La BPC temporise sur l’assouplissement monétaire .
La poursuite de la baisse du taux de réserves obligatoires semble retardée dans un contexte de croissance du marché boursier.
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Alors que le marché semble avide de nouveaux fonds pour consolider la hausse du marché boursier, la Banque populaire de Chine (BPC, la banque centrale du pays) a choisi de marquer un temps d’arrêt et de ne pas assouplir à la hâte les dépôts de réserve, contrairement aux attentes de beaucoup d’investisseurs.
Désormais, les économistes pensent que la banque centrale pourrait être moins motivée à poursuivre l’assouplissement monétaire qu’à la fin de l’année dernière, car les statistiques du mois de mars ont confirmé une reprise de l’économie et rallumé l’optimisme après des mois de sentiments mitigés.
Les cinq mois de hausses consécutives dans les réserves de devises étrangères de la Chine, qui ont pratiquement atteint les 3100 milliards de dollars (2761 milliards d’euros) à la fin du mois de mars, indiquent une baisse de la pression au niveau des flux sortants de capitaux. Les données ont été mises à jour dimanche dernier par l’Administration nationale des changes (ANC).
Avec la confiance des investisseurs mondiaux dans la deuxième économie mondiale, la croissance des réserves de devises étrangères s’est accompagnée d’appréciations du yuan.
Au début du mois d’avril, les marchés boursiers chinois ont réalisé leur meilleure performance depuis un an et l’indice CSI 300, composé des sociétés majeures cotées à Shanghai et Shenzhen, a atteint son niveau le plus haut depuis mars 2018. Ce rallye boursier est survenu conjointement avec un rebond dans l’activité du secteur de la production manufacturière en mars, comme l’indique l’indice des directeurs d’achat (PMI), après trois mois consécutifs de fléchissement.
Les économistes ont également prédit une hausse de l’inflation à 2,5 % en mars et avril, tandis que l’indice des prix à la consommation s’est maintenu sur les deux premiers mois de l’année à 1,6 %.
La situation est aujourd’hui plus optimiste que prévue. Précédemment, les analystes politiques s’attendaient à ce que la BPC abaisse encore le taux de réserves obligatoires pour stabiliser la croissance économique au début du mois d’avril, mais cette mesure semble avoir été reportée.
« Le pire est passé... pourquoi n’attendrions-nous pas un peu plus? […] Par ailleurs, la marge de manœuvre pour abaisser le taux de réserves obligatoires est limitée et la banque centrale devra être plus prudente avant de l’abaisser de nouveau », explique ainsi au China Daily un ancien officiel du Département de la politique monétaire de la Banque centrale souhaitant rester anonyme.
« Certains investisseurs appellent à une baisse nette dans les réserves, car ils pensent que cela permettra de canaliser plus de fonds dans le marché boursier. Mais la vérité, c’est que le marché boursier ne manque actuellement pas de capitaux », ajoute-t-il.
La prévention de l’accumulation des bulles d’actifs pourrait être une autre raison pour laquelle les législateurs ont choisi de temporiser sur l’assouplissement monétaire, même si l’équilibre entre la stabilisation de la croissance et le contrôle de la dette est toujours délicat et complexe à réaliser.
En comptant de manière excessive sur les politiques d’assouplissement monétaire, les prix des actifs augmenteraient et cela ne ferait qu’alimenter une « prospérité à court terme », explique Shen Jianguang, économiste en chef au sein du groupe chinois de fintech JD Digits. Par conséquent, l’attitude spéculative augmenterait et « l’optimisme du marché national » finirait par subir des corrections brutales, si l’économie réelle ne parvenait pas à être réellement stimulée.
La dernière réduction du taux de réserves obligatoires a été réalisée en janvier dernier, avec une baisse d’un point de pourcentage qui a permis de libérer plus de 110 milliards de dollars dans le secteur financier. Il s’agit de la plus importante des cinq baisses réalisées par la banque centrale depuis le début de 2018.
Selon la BPC, les banques commerciales chinoises ont aujourd’hui des taux de réserves obligatoires différents, allant de 7 % pour les institutions financières rurales et de petites tailles à 13 % pour les six plus grandes banques détenues par l’Etat.
Les baisses du taux de réserves obligatoires en 2018 ont soutenu l’expansion des marges nettes d’intérêts des banques commerciales et soulagé leurs coûts de financement, note Grace Wu, la directrice principale des institutions financières chez Fitch.
« Toutefois, les perspectives seront plus incertaines cette année, car il a été demandé aux banques de prêter davantage aux entreprises privées et à des taux plus bas », souligne-t-elle.
China.org.cn