Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

De l'époque numide aux temps modernes.

soudard
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par soudard »

n'oublions pas aussi l'implication des centrales syndicales et des membres du PCF
Il y a eu une lutte pour la paix de la part des centrales syndicales et du PCF, mais pas d'aide au FLN directe, en particulier, le 17 octobre a fait largement moins réagir que Charonne en 62 où 8 militants CGT avaient été tués. Le 17 octobre a été étouffé, à par par des militants d'extrême-gauche comme Elie Kagan qui a pris des photos au long de cette nuit, ou catholiques libéraux. Le manque d'enthousiasme du PCF de l'époque a d'ailleurs été un point de rupture pour des jeunes engagés.
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anzar
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par anzar »

C'était bien sûr une considération générale de la situation et pas que sur le 17 octobre. C'est pour ça que j'ai parlé de membres du PCF, et pas de l'appareil du parti en lui même qui voyait d'un mauvais œil la marginalisation et l’intégration imposée aux membres du PCA par le FLN
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numidia
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par numidia »

Elle avait 15 ans quand elle a été jetée à la Seine
FATIMA BEDAR

15 ans ! elle a pris une décision d'adulte, alors que la peur régnait
15 ans elle a pris des responsabilités qui force le respect, nous ne devons pas oublié
nous lui devons tant à elle et aux autres :Algeria:

Allah yerhamha
Allah yerhamhoum

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C’est l’une des nombreuses victimes de la répression du 17 octobre 1961. Le corps sans vie de Fatima, 15 ans, est retrouvé dans le canal de Saint-Denis le 31 octobre 1961. Témoignage de Djoudi Bedar, le frère de la victime.

Fatima avait 15 ans en octobre 1961. Son frère Djoudi avait 5 et demi. Il se souvient très bien de sa sœur : « C’est elle qui m’accompagnait chaque matin à l’école. Elle avait de très longs cheveux noirs. Je me souviens de son cartable et de ses livres. J’étais émerveillé à l’époque par ses gros livres et ses gros dictionnaires ». En 1946, leur père arrive en France pour travailler. Il vit dans des hôtels comme de nombreux travailleurs. En 1951, il construit un baraquement au sein du bidonville Pleyel à Saint-Denis. Puis, il fait venir sa fille Fatima et sa femme. En 1954, il a les moyens d’acheter une habitation en dur à Aubervilliers : « Je suis né dans cette maison en 1956. Nous avons ensuite habité à Sarcelles en 1959-1960 pour enfin arriver en avril 1961 à Stains dans le quartier de l’Avenir. Nous étions voisins avec Monsieur Beaumale, le maire actuel de la ville » ajoute Djoudi. Fatima accompagne chaque matin Djoudi à l’école. Elle étudie au collège industriel et commercial féminin rue des Boucheries, à Saint-Denis.

Octobre 1961. Fatima Bedar veut répondre à l’appel lancé par la fédération de France du Front de Libération Nationale (FLN) pour se rendre à la marche pacifique afin de lutter contre le couvre-feu raciste instauré par le Préfet de police Maurice Papon, sous la présidence du Général de Gaule. Djoudi confie : « Mon père soutenait le mouvement de l’indépendance en Algérie, il se rendait régulièrement à des réunions clandestines du FLN, accompagné parfois de ma sœur Fatima ou de mon autre grande sœur qui avait dix ans et demi. C’est sûrement dans ces réunions que ma sœur, qui comprenait le kabyle, connaissait exactement l’intention des Algériens de l’époque et leurs difficiles conditions de vie et de travail en région parisienne. »

Le matin même du 17 octobre, Djoudi assiste à une brève altercation entre sa mère et Fatima qui souhaite se rendre à la manifestation le soir du 17. « Mes parents y étaient opposés puisque c’était elle qui devait nous garder à la maison. Nous étions sept frères et sœurs. Mes parents devaient se rendre à cette manifestation pacifique. Elle n’en a fait qu’à sa tête, et le 17 au soir, elle n’est pas rentrée à la maison. Mes parents ont commencé à s’affoler. Ils se sont d’abord rendus dans les différents lieux qu’elle fréquentait, notamment chez les cousines et cousins. Mais impossible de savoir où elle était » se souvient-il. Le père de Fatima ne va pas immédiatement au commissariat à cause de l’ambiance bouillante qui règne alors. Ils attendent chez eux le retour de Fatima. Le lendemain, il se rend au commissariat de Stains et Saint-Denis pour signaler sa disparition. « Mon père a été très mal reçu par la police avec des insultes, des bousculades ainsi que des coups. La police lui a dit qu’elle n’avait pas de nouvelles. Le 18 octobre 1961, mon père a déposé une déclaration de disparition au sujet de ma sœur ».

« Mon père a été invité à regarder l’ensemble des corps pour reconnaître celui de ma sœur »

Quinze jours durant, le père de Fatima, aidé d’un cousin et de sa femme française, essaient d’avoir plus d’informations en se rendant dans plusieurs commissariats, notamment, celui du 8e arrondissement pour demander de faire une recherche nationale. « Pendant quinze jours, ma mère me prenait par la main. Je me souviens, comme si s’était hier, des rues qu’on arpentait dans les villes de Saint-Denis mais surtout celles de Stains : rue des Hucailles, Aristide Briand, Jean Jaurès et rue du Repos… Je me demandais pourquoi ma mère me ramenait tous les jours comme cela et je la voyais pleurer et prier durant ces deux semaines. Mais le 31 octobre, mon père est arrivé à la maison avec le cartable de Fatima à la main en annonçant la nouvelle : ma sœur avait été retrouvée noyée dans le canal de Saint-Denis » livre Djoudi. Le père de Fatima a été convoqué par le commissariat de Saint-Denis à 8h30. Djoudi explique : « On lui a signalé que le corps d’une femme avait été découvert et qu’il pouvait s’agir de sa fille ». C’est un éclusier de Saint-Denis qui a découvert le corps de Fatima. « Elle était agrippée, les jambes coincées dans la grille de la turbine de cette écluse. L’éclusier a donc appelé les pompiers et la police » ajoute t-il.

Le père de Fatima s’est donc rendu à l’institut médico-légal de Paris. « Arrivé là-bas, il a eu droit à une fouille au corps. Puis, on l’a fait entrer dans une grande salle où il y avait entre une quinzaine et une vingtaine de corps allongés à même le sol dans des sacs plastiques. C’étaient des corps d’Algériens qui ont été repêchés dans le canal. Mon père a été invité à regarder l’ensemble des corps pour reconnaître celui de ma sœur. Il a regardé les corps un par un pour arriver sur celui de Fatima. Elle était méconnaissable. Elle était gonflée et de couleur violette. Il a reconnu sa fille grâce à ses longs cheveux noirs ». Les policiers ont conclu à un suicide. « Ce n’était pas le cas, ma sœur n’avait aucune raison de se suicider. Elle était pleine de vie. A l’époque, c’était l’omerta ! Mon père était sous la pression de la police, ils ont fini par le faire signer un procès verbal dans lequel une petite histoire a été racontée » explique Djoudi.

Fatima a été enterrée le 3 novembre 1961 au cimetière communal de la ville de Stains en présence de camarades de classe, de professeur ainsi que de la directrice. « A partir de ce jour là, ça a été le black out total. Une chape de plomb s’est posée sur ma famille et sur les événements du 17 octobre 1961. Moi, je ne voyais plus ma sœur me déposer à l’école. Je demandais à mes parents et à mes sœurs ou était Fatima. Ils me répondaient qu’elle ne reviendrait jamais. Pendant vingt ans, nos familles ont occulté ces événements. Nous ne savions pas dans quelles conditions Fatima avait disparu. Mes sœurs avaient entendu parler des événements qui ont eu lieu à Charonne car ceux- ci avaient été médiatisés. Nous avons finalement conclu que Fatima s’était rendue à cette manifestation dans laquelle il y avait eu des morts » raconte t-il.
...........................
http://www.bondyblog.fr/201310170100/fa ... mBHuRDx3_c
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En 1961, Fatima Bedar, 15 ans, a été jetée dans la Seine l La mairie de Saint-Denis baptisera le futur jardin public en son nom.
Mohamed Ghafir, alias Moh Clichy, était tout heureux d'annoncer la nouvelle, lui qui après avoir milité à la Fédération de France du FLN, se voue, depuis des années, à relancer le travail de mémoire afin que nul n'oublie. [...................................]
Le 17 octobre 1961, elle participe aux manifestations, malgré les vaines tentatives de sa mère de l'en dissuader. Le 31 octobre, on retrouvera le corps de Fatima noyé dans les profondeurs du canal de Sains. Le 17 octobre 2006, après 45 ans, les restes du corps de la chahida sont ramenés au sol natal, à l'endroit qui l'a vu naître, pour sa réinhumation dans cette terre si chère à elle
http://www.vitaminedz.com/le-devoir-de- ... 2_0_1.html
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AAF 2020
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par AAF 2020 »

Les manifestations du 17 octobre 1961 ont eu un impact médiatique "décisif" sur la Révolution (témoignages)

ALGER- Les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris et celles qui avaient suivi dans d’autres villes en France ont eu un impact médiatique "décisif" sur la Révolution algérienne, ont témoigné d’anciens moudjahid, jeudi à Alger, à l’occasion de la célébration de la journée de l’émigration.

Des survivants ont évoqué les souvenirs de cette manifestation pacifique, menée par des Algériens à Paris pour protester contre le couvre-feu imposé à l’époque par le Maire de Paris, le sinistrement célèbre Maurice Papon, lequel avait donné l’ordre de réprimer sauvagement les manifestants dont plusieurs ont été jetés à la Seine.

"Les manifestations ont été pacifiques et la Fédération de France du Front de libération nationale avait donné l’ordre de ne pas recourir à la violence et surtout de ne pas porter des armes", a témoigné Itim Moula, ancien Moudjahid.

"Des centaines d’Algériens ont été arrêtés, persécutés et déportés, alors que d’autres ont été jetés à la Seine", se souvient-il encore, mettant à l’évidence l’impact médiatique de cette manifestation en France et dans le monde.

Il a indiqué que la barbarie de la France coloniale avait fait réagir les Français et le monde entier dans la mesure, dit-il, où les événements du 17 octobre 1961 ont réussi à "démasquer les autorités française qui mentaient aux Français".

De son côté, Abdelmoumen-Ouared Fatima a souligné que les événements du 17 octobre ont amené des Français à sympathiser avec la cause algérienne, ce qui a abouti à la création de ce qui est appelé le réseau Jeanson, composé d’un groupe de militants français agissant sous les directives de Francis Jeanson.

Ce réseau collectait et transportait les fonds pour soutenir la Révolution algérienne en Algérie et en France, d’où l’appellation des "porteurs de valises".

Mme Abdelmoumn-Ouared raconte que des Français activant dans ce réseau prenaient en charge les Algériens et les hébergeaient, soulignant que ces Français "ont sauvé l’honneur de la France, pays ayant bafoué les droits de l’homme".

La moudjahida Malika Benchenouf a également relevé l’importance et l’impact de la manifestation du 17 octobre, laquelle a été suivie par des manifestations similaires dans plusieurs villes de France.

Elle a affirmé avoir organisé une manifestation menée par des femmes en novembre1961 à Lyon, et ce, en prolongement à celle du 17 octobre.

"Nous avions cousu des drapeaux et des banderoles, malgré la forte oppression des forces françaises qui nous avaient maltraitées et persécutées", a-t-elle indiqué, se disant "fière d’appartenir à cette Algérie combattante".

Mme Benchenouf a insisté, en outre, sur l’impact de la manifestation du 17 octobre 1961, dont les victimes ont démasqué le "visage affreux et inhumain de la France coloniale".

Par ailleurs, les animateurs de cette conférence-débat, organisée par l’association Machaâl Echahid, ont appelé à baptiser les rues et boulevards algériens aux noms des moudjahidine de la fédération FLN de France.
http://www.aps.dz/Les-manifestations-du ... 25999.html

soudard
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par soudard »

Des survivants ont évoqué les souvenirs de cette manifestation pacifique, menée par des Algériens à Paris pour protester contre le couvre-feu imposé à l’époque par le Maire de Paris, le sinistrement célèbre Maurice Papon, lequel avait donné l’ordre de réprimer sauvagement les manifestants dont plusieurs ont été jetés à la Seine.
Il n'y avait pas de Maire à Paris à l'époque, la fonction ayant été supprimée après la Commune de 1871 et rétablie uniquement en 1977. Papon état Préfet de Police.
la barbarie de la France coloniale avait fait réagir les Français et le monde entier dans la mesure, dit-il, où les événements du 17 octobre 1961 ont réussi à "démasquer les autorités française qui mentaient aux Français".
Hélas, il n'y a pas eu tant de réactions que ça, malheureusement, et on ne peut pas dire que les manifestants poursuivis aient été beaucoup aidés, à part par ceux qui aidaient déjà le FLN.
Abdelmoumen-Ouared Fatima a souligné que les événements du 17 octobre ont amené des Français à sympathiser avec la cause algérienne, ce qui a abouti à la création de ce qui est appelé le réseau Jeanson, composé d’un groupe de militants français agissant sous les directives de Francis Jeanson.
Le réseau a été démantelé en octobre' 1960, il existait déjà depuis longtemps
Bon ce sont des détails, ça n'enlève rien au courage des manifestants et à la répression.

BouDouar
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par BouDouar »

Merci pour les précisions "historiques" et les mises au point chronologiques - c'est vrai que sur ce sujet on s'exprime avec le coeur et on laisse de coté ou on oublie des détails qui ont leur importance

soudard
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par soudard »

Il y a un fonds des photos d'Elie Kagan à la BDIC de Nanterre. On n'y a pas accès par Internet. Kagan est pratiquement le seul photographe français à avoir "couvert" la manifestation et sa répression.
Il y a dans les fonds des photos de l'Algérie des années 62 et après. S'il y a des historiens sur le forum...

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numidia
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par numidia »

il y a eu plusieurs photographes (au moins 4 photographes français si ma mémoire est bonne), j'avais mis leur nom dans l'ancienne version du forum

pour Papon, c'est largement l'arbre qui cache la forêt
le pouvoir français jusqu'au sommet est complice, acteur et responsable de ce crime contre l'humanité, c'est un crime d'Etat

la prise de conscience des Français s'est en effet accrue non pas au sein d'un quelconque réseau, en effet Soudard a raison ( le réseau dont parle l'article est bien antérieur et n'a pas attendu ce crime, des hommes et des femmes ont soutenu le combat libérateur), mais à cause de l'envie d'en finir, ras le bol généralisé, après des mois de guerre, les appelés et la crise au sein de l'armée, crise politique, etc... et le poids politique des colons en parallèle qui diminuait
donc pas de soutien français généralisé (des cas par cas très minoritaires), pas de soutien matériel ou financier ou armé ou autre, par contre un sentiment de ras le bol et d'incapacité à régler le conflit
contexte: les débats de l'Onu sur la question algérienne, l'internationalisation et le principe d'indépendance avec les pays africains qui ont commencé à sortir de l'empire colonial de façon accéléré depuis des mois

cependant le réseau Jeanson n'était pas le seul à faire du transport de fond
la collecte d'argent organisé par le FLN auprès des Algériens en France n'a pas cessé au moment du démantélement et du procès du réseau
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soudard
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par soudard »

Oui, il est évident que le massacre est de la responsabilité du gouvernement de l'époque, Papon est ce qu'on appelle ici "un grand serviteur de l'Etat", que l'Etat lui demande de déporter des enfants juifs, d'organiser des harkis à Paris ou de réprimer une manif.
Melnik, qui était responsable des services secrets sous De Gaulle l'explique : pour eux, ils étaient en guerre avec le FLN, donc une manif à Paris était un acte de guerre à combattre comme tel. Les policiers de base n'avaient pas trop à être chauffés, ils avaient eu pas mal de tués. On peut lire le livre de Bernard Deleplace, qui était syndicaliste flic à l'époque, qui avait rassemblé des rapports de ses délégués syndicaux.
La manif avait été assez mal prise par la population parisienne, les manifestants d'époque se souviennent des chauffeurs de bus qui faisaient des appels de phares pour montrer à la police qu'ils avaient des algériens à bord...
Les mouvements en France se faisaient sur le thème de "Paix en Algérie", pas sur le soutien au FLN.

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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par tayeb »

soudard a écrit :Il y a un fonds des photos d'Elie Kagan à la BDIC de Nanterre. On n'y a pas accès par Internet. Kagan est pratiquement le seul photographe français à avoir "couvert" la manifestation et sa répression.
Il y a dans les fonds des photos de l'Algérie des années 62 et après. S'il y a des historiens sur le forum...
Voila quelque photos de la répression sanglante prises par Elie Kagan.
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http://owni.fr/2011/10/14/1961-entre-vi ... t-silence/
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http://memoires-algeriennes.com/elie-kagan/
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http://jecogitedoncjesuis.blogspot.fr/2 ... e-nuit.htm
Nous ne devons jamais oublié ces sacrifices.
Elie Kagan.
http://www.bdic.fr/pdf/elie_kagan_et_la ... re1961.pdf
http://www.bdic.fr/collections/quels-do ... ent=&id=99
http://www.bibliothequeantigone.org/att ... 201961.pdf

AAF 2020
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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-196

Message par AAF 2020 »

EVÉNEMENTS DU 17 OCTOBRE 1961 : La Fédération de France se souvient...

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Des Algériens parqués comme des bêtes, un certain 17 octobre
Le conférencier a fait la part des choses entre le colonialisme et le peuple français qui a fini par soutenir la cause nationale, à commencer par les porteurs de valises du réseau Jeanson.
La Fédération de France (FLN) qui a été créée le 25 juillet 1958, par le défunt Abane Ramdane afin de lancer le deuxième front de la guerre de Libération nationale sur le territoire français, revient à la charge pour le respect des valeurs de la Déclaration du 1er Novembre 1954.
Ali Haroun, avocat et un des membres fondateurs de cette organisation, n'a pas manqué de déplorer la fracture du consensus national révolutionnaire depuis 1962. «On doit aller vers la reconstruction du consensus national afin de rétablir la confiance entre les Algériens et bâtir le pays sur la réalité et la vérité des faits historiques et contemporains», a déclaré hier, Me Ali Haroun, lors du forum d'El Moudjahid à Alger.
Evoquant l'apport de la Fédération de France qui a assuré 80% du budget du Gpra, Ali Haroun a lancé un appel solennel à la conscience nationale afin de tirer les leçons du passé.
Le conférencier a révélé l'enregistrement de 80 attentats qui ont été commis sur le territoire de la puissance coloniale, tout en faisant la part des choses entre le colonialisme obscur et le peuple français qui a fini par soutenir la cause nationale, à commencer par les porteurs de valises du réseau Jeanson.
Les erreurs politiques qui ont été commises contre la légitimité du peuple en 1962, ont poussé des milliers d'émigrés de la Fédération de France à regagner la France «afin de gagner leur vie en dehors des conflits du parti unique FLN qui a réduit les militants de la Fédération de France au silence», dira-t-il.
La Fédération de France a enregistré 250.000 condamnés, dont 50 condamnés à mort et 22 exécutés après les événements du 17 Octobre 1961, avant de voir gracier le reste grâce à la mobilisation des avocats et du peuple qui ont soutenu les prisonniers. Composés d'ouvriers de la maison Renault dans la plupart du temps, les militants de la Fédération de France versaient la moitié de leurs salaires pour soutenir la Révolution algérienne, soit 30.000 sur 60.000 francs à l'époque, a souligné Me Ali Haroun.
Un des militants de la Fédération de France qui activait dans le groupe de choc, témoigne: «Nous avons été arrêtés et conduits au commissariat le 10 octobre 1959 à 22h, dans un hôtel à Paris XIe», témoigne Larbi Ouchekouh, 80 ans, avant de rappeler que 19 personnes ont été libérées et trois autres gardées dans les camps de concentration jusqu'à l'indépendance nationale.
Ce père de famille qui vit dans l'anonymat à Béjaïa et qui a failli perdre la raison à cause des multiples souffrances, a sauvé plusieurs militants de la Fédération de France qui n'avaient pas les moyens de payer leurs cotisations et ce, en payant leur part de cotisation afin d'éviter leur exécution certaine par le FLN qui a instauré une discipline sans équivoque, dira-t-il, en marge de la rencontre. Ce dernier n'a pas manqué de souligner que «c'est la femme d'un traître de la révolution qui l'a sauvé d'une mort certaine».
Pour transmettre le flambeau de l'histoire de la Révolution algérienne, l'association Machaâl Echahid, a invité plusieurs classes du lycée Mohamed-Boudiaf, à Diar Essaâda, El Madania, afin de prendre connaissance de cette période et de la Fédération qui a donné le meilleur d'elle pour permettre aux générations post-indépendance, une vie digne et une citoyenneté libre et indépendante.
Une manière de dire que les martyrs ont libéré le pays du joug du colonialisme et aux générations post-indépendance de le construire et développer les valeurs civiques et démocratiques.
http://www.lexpressiondz.com/actualite/ ... vient.html

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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-196

Message par numidia »

AAF 2020 il ya un topic spécial pour ce sujet ;)
viewtopic.php?f=15&t=264&p=86654#p86654
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anzar
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par anzar »

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tayeb
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par tayeb »

Ne pensée à tous nos compatriotes assassinés par un état colonialiste pour étouffer leur combat pour l'indépendance et la liberté, le massacre de cette nuit ne sera jamais oublié et le sacrifice de nos martyrs n'ont plus.
Allah Yarhamhoum.

AAF 2020
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Re: Les Massacres de Paris [17 octobre 1961]

Message par AAF 2020 »

17 Octobre 1961 à Paris : La formidable explosion de l’émigration invisible (1re partie)

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L’histoire de la journée du 17 Octobre 1961 est loin d’être écrite. Ce soir-là, les émigrés algériens ont écrit avec leur sang l’une des plus mémorables pages de leur histoire. En ce sens elle fut grandiose, de par le poids de la participation que l’émigration algérienne avait versé au combat algérien pour l’indépendance, mais elle fut aussi triste et tragique de par le lourd tribut qu’elle a dû payer et qui se chiffrait par centaines de morts et de blessés, des milliers d’arrestations et des centaines de disparus.
L’histoire des événements du 17 Octobre reste à ce jour parcellaire. Tant que les archives diverses et surtout policières n’ont pas été ouvertes aux historiens et que celles de la Fédération de France du FLN ne seront pas mises à la disposition des spécialistes, nous serons obligés de faire avec ce qu’on a : c’est-à-dire les comptes rendus de presse, les témoignages et quelques ouvrages qui traitent de la question.
Le thème que j’ai choisi d’aborder avec vous aujourd’hui se rapporte bien sûr à la manifestation du 17 Octobre 1961, mais aussi au choc, à la formidable explosion aussi réelle et concrète que symbolique qui s’est réalisée ce soir-là par l’entrée en scène surprenante et surtout inattendue de plus de 30 000 pour certains, voire 50 000 ou 60 000 Algériens, hommes, femmes et enfants qui ont investi Paris et occupé une vingtaine de boulevards, d’avenues et de rues des plus illustres de la capitale française pendant toute la soirée et une bonne partie de la nuit du 17 octobre, mais aussi pendant les journées des 18 et 19 octobre.
Cette émergence explosive sur la scène sociale et politique ne restera pas sans conséquences politiques sur les Français, citoyens, associations et partis, ainsi que sur le gouvernement. On peut se demander tout d’abord qui étaient tous ces acteurs de la manifestation, intrus aux yeux de beaucoup de Français, et d’où venaient-ils. Faisons ensemble un rapide tour d’horizon.
- Les acteurs du drame : émigrés et ghettos
Qui sont-ils et d’où sortent-ils, ces émigrés émergeant d’espaces inconnus et jusqu’alors obscurs ? La présence des émigrés algériens en France est bien sûr ancienne. Mais pour de nombreux Français il y avait presque toujours coexistence, mais souvent ignorance. Au sein de la société française, les étrangers étaient la plupart du temps invisibles et occupaient des espaces inconnus de beaucoup de métropolitains. Sur les lieux de travail, les Français les côtoyaient certes, mais les rapports étaient très réduits. Dans les espaces sociaux, il n’y eut en vérité aucune politique d’accueil, ni de la part du gouvernement ni de celle du patronat. La construction de logements sociaux ou collectifs ne fut l’apanage ni des autorités ni de celles d’initiatives privées et les logements individuels furent encore d’une extrême rareté.
Et pour savoir de qui on parle et sans entrer dans les détails statistiques de cette communauté, on peut dire d’emblée que leur évaluation normative a toujours été difficile. De la Première Guerre mondiale au Front populaire, leur chiffre a évolué progressivement, s’élargissant au cours du deuxième conflit mondial et se voyant pratiquement triplé peu avant l’indépendance de l’Algérie. Durant sa première phase, l’évaluation globale de cette émigration a pu réunir une majorité d’auteurs autour des chiffres de 100 000 à 120 000 Algériens présents sur le sol métropolitain. Mais rapidement, dès le centenaire de la conquête et surtout après le Front populaire, cette population dépassa largement les 130 000 émigrés.
A partir des années 1944, elle connaît une croissance soutenue et régulière. En 1954 ils sont déjà 212 000 Algériens. L’émigration algérienne commence à s’orienter vers une situation plus durable et à avoir un caractère plus massif qui se développa même après 1962. Ainsi, à la veille de l’indépendance algérienne, son chiffre passe à 350 000 personnes, dont 202 000 Algériens actifs, faisant ainsi de l’émigration algérienne, la composante de tête parmi les autres groupes d’étrangers. Cette dernière ne se remarquait pas seulement par son volume, mais elle se distinguait aussi par sa composante.
- Composition de l’émigration algérienne
A la différence des autres émigrations étrangères en France, l’algérienne avait des traits bien singuliers. Ses premières strates sont surtout formées de célibataires, hommes venus seuls. Cependant la plupart étaient investis d’une lourde responsabilité et fortement attachés au milieu paysan d’origine. C’était des sortes de «délégués familiaux» choisis par le «conseil de famille» et dont le but était de sortir la famille de l’atroce misère due à la colonisation et de libérer la «terre ancestrale» des mains des créanciers rapaces, suite aux expropriations et autres spoliations coloniales.
Ces premières stratifications ont constitué le plus grand nombre. Ils avaient déjà tout perdu ou presque, ils n’avaient plus rien à perdre et étaient donc prêts à tout pour tenir leur revanche sur les colons et la métropole. Mais du point de vue structurel, à partir de 1949, la structure de l’émigration algérienne va changer et va contribuer ainsi à réunir les facteurs de sa propre reproduction, c’est-à-dire qu’elle va s’élargir aux femmes, épouses et enfants : on parle alors du début de l’émigration familiale. Les chiffres sont ici plus difficiles à trouver.
Nous pouvons quand même les évaluer dès 1949, puis de 1954 à 1962 à près de 2000 familles, voire légèrement plus. Remarquons ici que jusqu’à 1962, peu d’auteurs ont parlé des enfants de l’émigration, ce qui entraîne que les principaux acteurs des manifestations sanglantes de Paris étaient majoritairement des hommes, avec des femmes et des épouses associées à l’événement, mais en nombre moins important. Cette représentation sociologique n’excluait pas une présence variée de manifestants issus des différentes catégories professionnelles composant la communauté algérienne en exil.
- Répartition professionnelle
Les Algériens étaient présents en nombre appréciable dans différents secteurs industriels. Le bâtiment et les travaux publics en absorbaient beaucoup ainsi que les industries chimiques, mécaniques et électriques. Le reste se répartissait dans les industries textiles, dans le secteur de la métallurgie et une proportion non négligeable dans les services. Sur ces questions, le lecteur pourra puiser de plus amples informations dans notre ouvrage(1) pour une analyse en profondeur.
Il faut noter que la plupart des éléments formant cette émigration algérienne restent majoritairement des ouvriers. Beaucoup d’exilés sont restés manœuvres, un pourcentage moins important était constitué d’ouvriers qualifiés ou spécialisés, tandis qu’au sommet de la pyramide, les techniciens et les postes moyens et supérieurs, toutes branches confondues, représentaient une faible proportion. Au sein de cette communauté des catégories plus aisées ont vu le jour : des colporteurs d’abord, puis de plus en plus de commerçants.
Enfin, à côté de ces catégories aisées, une petite minorité d’étudiants s’est constituée, formant ainsi une émigration de luxe. Parmi les acteurs du drame d’Octobre 1961, nous retrouvons fidèlement reproduit ce schéma de la pyramide. Les catégories inférieures constituant la base ouvrière de la communauté algérienne étaient fortement mobilisées en région parisienne, avec aussi de nombreux commerçants.
Cependant, les ouvrages consultés, pas plus que les témoignages de Omar Boudaoud et de Ali Haroun n’évoquent pas la présence des étudiants algériens, ni en tant qu’individus ni sous la forme d’une action de leur organisation estudiantine, à l’exclusion des intellectuels membres de l’organisation du FLN. Il faut dire que le regroupement ethnique et familial, villageois et régional facilitait au FLN l’accès à ces espaces particuliers et le recours à la propagande dans la langue des originaires des différents «douars ». Abandonnés de tous, institutions étatiques et organisations patronales en tête, ils vont se regrouper dans des espaces d’habitations communautaires aux allures de ghettos, plus connus sous les appellations «Café-Hôtel-Garni».
Livrés à eux-mêmes, c’est dans cet espace spécifique qu’est le «Café-Hôtel-Garni» ou «l’hôtel meublé», par abréviation le «meublé», que le plus souvent ces «délégués familiaux», presque tous célibataires, vont élire domicile. Quelques rares auteurs, comme Jean Jacques Rager, avaient bien signalé les multiples dangers et maladies dont les ouvriers émigrés étaient devenus la proie et qui étaient bel et bien le produit des lamentables conditions de vie qui leur étaient réservées en métropole. La meilleure année aurait été la lutte contre ces taudis, mais aucune action préventive ne fut menée, souligne encore J. J. Rager.
Cependant, ni les bonnes intentions gouvernementales exprimées çà et là, ni les projets de mise en place d’infrastructures d’accueil pour les Algériens ne se concrétisèrent, faute d’argent et de volonté. Et cet aspect avait largement duré, de la Première Guerre mondiale à la post-indépendance. Pour mémoire, les premiers arrivants, appelés en France pour les besoins de la guerre et de l’économie française ne trouvèrent aucune structure d’accueil. Durant cette première phase, la majorité de ces «isolés» avaient été pris en charge par les structures de l’armée.
Les besoins de reconstruction d’après-guerre, toutes deux confondues, ne semblent pas avoir décidé l’Etat ou le patronat français à offrir des structures adéquates pour loger les «nouveaux sidi» à Paris ou en Provence. Bien après l’armistice de 1945 et le 1er Novembre 1954, donc assez tardivement, le concept de «foyer pour émigrés» va se frayer timidement une place dans les décors français ouvriers. Ces lentes expériences culmineront dans la création de «foyers Sonacotra» peu avant l’indépendance et seront d’ailleurs fortement surveillés par l’administration. Ainsi donc, les espaces qui ont fourni le gros des troupes des insurgés du 17 Octobre 1961 à Paris, pour insalubres qu’on les ait jugés, furent pourtant les seuls «flots» qui abritèrent leurs joies, leurs peines et leurs rancœurs et qui leur donnèrent un peu de chaleur en les retrempant dans l’ambiance du bled.
Hôtel-Café-Garni furent et restèrent un seul et même espace. Dans la vie sociale des Algériens émigrés, un rôle d’une importance extrême sera joué par ce dernier. Pour en dire quelques mots au lecteur non initié, ce lieu collectif remplissait plusieurs fonctions dont celles de la restauration, d’habitation et de loisirs : boîte postale, transit, rencontres, échange et délassement le spécifiaient souvent. Du coup la vie des émigrés algériens s’insérait dans un circuit très court : travail, transport, «meublé». Leur vie dans ce cadre trop étroit se déroulait dans des sortes d’isolats, de «lofts» pour utiliser un jargon plus actuel, qui les maintenaient souvent coupés de l’extérieur et de la vie française. Hormis pour quelques achats et autres courses et de temps à autre quelques balades qui les poussaient dans des «quartiers arabes» à forte concentration d’émigrés type Barbès, ils ne quittaient guère, en réalité, le circuit tracé évoqué plus haut.
La description du «bastion migratoire», la plus saisissante nous est faite par Jean Morizot «Le café, le garni, l’hôtel ont joué un rôle essentiel dans la vie de tous les migrants», écrit-il. «Ceux d’Algérie ne partaient qu’après avoir noté l’adresse, ou les adresses, des établissements tenus par les gens de leur village, c’est là qu’ils se dirigeaient dès leur arrivée, qu’ils obtenaient crédit, qu’ils se logeaient et se nourrissaient au moins provisoirement. C’est là qu’ils étaient aussitôt mis au courant des possibilités d’emploi et qu’ils étaient aidés dans leurs premières démarches. C’est là enfin, qu’ils se retrouvaient, qu’ils échangeaient les nouvelles du pays, qu’ils se réconfortaient en cas de besoin, et que s’exprimait de toute manière leur esprit d’entraide» (2).
Le Café-Hôtel-Garni se présentera comme un lieu d’action politique, tant pour la propagande et la sensibilisation que pour l’organisation et la mobilisation des «frères algériens émigrés», pour les militants de la Fédération de France du F.L.N. Contrairement aux partis politiques français dont les militants se plaignaient de «l’hermétisme» du milieu émigré algérien, les partisans du FLN, à la suite de ceux de l’ENA et du PPA surent s’adapter aux particularités de ces communautés. Ainsi le Café-Hôtel-Garni n’aura pas exclusivement la particularité nationale, mais il sera fidèle à sa matrice originelle, il aura souvent un caractère ethnique, villageois, local et régional.
Selon Louis Milliot, «on trouvait le café des gens du Guergour, celui de Tigzirt, ou encore celui de Mekla»(3) et la propagande et les discours du FLN se feront en kabyle, en arabe ou en chaouia, selon les cas. Ainsi donc, Paris est à l’image de ce que Mlle Marty avait observé pour l’émigration antérieure des Algériens à Tunis. On retrouve le Café des Kabyles, celui des Khenchelois, le souk des Touati, etc. «Le café, écrit-elle, c’est à la fois le souk, la djemâa, le village».(4) Lieu de regroupement, cet espace est aussi un lieu de relais indispensable.
Pour les militants FLN, il sert aussi d’excellente «boîte postale». A l’Hôtel-Café-Garni, les émigrés, fuyant les endroits où se manifeste un certain «ethos de classe», comme dirait Pierre Bourdieu, les émigrés se sentaient entre eux, souvent chez eux. Venant souvent d’un même douar, confrontés au même sort, brimés par le même code de l’indigénat, le racisme et la xénophobie qu’ils rencontraient sur les lieux de travail, dans la rue et le quartier, ces émigrés d’Algérie vont éprouver le même sentiment, le même élan de solidarité et d’appartenance à la même communauté nationale. De nombreux auteurs parlant de leur mode de vie et de ces bidonvilles vont parler de ghettos. Et les dures conditions de vie du ghetto vont pousser ces milliers d’Algériens à se libérer.
D’autant que, selon Gilbert Meynier, «Tous les documents de la Fédération de France consultés font état d’un redoublement de la répression pendant la dernière année de la guerre».(5) Et différents types et formes de répression subies par l’émigration algérienne, surtout depuis le début de la guerre et particulièrement depuis les attentats organisés par le FLN en France, vont encore accentuer la pression sur les habitants des ghettos. C’est ainsi que Gilbert Meynier note encore dans ce même ouvrage que «par ailleurs, la manifestation était ardemment demandée par la base de l’émigration, sous pression depuis sept ans, vivant dans un ghetto, subissant continuellement brimades et· humiliations de la part de la police française et des supplétifs (harkis)». (A suivre)
http://www.elwatan.com/contributions/17 ... 80_120.php
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