Crises Maliennes

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sadral
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par sadral »

L'armée américaine est également présente dans la région du Sahel et elle soutient l'opération Barkhane...Elle a 2 bases au Niger avec un effectif d'environ 800 hommes https://www.defense.gov/News/Transcript ... n-briefin/:

Une a Niamey et une récente (US Air Force/Drones) a Agadez.

Communiqué de presse de l'ambassade américaine au Niger en 2014
«Agadez représente une option attrayante pour installer/déployer le dispositif ISR (Renseignements, Surveillance & Reconnaissance), vu sa proximité des zones de menaces dans la région.»
https://ne.usembassy.gov/regarding-amer ... es-agadez/


La plus forte présence de soldats américains en Afrique, est située à Djibouti (Camp Lemonnier installée en 2003), un "hub" de ses activités militaires dans la Corne de l’Afrique où sont stationnés environ 4000 personnes, militaires et civils.

Enfin, selon les info sortis sur le site internet Vice (des documents déclassifiés) , 17% des soldats rattachés au commandement des forces spéciales en 2016 étaient engagés en Afrique ( environ 1 700 militaires)....la fameuse empreinte légère .
https://news.vice.com/en_ca/article/ned ... nts-reveal
« Une page est tournée ; l'Algérie est d'abord fille de son histoire, qu'elle ait surmonté l'épreuve coloniale et même défié l'éclipse, atteste, s'il en était besoin, de cette volonté inextinguible de vivre sans laquelle les peuples sont menacés parfois de disparition.
L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.

granit
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par granit »

La France est coincée au Mali.
Si elle part, l'armée malienne sera balayée par les groupes armés.
Elle doit aussi protéger son uranium du Niger.

malikos
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par malikos »

On voit plus en plus des attaques dans la même région de Menaka, ou les internes US et Française se croisent.
En plus la majorité sont des civiles...et comme en Irak quelque groups essaye de profiter de la tension inter-ethnique. Strategie Sarkawi.
«Merci la France et USA pour créer ce monstre et de le laisser se développer. Sa sert bien votre intérêts long terme»


Mali : une dizaine de civils tués dans une attaque près de la frontière nigérienne
16 juillet 2018 @dmin 126 Views dans une attaque, de civils tués, mali, près de la frontière nigérienne, une dizaine
Des « hommes armés » ont ouvert le feu sur la foule, dimanche, dans la localité d’Injagalane, indiquent les autorités locales.

Une dizaine de civils ont été tués par des djihadistes présumés, dimanche 15 juillet dans le nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne, selon des groupes armés à dominante touareg et selon les autorités locales.

Plus d’une centaine de personnes, dont de nombreux civils, appartenant en particulier aux communautés peule et touarègue, ont péri ces derniers mois dans cette région, où s’affrontent notamment des djihadistes ayant prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI) et deux groupes, principalement touaregs, soutenant la force française Barkhane et l’armée malienne, le MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad, issu de l’ex-rébellion) et le Gatia (Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés, pro-Bamako).

Dimanche, « des bandits armés affiliés au réseau criminel opérant le long de la frontière Mali-Niger ont fait irruption dans la localité d’Injagalane », à l’ouest de Ménaka, affirment dans un communiqué conjoint, en allusion aux djihadistes, le MSA et le Gatia. « Ils ont ouvert le feu sur les civils de la communauté Ibogholitane et Idarfane », précisent-ils, faisant état de douze tués et trois véhicules calcinés.

Des « hommes armés » circulant à moto
L’attaque a été confirmée par un responsable du gouvernorat de Ménaka, principale ville de la région. « Des hommes armés circulant sur plusieurs motos ont fait irruption dans le marché d’Injagalane », a déclaré ce responsable à l’Agence France-Presse (AFP) sous le couvert de l’anonymat. « Ils ont tiré dans la foule, il y a eu quatorze morts, plusieurs véhicules et motos brûlés », selon cette source.

Selon le MSA et le Gatia, « les auteurs de ces massacres s’en prennent à toutes les communautés sans exception ». « Ces massacres sont perpétrés par des extrémistes dans le but de [faire] déguerpir toutes les populations de leurs zones d’ancrage », affirment-ils.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touarègue, d’abord alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée.

Les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement, en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature, en mai-juin 2015, d’un accord de paix entre le gouvernement, les groupes pro-Bamako et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les djihadistes.

Depuis 2015, ces attaques se sont étendues dans le centre et le sud du Mali, et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Nigerhttp://afrikinfos.net/2018/07/16/mali-une-dizaine-de-civils-tues-dans-une-attaque-pres-de-la-frontiere-nigerienne/
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FULCRUM
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par FULCRUM »

Ce pays est pris en tenaille par les terroristes en tout genre, je crois que les terroristes du nord et du sud ont tout simplement fusionnés.

BouDouar
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par BouDouar »

C'est surtout l'exemple flagrant que toute intervention occidentale est néfaste
La France devait sauver Bamako des Djihadistes, elle l'a fait très bien mais on se retrouve quelques années après avec un conflit ethnique
Du coup il aurait peut être fallu juste appuyer le gouvernement Malien pour repousser les Djihadistes et ne pas intervenir directement
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Chifboubara
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par Chifboubara »

La politique africaine de la France sous la présidence d’Emmanuel Macron


Par Pavel Nastine – Le 7 juillet 2018 – Source New Eastern Outlook

C’est bien connu, avant le début des années 1960, la France était la plus grande puissance coloniale. Tout le Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie) ainsi que les actuels Burkina Faso, Djibouti, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Union des Comores, République centrafricaine et Tchad étaient sous son contrôle en Afrique. En fait, le pillage de ces pays est devenu une base de la prospérité française au XXe siècle. De nombreuses nations, comme les Algériens, qui ont sacrifié plus d’un million de vies sur l’autel de la liberté et de l’indépendance, se souviennent trop bien des crimes des colonialistes et certains, par exemple au Rwanda, posent la question du rôle de la France dans le génocide rampant dans ces pays au cours de la période post-coloniale.

Malgré les horreurs du colonialisme et l’actuelle indépendance formelle des Africains, la France a toujours gardé des positions politiques et économiques dans beaucoup de ces États, même dans ceux pour lesquels elle n’était pas la « mère patrie », incitant les figures politiques africaines à parler ouvertement de l’oppression néocoloniale et du maintien de la dépendance à l’égard de Paris. Jusqu’à aujourd’hui, les réserves d’or et de devises des anciennes colonies de la France ainsi que de certaines colonies portugaises et espagnoles se trouvent à la Banque de France. Il s’agit notamment du Bénin, du Burundi, du Burkina Faso, du Gabon, de la Guinée-Bissau, de la République du Congo (Brazzaville), de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal, du Togo, du Cameroun, de la République centrafricaine, de la Guinée équatoriale, du Tchad. Il est évident qu’aucun accord important de ces pays ne peut se faire sans l’approbation de la France, ce qui lui donne un immense levier sur la politique et l’économie de ces pays.

Bien sûr, tous ces pays ne sont pas du même intérêt pour Paris. Certains sont importants du point de vue géopolitique et de la lutte contre le terrorisme, qui menace les intérêts politiques et financiers de la France, d’autres sont des marchés pour les produits français, et les troisièmes représentent la base des ressources pour l’industrie française. La priorité est donnée au Mali, au Niger, au Burkina Faso, à la République centrafricaine et à la Côte d’Ivoire. Les principales ressources que la France reçoit d’eux sont l’uranium, l’or et les diamants. L’uranium a une importance stratégique pour la France, puisque dans les années 1960 à 1970, Paris a misé sur l’énergie nucléaire et que 75% de son industrie est alimentée par l’électricité provenant des centrales nucléaires. Ce n’est donc pas un hasard si le réseau des bases militaires françaises s’étend. Sept mille soldats français sont stationnés en Afrique.

Le président E. Macron, arrivé au pouvoir en 2016, ne s’est pas immédiatement tourné vers les affaires africaines. Depuis l’automne 2017, cependant, il leur accorde une attention considérable. En particulier, il a utilisé la présidence française au Conseil de sécurité de l’ONU et, le 30 octobre à New York, il a tenu une réunion ministérielle sur la situation dans la zone du Sahel, où se trouvent la plupart des intérêts et des préoccupations de Paris. Le terrorisme rampant et l’extrémisme, les activités des groupes terroristes provoquées à bien des égards par les actions françaises, tout d’abord au temps du président N. Sarkozy lorsque la Libye a été écrasée, et que son dirigeant M. Kadhafi qui en savait long sur le dirigeant français a été tué, frappent maintenant la France elle-même. Les sérieux intérêts économiques et politiques de Paris sont mis en cause, forçant Paris à maintenir 3 000 hommes dans la zone Sahara–Sahel depuis 2013. Il a déjà mené deux grandes opérations, Serval et Barkhane, mais a échoué à vaincre le terrorisme, bien que Paris promeuve activement l’idée de la création de forces conjointes des « Cinq du Sahel » (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger), acceptée le 21 juin 2017. Le but de ces forces est qu’elles remplacent les troupes françaises, mais jusqu’à présent la tâche n’est pas vraiment réalisée car les fonds (420 millions d’euros) promis par les financeurs n’ont pas encore atteint les bénéficiaires.

Au même moment, le ministère français de la Défense suggère que les « casques bleus » installés dans la région Sahara-Sahel (la MINUSMA) n’ont pas les moyens de protection nécessaires contre les djihadistes, et que la France n’a pas les moyens de jouer le rôle de gendarme pour l’Afrique. Le ministère plaide pour une augmentation de la contribution de l’UE et de l’OTAN et pour autoriser l’Alliance à mener des opérations dans le sud de la Méditerranée. Il faut cependant reconnaître qu’il n’y a pas d’unanimité en France sur la question. Beaucoup ne soutiennent pas cette opinion et s’opposent à l’expansion de la zone de responsabilité de l’OTAN, soutenant l’augmentation de l’efficacité des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

En octobre 2017, Paris a publié la nouvelle doctrine militaire de la France, qui a été également signée par E. Macron lui-même. L’accent principal y est mis sur la lutte contre le radicalisme, généralement islamique, montrant que Paris est, en premier lieu, préoccupée par la situation en Afrique du Nord et dans la zone Sahara–Sahel. La question du djihadisme et du terrorisme djihadiste est décrite en détail. La thèse principale est la destruction physique des groupes djihadistes, mais cela ne supprime pas la menace terroriste en général car l’idéologie reste intacte. En réalité, l’intégrité de la doctrine se manifeste dans le fait que le terrorisme se réorganise et s’étend à de nouvelles régions, utilisant le chaos, les guerres civiles et la faiblesse des États. Les principales organisations ne disparaissent pas du tout ; et leur idéologie ne faiblit pas. Al-Qaïda et ISIS (les organisations terroristes interdites) se réorganisent et s’adaptent aux nouvelles conditions. Leurs métastases s’étendent à de nouveaux territoires, y compris l’Afrique. ISIS est toujours une organisation jouissant de possibilités mondiales. La doctrine admet qu’il existe une large sympathie et même un soutien actif au djihadisme de la population dans de nombreux pays. Selon la nouvelle doctrine, l’une des priorités dans ce contexte est de soutenir les forces conjointes des « Cinq du Sahel ».

Simultanément, la doctrine admet que le djihadisme au Moyen-Orient est alimenté par le conflit israélo-palestinien persistant et les contradictions entre sunnites et chiites. La pensée française évolue évidemment dans la bonne direction, mais, comme déjà relevé plus haut, ils n’ont pas le cœur de dire que leurs actions ont considérablement contribué à l’expansion de cette idéologie djihadiste en Libye, qu’ils stigmatisent si furieusement et si fondamentalement.

Un peu plus tard, E. Macron a enrichi sa doctrine militaire de dispositions économiques et sociales en rapport avec l’Afrique dans son discours-programme du 28 novembre à Ouagadougou (Burkina Faso). Dans ce discours, il a mis l’accent sur le fait que maintenant, à Paris, ils ne regardent plus les Africains de haut et les considèrent comme des partenaires égaux. Il a ouvertement confessé les crimes du colonialisme et a demandé de ne pas se fixer sur le passé. Il a cité les atteintes à la dignité humaine, la migration illégale, le terrorisme islamique, les conflits politiques internes, l’extrémisme religieux et quelques autres, dont la démographie, comme les problèmes actuels du continent africain. Il a intentionnellement remercié l’Arabie saoudite pour avoir cessé d’alimenter l’extrémisme religieux avec des fonds et n’a pas dit un mot sur les mêmes financements turcs. Et le président a promis des investissements spécifiques, auxquels très peu de gens en Afrique ont cru (les entreprises françaises sont beaucoup trop connues là-bas), bien que le pathos et le message positif de ce discours aient fait quelque impression. L’enjeu pour les programmes de formation (la France accepte de nombreux étudiants africains), ainsi qu’en général pour la jeunesse, qui ne se souvient pas de l’époque du colonialisme et, peut-être, sera prête à croire au « désintéressement » des Français, a semblé réel aux Africains.

La nouvelle doctrine militaire et les bruyantes promesses d’aide aux Africains n’ont pas protégé les Français des attaques terroristes. Le 2 mars 2018, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a attaqué l’ambassade de France à Ouagadougou (Burkina Faso) en réponse à l’opération Barkhane dans la région du Sahel, à la mort de ses chefs (avant le 14 février, une opération des forces françaises a eu lieu durant laquelle 20 djihadistes ont été tués et capturés) et dans une tentative d’entraver l’expansion du SSSF. Les attaques terroristes ont été soigneusement préparées et réalisées, peut-être pas sans participation de l’armée burkinabée.

À de nombreux égard, elle s’est avérée une conséquence du fait que Paris joue un double jeu dans la région du Sahara–Sahel, et tout d’abord au Mali. Ainsi, se cachant derrière des réserves humanitaires, les Français évitent de transférer la région de Kidal sous le contrôle des autorités centrales du Mali. La Coordination des mouvements Azawad contrôlent de fait la ville. Paris patronne le groupe séparatiste qu’est le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, dont le siège est situé à proximité de Paris. Les Français ferment également les yeux sur les atrocités de l’un des plus odieux extrémistes du Mali, Iyad Ag Ghali, qui agit depuis le sud de l’Algérie. Il est évident que le « deux poids, deux mesures » frappe parfois ceux qui le pratiquent.

Mais cet aspect, et d’autres, de la politique française en Afrique seront traités dans le prochain article.

Pavel Nastin, observateur politique pour l’Asie et l’Afrique, exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone
http://lesakerfrancophone.fr/la-politiq ... uel-macron
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FULCRUM
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par FULCRUM »

BouDouar a écrit :
17 juillet 2018, 18:12
C'est surtout l'exemple flagrant que toute intervention occidentale est néfaste
La France devait sauver Bamako des Djihadistes, elle l'a fait très bien mais on se retrouve quelques années après avec un conflit ethnique
Du coup il aurait peut être fallu juste appuyer le gouvernement Malien pour repousser les Djihadistes et ne pas intervenir directement
Si la France n'était pas intervenue, le Mali aurait disparu sous les coup de Aqmi! Il ne faut pas se voiler la face. C'est notre faute car on a laisser les autres venir faire les gendarmes dans notre cour arrière..

foxy72
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par foxy72 »

Il faut se poser la question : Est-ce que faire en sorte que l'Algérie intervienne au Mali en organisant l'effondrement de ce dernier n'était pas en soi le piège tendu?
Avec son corollaire de dispersions accrues des éléments de l'ANP sur des étendues quasiment aussi vastes que l'Algérie elle même, cela en gardant en tête que les ressources de l'Algérie ne sont pas infines. Le "hasard" de la chute des prix des hydrocarbures d'il y a 2-3 ans devrait être médité.
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Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

À Kidal, un projet à impact rapide de reconstitution de cheptel
KIDAL, Mali, 17 juillet 2018/APO Group/

Ce projet vient à point nommé pour renforcer les moyens de subsistance de cette catégorie de la population qui a été affectée par ces années de crise

Le 5 juillet dernier, la Police des Nations Unies (UNPOL/MINUSMA) a procédé au lancement des activités d’un Projet à Impact Rapide, dénommé « Projet d’appui à la reconstitution du capital cheptel des femmes de l’association EFFES N’tassick » de la région de Kidal.

Le projet vise à renforcer les moyens de subsistances des femmes de l’association bénéficiaire, à travers la reconstitution de leur cheptel. Il s’agit particulièrement de leur permettre d’améliorer leur capital cheptel affecté par la crise et les effets des sècheresses récurrentes dans la région. Ce projet d’une durée de deux mois, est destiné aux 40 membres de l’association féminine « EFFES N’TASSICK » du village de N’tassick (cercle de Kidal), pour un coût global d’environ 13.500.000 FCFA.

Une centaine de personnes étaient présentes à la cérémonie de lancement. Les bénéficiaires très enthousiastes bien sûr, mais aussi les représentants de la société civile, le Chef du quartier et le Chef du village qui ont adressé leurs vifs remerciements à la Mission onusienne au Mali, pour le financement de ce projet au profit des femmes.

nous sommes ravies de ce geste louable et encourageant de la MINUSMA qui est disponible pour la population dans ses projets

La représentante des femmes bénéficiaires, Mme Aichata Walet Alhoussein se réjouit de cette initiative de la MINUSMA : « nous sommes ravies de ce geste louable et encourageant de la MINUSMA qui est disponible pour la population dans ses projets ». Ce projet vient à point nommé pour renforcer les moyens de subsistance de cette catégorie de la population qui a été affectée par ces années de crise, en plus des sècheresses récurrentes que connait la région. « Cela nous permettra sans doute de reconstituer notre cheptel après tant d’années de crises, » a-t-elle conclut.

Le Lieutenant-colonel Sanou Saidou, Commandant régional d’UNPOL à Kidal, a encouragé les femmes de l’association à travailler pour la pérennité et la rentabilité du projet pour les communautés du village de N’tassik. « La première préoccupation de la MINUSMA est de protéger les personnes et de leurs biens et c’est dans ce cadre que ce projet a été initié, pour appuyer à la reconstitution du cheptel. Ce projet s’inscrit dans la perspective de créer un climat de confiance et de rapprochement entre la police des Nations Unies et la population locale ». M. Sanou a réaffirmé la disponibilité de la MINUSMA pour la réinsertion socio-économique des populations de la région de Kidal.

Il faut rappeler que ce projet s’inscrit dans le cadre des dividendes de la paix et de la sécurité et relève du programme de stabilisation à la consolidation de la paix au Mali.

Distribué par APO Group pour United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA).

https://www.africa-newsroom.com/press/m ... es?lang=fr

malikos
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par malikos »

La force conjointe du G5 Sahel, nouveau mythe de Sisyphe ?
The Conversation- Nicolas Desgrais , doctorant à la Brussels School of International Studies (BSIS), University of Kent, 17 juillet 2018, 21:46 CEST

Une certaine urgence entourait la première visite officielle d’un Président français en Mauritanie, début juillet 2018, depuis la venue de Jacques Chirac en 1997. « La France conserve sa vocation africaine », avait alors déclaré ce dernier. Ces paroles auraient tout autant pu être prononcées par Emmanuel Macron, chef des armées d’un pays qui a réinvesti militairement la région sahélienne au cours de la dernière décennie. La crise malienne qui a vu un agrégat de groupes djihadistes gouverner les régions nord du pays en a été le catalyseur.Le Président Macron, le 2 juillet 2018, à Nouackchott (Mauritanie), en présence de ses homologues du G5 Sahel. Ludovic Marin/ AFP

En soutenant à bout de bras la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) depuis son lancement officiel, en juillet 2017, le chef de l’État français s’inscrit indéniablement dans les pas de son prédécesseur.

Dès sa descente d’avion, le Président français a annoncé que des « décisions concrètes de redéploiement de nos forces et de positionnement pour les prochains mois » seraient prises avec ses homologues sahéliens lors d’un Sommet extraordinaire du G5 Sahel.

Il ne faut pas s’y tromper : la visite d’Emmanuel Macron, bien que planifiée depuis plusieurs semaines, visait à sauver une force conjointe du G5 Sahel en grand péril après l’attentat à la voiture piégée, revendiqué par le groupe djihadiste Jamā’ah Nuṣrat al-Islām Wa-l-Muslimīn (JNIM), contre son poste de commandement (PC) central à Sévaré, dans le centre du Mali.

Une éclosion sans cesse reportée… et désormais menacée ?
Devant le Collège de Défense du G5 Sahel qui recevra sa première promotion de 31 officiers sahéliens en octobre 2018, Emmanuel Macron a déclaré que les opérations de la FC-G5S devraient « s’intensifier dès la fin de la saison des pluies », à savoir fin septembre, début octobre.

Les prochains mois seront clairement mis à profit pour tendre vers l’objectif, reporté à plusieurs reprises, d’opérationnaliser cette force. Du moins, ils ne seront pas de trop pour reconstruire le PC de Sévaré qui « a été complètement détruit » si l’on en croit les propos du président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Attentat contre le QG de la force du G5 Sahel à Sévaré, au Mali, le 29 juin 2018. AFP

Au-delà de l’aspect matériel, cette attaque a une forte portée symbolique qui pousse de nombreux observateurs à se demander si cette force deviendra opérationnelle un jour.

« Des victoires pour le premier semestre 2018 »…
Cette annonce d’Emmanuel Macron concernant les futures opérations du G5-Sahel vise également, sans doute, à alléger la forte pression politique qui n’a cessé d’accompagner le développement de ce mécanisme sécuritaire régional innovant.

Après une période de conceptualisation laborieuse (de novembre 2015 à février 2017), la phase d’opérationnalisation enclenchée lors du Sommet de Bamako de juillet 2017 devait être plus rapide. Le chronogramme initial prévoyait une force opérationnelle dès l’automne 2017, avant que la pleine capacité́ opérationnelle (en anglais Full Operational Capability (FOC)) soit finalement repoussée à mars 2018.

Les défis auxquels les armées sahéliennes sont confrontées ont constitué autant d’obstacles à l’opérationnalisation accélérée et l’obtention rapide de résultats tant souhaités par les chefs d’État du G5 Sahel et le Président français. Ce dernier exigeait, lors d’un Sommet à La Celle-Saint-Cloud en décembre dernier, des « victoires au Sahel pour le 1ᵉʳ semestre 2018 ».

Or les trois premières opérations de la FC-G5S, qualifiées d’« exercices » par Emmanuel Macron, n’ont pas encore permis aux contingents sahéliens de croiser le fer avec les djihadistes, laissant Barkhane en première ligne d’une lutte contre le terrorisme qui peine à ramener le niveau de la menace à la portée des armées locales également engagées au niveau national avec plusieurs opérations intérieures.

Un modèle de financement complexe
Le Président malien a rejeté l’entière faute de la lente montée en puissance de cette force sur les partenaires techniques et financiers (PTF), déclarant lors d’une interview accordée à France 24 en marge du Sommet de l’UA :

« Qu’est ce qui est effectif dans la caisse ? C’est ça qui porte préjudice à la rapidité de mise en place du G5 Sahel. »


Il faut reconnaître des lenteurs certaines dans le décaissement des contributions annoncées en grande pompe lors de la Conférence internationale sur la sécurité et le développement au Sahel qui s’était tenue à Bruxelles en février 2018.

Certes, il est difficile, lors de ces exercices de mobilisation de l’aide internationale, de distinguer les contributions appuyées par une réelle volonté politique des promesses consenties dans une logique d’affichage. Mais les responsabilités semblent partagées et, en grande partie, dues à la complexité du modèle de financement de la force.

En effet, dans le cas de la FC-G5S, on observe une pluralité́ de bailleurs, de types de dons, de mécanismes de décaissement et de besoins. Plusieurs schémas de financement coexistent, chacun répondant à des contraintes particulières, soit propres au bailleur, soit imposées par le canal de financement ou encore découlant de la nature même du besoin.

À titre d’exemple, les deux tranches de 50 millions d’euros promises par l’Union européenne (UE) sont issues de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique (African Peace Facility, APF), un instrument financier de l’UE, créé en 2003, qui ne peut financer d’équipement létal tel que les munitions, les armes, le matériel militaire spécifique, les pièces de rechange pour les armes et le matériel militaire, ainsi que les salaires et l’entraînement militaire des soldats.

Pour satisfaire les besoins exprimés en termes de matériel militaire, la voie bilatérale est donc privilégiée. Ainsi, une aide matérielle et logistique équivalente à 9 millions d’euros a déjà été accordée par la France, à travers la cession de 70 véhicules tactiques et la livraison de matériel de transmission et de protection. Quant aux 100 millions d’euros promis par l’Arabie saoudite, ils ont permis l’achat auprès d’industriels français de matériel lourd qui devrait être livré et réparti entre les différents bataillons au cours des prochains mois, idéalement avant la reprise des opérations fin septembre.

Bataille feutrée pour le contrôle des finances de la force
L’APF peut également servir de réceptacle à des contributions volontaires provenant d’États membres de l’UE, d’États tiers ou d’organisations internationales. Ce rôle sera reconnu par le Conseil de sécurité́ des Nations unies, dans sa résolution 2391 de décembre 2017, dans laquelle il affirme prendre note

« avec satisfaction de la proposition faite par l’Union européenne […] tendant à ce que sa Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique serve de dispositif de canalisation des contributions volontaires internationales à l’appui de la force conjointe ».

Mais loin de satisfaire les chefs d’État du G5 Sahel, cette solution contrevient à leur volonté d’avoir la main sur l’utilisation des fonds promis en soutien à la FC-G5S. Ainsi, dès janvier 2018, un « Fonds fiduciaire pour la force conjointe du G5 Sahel » fut créé.

Le Sommet des Chefs d’État du G5 Sahel, qui s’est tenu à Niamey le 8 février 2018, a été́ l’occasion pour eux de taper du poing sur la table afin que le Fonds fiduciaire récolte l’ensemble des contributions des partenaires techniques et financiers (PTF). Ainsi, le Communiqué final déclare que :

« Les contributions au financement de la FC-G5S doivent être recueillies sur les comptes du Fonds fiduciaire. »

À cette fin, les chefs d’État ont décidé́ de « rendre opérationnel immédiatement le mécanisme de fonctionnement du fonds fiduciaire pour la force conjointe du G5 Sahel. »

Des injonctions du G5 Sahel restées lettre morte
Malheureusement, il ne suffit pas de décréter un mécanisme opérationnel pour qu’il le devienne. Hormis le Rwanda qui aurait versé 500 000 dollars sur les comptes de ce Fonds fiduciaire et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui pourrait décaisser prochainement près de 2 millions d’euros, les PTF seraient réticents, voir opposés, à tout décaissement au profit de ce fonds tant les modalités de fonctionnement restent à être fixées et à rentrer en vigueur.

S’il semble impossible juridiquement et techniquement que des financements issus de l’APF transitent par ce fonds fiduciaire, l’UE joue le jeu de l’appropriation en soutenant sa mise en place. Ainsi, le chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations unies, João Vale de Almeida, déclarait devant le Conseil de sécurité en mai dernier que l’UE s’est engagée

« à hauteur de 5 millions d’euros à soutenir le G5 Sahel dans l’opérationnalisation de son fonds fiduciaire, la mise en place du Comité de Soutien et du Comité de Contrôle ainsi que du Bureau de Défense et de Sécurité du Secrétariat Permanent ».

Les injonctions des chefs d’État du G5 Sahel pour que les contributions transitent par le Fonds fiduciaire, couplées à la lente montée en puissance des mécanismes de sa gouvernance administrative et financière, contribuent à complexifier et reporter encore davantage la concrétisation de l’aide internationale qui souffre déjà de ses propres limites.

Afin que les besoins rencontrent les financements, des solutions temporaires mais pragmatiques devront être privilégiées à court terme. À ce titre, le coordination hub, créé en septembre 2017 par l’UE, représente une plate-forme indispensable pour permettre de fluidifier le décaissement de l’aide.

Un déploiement accéléré… mais risqué
Par ailleurs, un des défis les plus urgents pour l’opérationnalisation de la FC-G5S touche à la capacité de génération de forces des armées sahéliennes, dont les ressources humaines sont limitées. De taille relativement modeste, les armées du fuseau (secteur) Centre apparaissent sous-dimensionnées par rapport à leur niveau d’engagement opérationnel.


Un soldat de l’armée malienne en opération dans le centre du Mali, en novembre 2017. Daphné Benoît/AFP
Elles doivent faire face à une multiplication de leurs contrats opérationnels avec l’ouverture de nouvelles opérations intérieures et le maintien de lourds engagements internationaux, que ce soit au sein de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali) ou d’opérations hybrides telles que la Force multinationale mixte (FMM) déployée contre Boko Haram. Ainsi, la mobilisation au profit de la FC-G5S d’un ou deux bataillons selon les pays du G5 Sahel s’avère difficile.

En effet, le rapport du Secrétaire général des Nations unies précisait en mai dernier qu’à la date du 13 avril 2018

« les deux tiers des contingents affectés au secteur central seraient déployés, à savoir 130 des 650 soldats du bataillon malien à Boulekessi, 528 des 650 soldats du bataillon nigérien à Bankilare et 596 des 650 soldats du bataillon burkinabé à Dori ».

La course contre la montre engagée pour déployer les contingents de la FC-G5S a bousculé des appareils de défense aux capacités de génération de forces limitées et a produit des résultats opérationnels contre-productifs qui fragilisent la crédibilité de la force.

Nous pensons au tragique exemple du contingent malien déployé à Boulkessi. Une enquête diligentée par la Minusma a permis de conclure que, le 19 mai 2018, après l’assassinat d’un des leurs, « des éléments du bataillon malien de la force conjointe du G5 Sahel ont sommairement et/ou arbitrairement exécuté 12 civils au marché de bétail de Boulkessy. »

La crédibilité de la force conjointe en jeu
Cet épisode soulève l’épineuse question de la préparation des troupes déployées dans le cadre de la force, notamment quant au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, pourtant pierre angulaire de l’acceptabilité de la FC-G5S par les populations locales.

Cela pourrait également fragiliser la crédibilité de la force auprès des partenaires internationaux et réduire son soutien international que les États du G5 Sahel appellent justement à être encore plus important.

À ce titre, contrairement à d’autres allégations d’exactions commises au cours des derniers mois, la réaction a été rapide comme le reconnaissait l’expert indépendant de l’ONU au Mali, Alioune Tine, en soulignant que cette unité avait été « suspendue par le G5 Sahel, ce qui est une excellente chose ». Et de préciser que « maintenant, puisque cette unité relève de l’autorité malienne, c’est aux autorités maliennes de poursuivre la procédure jusqu’à son terme. »

Par ailleurs, la sécurité des personnels et des emprises militaires de la FC-G5S (dont les postes de commandement) est un prérequis indispensable à la montée en puissance du dispositif. Si les conclusions de l’attentat contre le PC de Sévaré ne sont pas encore connues, et ne le seront peut-être jamais, le Président tchadien Idriss Déby soulignait lui-même des « insuffisances sécuritaires et de vigilance », alors que son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, concédait qu’il y avait « énormément de failles que nous nous devons de corriger. ».

Un soldat de la force conjointe à Sévaré (Mali), en mai 2018. Sébastien Rieussec/AFP

Ces insuffisances aux conséquences terribles entachent la crédibilité de la FC-G5S, d’autant plus que les menaces étaient connues dans un contexte sécuritaire tendu au Mali à l’approche de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 et que le mode opératoire, à savoir le recours au Suicide Vehicle Borne Improvised Explosive Device (SVBIED) avait déjà été observé par le passé, notamment à Gao, mais aussi contre l’état-major des armées à Ouagadougou ou le « Super camp » de Tombouctou dans une attaque de plus grande ampleur encore.

Un commandement en pleine réorganisation
La première décision du Sommet extraordinaire de Nouakchott a été de remercier le Commandant de la FC-G5S, le général malien Didier Dacko, et de le remplacer par le général mauritanien Hanen Ould Sidi (jusque-là chef d’état-major adjoint de l’armée mauritanienne). Il sera secondé par le général tchadien Oumar Bikimo.

Tenu pour responsable des défaillances observées lors de l’attaque du PC de Sévaré, l’éviction de l’officier général malien s’inscrit dans le cadre d’une réorganisation plus profonde du commandement de la force. Dès mai dernier, le Secrétaire général de l’ONU soulignait, dans son rapport que :

« Le poste de commandement central devrait être renforcé par 120 officiers d’état-major additionnels, et un total de 64 postes additionnels serait nécessaire pour les trois états-majors de secteur. »

Cette décision ne manquera pas d’être confrontée à la difficulté que rencontrent les armées sahéliennes à fournir des contingents d’officiers supplémentaires, qui plus est dans une période de relève de ceux déployés depuis bientôt une année sur le terrain.

Réticences américaines à une nouvelle « division du travail » entre acteurs sécuritaires
Au-delà du calendrier des futures opérations et du possible redéploiement des forces sous commandement de la FC-G5S, le Président français a reconnu que leur « articulation avec les forces françaises de Barkhane et la Minusma » figurait au menu des discussions
.

Tout porte à croire que la division du travail entre les différents acteurs sécuritaires présents au Sahel sera amenée à évoluer au cours des prochains mois au gré de l’opérationnalisation de la FC-G5S, des évolutions inévitables du mandat de la Minusma et de la volonté française de modifier le portage politique de son engagement militaire dans la région.

Des soldats néerlandais de la Minusma, la force de l’ONU au Mali (ici en 2014). Ministère néerlandais de la Défense/Wikimedia

En effet, d’après nos informations, il semblerait que la réécriture du Concept d’opération (CONOPS) de la force soit en cours, probablement pour préciser les contours de la deuxième phase et permettre, ainsi, aux contingents placés sous commandement de la FC-G5S de mener des opérations au-delà des fuseaux transfrontaliers prévus dans la première phase.

À ce titre, les chefs d’État du G5 Sahel ont acté la poursuite de leurs efforts de « plaidoyer au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies pour que cette force soit placée sous le chapitre VII des Nations unies ». Ils savent pouvoir compter sur le soutien diplomatique de la France qui a essayé, à plusieurs reprises, de convaincre les États-Unis, jusque-là avec peu de résultats. Les craintes américaines se nourrissent des potentielles conséquences financières d’une telle opération sous mandat du chapitre VII, bien que ce dernier n’ouvre pas automatiquement la porte à un financement onusien.

La question du financement des opérations de paix sous conduite africaine
L’avenir de la FC-G5S dépend finalement d’un débat plus large sur le financement des opérations de soutien à la paix (OSP) sous conduite africaine et de leur articulation avec les opérations de maintien de la paix (OMP) onusiennes. La réforme de l’institution continentale ambitionne de financer les OSP autorisées par le Conseil de sécurité à hauteur de 25 % d’ici 2020, le reste étant à la charge des Nations unies.

Dans la continuité du « Cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité » conclu, en avril 2017, entre l’ONU et l’UA, le secrétaire général de l’ONU avait rendu un rapport, en mai 2017, « sur les modalités possibles du processus d’autorisation des opérations de paix de l’Union africaine et de la fourniture d’un appui à ces opérations ». Ces avancées significatives sont sans doute à l’origine de la crispation américaine.

Pour autant, l’heure est à l’optimisme du côté de la Commission de l’UA. Lors de la deuxième Conférence annuelle entre l’ONU et l’UA qui s’est déroulée, le 9 juillet 2018 à Addis Abeba (Ethiopie), le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré formuler « l’espoir d’une avancée décisive avant la fin de cette année » sur la question du financement durable et prévisible des opérations africaines de soutien à la paix, dont fait partie la FC-G5S.

Le casse-tête du nexus sécurité-développement
Martelé comme un mantra depuis des années par les différents acteurs impliqués au Sahel, le « nexus sécurité-développement » fait consensus et incarne l’ADN même de l’organisation sahélienne qui en a fait sa devise. Reste que pour le moment, ce concept demeure un vœu pieux et personne ne semble savoir comment le rendre opérationnel sur le terrain.

L’équation apparaît en effet insoluble : comment permettre aux opérateurs du développement national et international de mener leurs actions dans des zones où les groupes djihadistes les menacent, s’opposent à leur présence et prônent un modèle de société́ contraire ?

Si l’opérationnalisation de la FC-G5S semble longue, ce n’est rien en comparaison du Programme d’investissement prioritaire (PIP) du G5 Sahel, un véritable serpent de mer depuis la création de l’organisation régionale en 2014.

Le PIP ambitionne de promouvoir des projets de développement régional, notamment dans les zones transfrontalières démunies, et trop longtemps abandonnées ou marginalisées pour certaines. Malgré l’existence de multiples « plans Sahel » des partenaires internationaux, le lancement du PIP a été repoussé à de maintes reprises. La date du 6 décembre 2018 a désormais été fixée lors du mini-sommet du G5 Sahel pour la tenue à Nouakchott d’une conférence de coordination des bailleurs en vue de la « mobilisation de ressources pour entamer la réalisation de nombreux projets au Sahel ». La complémentarité entre le PIP du G5 Sahel et l’Alliance Sahel, lancée en juillet 2017, reste un enjeu central pour la réalisation de leurs objectifs réciproques.

Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que le Président français n’attendra pas 21 ans avant de revenir à Nouakchott tant la France, tel Sisyphe, porte à bout de bras ce projet régional qui peine à gravir la montagne que représente son opérationnalisation.https://theconversation.com/la-force-co ... yphe-99803

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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par fronov »

foxy72 a écrit :
18 juillet 2018, 12:34
Il faut se poser la question : Est-ce que faire en sorte que l'Algérie intervienne au Mali en organisant l'effondrement de ce dernier n'était pas en soi le piège tendu?
Avec son corollaire de dispersions accrues des éléments de l'ANP sur des étendues quasiment aussi vastes que l'Algérie elle même, cela en gardant en tête que les ressources de l'Algérie ne sont pas infines. Le "hasard" de la chute des prix des hydrocarbures d'il y a 2-3 ans devrait être médité.
foxy
D'accord avec vous, pour moi ces organisations terroristes ne font pas le poids avec leur homologues au désert Syro-irakien, je veux dire moins fort mais ils ont bénéficié de l'énorme stock d'armes et munitions libyen plus la grave faiblesse des armées maliennes et nigériennes , l'armée fra. a tout fait pour surestimer cette menace, afin d'intervenir et jouer le rôle des sauveurs du mali, je ne suis pas complotiste mais tout ce stock d'armes ne passe pas inaperçue de Libye en passant par le Niger et rejoindre le nord malien comme ça, les fra ont des installations militaires au Tchad e au centre de Niger, des satellites de la réco.....etc
Il faut toujours suivre le timing, Libye détruite--->un important stock de son ex-armée s'évapore dans le Sahel---> et hoppp un ancien conflit dans le nord de mali refait surface!
Et les Fra font tout pour nous entrainer avec eux !
Just my opinion !!!

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Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par fronov »

Pour moi ces organisations terroristes dans le Sahel ne font pas le poids avec leur homologues au désert Syro-irakien, je veux dire moins fort mais ils ont bénéficié de l'énorme stock d'armes et munitions libyen plus la grave faiblesse des armées maliennes et nigériennes! L'armée franç. a tout fait pour surestimer cette menace, afin d'intervenir et jouer le rôle des sauveurs du mali, je ne suis pas complotiste mais tout ce stock d'armes ne passe pas inaperçue de Libye en passant par le Niger et rejoindre le nord malien comme ça, les fra ont des installations militaires au Tchad e au centre de Niger, des satellites de la réco.....etc
Il faut toujours suivre le timing, Libye détruite--->un important stock de son ex-armée s'évapore dans le Sahel---> et hoppp un ancien conflit dans le nord de mali refait surface!
Et les Fra ont fait tout pour nous entrainer avec eux ! ( et le font)
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Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par numidia »

la situation dans le Sahel est encore embryonnaire, je pense qu'ils n'en sont qu'au début, je crains vraiment le pire vu les pièces de l'échiquier qui se positionne pour du moyen-long terme, soyons super vigilants, nous avons besoin d'une vision avant-gardiste sur la région, d'anticipation et d'infiltration sur la durée, d'aussi établir nos pièces sur l'échiquier de façon solide
c'est en ce sens que nous avons été en retard et que cela a conduit à 2012, on a peut être pas vu venir le coup d'Etat et les suites à l'international
on a beaucoup travaillé le volet diplomatique en opérant un stand by sur le plan politique, du coup les bases n'étaient pas assez solides
ce coup d'Etat était programmé et l'arrivée du néo-colon français est le fruit d'une longue préparation

de plus, il n'est pas du tout utile d'intervenir militairement, là dessus je rejoins totalement l'argumentation, de Fronov
par contre là où je comprends parfaitement la frustration de certains, c'est le manque visible (cela ne signifie pas que des efforts n'ont pas été accomplis, en tout cas pas de réussite suffisante), manque d'anticipation, phénomène classique et handicapant du "je subis" car "j'attends de voir l'évolution"
les évolutions dans ce type de crise sont prévisibles, et désormais avec la batterie de types spécialisés dans les conflits contemporains qui connaissent parfaitement les thématiques de crise (à savoir: terrorisme, néo-colonialisme, déstabilisation financière et économique, ...) si on avait été capable d'anticipation et de solides appuis humains sur le terrain (non visibles), il est évident que la situation pouvait mieux se développer en notre faveur, en agissant au lieu de subir

quels sont nos avantages certains et nos limites réelles ?
nous ne pouvons qu'imaginer, car les cartes ne sont pas visibles, nous n'avons que les faits à postériori qui nous permettent d'imaginer

en tout cas je suis très pessimiste sur la région sahélienne, Allah yestar, cette nouvelle zone de conflit aux enjeux internationaux
sans parler de l'importance économique de cette zone, tout le monde veut le gâteau
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Re: Opérations Serval et Barkhane au Mali

Message par malikos »

Au Sahel, bilan contrasté pour l’opération française « Barkhane »
LE MONDE Le 23.07.2018 à 06h34 – Nathalie Guibert (Niamey (Niger), Ouagadougou (Burkina Faso), envoyée spéciale)

Depuis 2014, la principale opération extérieure française, avec ses 4 500 soldats répartis dans l’immense Sahel, tente de contenir la menace djihadiste. Etat des lieux.
Il n’était pas question de mettre à disposition la force « Barkhane » pour sécuriser l’élection présidentielle malienne du 29 juillet, où 24 candidats dont l’actuel président, Ibrahim Boubacar Keïta, disputeront un premier tour à l’issue encore incertaine. Hors de question, dit-on au ministère des armées à Paris, d’interférer dans les affaires intérieures de Bamako. Reste que les militaires français basés dans le pays surveillent de très près l’événement. « Personne ne sait comment cela va se passer, le processus peut créer potentiellement de l’instabilité et il ne faudrait pas que “Barkhane” soit prise à partie », confie une source française.

Depuis 2014, la principale opération extérieure menée par Paris, avec ses 4 500 soldats répartis dans l’immense Sahel, tente de contenir une menace djihadiste qui prospère sur la pauvreté des populations et l’impéritie des Etats.

En mai 2017, à peine élu, Emmanuel Macron s’était rendu sur sa base principale de Gao, au Mali, où il avait aiguillonné les généraux – « Je veux des victoires » –, mais aussi les acteurs de la région censés mettre en œuvre l’accord de paix d’Alger de 2015 entre Bamako et les groupes armés touareg – le président avait dit son « exigence renforcée vis-à-vis des pays du Sahel et de l’Algérie ».

« La force “Barkhane” a des résultats », a assuré devant les troupes la ministre des armées Florence Parly, le 19 juillet à Niamey, au Niger, puis le 20 juillet à Ouagadougou, au Burkina Faso. A l’Elysée, on juge l’opération trop lourde. Selon nos informations, le président a été destinataire d’une note en ce sens. « “Barkhane” ne sera pas éternelle, mais il faut capitaliser les efforts réalisés ces derniers mois. Cela demande beaucoup de constance et d’humilité », précise la ministre au Monde. Etat des lieux.

« Barkhane », l’opération de contre-terrorisme s’est réorientée en octobre 2017, avec deux priorités nouvelles : produire du renseignement humain, par la constitution d’un réseau de sources dans la population ; et occuper durablement le terrain avec les armées du Sahel.

But affiché : encourager les forces nationales, maliennes surtout, à revenir dans les zones mitées par les djihadistes. Des opérations continues ont lieu depuis neuf mois dans le Liptako-Gourma, la région clé des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où se mêlent combattants salafistes et groupes criminels. Une première collaboration opérationnelle avec les groupes d’autodéfense de la zone, côté malien et nigérien, a eu lieu, a révélé jeudi le commandement de « Barkhane ».

La dernière opération, « Koufra 5 », mobilisant 80 légionnaires du 2e REP (régiment étranger de parachutistes) et commandos, s’est achevée le 15 juillet. Juste avant elle, « Bani Fonda » a illustré la volonté de « mettre le paquet », face à des adversaires à prendre au sérieux : violemment accrochés à coups de RPG (lance-roquettes), les Français ont tiré des missiles HOT avec leur hélicoptère Gazelle, engagé des avions de chasse qui ont largué une bombe GBU, et utilisé les munitions des hélicoptères d’attaque Tigre. Le bilan officiel a fait état de quinze combattants « neutralisés », parmi lesquels figuraient les responsables de l’attaque-suicide meurtrière du camp des Nations unies (ONU) à Tombouctou, au Mali, le 14 avril.

A l’occasion, « Barkhane » a constaté que les djihadistes possédaient de nouvelles armes, des lanceurs de roquettes SPG-9. « L’ennemi est très fugace, opportuniste, et plus mobile que nous, il faut y aller !, a lancé un légionnaire du 2e REP à la ministre, sur la base de Ouallam (Niger), jeudi. Quatre cents parachutistes sont en ce moment au Sahel, qui n’attendent qu’à être projetés ! »

La force Sabre, les forces spéciales, restent le fer de lance cinétique de l’opération. Aux abords de Ouagadougou, sur le camp Bila Zagre de l’armée burkinabée, Paris compte 400 militaires, aux deux tiers des éléments des forces spéciales, les autres relevant de la direction du renseignement militaire, de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), et d’unités diverses. Vendredi, Florence Parly a aussi rendu « hommage aux forces spéciales américaines » présentes à leurs côtés dans ce QG.

Sabre mène une ou deux opérations par semaine, indique son état-major ; « 80 % du temps est consacré au renseignement, 20 % à l’action », précise un officier. Pour les missions d’infiltration, comme pour les raids, « nous misons sur notre discrétion et notre supériorité technologique », témoigne le lieutenant Hubert, du 13e régiment de dragons parachutistes.

Ces derniers mois, les forces spéciales se sont concentrées sur le nord de Tombouctou. Sabre a également entrepris de former des commandos nigériens. « J’ai une feuille de route pour vous », leur a dit la ministre : « Les terroristes, nous les traquerons, nous les trouverons, nous les neutraliserons. »

La force militaire conjointe du G5 Sahel est, pour Paris, la clé de sortie du théâtre à moyen terme. Cette stratégie de passage du relais repose sur la fragile et lente construction collective de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad et du Burkina Faso.

Paris veut voir de façon positive le fait que la Mauritanie, jusque-là réticente, ait pris le commandement de la force lors du dernier sommet de l’Union africaine. « Nos cadres de terrain sont très satisfaits de la grande complicité qui existe entre nos forces et “Barkhane” », a salué de son côté, jeudi à Niamey, le ministre nigérien de la défense, Kalla Moutari.

Depuis mai, les bataillons du G5 ont eux aussi agi dans la région des trois frontières. L’attaque-suicide contre le PC de la force à Sévaré, au Mali, le 29 juin, n’a pas remis en cause la planification des opérations. « Début juillet, une opération tchado-nigérienne s’est déployée à la frontière libyenne de façon très efficace », illustre un officier français.

Mais le financement international de la force n’est pas bouclé. Et le sentiment, partagé, des voisins du Mali, est que le principal pays concerné par la menace djihadiste est aussi celui qui en fait le moins au plan politique comme militaire.

Les partenaires de « Barkhane », enfin, restent indispensables. Les forces américaines apportent un soutien vital pour le ravitaillement des hélicoptères, les drones Reaper et les moyens d’interception de la téléphonie mobile dans la région.

Depuis la grave embuscade de Tongo Tongo, au Niger, qui a tué quatre bérets verts fin 2017, les 800 Américains basés à Niamey ont reçu de nouveaux équipements. Les vols de drones armés ont débuté dans le nord du Niger, même si aucun n’a encore tiré, a révélé le commandement Africom vendredi.

Un hélicoptère militaire survole le lieu d’une embuscade contre des militaires français de l’opération « Barkhane », à Gao, le 1er juillet.

Par ailleurs, trois hélicoptères lourds britanniques Chinook, attendus depuis plusieurs années, sont enfin arrivés à bord de deux Antonov-124 sur la base française de Niamey, début juillet, pour y être assemblés. Ils se sont positionnés à Gao au Mali cette semaine. Ils soulageront de manière décisive la logistique de « Barkhane », dont les convois terrestres sont des cibles de choix pour les djihadistes.

Un contingent de cinquante Estoniens, assurant la protection du camp de Gao, vient également d’être intégré à la force « Barkhane ».

Le bilan de la lutte antiterroriste est contrasté. « Il n’y a pas d’agenda de projection d’attentat en Europe de la part des groupes du Sahel », indiquait l’Elysée récemment. Mais Paris veut « poursuivre un rythme élevé d’opérations », selon une source gouvernementale.

Le pouvoir de nuisance des groupes a été illustré le 1er juillet par l’attaque suicide menée en plein centre de Gao contre une patrouille blindée de « Barkhane ». Pendant dix heures, une vingtaine de véhicules, une centaine de soldats ont été mobilisés pour circonscrire l’événement. L’attaque a tué six habitants et en a blessé vingt, tandis que sept militaires étaient gravement touchés.

C’est sur l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS) que les Français ont concentré leurs opérations récentes. « Le groupe est totalement désorganisé, près de la rupture ; il n’est plus capable de conduire des actions, ni au Mali ni au Niger », indique l’état-major de « Barkhane ». La menace d’Al-Qaida au Magreb islamique (AQMI), elle, persiste. La crainte est que le groupe algérien reprenne demain, plus durement, le leadership des groupes salafistes affirmé en 2017 par le Touareg Malien Iyad Ag-Ghali à travers la création du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) – ce dernier a revendiqué l’attaque de Gao.

Si Ansar Eddine, le groupe de Iyad Ag-Ghali, « a été très durement frappé en février par “Barkhane” », assure le général Bruno Guibert, « il est en train de se réorganiser ». Ses chefs se trouvent de part et d’autre de la frontière algérienne, et Iyad continue de coordonner l’action des katibas maliennes jusqu’au centre du pays. « L’objectif d’affaiblir le GSIM jusqu’à atteindre Iyad ne peut pas être obtenu s’il n’y a pas de solution politique pour exploiter ce résultat juste après », explique une source informée. De plus, la guérilla djihadiste, en descendant du nord touareg vers le sud du Mali, pénètre de nouvelles communautés telles que celle des Peuls. Les kamikazes des dernières attaques de Sévaré et de Tombouctou étaient peuls.

L’armée française a choisi de ne pas intervenir dans le centre du Mali, pour éviter d’être instrumentalisée dans les conflits communautaires. Là, la situation se dégrade. La katiba de la Macina, présente au sud du fleuve Niger jusqu’à la Mauritanie, et dont les actions sont nourries de motivations religieuses et identitaires, est active.

Paris donne un bilan de « 150 terroristes » mis hors d’état de nuire depuis six mois, « 230 au total » avec les actions des armées locales.

Pour la suite, nul ne croit vraiment que l’élection présidentielle malienne ouvrira une nouvelle fenêtre politique propre à conforter les résultats militaires. « Maintenant, il ne faudrait pas partir trop vite du Gourma, la situation reste fragile », disent les militaires. « Nous sommes dans le temps 2, indique le général Bruno Guibert, il s’agit de consolider, de capitaliser, pour que les autorités politiques locales et les projets de développement arrivent. » « Nous pouvons encore bien mieux articuler l’action des militaires et celle de l’Agence française de développement », souligne la ministre Florence Parly.

https://lemonde.fr/international/articl ... _3210.html

malikos
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Re: Conflit des Azawad au Mali

Message par malikos »

La communauté internationale au chevet du Mali
Christophe Châtelot (avec Marie Bourreau, à New York (Nations unies)-LE MONDE Le 23.07.2018 à 14h40

Les réponses sécuritaires apportées par Bamako et ses partenaires ont échoué à endiguer les violences dans le centre et le nord-est du pays.

A l’été 2013, l’élection du président Ibrahim Boubakar Keïta, dit « IBK », avait soulevé l’espoir d’une nouvelle ère de paix basée sur la promesse de « la refondation du Mali ». L’intervention militaire française « Serval » avait écarté, trois mois plus tôt, la menace des groupes djihadistes. Le dialogue avec les groupes armés du Nord laissait entrevoir la stabilisation de cette zone, rebelle depuis des lustres au pouvoir central de Bamako.Des membres de la Mission de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma), à Konna, le 5 juillet.

Lire aussi : Au Mali, polémique au sujet de l’existence d’un fichier électoral parallèle

Cinq ans plus tard, la communauté internationale est toujours au chevet de ce grand corps malade. Malgré le déploiement d’une dizaine de milliers de casques bleus de la Mission de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma), la restructuration amorcée de l’armée malienne, la montée en puissance d’une force régionale, la présence des militaires français de « Barkhane » et des centaines de millions d’euros d’aide, le Mali risque de nouveau d’imploser. Par le centre, où personne ne semble en mesure de contrôler les tensions communautaires qui débordent sur les pays voisins, Niger et Burkina Faso essentiellement.

Et rares sont ceux qui espèrent un miracle du scrutin pluraliste du 29 juillet. Non seulement les sources du conflit au nord n’ont pas été asséchées, mais les violences contaminent dorénavant le centre et le nord-est. Selon l’ONU, 289 personnes y ont ainsi péri depuis le mois de janvier dans des violences intercommunautaires.

Revendications sécessionnistes
Ces violences démontrent que les groupes armés – loyaux au pouvoir central ou ceux qui lui ont déclaré la guerre – continuent d’imposer leur loi sur de grandes étendues du territoire malien. Elles soulignent l’échec de la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger signé en 2015 sous les auspices de la communauté internationale, destiné à mettre fin à une guerre déclenchée trois ans plus tôt. A cette époque, le conflit s’alimentait des revendications sécessionnistes des populations touareg du nord du pays, sur fond de délitement du pouvoir politique à Bamako et de naufrage de l’armée malienne. Des groupes islamistes radicaux se revendiquant d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) avaient ensuite pris le dessus sur la rébellion.


Lire aussi : Onze djihadistes et un soldat tués dans une « embuscade terroriste » au Mali

Trois ans plus tard, le compte est loin d’être soldé. « La politique internationale dite de la “ligne rouge”, qui consistait à faire le tri entre les groupes armés dits coopératifs et ceux considérés comme terroristes, a échoué. Cette étanchéité est un mirage », observe un négociateur occidental indépendant. Certes, l’unité du pays n’est plus menacée de partition, mais la présence de l’Etat est toujours fantomatique dans l’immensité désertique du nord, où les populations se sentent toujours délaissées.

A New York, dans les couloirs de l’ONU, on reconnaît que l’application de l’accord de 2015 « avance très doucement ». « Tous les acteurs du conflit entretiennent une conflictualité avantageuse. Ils préfèrent continuer leurs petits business ou utiliser les tensions au nord à des fins électoralistes », assure ce diplomate d’un Etat membre du Conseil de sécurité.

« Pris en étau »
L’ONU n’est pas non plus exempte de calcul électoral. Depuis des mois, les diplomates brandissaient la menace de sanctions contre les signataires de l’accord – gouvernement, Plate-forme (groupes armés pro-gouvernementaux) et Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, alliance de groupes rebelles) – pour ranimer son application. A l’approche de la présidentielle, le ton est plus accommodant. « Les douze derniers mois ont été les plus encourageants depuis [2015] », estimait, au mois de juin, Jean-Pierre Lacroix, le directeur des opérations de maintien de la paix.

Pourtant, les groupes armés radicaux, qui avaient subi de très lourdes pertes face à la puissance de feu de l’armée française et avaient été exclus des négociations d’Alger, se sont progressivement reconstitués. En 2016, ils signaient ainsi leur retour en annonçant leur regroupement au sein du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Dans son dernier rapport trimestriel devant le conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général, ­Antonio Guterres, notait que le GSIM « a poursuivi ses attaques (…) dans le centre et le nord du Mali ».

Trois quarts des incidents graves les plus récents ont eu lieu dans cette région et ont visé la communauté peule, traduisant l’impuissance de la communauté internationale à désamorcer des tensions localisées. « Les Peuls ont le sentiment d’être pris en étau entre l’Etat et les groupes armés », observe Dougoukolo Alpha Oumar Konaré, spécialiste de la société peule à l’Institut national des langues et civilisations orientales. « L’idéologie radicale ne s’enracine pas tant que ça, mais une partie de la noblesse peule est réceptive aux groupes islamistes. Ils y voient la possibilité de restaurer les droits des communautés nomades bousculés par le réchauffement climatique », ajoute-t-il. « Face aux bouleversements des structures sociales et économiques, et au morcellement communautaire, les réponses internationales et des autorités maliennes sont essentiellement sécuritaires », se désole un observateur.

Il en est ainsi de la création, en 2016, de la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) associant des militaires issus des pays de la région les plus touchés par les attaques djihadistes (Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Mali et Tchad). Bien que saluée unanimement comme la manifestation de la volonté des pays concernés de prendre en charge leur propre sécurité, et malgré le soutien de la France et des Nations unies, elle n’arrive pas à boucler son budget.

« Alliance objective ponctuelle »
Pour le général Bruno Guibert, commandant de la force « Barkhane », « il n’y a pas de solution militaire au Sahel. » En visite à Mopti au mois de février, le premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga avait souligné la nécessité de trouver « des solutions politiques ». « Mais son discours a eu peu d’applications concrètes », note le cercle de réflexion International Crisis Group (ICG). Au contraire, « de multiples témoignages évoquent des exécutions extrajudiciaires par les forces armées maliennes, alimentant la colère contre Bamako et les militaires. L’animosité au sein des communautés du centre du Mali s’accroît », ajoute l’ICG.

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Une dynamique destructive est aussi à l’œuvre dans la région de Menaka, à la frontière avec le Niger. Deux groupes principalement touareg, le Groupe d’autodéfense touareg imghad et alliés (Gatia) et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), agissent comme supplétifs de « Barkhane » et des forces armées maliennes, alimentant les rivalités ethniques sous le couvert de la lutte contre le terrorisme. « C’est un jeu dangereux mené par Paris et Bamako, qui dépasse les questions de sécurité. Car c’est aussi une lutte entre Maliens pour le contrôle de zones d’élevage et des routes de trafics », avertit un observateur. A l’Elysée, on minimise l’importance du recours aux groupes locaux. « Il ne s’agit pas d’une coalition, mais d’une alliance objective ponctuelle », explique-t-on.

L’option militaire est insuffisante sans multiplier les projets de développement à l’adresse de régions pauvres pour désamorcer les tensions communautaires. Mais comment le faire dans un environnement violent ? « Il faut dialoguer avec tout le monde, avertit un intervenant français impliqué dans le dossier, parce que la politique suivie jusqu’alors est une bombe à fragmentation intra et inter communautaire. Il y a urgence. »

https://abonnes.lemonde.fr/afrique/arti ... _3212.html
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