Extrait d'un entretien paru dans le magazine
DSI N°130-juillet 2017 avec
Laurent Touchard, historien militaire, chercheur sur les questions de défense. Il vient de publier un livre "
Forces armées africaines 2016-2017"
Q: L'Algérie devient une puissance méditerranéenne en bonne et du forme, avec un processus de modernisation notoire, en particulier dans les secteurs conventionnels.
On voit ainsi apparaître une capacité A2AD. Mais le savoir-faire lié à ces matériels est-il bien là ?
Laurent Touchard : L'Algérie acquiert des systèmes d'armes de plus en plus sophistiqués, y compris des équipements à vocation A2AD comme les S-300 PMU2 et plus récemment, avec une première livraison de S-400.
C'est achats ne sont pas "cosmétique", ils s'intègrent bel et bien dans le cadre d'une réflexion stratégique intelligente, cohérente avec les menaces géopolitiques et le danger djihadiste qu'a analysés le pays. Avec la même remarquable cohérence, l'acquisition de ces moyens s'accompagne également d'un développement de savoir-faire, dans tous les domaines militaires.
Les avancées sont parfois maladroites, mais elles sont néanmoins bien la. Par exemple, l'Algérie progresse dans le domaine des forces spéciales. je parle bien entendu de véritables forces spéciales, non d'unités commandos ou spécialisées.
la prise d'otages massive d'In Amenas a accéléré le processus. Depuis, la notion de "forces spéciales" est à comprendre dans son acception occidentale.
Dans d'autres domaines, Alger engrange aussi des connaissances pratiques avec des matériels très modernes. Il en va ainsi pour la marine mais aussi pour l'aviation et, plus généralement, pour la défense aérienne. Des exercices et manoeuvres sont souvent organisés.
Courant 2016, ils ont concerné des unités de la défense aérienne, avions et batteries de missiles sol-air, contre des F-16, F-15, F-18 et rafale simulés. De fait, oui, l'Algérie ne se contente pas d'acheter des matériels, ses forces apprennent à les utiliser.