérois a de l’œil. Les années de militantisme dans le PPA-MTLD, le scoutisme et même en tant que membre du Mouloudia historique et la clandestinité de la cellule de l’organisation politico-militaire du FLN-ALN, ont aiguisé son regard. Et ce regard tombe sur ce jeune homme, un peu solitaire au lycée, bon élève et très discret, qui tranche avec la gouaille joyeuse des Algérois.

Le militant est du même quartier que le jeune homme, Saint-Eugène à Alger. Il connaît bien sa famille, notamment son père Ahmed, Ahmed Mediène. Il étudie longtemps son cas et son intuition lui dit qu’il faut recruter ce jeune homme renfermé. Il le voit souvent ce jeune Mohamed, assis seul sur une marche des escaliers à côté de l’ex-Opéra d’Alger, square Port-Saïd actuellement. Assis et silencieux, regardant le monde s’agiter autour de lui. Parfois des heures.

Il a quoi ? 18, 19 ans ? Petit gabarit à la peau claire et aux yeux scrutateurs qui s’imprègnent de son environnement, scannent la place de l’opéra en silence. Nous sommes en 1959. Le militant FLN-ALN approche le jeune homme : «Tout ce qu’on te demande est de rester ici et de noter mentalement tous les mouvements que tu aperçois, les flics français, leurs commissaires, quand ils rentrent dans le café, avec qui ils ont parlé…

Tu vois tout ça et tu me rends compte après verbalement.» Sans hésitation, le jeune Mohamed dit oui à son voisin, respecté dans le quartier pour ses engagements et son niveau d’étude (en droit). Quotidiennement, chaque soir à Saint-Eugène, Mohamed faisait un compte rendu au responsable clandestin. D’une précision terrible, oralement, sans notes écrites ou aide-mémoire, ce qui a permis à l’Organisation de mener pas mal d’opérations fructueuses. Puis c’est le maquis, les premiers coups de feu alors qu’il n’a pas encore vingt ans...

L’embuscade où il a failli y passer, n’était l’intervention héroïque du frère aîné de Betchine ! Ensuite, la Tunisie, les opérations à la frontière et ses débuts dans les transmissions chez le MALG, avec toujours ses silences et ses regards scrutateurs, sa retenue. Il observait le monde en chaos autour de lui et traçait son sillon dans cette armée embryonnaire qui, déjà aux frontières, était plus puissante que les armées du Maroc et de la Tunisie réunis.

Scanner vivant

«Cette incroyable faculté à observer que Mediène a développée très jeune lui a beaucoup servi dans sa carrière, témoigne un ancien colonel des services actions du DRS. Il a ce tempérament très calme d’un observateur hors du commun. Dans nos réunions, et sans en faire trop, il observait les visages de tout le monde, étudiant les réactions. Un vrai scanner vivant.» Un scanner vivant, selon cet ancien opérationnel à la retraite ? «Parfois, il nous étonnait, c’est sa faculté d’observer, son œil, son intuition qui nous surprenaient. Ecoutez ça», nous relance l’ancien colonel. Invité à dîner chez un de ses collaborateurs, un général des services opé’ (opérations à l’étranger), «Toufik» arrive dans son véhicule tout-terrain, sans escorte.

Il embrasse son hôte à l’entrée de la villa barricadée sur les hauteurs d’Alger, à Hydra, dans une impasse sécurisée, avant de se crisper et de reculer de quelques pas. «Qu’est-ce qui ne va pas ?» demande, intrigué, le barbouze. Pensif, le petit homme à la peau claire et aux yeux nerveux derrière ses grosses lunettes le bombarde calmement de questions : «Tu as changé ta garde ? Tu as reçu une livraison ?

Tes enfants sont venus avec des amis ? Tu as reçu des ouvriers pour des travaux chez toi ?... » Vexé, le général maître des lieux, perd patience : «Mais enfin, dis-moi ce qui se passe ? Rentre.» L’homme à l’écharpe rouge, souvenir des classes au KGB, attrape alors son talkie-walkie pour donner des ordres pour convoquer des démineurs. Une heure plus tard, la voiture du général-hôte est découverte pleine de TNT. De quoi souffler la maison, une partie du quartier, la famille du général opé’… et son invité, Mohamed Mediène.

Calme

«C’était dans les années 1990. A l’époque, une guerre fratricide déchirait les services secrets. Mediène a senti le danger, comme un détecteur d’explosifs ; son ami est resté bouche bée. Mediène a encore gagné contre le destin», conclut le colonel. Comment gagner contre le destin ? Comment rester à la tête des services secrets les plus secrets si longtemps, 25 ans ?

«Il écoutait tout le monde, ne coupait jamais la parole, témoigne un ancien collaborateur, puis il parlait à la fin, succinctement. Un jour, je lui avais signalé un fait gravissime, que je ne peux dévoiler ici. Il m’a juste écouté, sans être ni ébranlé ni choqué, son visage est resté de marbre. A la fin de mon rapport, il a juste dit :‘’Ok, alors il faut faire ceci et cela’’. Calmement, alors que je lui exposais une affaire de sécurité d’Etat. Il nous a toujours bluffés avec son calme.

Du coup, nous, ses collaborateurs, essayions de l’imiter, calme et discipline.» «Sa discipline était exemplaire et il n’a jamais remis en cause ou même commenté un ordre, confie un conseiller à la Présidence qui est pourtant très critique face à la puissance et à l’entrisme du DRS. Il n’a jamais traîné de scandale ni eu de sanction, même minime. Jamais de frasque. Ce n’est pas quelqu’un qui a ramassé du fric. Et surtout, c’est un patriote, un vrai.

Je ne suis pas d’accord ni avec ses méthodes ni avec sa manière de gérer le DRS comme un Etat parallèle, mais je dois reconnaître qu’il a un sens du patriotisme très élevé.» «En 2003, ‘’Toufik’’ remet un dossier complet sur le scandale Khalifa à Bouteflika. Ce dernier, 48 heures après et en plein Conseil des ministres, lance : ‘’Le patriotisme de Si Toufik me rappelle celui de Si Ben Boulaïd. Si Toufik nous a sauvés d’une vraie catastrophe‘’», raconte le cadre d’El Mouradia.

Et d’ajouter : «Sans le respect que lui devaient ses hommes, sans son autorité, il y aurait eu des dérapages contre le Président, je vous l’assure.» «Jamais il n’a dit un mot déplacé sur Bouteflika, pas une seule fois. Quand ils doivent se rencontrer, le protocole est très strict. Mediène suit la voie protocolaire et les deux responsables correspondent via leurs chefs de cabinet respectifs. Il l’appelle toujours Monsieur le président, Bouteflika lui, se contente d’un ‘’Si Toufik’’», explique le même conseiller.

Soldat

«Mediène est un soldat, on oublie cela souvent, indique un de ses hommes, chargé de la lutte antiterroriste. C’est un enfant du MALG et de l’ALN. Il était dans une projection, disons, historique, sans jamais bien sûr faire de l’ostentatoire par rapport à son rôle ou à sa puissance. D’ailleurs, il n’est pas un janviériste comme on le présente souvent. Quand les généraux Taghit, Touati, Djouadi, Lamari (Mohamed), Gheziel et Nezzar (venu tardivement à ce groupe) ont commencé à se réunir pour trouver l’astuce pour déposer Chadli en 1992, il n’était pas là.

Puis, dans les semaines qui ont suivi, il n’a ni dénoncé ni soutenu leur démarche. Sa priorité était de ramasser les lambeaux des services après le traumatisme de 1988, les accusations de tortures, le départ de Lakehal Ayat et de Mohamed Betchine.» «A un moment donné, les civils se sont barrés, s’emporte un commandant de l’ANP de l’époque. Djenouhat, Taghit, Touati et d’autres hauts officiers de l’armée étaient hors d’eux.

Structure globale

On est en 1992 et on avait ‘’gentiment’’ demandé à Chadli de partir en lui envoyant Djenouhat qui était son ami, avec tout le respect qu’on doit au chef des forces armées, à un moudjahid, à un colonel du temps de Boumediène. Il y eu alors une volonté de recentrage autour des forces armées et on avait les hommes pour ça : Touati, Mohamed Lamari et surtout Mediène qui s’occupa de sécuriser les militaires tandis qu’on militarisait la sécurité.» «Mediène avait hérité de la structure la plus compliquée en Algérie, mise en lumière après les accusations de torture d’Octobre 1988, décapitée de ses chefs ; il pensait qu’il fallait ramasser les morceaux, créer un corps de frappe capable de faire face à la guerre qui s’annonçait, explique un autre collaborateur de «Toufik» durant les années 1990, aujourd’hui à la retraite.

Face au fait que l’ANP, bâtie sur les schémas soviétiques et arabes lourds et inadaptés à la guérilla, face au fait qu’il fallait créer une structure globale qui assume le putsch contre Chadli avec intelligence et efficacité, Mediène a commencé ce travail titanesque de rassembler les services en un seul et créer le DRS, qui englobait à l’époque toutes les directions du renseignement militaire et civil, mais aussi pas mal de ‘’directions secrètes’’ pour maintenir le bon fonctionnement de l’Etat, au cas où.»

Et là, l’ancien colonel nous cite la DSE. «La Direction de la sécurité de l’Etat n’existe pas réellement, elle est constituée de l’état-major du DRS plus d’autres personnalités importantes, en cas de crise ; cela s’est produit quelquefois, notamment dans les années 1990.» Face à cette volonté de concentrer tous les services entre les mains de «Toufik», des oppositions naissent, notamment celle de Khaled Nezzar, ministre de la Défense à l’époque, qui ne portait pas Mediène dans son cœur et qui n’aimait pas trop les services de renseignement, mais qui a dû céder face aux sollicitation du «Cardinal de Frenda», le général Larbi Belkheir, protecteur du colonel Mediène.

L’autre à s’opposer est le chef de gouvernement de l’époque, Mouloud Hamrouche. «Si Mouloud s’est accroché avec Nezzar (qui a fini par défendre les thèses de Mediène) devant Chadli, raconte un ancien ministre ‘réformateur’. Il était à ses yeux hors de question de revenir sur la restructuration des services secrets pour en recréer un Léviathan, une machine gigantesque sous l’autorité d’un seul homme.

Le démembrement des services dans les années 1980, leur spécialisation et leur gestion par un général non issu de la boîte, le tankiste Lakehal Ayat, ont pu créer un début de transition entre police politique et services de renseignement performants. Même le chef du Mossad a reconnu que les services algériens l’ont complètement débordé au Liban pendant la guerre civile dans les années 1980.» Peine perdue. Chadli écouta plutôt Nezzar et Belkheir et le discret colonel Mohamed Mediène, qui devint par décret présidentiel de septembre 1990 le DRS, le directeur du renseignement et de la sécurité.

Sa fonction, son nom et sa structure se confondant en une seule entité qui a pu traverser la guerre et les pires crises politiques, souvent non sans dégâts. «Il a été au cœur de la guerre et de la gestion du sortir de la guerre, commente un de ses collaborateurs. Le DRS a été la première instance à penser qu’il n’y avait pas d’issue militaire à la lutte antiterroriste et les contacts des services avec l’AIS remontent en fait à 1994, à l’initiative du ‘’major’’ bien sûr. C’est pour cela que le DRS a trouvé en Bouteflika l’homme idéal qui endosserait cette politique, intégralement», assure un cadre de la boîte.

Dynastie

«Mais le patron a fait beaucoup d’erreurs, surtout deux, majeures : il aurait dû s’opposer franchement à la réélection de Bouteflika, comme l’a fait Smaïn Lamari (le défunt n°2 du DRS) et il aurait dû aussi ‘’ouvrir’’ les services à des compétences civiles, pour élargir nos champs de réflexion, regrette un ancien officier de la ‘‘maison’’. Au lieu de cela, le DRS s’est renfermé sur lui-même et la paranoïa interne nous a fait beaucoup de mal.» «Certains disent qu’il a été démis de ses fonctions, d’autres prétendent que c’est lui-même qui a démissionné dix jours avant l’annonce officielle. Peu importe, poursuit l’ex-DRS.

Le chef savait que parmi ceux, nombreux, qui courbaient l’échine devant lui, beaucoup voulaient le détruire. Mais il est resté étrangement passif.» «Personne ne peut absolument rien contre Toufik, même Gaïd Salah qui n’en a ni les capacités ni l’envergure. Toufik est malin, très malin ! Tu peux le poignarder plusieurs fois, il ne bronchera pas ! Un animal à sang-froid», nous disait l’ex-général Hocine Benhadid. Son départ arrange quelque part les deux pôles, la Présidence et le DRS. «Bouteflika ne veut pas partir en laissant le système qu’il a trouvé en arrivant en 1999, cela serait une preuve d’échec.

De son côté, Mediène sait que son temps est révolu, il a été le patron d’une structure dont la raison d’être a évolué et il ne peut plus jouer son rôle d’arbitre au sein d’une collégialité de la décision qui n’existe plus à cause de Bouteflika, analyse un ancien de la ‘‘maison’’ qui a commencé sa carrière au sein du MALG. Les services secrets, eux, continueront à vivre, Mediène n’étant qu’une étape de leur longue existence depuis le maquis. MALG, DSM, DCSM, DGPS, DRS… Qu’importe le sigle, les services sont l’ADN de l’Etat algérien et la dynastie révolutionnaire veille au grain et saluera un des siens, Si ‘’Toufik’’, chaleureusement. Et très discrètement.»
http://www.elwatan.com/actualite/la-vra ... 34_109.php
Dernière modification par anzar le 18 septembre 2015, 14:54, modifié 1 fois.
Raison : Image de l'article
Avatar de l’utilisateur

sadral
Aqid (عقيد)
Aqid (عقيد)
Messages : 6581
Inscription : 03 avril 2012, 19:55
Has thanked : 5 times
Been thanked : 1 time

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par sadral »

Cet article ,qui sonne comme un Hommage, m'a fait bcp de bien. Merci Tayeb et bravo ''aux'' auteurs.
Sincèrement, j’apprécie de + en + la ligne éditorialiste d'El Watan .
« Une page est tournée ; l'Algérie est d'abord fille de son histoire, qu'elle ait surmonté l'épreuve coloniale et même défié l'éclipse, atteste, s'il en était besoin, de cette volonté inextinguible de vivre sans laquelle les peuples sont menacés parfois de disparition.
L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.

saf
Raqib Awal (رقيب أول)
Raqib Awal (رقيب أول)
Messages : 598
Inscription : 02 avril 2012, 13:42

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par saf »

Les felons ont profité de la veille de son depart pour le Hadj pour le remercier quel courage.

tayeb
Amid (عميد)
Amid (عميد)
Messages : 10216
Inscription : 17 janvier 2013, 17:26

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par tayeb »

saf a écrit :Les felons ont profité de la veille de son depart pour le Hadj pour le remercier quel courage.
Je pense que c’était d’un commun accord avec lui, un limogeage par surprise est impossible. Il a lui même je pense choisis d’organisé son voyage à cette même période afin de s’éloigné de l’agitation Algéroise.

Firdaous
Mulazim (ملازم)
Mulazim (ملازم)
Messages : 1040
Inscription : 31 mars 2012, 02:20

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Firdaous »

saf a écrit :Les felons ont profité de la veille de son depart pour le Hadj pour le remercier quel courage.


Il est vraiment parti a la mecque ? La fin du pelerinage de cette année sa coincide pas avec l'aid el kebir dans quelques jours?

deyaziz
Aqid (عقيد)
Aqid (عقيد)
Messages : 6337
Inscription : 03 avril 2012, 18:20
Has thanked : 1 time
Been thanked : 5 times

Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par deyaziz »

Firdaous a écrit :
saf a écrit :Les felons ont profité de la veille de son depart pour le Hadj pour le remercier quel courage.


Il est vraiment parti a la mecque ? La fin du pelerinage de cette année sa coincide pas avec l'aid el kebir dans quelques jours?
OUI Firdaous :twisted: Et cela depuis que le hadj a été ordonné par Dieu le Tout Puissant à tous les musulmans possédant les conditions physiques, mentales, économiques et civiques. l'aid el kebir est le 10 e jour du pelerinage et pratiquement le dernier mais a cause du nombre des hadjadj(3-5 millions) chaque année, on n'arrive pas a terminer toute les taches alors on ajoute en général 2-3 jours. Aussi ton pseudo signifie un endroit privilégié au paradis :)
Verrouillé

Revenir à « Discussions »